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dont l'influence est si puissante dans un siècle ignoran! et encore grossier. Mais il n'était pas possible de la faire pénétrer dans les esprits sans recourir à un miracle. Il supposa qu'il avait des entrevues nocturnes avec la déesse Égérie, que c'était d'après ses avis qu'il établissait les sacrifices les plus agréables aux dieux, qu'il assignait à chaque divinité des pontifes particuliers. Avant tout, il divisa l'année en douze mois, suivant le cours de la lune; mais comme les mois lunaires n'ont pas trente jours, et qu'ils ne pouvaient pas correspondre à l'année solaire, il eut soin d'y ajouter des mois intercalaires, disposés de manière que chaque vingt-quatrième année complétât toutes les autres, et se retrouvât, avec le soleil, au même point d'où l'on était parti. Il établit aussi les jours fastes et néfastes; car, avec le peuple, un ajournement pouvait quelquefois être utile.

XX. Il s'occupa ensuite de l'organisation du sacerdoce. Il remplissait lui-même la plupart des fonctions sacrées dont est chargé aujourd'hui le flamine de Jupiter. Mais, persuadé qu'une cité belliqueuse compterait plus de Romulus que de Numa, que ces princes guerriers voudraient commander leurs armées en personne, et craignant que les cérémonies confiées au roi ne fussent abandonnées, il nomma un flamine de Jupiter, qui ne devait jamais s'éloigner de son temple; il lui donna un vêtement particulier, et une chaise curule comme celle des rois. Ensuite, il en nomma deux autres, l'un pour Mars, l'autre pour Quirinus. Il établit le collège des Vestales, institution empruntée aux Albains, et qui

statuit virginitate aliisque ceremoniis venerabiles ac sanctas fecit. Salios item duodecim Marti Gradivo legit, tunicæque pictæ insigne dedit, et super tunicam æneum pectori tegumen : cœlestiaque arma, quæ ancilia adpellantur, ferre, ac per urbem ire canentes carmina cum tripudiis sollemnique saltatu jussit. Pontificem deinde Numam Marcium, Marci filium, ex Patribus legit, eique sacra omnia exscripta exsignataque adtribuit; quibus hostiis, quibus diebus, ad quæ templa sacra fierent, atque unde in eos sumtus pecunia erogaretur. Cetera quoque omnia publica privataque sacra pontificis scitis subjecit : ut esset, quo consultum plebes veniret; ne quid divini juris, negligendo patrios ritus, peregrinosque adsciscendo, turbaretur. Nec cœlestes modo ceremonias, sed justa quoque funebria placandosque Manes, ut idem pontifex edoceret; quæque prodigia, fulminibus aliove quo visu missa, susciperentur atque curarentur : ad ea elicienda ex mentibus divinis, Jovi Elicio aram in Aventino dicavit, deumque consuluit auguriis, quæ suscipienda essent.

XXI. Ad hæc consultanda procurandaque, multitudine omni a vi et armis conversa, et animi aliquid agendo occupati erant, et deorum adsidua insidens cura,

n'était pas étrangère à la famille du fondateur de Rome. Pour les consacrer exclusivement aux soins des autels, il leur assura un traitement aux frais de l'état : une virginité perpétuelle, d'autres distinctions rendirent leur personne vénérable et sacrée. Il institua aussi douze Saliens en l'honneur de Mars Gradivus. Leur costume consistait en une tunique brodée, et sur la tunique une plaque de cuivre couvrait la poitrine. Ils devaient porter les boucliers célestes, appelés anciles, et parcourir la ville en chantant des hymnes accompagnés des sauts vifs et cadencés d'une danse solemnelle. Il nomma pontife Numa Marcius, fils de Marcus, sénateur, qu'il chargea de veiller sur tout ce qui tenait à la religion, dont il lui laissa les cérémonies décrites dans un registre avec un soin minutieux : le choix des victimes, du jour, du temple, rien n'était oublié, non plus que les fonds qu'exigeaient ces dépenses. Tous les actes religieux publics. et particuliers étaient soumis à la décision du pontife: ainsi le peuple savait à qui s'adresser, et l'on prévenait les désordres que pouvait amener dans la religion l'oubli des rites nationaux ou l'introduction des rites étrangers. Le même pontife devait encore régler ce qui tient aux funérailles, aux moyens d'apaiser les mânes, de distinguer, parmi les prodiges annoncés par la foudre et d'autres phénomènes, ceux qui exigent une expiation. Pour en obtenir des dieux la connaissance, Numa consacra, sur le mont Aventin, un autel à Jupiter Elicius, et demanda au dieu, par la voie des augures, de faire connaître lesquels de ces signes étaient dignes d'attention.

