Obrazy na stronie
PDF
ePub

procès à ceux qui nous enlèvent notre bien, mais nous avons appris à tendre l'autre joue (Legatio pro Christo). » Lactance (Divin. institut., liv. VI, ch. xvii, no 12), saint Basile (Epist. ad Amphil., ch. Lv), saint Grégoire de Naziance (Orat. III) soutiennent également que c'est un devoir rigoureux pour un chrétien de se conduire ainsi. Avec un tel système, dit Barbeyrac (Morale des Pères), tous les désordres seront impunis, la société sera bouleversée.

Telles sont les conséquences des préceptes imprudents contenus dans le discours de la montagne. Peu de gens s'en inquiètent, il est vrai, et l'on ne manquera pas de dire que l'homme est si enclin à la vengeance, qu'il n'y a pas grand inconvénient à lui exagérer la vertu opposée, et qu'il rabattra toujours assez des leçons qu'on lui fera. Que cette considération rassure sur les résultats pratiques des leçons de Jésus, nous y consentons. Mais sa doctrine n'en est pas moins fausse et dangereuse, dès qu'on reconnaît que prise à la lettre elle détruirait la société, et qu'on est obligé, en la prêchant, de compter sur le correctif qu'y fera subir la faiblesse humaine. Ce qui est absolument vrai et bon, n'a besoin d'être ni mitigé ni corrigé.

[blocks in formation]

Jésus a dit d'excellentes choses sur le pardon des injures, sur la charité envers tous les hommes, sur l'indulgence pour les fautes d'autrui. Mais il est certain qu'il ne s'est pas toujours piqué de mettre en pratique ces préceptes, et que parfois son enseignement est diamétralement contraire à la charité.

Lui qui dévoue au feu de l'enfer celui qui s'emportera contre son frère ou le traitera de fou (raca) (Mat., v, 22), il prodigue souvent des injures beaucoup plus graves. Sans égard pour la dignité souveraine, il traite publiquement Hérode de renard (Luc, XIII, 32); il appelle ses interlocuteurs race incrédule et dépravée, et leur dit qu'il aspire à être délivré de leur société (MAT., XVII, 16); dans ses sorties contre les pharisiens, il se livre aux invectives les plus violentes, leur adresse en face et même à leur table des injures san

glantes, les traite d'hypocrites, de sépulcres blanchis, pleins de pourriture et d'iniquité, de race de vipères, d'hommes destinés inévitablement au seu de l'enfer (Mat., xxiii; Luc, x1, 39 et suiv.). Est-ce là un modèle de discussion, est-ce par de tels moyens qu'on peut se flatter de ramener ses adversaires à la vérité quand ils s'égarent? Un langage aussi acerbe n'est-il pas plus inexcusable que l'épithète de fou ou de raca qui suffit cependant pour mériter la damnation éternelle? Un tel procédé, loin de convenir à un homme apostolique, n'est-il pas propre à gâter la meilleure cause? Était-il juste d'outrager ainsi en bloc toute une secte qui, malgré les erreurs où elle pouvait être tombée, devait compter dans son sein des hommes sincères et honorables?... Cette inconséquence de Jésus n'a été que trop fidèlement imitée par ses disciples qui, tout en prêchant la charité aux autres, ne se font pas scrupule d'invectiver tous ceux qui ont le malheur de ne pas penser comme eux. Rien n'égale les emportements des écrivains dévots. Les règles de décence et de bienveillance imposées aux profanes ne regardent point les hommes de Dieu, et il paraît tout simple que les avocats du Christ jouissent des mêmes prérogatives que leur client. C'est un privilége que revendiquent journellement les journalistes religieux qui trempent dans le fiel leur plume bénite et s'autorisent de l'exemple de Jésus.

