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qu'il occupe la place de son père, que le fils d'un roi est un plus digne héritier du trône qu'un esclave; que, depuis trop long-temps, l'insolence et les artifices de Tullius bravent ses maîtres. A ces mots, les partisans des deux rivaux poussent des cris confus. Déjà le peuple s'attroupait autour de la salle d'assemblée, et il était évident que la victoire dans cette lutte donnerait la couronne. Alors Tarquin, forcé, par sa position critique, aux dernières violences, profite de l'avantage de sa force et de sa jeunesse, saisit Servius par le milieu du corps, l'emporte hors du sénat, et le précipite du haut des degrés. Puis il rentre pour présider l'assemblée. La fuite disperse les appariteurs et les amis du roi. Luimême perdait tout son sang, et, suivi de quelques serviteurs glacés d'effroi, regagnait son palais, quand, arrivé en haut de la rue Cypria, des assassins, envoyés à sa poursuite par Tarquin, lui donnent la mort. On croit que Tarquin ne fit que suivre ici le conseil de Tullie, et toute la conduite de cette princesse ne dément pas ce soupçon. Ce qu'on ne saurait révoquer en doute, c'est qu'elle se rendit au forum sur un char, et que, sans respect pour l'assemblée des hommes, elle appela hors du sénat son époux, qu'elle salua la première du nom de roi. Tarquin lui conseilla de s'éloigner de ces scènes tumultueuses. Elle regagnait sa demeure, et, arrivée en haut de la rue Cypria, à l'endroit où l'on voyait, il n'y a pas long-temps, l'autel de Diane, elle tournait à droite, pour descendre la côte Urbia et gagner la hauteur des Esquilies, quand le conducteur du char retient les rênes, et, pâle, tremblant, montre à sa maîtresse le corps de Tullius étendu mort au milieu du chemin. On rapporte ici un trait affreux, d'une atrocité qui révolte la nature, et dont ce lieu

tum vicum vocant, quo amens, agitantibus furiis sororis ac viri, Tullia per patris corpus carpentum egisse fertur; partemque sanguinis ac cædis paternæ cruento vehiculo, contaminata ipsa respersaque, tulisse ad penates suos virique sui : quibus iratis, malo regni principio similes prope diem exitus sequerentur. Ser. Tullius regnavit annos quatuor et quadraginta, ita ut bono etiam moderatoque succedenti regi difficilis æmulatio esset. Ceterum id quoque ad gloriam accessit, quod cum illo simul justa ac legitima regna occiderunt. Id ipsum tam mite ac tam moderatum imperium tamen, quia unius esset, deponere eum in animo habuisse, quidam auctores sunt; ni scelus intestinum liberandæ patriæ consilia agitanti intervenisset.

XLIX. Inde L. Tarquinius regnare* occepit, cui Superbo cognomen facta indiderunt, quia socerum gener sepultura prohibuit, « Romulum quoque insepultum perisse >> dictitans: primores patrum, quos Servii rebus favisse credebat, interfecit: conscius deinde, male quærendi regni ab se ipso adversus se exemplum capi posse, armatis corpus circumsepsit. Neque enim ad jus regni quidquam præter vim habebat; ut qui neque populi jussu, neque auctoribus patribus regnaret. Eo accedebat, ut in caritate civium nihil spei reponenti metu regnum tutandum esset : quem ut pluribus incuteret, co

* U. C. 220. A. C. 532.

même a transmis le souvenir. On donne le nom de rue du Crime à l'endroit où Tullie, égarée, poursuivie par les furies vengeresses de son époux et de sa sœur, poussa, dit-on, son char sur le corps de son père, et, rougissant ses roues du sang paternel, dont la souillure rejaillit jusque sur son sein, rapporta les traces sanglantes de son parricide aux pieds de ses pénates et de ceux de son époux. Mais leur colère préparait à ce règne criminel une fin digne de son début. Serv. Tullius s'était, pendant quarante-quatre ans, montré tel qu'il eût été difficile, même à un successeur sage et vertueux, de marcher son émule. Ce qui ajoute à sa gloire, c'est qu'en lui finit la monarchie juste et légitime; et cependant cette autorité si douce, si modérée, il avait, si l'on en croit quelques auteurs, l'intention de s'en dépouiller parce qu'elle était dans la main d'un seul, quand un crime domestique le surprit et empêcha l'accomplissement de ses desseins.

