des magistrats. L'évènement le plus remarquable du consulat d'App. Claudius et de P. Servilius, nommés l'année suivante, fut la mort de Tarquin arrivée à Cumes, où, après la défaite des Latins, il avait cherché un asile près du tyran Aristodème. Cette nouvelle affranchit de toute inquiétude les patriciens et le peuple; mais les patriciens, dans l'excès de leur joie, ne connurent bientôt plus de frein; et le peuple, qu'ils avaient caressé jusqu'alors, se vit en butte à l'oppression des grands. Cette même année, une colonie nouvelle vint compléter celle que le roi Tarquin avait conduite à Signia. On établit à Rome vingt et une tribu, et, aux ides de mai, l'on consacra le temple de Mercure. XXII. Pendant la guerre du Latium, Rome n'avait été ni en guerre ni en paix avec les Volsques. Ils avaient levé des troupes pour soutenir les Latins, mais la rapidité des opérations du dictateur prévint leur jonction; et son but, en se hâtant de livrer bataille, était de n'avoir point à se mesurer dans une même action contre les Latins et les Volsques réunis. Mais le ressentiment de ces démonstrations hostiles conduisit les consuls et l'armée romaine sur le territoire des Volsques. Ils ne s'attendaient pas qu'on voudrait punir leurs intentions, et, pris au dépourvu, ils cédèrent. Sans recourir aux armes, ils livrent pour otages trois cents enfans des premières familles de Cora et de Pometia. Ainsi les légions revinrent sans avoir combattu. Mais bientôt cette terreur dissipée laissa reparaître le naturel des Volsques. Ils se préparent secrètement à la guerre, forment une ligue offensive avec les Herniques, et envoient de tous côtés des députés pour soulever le Latium. Mais les sen que ejus quicumque arma suaderet, ne ab legatis quidem violandis abstinuit. Comprehensos Volscos Romam duxere. Ibi traditi consulibus: indicatumque est, Volscos Hernicosque parare bellum Romanis. Relata re ad senatum, adeo fuit gratum patribus, ut et captivorum sex millia Latinis remitterent, et de fœdere, quod prope in perpetuum negatum fuerat, rem ad novos magistratus rejicerent. Enimvero tum Latini gaudere facto, pacis auctores in ingenti gloria esse. Coronam auream Jovi donum in Capitolium mittunt : cum legatis donoque, qui captivorum remissi ad suos fuerant, magna circumfusa multitudo venit. Pergunt domos eorum, apud quem quisque servierant : gratias agunt, liberaliter habiti cultique in calamitate sua : inde hospitia jungunt. Nunquam alias ante publice privatimque latinum nomen romano imperio conjunctius fuit. XXIII. Sed et bellum volscum inminebat, et civitas, secum ipsa discors, intestino inter patres plebemque flagrabat odio, maxime propter nexos ob æs alienum. Fremebant,« se foris << se foris pro libertate et imperio dimicantes, domi a civibus captos et obpressos esse; tutioremque in bello, quam in pace, inter hostes, quam inter cives, libertatem plebis esse: >> invidiamque eam, sua sponte gliscentem, insignis unius calamitas accendit. Magno natu quidam cum omnium malorum suorum insignibus timens de colère et de haine que la plaie de Régille, encore toute sanglante, inspirait aux Latins contre tous ceux qui pouvaient leur conseiller de reprendre les armes, ne leur permirent pas même de respecter le caractère des députés. Ils les arrêtent, les conduisent à Rome, et les livrent aux consuls. On eut alors connaissance des préparatifs des Volsques et des Herniques. L'affaire fut soumise au sénat, et, dans sa reconnaissance, il rendit aux Latins six mille prisonniers. Le projet d'alliance, qui semblait rejeté pour toujours, fut renvoyé aux nouveaux consuls. Les Latins s'applaudirent de leur conduite, et le crédit des partisans de la paix s'en accrut chez eux. Ils envoient une couronne d'or au temple de Jupiter Capitolin, et les prisonniers, rendus à leurs familles, suivent en foule les députés chargés de ce présent auxquels ils forment un cortège immense. Ils vont revoir les maisons où ils ont été esclaves, remercient leurs anciens