Obrazy na stronie
PDF
ePub

emprunté un bras étranger pour cet exécrable forfait. Ranime ton courage, suis la route que t'ouvrent les dieux : la flamme céleste, dont ils ont autrefois entouré ton front, annonçait l'éclat dont ils le veulent couronner. Que ce feu divin t'anime aujourd'hui; voici le moment du réveil. Et nous aussi étrangers dans Rome, nous y avons régné. Songe à ton rang, et non à ta naissance. Si la soudaineté de cet évènement déconcerte ta sagesse, écoute mes conseils. » Cependant on ne pouvait résister plus long-temps aux cris et à l'empressement de la multitude: alors, d'une fenêtre haute, qui ouvrait sur la rue Neuve (car le roi habitait près du temple de Jupiter Stator), Tanaquil harangue le peuple: elle l'engage à reprendre courage. « Le roi a d'abord été étourdi par la surprise et la violence du coup; mais le fer n'a pas pénétré bien avant : il a déjà repris connaissance. On á visité la blessure, étanché le sang, rien n'est offensé. Elle a la certitude qu'ils ne tarderont pas à revoir leur prince. En attendant, il leur ordonne d'obéir à Serv. Tullius: c'est lui qui rendra la justice, et remplira les autres fonctions royales. » Servius sort revêtu de la trabée, précédé des licteurs, s'assied sur le trône, prononce sur quelques affaires, et feint de vouloir sur les autres consulter le roi. Ainsi Tarquin était déjà mort depuis plusieurs jours, que Servius, en cachant cet évènement, et en paraissant suppléer ce prince, affermissait sa propre puissance. Enfin des cris lamentables qui retentissent dans le palais annoncent que le roi vient d'expirer; et Servius, entouré d'une garde nombreuse, s'empare du pouvoir. Ce fut le premier à qui suffit la bienveillance du sénat, sans le consentement du peuple. Les fils d'Ancus, voyant les instrumens de leur crime

XLII. Nec jam publicis magis consiliis Servius, quam privatis, munire opes. Et ne, qualis Anci liberum animus adversus Tarquinium fuerat, talis adversus se Tarquinii liberum esset, duas filias juvenibus regiis, Lucio atque Arunti Tarquiniis, jungit. Nec rupit tamen fati necessitatem humanis consiliis, quin invidia regni etiam inter domesticos infida omnia atque infesta faceret. Peropportune ad præsentis quietem status bellum cum Veientibus (jam enim induciæ exierant) aliisque Etruscis sumtum. In eo bello et virtus et fortuna enituit Tullii fusoque ingenti hostium exercitu, haud dubius rex, seu patrum, seu plebis animos periclitaretur, Romam rediit. Adgrediturque inde ad pacis longe maximum opus. Ut, quemadmodum Numa divini auctor juris fuisset, ita Servium conditorem omnis in civitate discriminis ordinumque, quibus inter gradus dignitatis fortunæque aliquid interlucet, posteri fama ferrent. Censum enim instituit*, rem saluberrimam tanto futuro imperio: ex quo belli pacisque munia non viritim, ut ante, sed pro habitu pecuniarum fierent. Tum classes centuriasque et hunc ordinem ex censu descripsit, vel paci decorum, vel bello.

XLIII. Ex iis, qui centum millium æris, aut majorem, censum haberent, octoginta confecit centurias, * U. C. 197. A. C. 555.

arrêtés, le roi vivant, et la puissance de Servius si bien établie, s'étaient exilés à Suessa Pometia.

XLII. Non moins soigneux d'assurer son repos que de consolider sa puissance, Servius, pour ne pas trouver dans les enfans de Tarquin les dispositions hostiles que ce prince avait rencontrées lui-même dans les fils d'Ancus, maria ses deux filles aux petits-fils du roi, Lucius et Aruns Tarquin; mais toutes les mesures de la prudence humaine ne purent rompre la loi fatale du destin, et la soif de régner remplit sa maison de perfidie et de haine. Heureusement pour sa tranquillité présente, la trève avec les Véiens et l'Étrurie était expirée, et il fallut combattre. Cette guerre ouvrit une brillante carrière au courage et à la fortune de Tullus. Il battit la nombreuse armée des ennemis, et son retour dans Rome trouva le peuple aussi disposé que le sénat à reconnaître son autorité. C'est alors que, dans le loisir de la paix, il entreprit la plus importante réforme. Si Numa fut dans Rome le législateur du culte et de la religion, la postérité proclame Servius le fondateur de l'ordre qui distingue dans la république les différences de rang et de fortune. C'est lui qui établit le cens, la plus salutaire de toutes les institutions pour un peuple destiné à tant de grandeur. Les fortunes, et non plus les individus, furent appelées à porter les charges de l'état. Le cens établit des classes, des centuries, et cet ordre qui fait l'ornement de Rome pendant la paix, et sa force pendant la guerre.