Si celui-ci, par sa conduite à cet égard, a détruit toute l'efficacité de ses préceptes, les apôtres ne sont pas plus à l'abri du même reproche. Saint Paul étant accusé devant le grand-prêtre et frappé au visage par son ordre, au lieu de tendre l'autre joue, répond insolemment Dieu te frappera toi-même, muraille blanchie (Act. ap., xxIII, 3). Cette réponse contient tout à la fois une injure et un désir de vengeance. Le même apôtre dit aux fidèles (Rom., XII, 20): « Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger. » Rien de mieux jusque-là; mais il ajoute : « Vous amassez ainsi des charbons de feu sur sa tête (Prov., xxv, 21, 22). » Sa charité apparente n'est donc qu'un calcul infernal pour nuire plus sûrement à l'ennemi. Il s'exprime ainsi : « Alexandre m'a fait beaucoup de maux; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres (Il Tim, iv, 16). » Il remettait ainsi à Dieu le soin de sa vengeance qui n'en était que mieux

assurée; c'est être bien loin du pardon. Quand il écrivait ces lignes, il n'avait sans doute pas récité l'oraison dominicale (si même il la connaissait). Il traite un certain Élymas de fils du diable, et use de son pouvoir miraculeux pour l'aveugler (Act. ap., XII, 8).

Dans les textes que nous venons de citer, il n'y a, de la part de Jésus et de Paul, que l'inconséquence consistant à démentir le précepte par l'exemple. Mais on trouve dans l'Évangile quelque chose de bien plus funeste, ce sont des préceptes dissolvants, antisociaux, contraires aux devoirs de famille et à ceux du citoyen. Jésus, en exigeant de ses disciples qu'ils quittent tout pour lui, va jusqu'à faire absorber par le zèle apostolique tout autre sentiment et à étouffer les affections les plus légitimes, les plus naturelles; et au lieu de demander que sa doctrine se répande paisiblement dans le monde par l'effet de la persuasion, qu'elle soit partout un drapeau d'union et procure aux hommes sur cette terre un, bonheur avantcoureur de celui qui leur est réservé dans le ciel, il prédit avec une cruelle satisfaction les calamités innombrables qui accompagueront la propagation de sa loi, il se pose en fléau du monde et semble jouir d'avance des guerres sanglantes qui vont en son nom désoler l'humanité. Ainsi un fils veut s'attacher à lui et demande en grâce à rendre auparavant à son père les honneurs funèbres. Non, lui répond durement Jésus, laissez aux morts le soin d'ensevelir leurs morts (Luc, 1x, 60).—Il annonce qu'à la suite de la prédication de ses apôtres, le frère livrera le frère à la mort, et le père le fils; que les enfants se soulèveront contre leurs pères et leurs mères et les feront mourir (MAT., x, 21). » — « Ne pensez pas, dit-il, que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive; car je suis venu séparer l'homme d'avec son père, la fille d'avec sa mère et la belle-fille d'avec sa belle-mère; et l'homme aura pour ennemis ceux de sa propre maison (MAT., x, 34-36). Celui qui vient à moi et ne hait pas son père et sa mère et sa femme et ses fils et ses frères et ses sœurs et encore son âme, ne peut être mon disciple... Quiconque ne renonce pas à tout ce qu'il a, ne peut être mon disciple (LUC, XIV, 26-33). C'est la division que je suis venu apporter : car dès lors, s'il y a cinq personnes dans une maison, elles seront divi

glantes, les traite d'hypocrites, de sépulcres blanchis, pleins de pourriture et d'iniquité, de race de vipères, d'hommes destinés inévitablement au feu de l'enfer (Mat., xxIII; Luc, x1, 39 et suiv.). Est-ce là un modèle de discussion, est-ce par de tels moyens qu'on peut se flatter de ramener ses adversaires à la vérité quand ils s'égarent? Un langage aussi acerbe n'est-il pas plus inexcusable que l'épithète de fou ou de raca qui suffit cependant pour mériter la damnation éternelle? Un tel procédé, loin de convenir à un homme apostolique, n'est-il pas propre à gâter la meilleure cause? Était-il juste d'outrager ainsi en bloc toute une secte qui, malgré les erreurs où elle pouvait être tombée, devait compter dans son sein des hommes sincères et honorables?... Cette inconséquence de Jésus n'a été que trop fidèlement imitée par ses disciples qui, tout en prêchant la charité aux autres, ne se font pas scrupule d'invectiver tous ceux qui ont le malheur de ne pas penser comme eux. Rien n'égale les emportements des écrivains dévots. Les règles de décence et de bienveillance imposées aux profanes ne regardent point les hommes de Dieu, et il paraît tout simple que les avocats du Christ jouissent des mêmes prérogatives que leur client. C'est un privilége que revendiquent journellement les journalistes religieux qui trempent dans le fiel leur plume bénite et s'autorisent de l'exemple de Jésus.

