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XVI. Après ces immortels travaux, un jour qu'il présidait une assemblée tenue près du marais de la Chèvre pour une revue de l'armée, il s'éleva tout à coup un orage accompagné d'un tonnerre effroyable et d'une obscurité profonde qui le déroba à tous les regards, et, depuis, il ne reparut plus sur la terre. Quand l'épouvante fut dissipée, quand un jour serein et tranquille eut succédé à ce désordre, les Romains, en voyant le siège du roi vide, n'étaient pas éloignés d'ajouter foi au témoignage des sénateurs, qui, placés près du prince, prétendaient que la tempête l'avait enlevé dans les airs, et cependant la crainte de se trouver comme orphelins les tenait dans un morne silence. Bientôt quelques yoix s'élèvent pour souhaiter une éternelle prospérité à ce dieu, fils d'un dieu, à ce roi, à ce père de Rome. On leur répond par d'unanimes acclamations. Ils implorent son secours; ils le prient d'étendre toujours un regard protecteur sur sa postérité. Je crois qu'il ne manqua pas alors de gens qui dirent tout bas que les sénateurs avaient déchiré Romulus de leurs propres mains, car le bruit s'en répandit, mais n'acquit jamais beaucoup de consistance. L'admiration qu'inspirait le héros, et la terreur, firent prévaloir l'autre version. On prétend que l'adresse d'un sénateur contribua beaucoup à lui donner créance. Rome inquiète pleurait son roi, et laissait percer son ressentiment contre le sénat, quand Julius Proculus, dont l'autorité, même dans une si importante question, était respectable, se présente dans l'assemblée ; « Romains, dit-il, le père de cette ville, Romulus, descendu tout à coup des cieux, s'est, au point du jour, présenté à moi. Saisi de respect et d'une sainte horreur, je me suis arrêté mes prières sollicitaient la

petens precibus, ut contra intueri fas esset; abi, nuncia, inquit, Romanis, Cœlestes ita velle, ut mea Roma caput orbis terrarum sit : proinde rem militarem colant : sciantque, et ita posteris tradant, nullas opes humanas armis romanis resistere posse. Hæc, inquit, locutus, sublimis abiit.» Mirum, quantum illi viro, nuncianti hæc, fidei fuerit; quamque desiderium Romuli apud plebem exercitumque, facta fide inmortalitatis, lenitum sit.

XVII. Patrum interim animos certamen regni ac cupido versabat. Necdum a singulis, quia nemo magnopere eminebat in novo populo, pervenerant factiones : inter ordines certabatur. Oriundi ab Sabinis ne, quia post Tatii mortem ab sua parte non erat regnatum, in societate æqua possessionem imperii amitterent, sui corporis creari regem volebant : Romani veteres peregrinum regem adspernabantur. In variis voluntatibus regnari tamen omnes volebant, libertatis dulcedine nondum experta. Timor deinde patres incessit, ne civitatem sine imperio, exercitum sine duce, multarum circa civitatium irritatis animis, vis aliqua externa adoriretur. Et esse igitur aliquod caput placebat; et nemo alteri concedere in animum inducebat. Ita rem inter se centum patres, decem decuriis factis, singulisque in singulas decurias creatis, qui summæ rerum præessent, consociant. Decem imperitabant, unus cum insiguibus imperii et lictoribus erat: quinque dierum spatio finie