XLIII. Ceux dont le cens s'élevait au moins à 100,000 as formèrent quatre-vingts centuries, quarante de jeunes gens, et quarante de vieillards. Elles furent toutes comprises sous le nom de première classe. Les vieillards

quadragenas seniorum ac juniorum. Prima classis omnes adpellati. Seniores, ad urbis custodiam ut præsto essent juvenes, ut foris bella gererent. Arma his imperata, galea, clipeum, ocrea, lorica; omnia ex ære. Hæc ut tegumenta corporis essent. Tela in hostem, hastaque et gladius. Additæ huic classi duæ fabrum centuriæ, quæ sine armis stipendia facerent. Datum munus, ut machinas in bello facerent. Secunda classis intra centum usque ad quinque et septuaginta millium censum instituta; et ex his, senioribus junioribusque, viginti conscriptæ centuriæ: arma imperata, scutum pro clipeo, et præter loricam omnia eadem. Tertiæ classis in quinquaginta millium censum esse voluit. Totidem centuriæ et hæ, eodemque discrimine ætatium, factæ: nec de armis quidquam mutatum; ocreæ tantum ademtæ. In quarta classe census quinque et viginti millium, totidem centuriæ factæ. Arma mutata, nihil præter hastam et verutum datum, Quinta classis aucta, centuriæ triginta factæ fundas lapidesque missiles hi secum gerebant. In his adcensi, cornicines, tubicinesque, in tres centurias distributi. Undecim millibus hæc classis censebatur. Iloc minor census reliquam multitudinem habuit. Inde una centuria facta est, inmunis militia : ita pedestri exercitu ornato distributoque, equitum ex primoribus civitatis duodecim scripsit centurias. Sex item alias centurias, tribus ab Romulo institutis, sub iisdem, quibus inaugu

:

formaient la garde de la ville, les jeunes gens tenaient la campagne. Leurs armes défensives étaient le casque, le bouclier, les cuissarts et la cuirasse, le tout d'airain ; leurs armes offensives, la lance et l'épée. On attacha à cette classe deux centuries d'ouvriers qui servaient sans porter les armes, et construisaient les machines. La seconde classe comprenait le cens de 100,000 à 75,000 as elle se composait de vingt centuries, jeunes gens et vieillards. Leurs armes étaient les mêmes que celles de la première classe, mais ils portaient le bouclier long et point de cuirasse. Tullius fixa le cens de la troisième classe à 50,000 as: le nombre des centuries, la division des âges furent les mêmes que pour la seconde classe, ainsi que les armes; il ôta seulement les cuissarts. Le cens de la quatrième classe était de 25,000 as, et le nombre des centuries égal à celui de la précédente; mais les armes n'étaient plus les mêmes : ils ne portaient que la lance et le dard. La cinquième classe, plus nombreuse, se composait de trente centuries: elle était armée de frondes et de pierres, et comprenait les accensi, les cors et les trompettes, divisés en trois centuries. Le cens de cette classe était de 11,000 as. Tout ce qui se trouvait au dessous fut réuni dans une seule centurie, exempte du service militaire. L'armement et l'organisation de l'infanterie ainsi réglés, Tullius forma des premiers de la ville douze centuries de cavaliers. En outre des trois établies par Romulus, il en fit six sous les mêmes noms qu'elles avaient reçus lors de leur inauguration. Le trésor public fournit 10,000 as pour l'achat des chevaux, dont l'entretien était assuré par un impôt annuel de 2,000 as payé par les veuves. Ainsi toutes les charges retombèrent du pauvre sur le riche; mais

« PoprzedniaDalej »