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amour et reconnaissance, et disant du fond de leur cœur ce que devait chanter plus tard un de leurs plus illustres descendants: « Je ne mourrai pas, mais je vivrai, et je raconterai les œuvres du Seigneur '. » Il me semble les voir accourir vers ce fruit béni, le prendre avec une sainte et respectueuse avidité, le savourer avec délices, et sentir après cela ruisseler en eux la vie avec plus d'abondance. Cette nourriture précieuse et incomparable produisait en eux quatre effets, qui ont une analogie marquée avec les graces attachées à une bonne communion : elle leur assurait une vie longue, une vie forte, une vie inaltérable, une vie pleine de joie et de bonheur; oui, de joie, car il fallait cela pour compléter la richesse de ce don. Si en effet, dans le misérable état où nous a réduits aujourd'hui le péché, le vin, ce fruit délicieux de la vigne, peut, au témoignage de l'Esprit-Saint lui-même, « réjouir le cœur de l'homme » en fortifiant sa santé lorsqu'il est pris avec mesure et convenance, que ne devait pas produire, dans l'état heureux de l'innocence, ce fruit auquel étaient attachées tant de bénédictions? Oh! il me semble voir nos premiers parents puiser une sainte allégresse, une félicité toujours nou

1 Ps. 117, 27

Eccli. c. 31, 36, et Ps. 103, 15.

velle à cette source perpétuellement ouverte au gré de leurs désirs.

C'est ainsi que je veux envisager la sainte Communion. Cet arbre béni que vous avez planté pour moi dans le tabernacle, je veux en faire mes délices; j'y veux courir avec un saint empressement; puis je placerai mon cœur tout près de lui, et je dirai avec l'épouse des Cantiques : « Je me suis reposé sous l'ombrage de Celui que j'avais désiré, et son fruit est doux à ma bouche 1. » Oui, il est doux ; mais en mème temps il est salutaire et nourrissant. J'y trouve la vie, «< car celui qui mange ce pain vivra éternellement ; je la trouve toujours en plus grande abondance, car il est venu pour me la donner ainsi. Plus je communie, plus je me sens vivre de la vie de la grace, de la vie de mon Dieu : « Celui qui me mange, a-t-il dit, vivra par moi *. >>>

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J'y trouve aussi le bonheur et les consolations; j'en avais besoin, car mon âme était triste et languissante sous le poids des peines de la vie, sous le poids peut-être de mes misères et de mes péchés. Il a daigné m'appeler à lui; il m'a dit avec douceur et bonté : « Venez à moi,

1 Cant. c. 2, 32 Joan. c. 55, y 59 3 Ibid. c. 10, 10 Ibid. c. 6, † 58.

vous qui êtes fatigué et qui êtes chargé, et je vous soulagerai 1. » Me voici, mon Sauveur ; je viens me reposer à l'ombre de vos miséricordes et de votre bonté. Je viens cueillir sur l'autel, comme sur un arbre mystérieux, « le fruit béni des entrailles de Marie 2, » le Dieu incarné, le Dieu de l'Eucharistie. Ce fruit me ranime; mes yeux s'ouvrent et s'illuminent, comme ceux de Jonathas quand il goûta le miel du désert 3. « Un des fruits de l'Esprit-Saint, c'est la joie, dit saint Paul ". Oh! la joie est aussi un des fruits de la Communion; et puisque « la tristesse, quand elle n'est pas selon Dieu, tue l'âme, » certainement la joie, quand elle vient de lui, doit la faire vivre.

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Mon Dieu, je vous remercie de m'avoir donné, dans cet arbre de vie, une image si claire, si touchante de la sainte Communion. Je sais bien qu'avant tout cet arbre représentait la croix à laquelle Jésus mon Sauveur a été suspendu; cette croix dont j'aime à redire avec l'épouse des Cantiques : « Je monterai sur le palmier, j'en cueillerai les fruits. » Oui, c'est là certainement l'idée première qui doit se rat

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tacher à cette figure de l'ancienne loi. Mais, mon Dieu, la croix et l'autel, c'est tout un pour nous; ces deux choses ne se doivent jamais séparer. De quoi en effet me servirait le Calvaire, si les graces qui en découlent ne venaient pas jusqu'à moi par les sacrements, et surtout par celui de l'Eucharistie, qui contient en personne l'Auteur même de la grace? Oh ! la croix et l'autel ! ces deux objets sont inséparables dans mon estime et dans mon amour. Ce n'est qu'un seul arbre, dont l'existence se prolonge à travers les siècles dans ce paradis terrestre de votre Eglise, auquel vous avez promis une éternelle durée ; et le fruit de cet arbre, c'est vous, mon Sauveur, vous à qui je veux m'attacher comme à cette Sagesse éternelle dont il est écrit : « Elle est un arbre de vie pour ceux qui l'embrassent; et heureux celui qui se tient fortement uni à elle '.» Avec vous et par vous je triompherai des ennemis qui cherchent à me donner la mort, et la douce récompense de ma victoire sera de vous retrouver encore dans le paradis des cieux; car vous l'avez promis, de votre bouche adorable, en disant : « Je donnerai au vainqueur à manger du fruit de l'arbre de vie qui est dans le paradis de mon Dieu 2. »

1 Prov. c. 2, † 18 = 2 Ap. c. 2, 7.

TROISIÈME ÉLÉVATION

Le sacrifice de Melchisedech.

Abraham revenait vainqueur d'un combat livré contre plusieurs rois ennemis, et voilà que « Melchisédech, roi de Salem, offrant en sacrifice du pain et du vin, parce qu'il était prêtre du Très-Haut, bénit Abraham en disant: Qu'Abraham soit béni du Dieu Très-Haut qui a créé le ciel et la terre 1. »

Puis, neuf siècles plus tard, David, chantant les grandeurs du Messie, lui adresse, comme un éloge tombé de la bouche même du Père céleste, ces belles paroles : « Vous êtes Prêtre pour toujours, selon l'ordre de Melchisédech 2. »

Evidemment, il y a un rapport nécessaire entre ces deux passages; et le sacrifice des au tels, continuation de celui de la croix, doit rappeler le sacrifice de Melchisédech et lui ressembler par quelque endroit. Il lui ressemblera par l'oblation du pain et du vin. Etrange et singulière hostie! Au milieu de toutes ces victimes animées qui ensanglantaient alors la terre et qui semblaient les seules capables de figurer

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