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rité du peuple romain, pour la mienne, pour la vôtre, Albains, mon dessein est de faire passer toute la nation albaine à Rome, de donner au peuple le droit de cité, aux grands l'entrée du sénat, de ne faire plus qu'une seule ville, un seul état. Albe s'est divisée autrefois en deux peuples; qu'elle se réunisse maintenant en un seul. » Les Albains, sans armes au milieu de cette troupe armée, agités de sentimens divers, mais contenus par la terreur, gardent le silence. Tullus continue: «< Mettus Fuffetius, si tu pouvais apprendre à tenir ta parole, à observer les traités, je te laisserais vivre pour t'en donner moi-même la leçon. Mais la perfidie est un mal incurable; que ton supplice enseigne donc aux hommes à croire à la sainteté des sermens que tu as violés. Ton cœur s'est partagé entre Rome et Fidènes; ainsi sera déchiré ton corps. » A ces mots, il fait approcher deux chars attelés de quatre chevaux; on y attache Tullus; ces animaux, lancés en sens opposés, déchirent et emportent ses membres sanglans. L'assemblée détourna les yeux de ce spectacle d'horreur. Ce fut le premier et le dernier exemple d'un supplice où Rome ait oublié les lois de l'humanité. Un de ses titres de gloire est d'avoir préféré toujours les châtimens les plus, doux.

Mettus

XXIX. Pendant l'exécution, la cavalerie était partie

en avant pour amener à Rome les habitans d'Albe. Les

ductæ ad diruendam urbem. Quæ ubi intravere portas, non quidem fuit tumultus ille, nec pavor, qualis captarum esse urbium solet; quum, effractis portis, stratisve ariete muris, aut arce vi capta, clamor hostilis et cursus per urbem armatorum omnia ferro flammaque miscet sed silentium triste ac tacita moestitia ita defixit omnium animos, ut, præ metu obliti, quid relinquerent, quid secum ferrent, deficiente consilio, rogitantesque alii alios, nunc in liminibus starent, nunc errabundi domos suas, ultimum illud visuri, pervagarentur. Ut vero jam equitum clamor exire jubentium instabat, jam fragor tectorum, quæ diruebantur, ultimis urbis partibus audiebatur, pulvisque, ex distantibus locis ortus, velut nube inducta omnia impleverat; raptim, quibus quisque poterat, elatis, quum larem ac penates tectaque, in quibus natus quisque educatusque esset, relinquentes exirent jam continens agmen migrantium impleverat vias, et conspectus aliorum mutua miseratione integrabat lacrimas vocesque etiam miserabiles exaudiebantur; mulierum præcipue, quum obsessa ab armatis templa augusta præterirent, ac velut captos relinquerent deos. Egressis urbem Albanis, Romanus passim publica privataque omnia tecta adæquat solo, unaque hora quadringentorum annorum opus, quibus Alba steterat, excidio ac ruinis dedit. Templis tamen deum (ita enim edictum ab rege fuerat) temperatum est.

légions s'avancèrent ensuite pour détruire la ville. Lorsqu'elles y entrèrent, on ne vit point ce tumulte, cette terreur qui règne dans une ville prise, quand l'ennemi, brisant les portes, renversant les murs sous l'effort du bélier, ou forçant la citadelle, fait retentir son cri de guerre, et, courant les armes à la main, porte partout le fer et la flamme: c'était un morne silence, une douleur muette; tous les cœurs étaient serrés; la crainte faisait oublier à ces infortunés ce qu'ils devaient laisser, ce qu'ils devaient emporter. Incapables de rien décider d'eux-mêmes, ils se consultaient l'un l'autre. On les voyait tantôt demeurer immobiles sur le seuil de leurs maisons, tantôt les parcourir à grands pas pour y jeter un dernier regard. Mais quand la voix menaçante des cavaliers les pressa de sortir, quand le bruit des maisons qui s'écroulaient retentit des extrémités de la ville, quand la poussière élevée dans le lointain eut tout couvert, comme un brouillard épais, chacun, saisissant au hasard ce qu'il pouvait emporter, s'éloigna, abandonnant ses lares, ses pénates, le toit qui l'avait vu naître, qui l'avait vu grandir. Les rues étaient remplies d'une longue file de ces malheureux exilés. La vue de leurs compagnons d'infortune, en leur inspirant une mutuelle pitié, renouvelait leurs larmes. On entendait aussi des cris lamentables, arrachés, surtout aux femmes, par le désespoir, à l'aspect de leurs temples augustes entourés de soldats en armes. Il leur semblait laisser leurs dieux en captivité. Les Albains une fois sortis, le Romain rasa sans distinction tous les édifices publics et particuliers; Albe avait subsisté pendant quatre cents ans, et l'ouvrage de quatre siècles fut renversé, fut détruit en une heure. Cependant on respecta les temples: c'était l'ordre du roi.

