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l'Evangile. Dieu permet que ces prodiges se renouvellent constamment sous les yeux des hommes, partout où l'Eglise prêche le salut, et recueille des citoyens pour la Jérusalem des cieux. A cette grande voix des peuples et des siècles, à cette innombrable nuée de témoins, que peut opposer l'indifférent ? Quelques impies qui, comme Caïn, craignent le regard du Seigneur; qui, vivant dans l'habitude d'outrager Dieu et de ne suivre que le libertinage des passions, ont intérêt à désirer le néant; qui à la vue de la mort, quand ils ont pu se recueillir, ont senti leur chair percée de la crainte du jugement, et ont brûlé ce qu'ils avaient adoré. La balance est-elle égale des deux côtés? Malgré cela l'indifférent ferme les yeux et les oreilles; dans l'affaire si unique, si personnelle, si irréparable du salut, il demeure aveugle volontaire, insensible, dédaigneux. N'est-ce point là une extravagance incroyable, ou plutôt une malédiction terrible ? Ses doutes, ses incertitudes, s'il en a, la religion catholique est là, resplendissant comme un lustre immense, éclairant tout homme venant en ce monde, dissipant les ténèbres et les ombres de la mort. Elle ne rejette personne, loin de là; sa mission est d'instruire toutes les nations, d'appeler tous les hommes à la connaissance de la vérité. En vain ses ennemis l'ont enfermée d'une enceinte sinistre, l'ont pressée, gênée, environnée du cercle de leurs complots; les portes de l'enfer n'ont point prévalu. L'indifférent peut la contempler toujours tendre et maternelle envers ses ennemis: à toute heure il peut y trouver le pain de l'esprit et du cœur, la lumière et la grâce, et c'est en vain. Dans son délire

affreux, il branle la tête devant cette arche de salut, comme les Juifs devant la croix. Il sait bien que le ciel, séjour de la charité, récompense des saints, ne peut être le partage d'un homme qui a vécu dans l'indifférence pour Dieu, pour son salut; il sait bien que l'homme ne doit recueillir que ce qu'il aura semé. Il a donc tout à craindre, rien à espérer: n'importe, il sommeille, il s'amuse sur le bord béant de l'abîme, dans une tranquillité brutale. En vérité, disait le célèbre Pascal, il est glorieux pour la religion d'avoir pour ennemis des hommes aussi déraisonnables.

2o L'indifférent est en outre un monstre de cruauté contre lui-même. Ils étaient cruels les tyrans et le peuple qui criaient : Les Chrétiens aux lions, et s'enivraient de leur sang. On ne lit qu'avec horreur les raffinements de supplices qu'ils inventaient en les jetant aux bêtes, aux bûchers, aux cachots; en les torturant par le fer, l'huile bouillante, le plomb fondu ; en les roulant sur des verres brisés, en les enfermant en des fourneaux enflammés, en les laissant mourir dans la faim et la pourriture. Ce n'était là que des maux passagers, temporels, et l'espérance rayonnait dans leur mort. Les Martyrs étaient joyeux de souffrir pour Jésus-Christ qui les attendait avec ses couronnes. Mais quels tyrans comparer en cruauté à celle de l'indifférent contre lui? Quel tyran pourra jamais torturer. son corps et son âme pour l'éternité, comme il se prépare à le faire lui-même. « Ah!» dit l'Imitation, <«< celui qui ne cherche point Jésus-Christ, et ne s'at« tache point à lui, se fait infiniment plus de mal « à lui-même que le monde entier et ceux qui le

« haïssent le plus, ne pourraient lui en causer. (Livre 11o, VII.)

