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longer leur séjour : ils avaient demandé aux consuls le temps de rassembler des moyens de transport pour enlever les biens des princes. Tout ce délai, ils l'emploient à se concerter avec les conjurés, et en obtiennent, à force d'instances, une lettre pour les Tarquins; car, sans cette preuve, pourraient-ils, sur le témoignage de leurs députés, ajouter foi à des nouvelles d'une si haute importance? Cette lettre, gage de leur sincérité, servit à prouver leur crime. La veille du départ des députés, les Vitellius donnèrent un repas où les conjurés, écartant tous les témoins, parlèrent beaucoup, comme il n'est que trop ordinaire, de leurs nouveaux projets. Un esclave surprit leur conversation. Il avait déjà découvert leur dessein, mais il attendait le moment où la remise de la lettre confirmerait sa déposition. Quand il fut certain qu'elle était entre les mains des députés, il courut tout révéler aux consuls. Ces magistrats se rendent à la maison où étaient réunis les conjurés et les députés, pour les surprendre. Ils les arrêtent tous sans donner l'éveil. Ils eurent soin, avant tout, de ne pas laisser échapper la lettre. Les traîtres furent sur-lechamp jetés dans les fers. Pour les députés, on hésita un moment, et, quoiqu'il parût certain qu'ils eussent donné lieu de les traiter en ennemis, on respecta le droit des gens.

V. La restitution des biens du roi, accordée d'abord, est de nouveau soumise au sénat, qui, cédant à son ressentiment, la refusa, refusa même de les déclarer propriétés de l'état. On les abandonna au peuple, pour que la contagion de ce pillage lui fit perdre l'espérance

pacis amitteret. Ager Tarquiniorum, qui inter urbem ac Tiberim fuit, consecratus Marti, Martius deinde campus fuit. Forte ibi tum seges farris dicitur fuisse matura messi quem campi fructum quia religiosum erat consumere, desectam cum stramento segetem magna vis hominum simul inmissa corbibus fudere in Tiberim, tenui fluentem aqua, ut mediis caloribus solet: ita in vadis hæsitantis frumenti acervos sedisse inlitos limo. Insulam inde paullatim, et aliis, quæ fert temere flumen, eodem invectis, factam : postea credo additas moles, manuque adjutum, ut tam eminens area, firmaque templis quoque ac porticibus sustinendis esset. Direptis bonis regum, damnati proditores, sumtumque supplicium, conspectius eo, quod pœnæ capiendæ ministerium patri de liberis consulatus inposuit, et, qui spectator erat amovendus, eum ipsum fortuna exactorem supplicii dedit. Stabant deligati ad palum nobilissimi juvenes sed a ceteris, velut ab ignotis capitibus, consulis liberi omnium in se averterant oculos, miserebatque non pœnæ magis homines, quam sceleris, quo pœnam meriti essent; illos, eo potissimum anno patriam liberatam, patrem liberatorem, consulatum ortum ex domo Junia, patres, plebem, quidquid deorum hominumque romanorum esset, induxisse in animum, ut superbo quondam regi, tum infesto exsuli, proderent. Consules in sedem processere suam, missique lictores ad sumendum suppli

de traiter jamais avec les anciens possesseurs. Le champ des Tarquins, qui s'étendait entre la ville et le Tibre, fut consacré au dieu Mars, et ce fut depuis le Champ-de-Mars. Il était alors couvert d'une moisson de blé mûr. La religion interdisait l'usage de cette récolte. On la coupa, paille et grain; on en remplit des corbeilles, et on jeta tout à la fois dans le fleuve, dont les eaux, comme il arrive dans les chaleurs, étaient fort basses. Ces gerbes, s'affaissant sous le poids du limon dont elles étaient chargées, s'arrêtèrent dans les basfonds, et, avec tout ce que les eaux y charriaient, formèrent insensiblement une île. J'imagine aussi qu'on eut recours à l'art, et, à force de bras, on parvint à donner au sol assez d'élévation et de consistance pour porter des temples et des portiques. Au pillage des biens du roi, succéda la condamnation et le châtiment des traîtres. Il fut d'autant plus éclatant que les devoirs du consulat imposèrent à un père l'obligation de punir lui-même ses fils, et que la fortune chargea de présider à cette exécution l'homme même qui n'aurait pas dû en être spectateur. Ces jeunes gens, tous de la plus haute naissance, étaient attachés au fatal poteau; mais il semblait que les autres fussent sortis de la classe la plus obscure, car les fils seuls du consul attiraient tous les regards. On était moins touché encore de leur supplice que du crime qui l'avait mérité. C'étaient eux qui, cette année même, avaient formé le projet de livrer leur patrie devenue libre; leur père, son libérale consulat, né dans la maison Junia; les patriciens et le peuple; les dieux de Rome et ses enfans aux fureurs d'un prince qui joignait à l'ancien orgueil d'un despote l'implacable ressentiment de son exil. Les consuls prennent place sur leur tribunal, les licteurs s'approchent des