XXI. Ces examens, ces expiations, firent oublier au peuple ses habitudes de violence et son goût pour les armes. Les esprits, occupés sans cesse d'actes et d'idées

quum interesse rebus humanis cœleste Numen videretur, ea pietate omnium pectora inbuerat, ut fides ac jusjurandum, proximo legum ac pœnarum metu, civitatem regerent: et quum ipsi se homines in regis, velut unici exempli, mores formarent; tum finitimi etiam po puli, qui ante, castra, non urbem, positam in medio ad sollicitandam omnium pacem, crediderant, in eam verecundiam adducti sunt, ut civitatem, totam in cultum versam deorum, violari ducerent nefas. Lucus erat, quem medium ex opaco specu fons perenni rigabat aqua: quo quia se persæpe Numa sine arbitris, velut ad congressum Deæ, inferebat, Camenis eum lucum sacravit; quod earum ibi concilia cum conjuge sua Egeria essent. Et soli Fidei sollemne instituit: ad id sacrarium

flamines bigis, curru arcuato, vehi jussit, manuque ad digitos usque involuta rem divinam facere: significantes fidem tutandam, sedemque ejus etiam in dextris sacratam esse. Multa alia sacrificia locaque sacris faciendis, quæ Argeos pontifices vocant, dedicavit. Omnium tamen maximum ejus operum fuit tutela, per omne regni tempus, haud minor pacis, quam regni. Ita duo deinceps reges, alius alia via, ille bello, hic pace, civitatem auxerunt. Romulus septem et triginta regnavit annos : Numa tres et quadraginta. Tum valida, tum temperata et belli et pacis artibus, erat civitas.

XXII. Numa morte* ad interregnum res rediit. Inde

* U. C. 8o. A. C. 670.

religieuses, reconnurent l'intervention de la Providence dans les choses humaines, et tous les cœurs furent pénétrés d'une piété si vive, que la bonne foi, que la fidélité au serment régnaient dans Rome plus que la crainte des lois et des châtimens. Tous les citoyens réglaient leurs mœurs sur celles du roi, qu'ils regardaient comme un modèle accompli; et les nations voisines, pour qui Rome était jusqu'alors moins une ville qu'un camp placé au milieu d'elles pour troubler leur repos, conçurent pour elle un si profond respect, qu'elles eussent cru se souiller d'un sacrilège en troublant le repos d'un peuple tout occupé du culte des dieux. Un bois, arrosé d'une source intarissable sortie d'une grotte obscure, et dans lequel Numa se retirait souvent loin de tous les yeux, sous prétexte d'entrevues avec la déesse, fut, par lui, consacré aux Muses, comme théâtre de leurs entretiens avec son épouse Égérie. Il établit un sacrifice solennel en l'honneur de la bonne foi seule. Pour le célébrer, les flamines étaient conduits à son temple dans un char cou vert, à deux chevaux, et leur main entièrement voilée. C'était pour faire entendre qu'il fallait mettre la bonne foi à l'abri de toute atteinte, et que la main était son sanctuaire. Il institua un grand nombre d'autres sacrifices, et consacra pour leur célébration ces lieux que les prêtres appellent Argées. Mais le principal objet de ses soins fut, pendant toute la durée de son règne, le maintien de la paix. Ainsi deux rois de suite agrandirent Rome, l'un par la paix, l'autre par la guerre. Romulus avait régné trente-sept ans, Numa quarante-trois. L'état s'était fortifié par un heureux mélange des arts de la guerre et de la paix.

XXII. La mort de Numa ramena un interrègne. Bien

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