maîtres des égards et de la bienveillance qu'ils ont trouvés près d'eux dans leur malheur, et enfin serrent avec eux les nœuds de l'hospitalité. Jamais union plus intime des individus et des états ne régna entre Rome et le Latium. XXIII. Cependant les Volsques nous menaçaient de la guerre, et l'état, en proie aux dissensions intestines, voyait éclater la haine qu'avait surtout allumée entre les praticiens et le peuple l'asservissement des débiteurs. Ils murmuraient « qu'après avoir combattu au dehors pour la liberté, pour l'empire, ils ne trouvaient au dedans qu'oppression et que servitude : leur liberté courait moins de risques à la guerre, au milieu des ennemis, que pendant la paix, parmi leurs concitoyens.» Ces mécontentemens croissaient assez d'eux-mêmes, quand le se in forum projecit : obsita erat squalore vestis, fœdior corporis habitus pallore ac macie peremti. Ad hoc, promissa barba et capilli efferaverant speciem oris. Noscitabatur tamen in tanta deformitate, et ordines duxisse aiebant, aliaque militiæ decora vulgo, miserantes eum, jactabant ipse, testes honestarum aliquot locis pugnarum, cicatrices adverso pectore ostentabat. Sciscitantibus «unde ille habitus? unde deformitas?» quum circumfusa turba esset prope in concionis modum, «<sabino bello, ait, se militantem, quia propter populationes agri non fructu modo caruerit, sed villa incensa fuerit, direpta omnia, pecora abacta, tributum iniquo suo tempore imperatum, æs alienum fecisse: id, cumulatum usuris, primo se agro paterno avitoque exuisse, deinde fortunis aliis postremo, velut tabem, pervenisse ad corpus. Ductum se ab creditore, non in servitium, sed in ergastulum et carnificinam esse.» Inde ostentare tergum, foedum recentibus vestigiis verberum. Ad hæc visa auditaque clamor ingens oritur. Non jam foro se tumultus continet, sed passim totam urbem pervadit. Nexu vincti solutique se undique in publicum proripiunt, inplorant Quiritium fidem. Nullo loco deest seditionis voluntarius comes multis passim agminibus per omnes vias cum clamore in forum curritur. Magno cum periculo suo, qui forte patrum in foro erant, in eam turbam inciderunt : nec temperatum manibus foret, ni propere con : spectacle du malheur d'un de ces infortunés causa un embrasement général. Un vieillard, dont tout faisait ressortir la misère, se jette dans la place publique. Ses vêtemens, sales et déchirés, le rendaient moins hideux encore que sa pâleur, que la maigreur de son corps exténué. Une barbe longue et hérissée, des cheveux en désordre, lui donnaient un air hagard et farouche. On le reconnaissait pourtant à travers cet extérieur affreux; on disait qu'il avait été centurion; on s'attendrissait sur son sort; on parlait des récompenses que lui avait méritées son courage. Lui-même, découvrant sa poitrine, montrait les honorables cicatrices témoins de ses exploits. On lui demande de tous côtés la cause d'une situation si horrible. Alors, s'adressant à la foule qui l'entoure, aussi nombreuse qu'une assemblée du peuple, il dit «< que, servant dans la guerre contre les Sabins, leurs dévastations ont entraîné la perte de sa récolte, l'incendie de sa maison, le pillage de tout ce qu'il possédait, l'enlèvement de ses bestiaux, et l'ont mis dans l'impuissance d'acquitter le tribut, que dans une position si difficile on exigeait de lui; il a emprunté; ses dettes, grossies par l'usure, l'ont dépouillé d'abord du champ qu'il tenait de son père et de son aïeul, puis de tout ce qui lui restait ; enfin cette plaie dévorante a gagné sa personne. Livré à son créancier, il a trouvé en lui non un maître, mais un geolier, mais un bourreau.» Et alors il découvre ses épaules, encore toutes déchirées de coups de fouet. A cette vue, à ce à ce récit, un cri s'élève. Le tumulte ne règne pas seulement au forum, il se répand dans toute la ville. Les débiteurs esclaves en ce moment, et ceux qui l'ont été, s'élancent de tous côtés sur la place, ils implorent la garantie du peuple. Partout la |