la

que

faveur d'élever jusqu'à lui mes regards; mais lui: Va, me dit-il, annoncer aux Romains que la volonté des dieux est que Rome soit la capitale du monde. Qu'ils cultivent donc l'art militaire; qu'ils sachent, qu'ils apprennent à leur postérité, que jamais puissance humaine ne pourra résister aux armes de Rome. A ces mots, ajouta-t-il, il s'est élevé dans les airs. » On ne saurait s'imaginer quelle confiance inspira ce récit, et combien la certitude de son immortalité adoucit la douleur perte de Romulus inspirait au peuple et à l'armée. XVII. Cependant le désir de régner et la rivalité troublaient le sénat. Les prétentions ne ne s'élevaient pas encore entre les individus, il n'y avait pas de personnage assez éminent dans ce peuple nouveau, mais entre les deux nations. Les Sabins d'origine, qui, depuis la mort de Tatius, n'avaient pas eu de roi de leur nation, prétendaient, pour maintenir leurs droits, que le nouveau prince fût choisi parmi eux. Les vieux Romains repoussaient un roi étranger. Au milieu de ce conflit de volontés, on s'accordait à vouloir un gouvernement monarchique. On n'avait pas encore goûté les douceurs de la liberté. Bientôt les sénateurs commencèrent à craindre qu'une ville sans gouvernement, une armée sans général, au milieu du ressentiment de tant d'états voisins, ne se trouvassent exposés à quelque attaque. On sentait le besoin d'un chef, mais personne ne pouvait se résoudre à céder. Voici l'expédient qu'on imagina. Cent sénateurs se partagèrent en dix décuries, et chacune choisit un de ses membres pour exercer l'autorité. Le pouvoir était collectif : un seul en portait les insignes, et marchait précédé des licteurs. La durée de ce pouvoir était de cinq jours, et chacun l'exerçait à son tour. Le trône resta

batur imperium, ac per omnes in orbem ibat : annuumque intervallum regni fuit. Id ab re, quod nunc quoque tenet nomen, interregnum adpellatum. Fremere deinde plebs; multiplicatam servitutem, centum pro uno dominos factos nec ultra nisi regem, et ab ipsis creatum, videbantur passuri. Quum sensissent ea moveri patres, obferendum ultro rati, quod amissuri erant, ita gratiam ineunt, summa potestate populo permissa, ut non plus darent juris, quam detinerent. Decreverunt enim, ut, quum populus regem jussisset, id sic ratum esset, si patres auctores fierent hodieque in legibus magistratibusque rogandis usurpatur idem jus, vi ademta. Priusquam populus suffragium ineat, in incertum comitiorum eventum patres auctores fiunt. Tum interrex, concione advocata : «Quod bonum, faustum, felixque sit, inquit, Quirires, regem create; ita patribus visum est. Patres deinde, si dignum, qui secundus ab Romulo numeretur, crearitis, auctores fient. » Adeo id gratum plebi fuit, ut, ne victi beneficio viderentur, id modo sciscerent juberentque, ut senatus decerneret, qui Romæ regnaret.

XVIII. Inclita justitia religioque ea tempestate Numæ Pompilii erat. Curibus Sabinis habitabat, consultissimus vir, ut in illa quisquam ætate esse poterat, omnis divini atque humani juris. Auctorem doctrinæ ejus, quia non exstat alius, falso Samium Pythagoran edunt: quem,

vacant pendant une année, et l'on donna à cette vacance le nom d'interrègne, qu'on emploie encore aujourd'hui. Le peuple ne tarda pas à murmurer. On n'avait fait qu'aggraver sa servitude: au lieu d'un maître, il en avait cent. Il paraissait disposé à ne plus souffrir qu'un roi, et à le choisir lui-même. Les sénateurs s'aperçurent de ces dispositions, et voulurent se faire un mérite d'offrir ce qu'on allait leur arracher. Mais, en cédant, ils eurent l'adresse de retenir plus qu'ils n'accordaient; car ils décidèrent que le roi, choisi par le peuple, ne serait élu que quand le sénat aurait ratifié le choix. Aujourd'hui encore cette assemblée conserve le même droit dans les propositions de lois et les nominations de magistrats; mais ce n'est plus qu'une vaine formalité; car elle ratifie la décision encore inconnue des comices, avant même qu'on aille aux voix. Dans cette circonstance, l'interroi convoqua l'assemblée : << Romains, dit-il, pour le le bonheur et la prosrepos, périté de Rome, choisissez un roi telle est la volonté du sénat. Si celui que vous aurez choisi pour successeur de Romulus est digne de cet honneur, le sénat ratifiera votre choix. » Le peuple fut si touché de cette condescendance que, pour n'être pas vaincu en générosité, il se borna à décréter que le sénat eût à choisir le roi de

Rome.

:

XVIII. Numa Pompilius s'était fait alors une grande réputation de justice et de piété. Retiré à Cures, ville des Sabins, il possédait une connaissance profonde pour son siècle du droit divin et humain, connaissance dont, à défaut d'un autre, on prétend, mais à tort, qu'il était redevable à Pythagore de Samos; tandis qu'il est cons

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