XXX. Roma interim crescit Albæ ruinis : duplicatur civium numerus. Coelius additur urbi mons; et, quo frequentius habitaretur, eam sedem Tullus regiæ capit, ibique habitavit. Principes Albanorum in patres, ut ea quoque pars reipublicæ cresceret, legit Tullios, Servilios, Quinctios, Geganios, Curiatios, Cloelios templumque ordini ab se aucto curiam fecit, quæ Hostilia usque ad patrum nostrorum ætatem adpellata est. Et, ut omnium ordinum viribus aliquid ex novo populo adjiceretur, equitum decem turmas ex Albanis legit*. Legiones et veteres eodem supplemento explevit, et novas scripsit. Hac fiducia virium Tullus Sabinis bellum indicit, genti ea tempestate secundum Etruscos opulentissimæ viris armisque. Utrimque injuriæ factæ ac res nequidquam erant repetitæ. Tullus ad Feroniæ fanum mercatu frequenti negotiatores romanos comprehensos querebatur. Sabini suos prius in lucum confugisse ac Romæ retentos: hæ caussæ belli ferebantur. Sabini, haud parum memores, et suarum virium partem Romæ ab Tatio locatam, et romanam rem nuper etiam adjectione populi albani auctam, circumspicere et ipsi externa auxilia. Etruria erat vicina, proximi Etruscorum Veientes. Inde, ob residuas bellorum iras maxime sollicitatis ad defectionem animis, voluntarios traxere : et apud vagos quosdam ex inopi plebe etiam merces va

*U. C, 100. A, C. 652.

XXX. Rome cependant s'accroît des ruines d'Albe. Le nombre des citoyens est doublé, le mont Cœlius ajouté à la ville, et, pour le peupler, Tullus y élève un palais, où il fixe sa demeure. Le sénat devait s'accroître avec la république : il y admit les principaux des Albains, les Tullius, les Servilius, les Quinctius, les Geganius, les Curiaces, les Cloelius. Ce corps ainsi augmenté, il fit construire, pour lui servir de salle d'assemblée, un édifice qui, jusqu'au siècle dernier, porta le nom de Curie Hostilia. Enfin, pour que chaque ordre de l'état reçût du nouveau peuple quelque accroissement, Tullus choisit parmi les Albains dix escadrons de cavalerie. Ce renfort lui servit aussi à compléter les anciennes légions, à en former de nouvelles. Alors, plein de confiance dans ses forces, il déclare la guerre aux Sabins : c'était, après l'Étrurie, la nation la plus redoutable par sa population et sa puissance militaire. Des deux parts, on alléguait des griefs et le refus de réparation. Tullus se plaignait que des négocians romains avaient été arrêtés en plein marché, au temple de Féronie: les Sabins, qu'autrefois leurs esclaves, réfugiés dans le bois sacré, avaient été retenus à Rome. Tels étaient les prétextes de la guerre ; mais les Sabins, se rappelant que Tatius avait transporté autrefois à Rome une partie de leur puissance, que cette ville venait de s'agrandir encore par la destruction d'Albe, cherchèrent autour d'eux des alliés. L'Étrurie n'était pas éloignée : Véies était la ville d'Étrurie la plus voisine. En remuant le fonds de ressentiment que la guerre avait laissé dans les cœurs, en les poussant à rompre le traité, ils en tirèrent quelques volontaires ; l'argent leur amena aussi quelques aventuriers de la dernière classe; mais l'état ne leur fournit aucun secours,

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