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qu'on avait porté chez lui une grande quantité d'épées: pour s'assurer sur-le-champ si cette accusation était fondée, il les priait de le suivre chez Turnus. » Le caractère violent de Turnus, ses discours de la veille font naître le soupçon : le retard de Tarquin semblait suffire pour avoir reculé l'exécution. Ils se mettent en route, disposés à croire; mais, si l'on ne trouvait point d'armes, l'accusation s'évanouissait. Dès qu'on arrive chez Turnus, des gardes l'entourent et l'éveillent. On saisit ses esclaves, dont l'attachement voulait opposer de la résistance, pendant qu'on apportait les épées de tous les coins de la maison. Ces preuves démontrèrent l'évidence du crime, et Turnus fut chargé de chaînes. Aussitôt on convoqua en tumulte l'assemblée des Latins. La vue des épées, exposées à tous les yeux, excita une indignation si violente, que, sans vouloir entendre l'accusé, on prononça contre lui un nouveau genre de supplice. Il fut plongé dans la source de Férente, couvert d'une claie chargée de pierres.

LII. Tarquin rappelle ensuite les Latins à l'assemblée, et commence par les féliciter d'avoir frappé d'un juste châtiment les complots parricides de l'usurpateur Turnus; puis il ajoute « qu'il pourrait, en s'appuyant sur d'anciens droits, prétendre que les Latins, tous sortis d'Albe, sont compris dans le traité qui, depuis le règne de Tullus, a soumis Albe et ses habitans aux Romains. Mais, il croit qu'il est plus dans leur intérêt commun de renouveler ce traité, et qu'il vaut mieux pour les Latins s'associer à la fortune de Rome, que de redouter sans cesse la destruction de leurs villes, le ravage de leurs campagnes, ou d'en être les témoins, comme il

agrorum, quas Anco prius, patre deinde suo regnante, perpessi sint, semper aut exspectent, aut patiantur. Haud difficulter persuasum Latinis, quamquam in eo foedere superior romana res erat : ceterum et capita nominis latini stare ac sentire cum rege videbant, et Turnus sui cuique periculi, si adversatus esset, recéns erat documentum. Ita renovatum fœdus, indictumque junioribus Latinorum, ut ex fœdere die certa ad lucum Ferentinæ armati frequentes adessent. Qui ubi ad edictum romani regis ex omnibus populis convenere; ne ducem suum, neve secretum imperium, propriave signa haberent, miscuit manipulos ex Latinis Romanisque, ut ex binis singulos faceret, binosque ex singulis: ita geminatis manipulis centuriones inposuit.

ita dux belli pra

LIII. Nec, ut injustus in pace rex, vus fuit: quin ea arte æquasset superiores reges, ni degeneratum in aliis huic quoque decori obfecisset. Is primus Volscis bellum in ducentos amplius post suam ætatem annos movit, Suessamque Pometiam ex his vi cepit: ubi quum divendenda præda quadraginta talenta argenti aurique refecisset; concepit animo eam amplitudinem Jovis templi, quæ digna deum hominumque rege, quæ romano imperio, quæ ipsius etiam loci majestate esset. Captivam pecuniam in ædificationem ejus templi seposuit. Excepit deinde eum lentius spe bellum, quo Gabios, propinquam urbem, nequidquam vi adortus,

leur est arrivé tant de fois sous Ancus et sous le règne du père de Tarquin. » Malgré l'avantage que ce traité assurait aux Romains, il ne fut pas difficile de décider les Latins à y souscrire. Ils voyaient leurs chefs rangés à l'avis du roi, et la mort récente de Turnus était une leçon pour ceux qui auraient tenté de résister. Le traité fut renouvelé, et la jeunesse du Latium reçut l'ordre de se réunir en armes, à un jour marqué, près du bois de Férente. Tous les peuples s'empressèrent d'obéir, et envoyèrent leur contingent; mais, pour qu'ils ne conservassent ni chefs de leur nation, ni point de ralliement, ni étendards particuliers, Tarquin mêla Romains et Latins dans les mêmes manipules, en en réunissant d'abord deux en un seul, puis en les séparant de nouveau, et après ce dédoublement, il nomma lui-même leurs centurions.

