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nouvelle à Norba, dans les montagnes, pour contenir le Pomptinum. Enfin, sous le consulat de M. Minucius et de A. Sempronius, le blé arriva de Sicile en abondance, et le sénat délibéra sur le prix auquel il fallait le livrer aux citoyens. Plusieurs sénateurs pensaient que le moment était venu d'abaisser le peuple, de recouvrer les droits que sa retraite et la violence leur avaient arrachés. A leur tête était Marcius Coriolan, ennemi déclaré de la puissance tribunitienne : «S'ils veulent, dit-il, l'ancienne abondance, qu'ils rendent au sénat ses anciens droits. Pourquoi verrais-je des magistrats plébéiens, un Sicinius revêtu du pouvoir? Ai-je passé sous le joug? Est-ce une rançon qu'il m'ait fallu payer à des brigands? et je supporterais ces indignités plus long-temps que ne m'y contraint la nécessité! Moi qui n'ai pu souffrir Tarquin pour roi, je souffrirais un Sicinius! Qu'il se retire encore une fois, qu'il entraîne avec lui le peuple. L'accès du mont Sacré, l'accès de toutes les montagnes est libre : qu'ils viennent enlever nos blés, comme ils l'ont fait il y a trois ans. Qu'ils goûtent les fruits de cette famine causée par leur délire. Je puis vous répondre que vous les verrez bientôt, domptés par ce fléau, s'occuper de cultiver eux-mêmes nos champs, au lieu de prendre les armes et de s'insurger pour en empêcher la culture. » Je n'ose pas décider s'il était aussi avantageux pour l'état que facile, à mon avis, pour les sénateurs, d'obtenir, en baissant le prix du blé, l'abolissement de la puissance tribunitienne et de toutes les innovations qu'ils s'étaient laissé arracher.

XXXV. Le sénat trouva cet avis trop sévère, et l'indignation du peuple s'emporta presque jusqu'à prendre

et plebem ira prope armavit. «Fame se jam, sicut hostes, peti; cibo victuque fraudari peregrinum frumentum, quæ sola alimenta ex insperato fortuna dederit, ab ore rapi, nisi C. Marcio vincti dedantur tribuni, nisi de tergo plebis romanæ satisfiat. Eum sibi carnificem novum exortum, qui aut mori, aut servire jubeat. »> In exeuntem e curia inpetus factus esset, ni peropportune tribuni diem dixissent. Ibi ira est subpressa se judicem quisque, se dominum vitæ necisque inimici factum videbat. Contemtim primo Marcius audiebat minas tribunicias: auxilii, non pœnæ, jus datum illi potestati; plebisque, non patrum, tribunos esse sed adeo infensa erat coorta plebs, ut unius pœna defungendum esset patribus. Restiterunt tamen adversa invidia, usique sunt, qua suis quisque, qua totius ordinis viribus. Ac primo tentata res est, si, dispositis clientibus, absterrendo singulos a coitionibus conciliisque, disjicere rem possent. Universi deinde processere (quidquid erat patrum, reos diceres), precibus plebem exposcentes; «unum sibi civem, unum senatorem, si innocentem absolvere nollent, pro nocente donarent. » Ipse quum die dicta non adesset, perseveratum in ira est. Damnatus absens in Volscos exsulatum abiit, minitans patriæ, hostilesque jam tum spiritus gerens. Venientem Volsci benigne excepere, benigniusque in dies colebant, quo major ira in suos eminebat, crebræque nunc que