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cium nudatos virgis cædunt, securique feriunt : quum inter omne tempus pater, vultusque, et os ejus, spectaculo esset, eminente animo patrio inter publicæ pœnæ ministerium. Secundum pœnam nocentium, ut in utramque partem arcendis sceleribus exemplum nobile esset, præmium indici, pecunia ex ærario, libertas et civitas, data. Ille primum dicitur vindicta liberatus : quidam vindictæ quoque nomen tractum ab illo putant: Vindicio ipsi nomen fuisse. Post illum observatum, ut, qui ita liberati essent, in civitatem accepti viderentur.

VI. His, sicut acta erant, nunciatis, incensus Tarquinius non dolore solum tantæ ad irritum cadentis spei, sed etiam odio iraque, postquam dolo viam obseptam vidit, bellum aperte moliendum ratus, circumire supplex Etruriæ urbes; orare maxime Veientes Tarquiniensesque, «ne se ortum, ejusdem sanguinis, extorrem egentem, ex tanto modo regno, cum liberis adolescentibus ante oculos suos perire sinerent. Alios peregre in regnum Romam adcitos: se regem, augentem bello romanum imperium, a proximis scelerata conjuratione pulsum eos inter se, quia nemo unus satis dignus, regno visus sit, partes regni rapuisse; bona sua diripienda populo dedisse, ne quis expers sceleris esset. Patriam se regnumque suum repetere, et persequi ingratos cives velle. Ferrent opem, adjuvarent; suas quoque veteres injurias ultum irent, toties cæsas legiones, agrum

condamnés, les dépouillent, les battent de verges et leur tranchent la tête. Tous les yeux étaient fixés sur le père, on interrogeait son front, l'expression de ses traits, où l'on voyait percer la douleur paternelle au moment où il vengeait sa patrie. Au châtiment des coupables, il fallait, pour écarter du crime par un double motif, ajouter l'éclat des récompenses accordées au révélateur du complot. Il reçut une somme d'argent du trésor public, la liberté et rang de citoyen. Ce fut, dit-on, le premier affranchissement par la baguette, vindicta. On a prétendu même que ce nom était tiré du sien, car il s'appelait Vindicius. Ce fut, depuis, une règle toujours observée, que ce mode d'affranchissement donnait le droit de cité.

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VI. A ces tristes nouvelles, Tarquin, confus et indigné de voir s'évanouir de si belles espérances, enflammé de colère et de haine, convaincu qu'il ne peut plus rien attendre de la ruse, se décide pour une guerre ouverte. Il va de ville en ville adresser ses prières aux Étrusques. Il presse surtout Véies et Tarquinies; il les conjure « de ne pas laisser périr sous leurs yeux, dans les misères de l'exil, avec ses fils à la fleur de l'âge, un prince de leur sang, souverain naguère d'un si florissant empire. Rome a été chercher au loin ses premiers rois; mais lui, il était sur le trône, ses armes accroissaient la puissance des Romains, quand un complot parricide de ses proches l'a détrôné. Ils n'ont pu trouver parmi eux un homme digne de régner seul : ils se sont partagé les débris du pouvoir; ses biens, il les ont abandonnés au peuple; ils ont voulu que tout prît part à leur crime. C'est sa patrie, c'est son royaume qu'il réclame, c'est contre des sujets ingrats qu'il demande vengeance. Il implore leur aide, leur secours eux aussi

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