Obrazy na stronie
PDF
ePub

plus en plus méconnue depuis l'abus qu'en ont fait les Millénaires.

L'Église cependant, s'élevant à la fin contre les préférences particulières et contre les caprices de la critique, et voulant fixer définitivement le canon des Écritures, en vient à reconnaître solennellement dans plusieurs conciles les livres deutérocànoniques de l'Ancien aussi bien que du Nouveau Testament (1). Ce canon, confirmé de plus en plus pendant le Iv° siè cle, réunit les suffrages des siècles suivants, sauf quelques rares exceptions qu'il faut expliquer par l'influence de saint Jérôme.

L'opposition élevée par les protestants contre les livres deutérocanoniques de l'Ancien Testament, et aussi, quoique avec moins de fermeté et d'animosité, contre les livres deutérocanoniques du Nouveau Testament, et contre quelques parties séparées de l'un et de l'autre, a déterminé le concile de Trente à reproduire le canon du Iv° siècle (2) pour le maintenir dans son intégrité.

On ne saurait nier d'ailleurs que l'aversion des réformateurs pour les livres deutérocanoniques ne repose en grande partie, et peut-être principalement, sur des raisons purement dogmatiques. Ce sont aussi des raisons dogmatiques qui ont fait rejeter dans les

(1) C. Carthag. (III. 379) c. XLVII. C. Hippon. (393) c. C. Carth. (419).—C. Rom. sub Gelas. (494).—-Innoc. Epl. ad Exup. (405). Aug. Doct. christ. 11, 8. n. 12. 13.

XIII.

[ocr errors]

(2) Pallavicini a démontré contre Sarpi que la décision du concile de Trente sur le canon des Écritures, n'introduit au

cune nouveauté.

temps plus modernes tel ou tel des livres protocanoniques, la critique n'ayant été employée qu'à éliminer ce que la dogmatique rationaliste avait par avance déclaré nécessaire de retrancher et de proscrire. Que si de notre temps plusieurs consentent volontiers à recevoir des écrits apostoliques jadis vivement contestés, cela vient parfois de ce que, ne reconnaissant plus l'obligation de se soumettre à l'autorité de la parole des apôtres, on n'a plus aucune raison de refuser aux anciens monuments du christianisme leur incontestable valeur.

CHAPITRE VI.

LA TRADITION.

SOMMAIRE.

1. Autorité de la tradition. - 2. Sources de la tradition.

de la tradition. · 4. Autorité des conciles.

3. Adversaires

1. A côté de l'autorité de l'Écriture, se trouve établie dès l'origine dans l'Église l'autorité de la tradition (1). Tous les Pères s'accordent à en reconnaître le principe. Saint Irénée fait, contre les Gnostiques, cette remarque pleine de justesse : « Eh quoi! << si les apôtres ne nous eussent rien laissé par écrit, << ne faudrait-il pas suivre la tradition telle qu'ils << l'ont communiquée à ceux à qui ils ont confié les églises? C'est la voie que suivent beaucoup de peuples barbares qui croient en Jésus-Christ sans le << secours de l'Écriture, parce que les préceptes du sa«<lut ont été écrits dans leur coeur par l'Esprit Saint,

«

[ocr errors]

(1) Polyc. πίστις δοθεῖσα ad Phil. n. III. IV. - λόγος παραδο ✪ɛìç ibid. vii. Traditio Apostolorum. Iren. 111, 3. n. 1.— Vetus traditio IV, I. I.-πаρádoσis Tou Kupiou Clem. Strom. vii, 17. — áɣíαι mapadócets ibid. 18. — Christianæ traditiones Tert. Pudic. 1. — Divina traditio Lact. Div. Inst. vII, 8. Ecclesiastica traditio, prædicatio Orig. Princ. præf. - Traditiones christianæ Tert. Præscr. xix. La tradition embrasse l'histoire, le dogme, la liturgie et la discipline. Les traditions perverses (perversæ traditiones) sont opposées à la tradition chrétienne par Tert. Poen. VII. Catholica disciplina Mar. Vict. in Phil.

<< et qu'ils conservent soigneusement l'ancienne tradi«tion... Ces peuples qui ont ainsi reçu la foi sans « l'Écriture sont appelés barbares, il est vrai, si nous << comparons leur langue à la nôtre; mais ils sont par << la foi pleins de sagesse en tout ce qui touche aux sen

timents, aux pensées et à la conduite. » (Adv. Hær. I. 4. p. 11. 2.) On pourrait ajouter à ce passage une foule d'autres témoignages du même Père, si cela était nécessaire, et que la pensée du saint docteur sur l'autorité de la tradition ne fût pas assez connue.