LIII. Ce prince qui, pendant la paix, foulait aux pieds tous les droits, ne fut pas un mauvais général. Il eût même égalé dans la guerre ses prédécesseurs, si son administration n'eût obscurci l'éclat de sa gloire militaire. Il commença contre les Volsques cette guerre qui dura deux siècles après lui, et leur prit d'assaut Suessa Pometia. La vente du butin fait dans cette ville produisit quarante talens d'or et d'argent. Son génie conçut alors le plan de ce vaste temple de Jupiter, digne de la majesté du roi des dieux et des hommes, digne de la grandeur de l'empire romain, et de la noblesse de l'emplacement même. L'argent pris sur l'ennemi fut mis en réserve pour la construction de cet édifice. Il entreprit ensuite contre Gabies, ville voisine, une guerre dont la lenteur trompa ses espérances. Repoussé après un assaut inutile, n'osant

quum obsidendi quoque urbem spes pulso a monibus ademta esset, postremo minime arte romana, fraude ac dolo, adgressus est; nam quum, velut posito bello, fundamentis templi jaciendis aliisque urbanis operibus intentum se esse simularet, Sextus filius ejus, qui minimus ex tribus erat, transfugit ex composito Gabios, patris in se sævitiam intolerabilem conquerens : « Jam ab alienis in suos vertisse superbiam : et liberorum quoque eum frequentiæ tædere; ut, quam in curia solitudinem fecerit, domi quoque faciat : ne quam stirpem, ne quem hæredem regni relinquat. Se quidem, inter tela et gladios patris elapsum, nihil usquam sibi tutum, nisi apud hostes L. Tarquinii, credidisse. Nam, ne errarent, manere his bellum, quod positum simuletur; et per occasionem eum incautos invasurum. Quod si apud eos supplicibus locus non sit, pererraturum se omne Latium: Volscosque se inde, et Æquos, et Hernicos petiturum; donec ad eos perveniat, qui a patrum crudelibus atque inpiis suppliciis tegere liberos sciant. Forsitan etiam ardoris aliquid ad bellum armaque se adversus superbissimum regem ac ferocissimum populum inventurum. » Quum, si nihil morarentur,* infensus ira porro inde abiturus videretur, benigne ab Gabinis excipitur: vetant mirari, si, qualis in cives, qualis in socios, talis ad ultimum in liberos esset. In se ipsum postræmo sæviturum, si alia desint. Sibi vero gratum

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même en former le siège, il eut recours à des voies indignes de Rome, la fraude et la ruse. Il déposa les armes, et parut s'occuper tout entier de la construction du temple de Jupiter, et des travaux, commencés dans la ville. Cependant Sextus, le plus jeune de ses trois fils, s'enfuit, d'accord avec lui, chez les Gabiens, en se plaignant de l'intolérable cruauté de son père : L'orgueil de Tarquin, las de poursuivre les autres, s'attaque à sa famille; il redoute le nombre de ses enfans; il a dépeuplé le sénat, il veut dépeupler aussi son palais; il ne veut point laisser de postérité, point d'héritier de son trône. Ce n'est qu'à travers les traits et les épées dont le menaçait son père qu'il a pu lui-même s'échapper. Il ne peut se croire en sûreté que chez les ennemis de Tarquin; car, il ne faut pas s'y tromper, cette guerre, qui semble éteinte, dure encore, et, quand s'offrira l'occasion, ils verront leur ennemi fondre sur eux à l'improviste. S'ils rejettent ses prières, il ira parcourir tout le Latium; il ira chez les Volsques, chez les Èques, chez les Herniques, jusqu'à ce qu'il rencontre un peuple qui sache défendre les fils contre l'implacable ressentiment d'un père dénaturé. Peut-être trouvera-t-il encore des cœurs généreux, disposés à combattre un roi superbe, un peuple turbulent. » L'ardeur de son ressentiment, prêt à l'entraîner plus loin si l'on ne cherchait à le retenir, lui mérita des Gabiens un accueil bienveillant. Ils lui disent qu'il ne doit point s'étonner que Tarquin se montre enfin envers ses enfans tel qu'il s'est montré envers ses sujets, envers ses alliés; qu'à défaut d'autres victimes il finirait par tourner sa cruauté contre lui-même; qu'au reste sa présence leur était agréable, et qu'ils espéraient qu'avec son secours la

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