Si celui-ci, par sa conduite à cet égard, a détruit toute l'efficacité de ses préceptes, les apôtres ne sont pas plus à l'abri du même reproche. Saint Paul étant accusé devant le grand-prêtre et frappé au visage par son ordre, au lieu de tendre l'autre joue, répond insolemment Dieu le frappera toi-même, muraille blanchie (Act. ap., xxш11, 3). Cette réponse contient tout à la fois une injure et un désir de vengeance. Le même apôtre dit aux fidèles (Rom., XII, 20): « Si votre ennemi a faim, donnez-lui à manger. » Rien de mieux jusque-là; mais il ajoute : « Vous amassez ainsi des charbons de feu sur sa tête (Prov., xxv, 21, 22). » Sa charité apparente n'est donc qu'un calcul infernal pour nuire plus sûrement à l'ennemi. – Il s'exprime ainsi : « Alexandre m'a fait beaucoup de maux; le Seigneur lui rendra selon ses œuvres (II Tim, iv, 16). » Il remettait ainsi à Dieu le soin de sa vengeance qui n'en était que mieux

assurée; c'est être bien loin du pardon. Quand il écrivait ces lignes, il n'avait sans doute pas récité l'oraison dominicale (si même il la connaissait). Il traite un certain Elymas de fils du diable, et use de son pouvoir miraculeux pour l'aveugler (Act. ap., XII, 8).

Dans les textes que nous venons de citer, il n'y a, de la part de Jésus et de Paul, que l'inconséquence consistant à démentir le précepte par l'exemple. Mais on trouve dans l'Évangile quelque chose de bien plus funeste, ce sont des préceptes dissolvants, antisociaux, contraires aux devoirs de famille et à ceux du citoyen. Jésus, en exigeant de ses disciples qu'ils quittent tout pour lui, va jusqu'à faire absorber par le zèle apostolique tout autre sentiment et à étouffer les affections les plus légitimes, les plus naturelles; et au lieu de demander que sa doctrine se répande paisiblement dans le monde par l'effet de la persuasion, qu'elle soit partout un drapeau d'union et procure aux hommes sur cette terre un, bonheur avantcoureur de celui qui leur est réservé dans le ciel, - il prédit avec une cruelle satisfaction les calamités innombrables qui accompagneront la propagation de sa loi, il se pose en fléau du monde et semble jouir d'avance des guerres sanglantes qui vont en son nom désoler l'humanité. Ainsi un fils veut s'attacher à lui et demande en grâce à rendre auparavant à son père les honneurs funèbres. Non, lui répond durement Jésus, laissez aux morts le soin d'ensevelir leurs morts (Luc, ix, 60).—Il annonce qu'à la suite de la pré--dication de ses apôtres, le frère livrera le frère à la mort, et le père le fils; que les enfants se soulèveront contre leurs pères et leurs mères et les feront mourir (MAT., x, 21). » — « Ne pensez pas, dit-il, que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive; car je suis venu séparer l'homme d'avec son père, la fille d'avec sa mère et la belle-fille d'avec sa belle-mère; et l'homme aura pour ennemis ceux de sa propre maison (MAT., x, 34-36). Celui qui vient à moi et ne hait pas son père et sa mère et sa femme et ses fils et ses frères et ses sœurs et encore son âme, ne peut être mon disciple... Quiconque ne renonce pas à tout ce qu'il a, ne peut être mon disciple (Luc, xiv, 26-33). C'est la division que je suis venu apporter : car dès lors, s'il y a cinq personnes dans une maison, elles seront divi

« PoprzedniaDalej »