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aux alliés. Il entendait souvent, dans les assemblées, le consul Virginius répéter, comme s'il avait lu dans l'avenir, « que les dons de son collègue étaient empoisonnés; que ces champs seraient un instrument de servitude pour ceux qui les auraient reçus; qu'on s'ouvrait le chemin du trône. Pourquoi en effet appeler ainsi les alliés et les Latins? Pourquoi rendre aux Herniques, hier encore armés contre nous, le tiers de leur territoire, si ce n'est pour mettre à leur tête Cassius au lieu de Coriolan? >> L'adversaire de la loi agraire commençait, tout en la combattant, à acquérir de la popularité, et dès-lors aussi les deux consuls caressèrent le peuple à l'envi. Virginius déclarait qu'il ne s'opposerait point à ce partage des terres, pourvu que les citoyens seuls y fussent appelés. Cassius, que sa bienveillance intéressée pour alliés, dans la distribution des terres, avait déconsidéré, voulait, pour regagner la faveur du peuple par un nouveau bienfait, qu'on lui rendît l'argent du blé venu de Sicile. Le peuple rejeta ce présent, comme s'il Ꭹ avait vu le prix du trône. Ce soupçon, enraciné dans les esprits, faisait dédaigner, comme au milieu de l'abondance, tous les dons du consul. A peine sorti de charge, il fut condamné et mis à mort. C'est ce qu'on ne saurait contester. On a prétendu que son père prononça luimême l'arrêt qu'il instruisit l'affaire dans sa maison, fit battre de verges et mettre à mort le coupable, dont il consacra le pécule à Cérès. On en fit une statue avec cette inscription : DONNÉ PAR LA FAMILLE DES CASsius. Je trouve dans quelques auteurs, et ce récit offre plus de vraisemblance, que Cassius fut accusé de lèsemajesté par les questeurs C. Fabius et L. Valerius, et condamné par le peuple, sa maison rasée par jugement:

L. Valerio diem dictam perduellionis, damnatumque populi judicio dirutas publice ædes ea est area ante Telluris ædem. Ceterum sive illud domesticum, sive publicum fuit judicium, damnatur Ser. Cornelio, Q. Fabio consulibus*.

bello

XLII. Haud diuturna ira populi in Cassium fuit. Dulcedo agrariæ legis ipsa per se, demto auctore, subibat animos: accensaque ea cupiditas est malignitate patrum; qui, devictis eo anno Volscis Equisque, militem præda fraudavere : quidquid captum ex hostibus est, vendidit Fabius consul, ac redegit in publicum. Invisum erat Fabium nomen plebi propter novissimum consulem tenuere tamen patres, ut cum L. Æmilio C. Fabius** consul crearetur. Eo infestior facta plebes seditione domestica bellum externum excivit deinde civiles discordiæ intermissæ uno animo patres ac plebes rebellantes Volscos et Æquos, duce Æmilio, prospera pugna vicere. Plus tamen hostium fuga, quam prælium, absumsit adeo pertinaciter fusos insecuti sunt equites. Castoris ædes eodem anno idibus quinctilibus dedicata est vota erat latino bello, Postumio dictatore filius ejus, duumvir ad id ipsum creatus, dedicavit. Sollicitati et eo anno sunt dulcedine agrariæ legis animi plebis. Tribuni plebis popularem potestatem U. C. 269. A. C. 483. - ** U. C. 270. A. C. 482.

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c'est la place qu'on voit devant le temple de la Terre. Au reste, que l'arrêt ait été prononcé par sa famille ou par le peuple, sa condamnation eut lieu sous le consulat de Serv. Cornelius et de Q. Fabius.