les armes. « C'est par la famine, s'écriaient-ils, qu'on nous attaque, comme des ennemis; on nous refuse des vivres, on nous prive du nécessaire. Ces blés étrangers, que nous envoie une faveur inespérée de la fortune, vont nous être arrachés de la bouche, si nous ne livrons nos tribuns pieds et mains liés à Marcius, si le peuple romain ne courbe le dos sous sa verge. Voici paraître un bourreau impitoyable, qui ne nous laisse que le choix de la mort ou de l'esclavage. » On se serait jeté sur lui à la sortie du sénat, si, heureusement, les tribuns ne l'eussent mis en accusation. Cette mesure suspendit le courroux du peuple; il se voyait le juge de son ennemi, dont la vie, la mort étaient entre ses mains. Marcius répondit d'abord avec mépris aux menaces des tribuns, que leur charge, instituée pour défendre, ne leur donnait pas le droit de punir; qu'ils étaient les tribuns du peuple et non du sénat. Mais les plébéiens, soulevés, montraient tant d'acharnement, que les patriciens furent obligés de consentir au sacrifice d'un membre de leur ordre. Cependant ils résistèrent à cette violence, et usèrent de leur ascendant personnel et de celui du corps entier. D'abord ils essayèrent en disséminant partout leurs cliens, de détourner chacun en particulier de ces associations, de ces rassemblemens, et de faire ainsi échouer l'accusation. Ensuite ils s'avancèrent tous en corps, comme si l'ordre entier eût été accusé, adressant au peuple leurs prières : ils demandaient << la grâce d'un seul citoyen, d'un seul sénateur; si l'on ne voulait point l'absoudre comme innocent, qu'on lui pardonnât comme coupable. » Mais l'absence de l'accusé affer. mit le ressentiment de la multitude. Il fut condamné par contumace, et se retira chez les Volsques, plein de menaces contre sa patrie, à laquelle il porta dès-lors des senti

relæ, nunc minæ percipiebantur. Hospitio utebatur Attii Tulli. Longe is tum princeps volsci nominis erat, Romanisque semper infestus: ita quum alterum vetus odium, alterum ira recens stimularet, consilia conferunt de romano bello. Haud facile credebant, plebem suam inpelli posse, ut toties infeliciter tentata arma caperent. Multis sæpe bellis, pestilentia postremo amissa juventute, fractos spiritus esse: arte agendum in exoleto jam vetustate odio, ut recenti aliqua ira exacerbarentur

animi.

XXXVI. Ludi forte ex instauratione magni Romæ parabantur : instaurandi hæc causa fuerat. Ludis mane servum quidam paterfamiliæ, nondum commisso spectaculo, sub furca cæsum medio egerat circo : cœpti inde ludi, velut ea res nihil ad religionem pertinuisset. Haud ita multo post Ti. Atinio, de plebe homini, somnium fuit. Visus Jupiter dicere, «Sibi ludis præsultatorem displicuisse nisi magnifice instaurarentur hi ludi, periculum urbi fore: iret, ea consulibus nunciaret. » Quamquam haud sane liber erat religione animus, verecundia tamen majestatis magistratuum timorem vicit, ne in ora hominum pro ludibrio abiret. Magno illi ea cunctatio stetit filium namque intra paucos dies amisit: cujus repentinæ cladis ne caussa dubia esset, ægro animi eadem illa in somnis observata species visa est rogitare,

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mens d'ennemi. Les Volsques s'empressèrent de l'accueillir, de lui témoigner plus de bienveillance, à mesure qu'éclatait sa colère contre les Romains, et qu'elle s'exhalait en plaintes et en menaces. Il recevait l'hospitalité chez Attius Tullus, le personnage le plus considérable de la nation, l'éternel ennemi de Rome. Poussés, l'un par une vieille haine, l'autre par un courroux plus récent, ils se concertent sur les moyens d'exciter la guerre contre les Romains. Ils ne croyaient pas facile, après tant de revers, d'engager les Volsques à prendre les armes. Des combats fréquens, et en dernier lieu la peste, avaient moissonné leur jeunesse, abattu leur courage. Il fallait user d'adresse pour réveiller, par quelque nouveau sujet de colère, une haine que le temps avait éteinte dans tous les cœurs.

XXXVI. Rome recommençait la célébration des grands jeux. Voici pour quel motif. Le jour même des fêtes, le matin, avant l'ouverture du spectacle, un chef de famille avait fait battre de verges, au milieu du cirque, un esclave, la fourche au col. La solennité commença ensuite, comme si ce châtiment ne l'eût point profanée. Quelques jours après, un plébéien nommé Ti. Atinius, eut un songe où il crut entendre Jupiter lui dire « que la danse qui avait précédé les jeux lui avait déplu; que, si on ne les recommençait avec magnificence, Rome serait en danger; qu'il allât en donner avis aux consuls. »> Cet homme n'était certes pas sans scrupules, mais son respect pour la majesté des magistrats triompha de ses terreurs; il craignit de se voir baffoué en public. Cette hésitation lui coûta cher. Son fils mourut au bout de quelques jours; et, pour qu'il ne se trompât point sur la cause de ce malheur soudain, dans l'abattement de sa douleur, il revit en songe cette figure qui s'était

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