XLIX. C'est ici que commence le règne de L. Tarquin, à qui ses actions ont mérité le nom de Superbe. Il refusa les honneurs de la sépulture à son beau-père, en disant que Romulus aussi était mort sans sépulture. Il fit périr les plus distingués des sénateurs, qu'il soupçonnait d'attachement à Servius. Sentant trop bien qu'en s'élevant au trône par un crime, il avait donné un exemple qui pouvait tourner contre lui-même, il s'entoura de soldats. D'ailleurs il n'avait d'autre titre que la force, lui que n'avaient nommé ni les suffrages du peuple, ni le consentement du sénat. Comme il ne pouvait compter sur l'affection des citoyens, il lui fallait régner par la terreur. Pour la rendre plus générale, il s'établit seul et sans conseillers juge des causes capitales. C'était un moyen de mettre à mort, d'exiler, de priver de leur for

agere,

gnitiones capitalium rerum sine consiliis per se solus exercebat: perque eam caussam occidere, in exsilium bonis multare poterat non suspectos modo aut invisos, sed unde nihil aliud, quam prædam, sperare posset. Ita patrum præcipue numero inminuto, statuit nullos in patres legere; quo contemtior paucitate ipsa ordo esset, minusque per se nihil agi indignarentur. Hic enim regum primus traditum a prioribus morem de omnibus senatum consulendi solvit : domesticis consiliis rempublicam administravit : bellum, pacem, fœdera, societates per se ipse, cum quibus voluit, injussu populi ac senatus, fecit, diremitque. Latinorum sibi maxime gentem conciliabat, ut peregrinis quoque opibus tutior inter cives esset. Neque hospitia modo cum primoribus eorum, sed adfinitates quoque, jungebat. Octavio Mamilio Tusculano (is longe princeps Latini nominis erat, si famæ credimus, ab Ulixe deaque Circe oriundus), ei Mamilio filiam nuptum dat; perque eas nuptias multos sibi cognatos amicosque ejus conciliat.

L. Jam magna Tarquinii auctoritas inter Latinorum proceres erat; quum, in diem certam ut ad lucum Ferentinæ conveniant, indicit: esse, quæ agere de rebus communibus velit. Conveniunt frequentes prima luce. Ipse Tarquinius diem quidem servavit; sed paullo ante, quam sol occideret, venit. Multa ibi tota die in concilio variis jactata sermonibus erant. Turnus Herdonius ab

tune les ennemis et les suspects, comme aussi ceux dont il ne pouvait espérer que la dépouille. Ces mesures ne tardèrent pas à diminuer le nombre des sénateurs ; il résolut de n'en point nommer de nouveaux. Leur affaiblissement devait les rendre méprisables, et plus résignés à se voir inutiles; car Tarquin s'affranchit le premier de l'usage suivi par ses prédécesseurs, de soumettre tout au sénat. Il gouverna du fond de son palais. Guerre, paix, traités, alliances, seul il concluait, il décidait tout sans consulter ni le sénat ni le peuple. Il cherchait surtout à s'attacher les Latins, à se ménager l'appui de ces étrangers pour affermir sa puissance dans Rome. Il tâchait de s'unir avec leurs concitoyens les plus distingués, par les liens de l'hospitalité, et même par des alliances de famille. Il donna sa fille à Octavius Mamilius Tusculanus, qui tenait le premier rang parmi les Latins, et que la renommée faisait descendre d'Ulysse et de Circé. Cette union lui gagna tous les parens et les amis de son gendre.

L. Il exerçait déjà un grand ascendant sur les chefs du Latium, quand il les invite à se réunir au bois sacré de Férente, à un jour marqué, pour les entretenir de leurs communs intérêts. Ils s'y trouvèrent en grand nombre au point du jour. Tarquin ne manqua pas au rendez-vous, mais n'arriva qu'un peu avant le coucher du soleil. Pendant toute la journée, différentes plaintes avaient éclaté dans l'assemblée. Turnus Herdonius d'Ari

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