XLII. La colère du peuple contre Cassius ne fut pas de longue durée, et la loi agraire, quand l'auteur n'en fut plus à craindre, eut par elle-même un merveilleux attrait. L'avarice du sénat ne fit que l'accroître. Après la défaite des Èques et des Volsques, le consul Fabius priva le soldat du butin. Tout ce qu'on prit sur l'ennemi fut vendu, et le produit versé dans le trésor. Cette conduite avait rendu le nom de Fabius odieux à la multitude. Les patriciens n'en persistèrent pas moins à nommer C. Fabius consul avec L. Æmilius. Ce choix irrita le peuple, et ces discordes domestiques provoquèrent une guerre étrangère. La guerre, à son tour, suspendit les troubles civils; et les patriciens et le peuple s'accordèrent pour battre, sous la conduite d'Æmilius, les Èques et les Volsques, qui avaient repris les armes. La déroute fut plus sanglante que le combat, par l'acharnement que la cavalerie mit à poursuivre les vaincus. La même année vit, aux ides de quinctilis, la dédicace du temple de Castor: c'était un vœu du dictateur Postumius dans la guerre contre les Latins. Son fils, nommé duumvir à cet effet, fut chargé de la cérémonie. La loi agraire fit encore cette année sentir au peuple sa puissante influence. Les tribuns appuyaient sur cette loi populaire leur populaire magistrature. Le sénat, qui trouvait dans la

lege populari celebrabant. Patres, satis superque gratuiti furoris in multitudine credentes esse, largitiones temeritatisque invitamenta horrebant : acerrimi patribus duces ad resistendum consules fuere. Ea igitur pars reipublicæ vicit : nec in præsens modo, sed in venientem etiam annum M. Fabium Cæsonis fratrem, et magis invisum alterum plebi, accusatione Sp. Cassii, L. Valerium* consules dedit. Certatum eo quoque anno cum tribunis est: vana lex, vanique legis auctores, jactando irritum munus, facti. Fabium inde nomen ingens post tres continuos consulatus, unoque velut tenore omnes expertos tribuniciis certaminibus, habitum : itaque, ut bene locatus, mansit in ea familia aliquamdiu honos. Bellum inde veiens initum; et Volsci rebellarunt : sed ad bella externa prope supererant vires : abutebanturque iis inter semetipsos certando. Accessere ad ægras jam omnium mentes prodigia cœlestia, prope quotidianas in urbe agrisque ostentantia minas : motique ira numinis caussam nullam aliam vates cånebant, publice privatimque, nunc extis, nunc per aves, consulti, quam haud rite sacra fieri qui terrores tamen eo evasere, ut Oppia, virgo vestalis, damnata incesti pœnas dederit.

XLIII. Q. Fabius ** inde et C. Julius consules facti. Eo anno non segnior discordia domi, et bellum foris

* U. C. 271. A. C. 481.- -** U. C. 272. A, C. 480.

multitude assez d'emportement, même quand rien n'excitait sa cupidité, ne voyait qu'avec effroi ces partages de terres et tout ce qui pouvait irriter ses transports. Les consuls secondèrent avec vigueur la résistance du sénat. Aussi l'avantage demeura-t-il à cet ordre pour cette année et pour la suivante, où il fit nommer consuls M. Fabius, frère de Céson, et L. Valerius, accusateur de Sp. Cassius, et plus odieux au peuple que son collègue. Il fallut encore cette année combattre les tribuns; mais leurs efforts furent vains, et la loi agraire demeura entre leurs mains une arme inutile. Trois consulats de suite, et la lutte soutenue sans interruption par les Fabius contre le tribunat mirent leur nom en grand honneur. Aussi la suprême magistrature resta-t-elle quelque temps dans cette famille. On ne croyait pas pouvoir la mieux placer. On commença la guerre contre Véies; les Volsques reprirent les armes. Mais Rome était presque trop puissante contre les ennemis étrangers : elle usait l'excès de ses forces contre elle-même. A cette fâcheuse disposition des esprits se joignirent encore des prodiges célestes, qui, chaque jour, aux champs et à la ville, montraient de nouvelles menaces. Les devins, consultés par l'état et les particuliers, annonçaient que les entrailles des victimes et le vol des oiseaux n'indiquaient d'autre cause du courroux des dieux, que la négligence dans l'observation des rits sacrés. Ces terreurs finirent pourtant par amener le supplice de la vestale Oppia, condamnée pour avoir enfreint son vœu de virginité.

XLIII. Q. Fabius et C. Julius sont ensuite nommés consuls. Les troubles ne s'apaisent point dans Rome, et la guerre étrangère est plus furieuse encore. Les Èques prennent les armes; les Véiens dévastent le ter

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