Un roi de Perse trouve un jour dans la rue un orphelin délaissé, souillé, couvert de haillons; il le recueille en son palais, l'habille de vêtements magnifiques, le traite avec honneur comme son enfant. Dans son testament il porte que rien ne sera négligé pour enrichir son cœur et son esprit. II héritera le trône à 15 ans, s'il est honnête et vertueux: au contraire, il sera jeté dans les fers, s'il grandit ignorant et vicieux. On fait connaître à ce mendiant le testament du prince. Des maîtres vénérables travaillent à lui inspirer la science et la vertu ; lui les maltraite et les insulte, prend plaisir à brûler, à déchirer ses livres. Ces hommes généreux sont touchés d'une cordiale compassion; ils le pressent en pleurant de penser à son avenir de roi ou de supplicié. Efforts et larmes stériles. Ce petit monstre se gorge de bonne chère, se vautre dans la boue : il est cruel, égoïste, brutal, impudique; tous les instincts ignobles rampent en son cœur comme des couleuvres. Le temps marche, Mes Frères, et emporte tout dans ses courants 15 ans sonnèrent. Le conseil de régence s'assembla, et le vil orphelin, d'une voix unanime, fut déclaré indigne du trône, condamné au supplice. Personne ne peut redire alors son désespoir, sa rage, ses blasphèmes, en se voyant, lui, si voluptueux, tombé dans le dénûment et la torture. Cependant, n'est-il point vrai que lui seul avait été cruel envers lui, et qu'il méritait son châtiment ? (Parabole du P. Bonaventure). N'oublions point, Mes frères, cette histoire de l'orphelin de la Perse. Mais n'avez-vous pas lieu de redire les

paroles du Prophète à David, en les adressant à vousmême, à votre époux, à votre père, à votre mère: Tu es ille vir! Cet homme-là, cet être indigne, c'est toi-même. Le roi du ciel est descendu sur la terre; il nous a trouvés souillés de la lèpre du péché. Alors son infinie compassion a fait un bain de son propre sang, afin de nous y laver; il nous a revêtus de la robe de ses enfants, nous a recueillis dans le palais de son Eglise. Lui aussi nous a portés sur son Testament royal: à nous le ciel et ses joies inexprimables, si, nous arrachant aux boues de ce monde, nous y vivons avec piété, justice et chasteté, à nous, au contraire, le supplice éternel, si nous vivons selon la chair et ses penchants ignobles. Mais n'est-ce point ressembler à ce misérable orphelin, si nous méprisons Jésus-Christ, sa rédemption, si nous méprisons sa voix qui nous presse et nous conjure de penser au salut? N'est-ce point nous-mêmes qui passons notre vie à déchirer son divin Testament, à nous adjuger aux supplices éternels? L'orphelin dont je parlais, ne perdit qu'un bonheur périssable; la mort mit un terme à l'amertume de ses douleurs. Le pécheur verra, dit le Prophète ; il verra et grincera des dents et séchera de désespoir les hurlements, les blasphèmes n'y feront rien. Le ver du réprouvé ne meurt pas, la flamme qui se nourrit de son âme, ne s'éteint pas, mais s'élève aux siècles des siècles; l'arbre restera là où il sera tombé.

Quelle déraison donc, mes Frères, quelle cruauté sauvage de vivre dans l'indifférence où le mépris de son salut! << Le monde promet des choses de rien, il passe, « il s'évanouit dans ses vanités; on le sert avec une

<< grande ardeur. Le Seigneur promet des biens inmen« ses; il les promet pour une éternité, et le cœur des a hommes demeure insensible ». (Imit.) Tel qui s'intéresse à la politique des gouvernements de la terre, ne songe point à la seule politique dont Dieu l'a chargé sur la terre, à la direction de son âme vers sa fin, vers les richesses impérissables du ciel. Tel qui prétend n'avoir pas le temps de prier, d'assister aux saints mystères, de visiter le saint Sacrement, ou Marie, Mère de toute grâce divine, passera des heures entières à entendre, à débiter des fables, des scandales, à lire des contes, des romans, s'attendrira sur des êtres fantastiques ou libertins, n'aura point de larmes à donner à JésusChrist mourant sur la croix, à sa mère si tendre noyée pour nous dans l'amertume, à son âme devenue la proie des démons! Ah! mes Frères, entendons l'Apôtre nous crier de quitter notre léthargie mortelle, de nous lever d'entre les morts. Cherchons Jésus-Christ, puisque sa connaissance et son amour peuvent seuls produire en nous la vie éternelle. Il répandra sur nous sa lumière et ses bénédictions. Sentier de notre vie sur la terre, il sera lui-même notre récompense dans l'éternelle béatitude. Ainsi soit-il.

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