Saint Irénée, du reste, est bien loin d'être le seul Père qui professe en faveur de la tradition cette haute et sainte estime. Sa croyance à cet égard est celle de tous les plus anciens docteurs, quelles que soient leur tendance et l'école à laquelle ils se rattachent. Africains, Égyptiens, Asiatiques, tous professent les mêmes principes (1). La tradition appartient comme l'Écriture à l'ensemble de la vérité chrétienne (2); elle est la voie royale (Bacının ödòs) (βασιλικὴ ὁδὸς) (Greg. Naz. or. XLII), la clef du royaume céleste (Clem. Str. vi. 16). C'est elle qui conserve le canon des Écritures (3) et qui en fixe l'interprétation (4); c'est par elle que doivent être décidées les questions

[blocks in formation]

Bas. Sp. S. xxix, n. 1.

[blocks in formation]

Orig. Princ. præf. n. 2. (Pseudo-) Clem. Recogn. vIII, 37.

(2) Tert. Veritas Scripturarum et expositionum et omnium traditionum christianarum. Præscr. XIX.

(3) Orig. ap. Eus. VI, 25. Tert. Præscr. XXXVI. Marc. IV, 15. Pudic. x. Aug. Civ. Dei xv, 23. n. 4.

[ocr errors]

(4) Orig. Princ. IV, 9. in Ps. xxxvI. Hom, IV, 1. — (Pseudo-) Clem. Recogr.. x, 42.

qui s'élèvent sur le dogme (1), sur la liturgie, et sur la discipline (2); c'est elle qui confond les hérétiques (3), et qui établit solidement la foi en un seul Dieu (4) en trois personnes (5), et en Jésus-Christ fils unique de Dieu (6). S'attacher à la tradition, c'est le caractère du chrétien (7). Saint Ignace exhorte les chrétiens d'Asie à garder la tradition (8); Hégésippe entreprend des voyages pour s'en enquérir (9); Papias (10), Pantène (11), Clément d'Alexandrie (Str. 1. 1), travaillent à la déterminer exactement et à la fixer par écrit. C'est par la tradition que saint Polycarpe convertit à Rome, sous le pontificat d'Anicet, un grand nom

C.

(1) Iren. 111, 4. n. I. 2. ·Bas. Sp. S. c. xxvII. n. 66. (2) Tert. Cor. mil. 111. Cyp. Epl. LXIII. Bas. Sp. S. c. XXVII. — Polycr. (Eph.) Οὗτοι πάντες ἐτήρησαν τὴν ἡμέραν τῆς τεσσαρεςκαιδεκάτης τοῦ Πάσχα κατὰ τὸ εὐαγγέλιον· μηδὲν παρεκβαίνοντες, ἀλλὰ κατὰ τὸν κανόνα τῆς πίστεως ἀκολουθοῦντες. Epl. ad Victor. (ap. Eus. v, 24.)

(3) Tert. Præscr. c. xxxvii. (4) Bas. Spir. S. c. x. n. 26.

(5) Bas. Sp. S. c. xxvii, n. 67. Mar. Vict. in Phil. 11, 8. (6) Bas. adv. Eun. l. 1. n. 4. 5.

(7) Tert. Si apostolicus, cum Apostolis senti; si tantum christianus es, crede quod traditum est. Si nihil istorum es, merito dixerim, morere. Carn. Christi c. II.

(8) Eus. Hist. Eccl. 11, 39.

(9) Eus. Hist. Eccl. 1v, 22.

(10) Eus. Hist. Eccl. 11, 39. Papias dit de lui-même : Oʊdè τοῖς τὰς ἀλλοτρίας ἐντολὰς μνημονεύουσιν (ἔχαιρον), ἀλλὰ τοῖς τὰς παρὰ τοῦ Κυρίου τῇ πίστει δεδομένας, καὶ ἀπ ̓ αὐτῆς παραγινομένας sanosías. Orat. dominic. expos. procm. (ap. Eus. Hist. Eccl. III, 39.)

(11) Eus. Hist. Eccl. v, 11.

« PoprzedniaDalej »