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celle de Palmyre. Je veux aller à ces grandes ruines du désert.

Depuis la conquête de la Syrie par Ibrahim-Pacha, il y a dans ce pays une cavalerie irrégulière formée de Bédouins de la Libye et de la haute Égypte. Cette cavalerie se compose de trois mille hommes; elle est destinée à la surveillance des routes, au recrutement des conscrits; en temps de guerre, c'est elle qui va en avant de l'armée régulière pour éclairer sa marche. Chaque cavalier reçoit par mois une paye de cent piastres (25 fr.), mais il est tenu de se fournir son cheval, ses vêtements et ses armes. Le général en chef actuel de cette cavalerie se nomme Madjoun-Bey; il nous donna à Alep une lettre pour le gouverneur de Homs dans laquelle il lui disait de mettre à notre disposition douze de ses cavaliers. L'escorte nous a été accordée; elle sera commandée par un Turc appelé Hassan-Aga, qui, dans l'armée irrégulière, a le grade de lieutenant. HassanAga s'est engagé, sur sa tête, à nous accompagner dans le désert jusqu'à ce que nous trouvions la tribu d'AbechDah, gouvernée par cheick Mahmoud, un des chefs les plus puissants des Bédouins. Hassan-Aga est porteur d'un billet de Madjoun-Bey. Dans ce billet, le général cessaire d'établir des lois pour régler les contingents que devra fournir chaque localité, selon la nécessité du moment, et pour réduire à quatre ou cinq ans le temps du service militaire; car c'est à la fois une chose injuste et porter un coup mortel à l'agriculture et à l'industrie, que de prendre, sans égard à la population respective des lieux, dans l'un plus, dans l'autre moins d'hommes qu'ils n'en peuvent fournir; de même que c'est réduire les soldats au désespoir et contribuer à la dépopulation du pays, que de les retenir toute leur vie au service.

de la cavalerie irrégulière prie son ami, le noble cheick Mahmoud, de nous donner quinze hommes de sa tribu pour nous conduire à Palmyre et nous ramener ensuite à Homs. Lorsque Hassan-Aga aura obtenu du cheick de la tribu d'Abech-Dah l'engagement formel de répondre de nous sur sa tête, il nous quittera, et reprendra, avec ses cavaliers, le chemin de l'antique Émesse. Nous avons loué trois chevaux pour les douze ou quinze jours que durera notre voyage. Nous avons un moucre (muletier) appelé Abdalah; il cheminera à pied, mais Ibrahim, notre interprète, lui a promis de lui prêter quelquefois sa monture. Nous emportons des provisions pour aller jusqu'à Palmyre; on nous dit que là nous trouverons du pain, des moutons et de l'eau. Voilà quels sont nos arrangements. Ce voyage m'enchante d'avance. Mon imagination me transporte déjà dans le grand désert des Bédouins et au milieu des ruines de Palmyre.

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ESCORTE.

SOUPER SOUS LA TENTE.

CHEVAUX ARABES.

HISTOIRE RACONTÉE PAR UN BÉDOUIN. LE CHEICK NOUS DONNE UNE ESCORTE.RUSE DES BÉDOUINS POUR AVOIR DES OPINION DES BÉDOUINS SUR LE GOUVERNEMENT DE MÉHÉMET-ALI. SAGACITÉ DES BÉDOUINS POUR RECONNAITRE LES TRACES DES PAS DES HOMMES ET DES ANIMAUX, PAR L'EMPREINTE SUR LE SABLE. ARRIVÉE DANS LA TRIBU

PIASTRES.

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DU CHEICK PHARAH.- RÉUNION DES BÉDOUINS SOUS LA TENTE. ENTRETIEN Avec le Cheick sur L'existence de dieu.

A MON FRÈRE.

Palmyre, octobre 1837.

Un de mes plus grands désirs de voyageur en Orient était de contempler ces vastes ruines de Palmyre. J'ai pu remplir la tâche que je m'étais imposée, mais que d'ennuis, que de peines, que d'efforts pour arriver jusque-là ! Vous verrez dans le récit de ma course au désert toutes les vexations que les Bédouins nous ont fait essuyer. Plus j'avançais vers le but de cette grande excursion, plus les difficultés et les craintes se multipliaient sur mes pas, et Palmyre semblait se dérober à

l'ardeur de mes vœux. Enfin, Tedmor s'est montrée à moi, assise dans son désert, et ma joie a été grande; mais, avant de vous parler de ces grandes ruines, suivez-moi dans mon itinéraire de Homs à la cité de Zénobie.

Nous partîmes de Homs le 20 octobre, à neuf heures du matin, avec nos dix cavaliers commandés par HassanAga. Nous nous dirigeâmes vers le sud-est. Au bout d'une heure de marche, nous laissâmes à droite un petit village appelé Zeïdel; une heure plus loin, un autre bourg du nom de Soukaraah; puis nous ne vîmes plus que le désert, qui, dans son immensité, nous offrait, comme Dieu, l'image de l'infini. Ce désert de Syrie a quelque chose d'effrayant, quelque chose qui accable l'esprit, le jette dans une tristesse profonde. Figurezvous sous un ciel ardent, des plaines immenses, sans maisons, sans arbres, sans ruisseaux, des horizons à perte de vue. Le sol stérile et dépouillé né présente que de rares herbes épineuses qui semblent croître à regret. Des troupeaux de gazelles, des sauterelles, des belettes, des rats, des sangliers, un Bédouin qui passe, sur sa jument, en soulevant des tourbillons de poussière, c'est tout ce qui trouble parfois le profond silence de ces vastes solitudes. Les Arabes ont donné à ce grand désert le nom de Bahaar (la mer); il y a dans cette dénomination arabe une poétique image dont chacun peut saisir la vérité. Rien, en effet, ne ressemble à la mer comme cette vaste et uniforme étendue, qui n'a de bornes que l'horizon au milieu du désert; comme au milieu des solitudes de la mer, l'homme n'a pour toute ressource que ce qu'il emporte avec lui.

Nous marchâmes toute la journée du 20 octobre sans

rencontrer aucune figure humaine. Nos cavaliers allaient les uns après les autres à la découverte; ils se plaçaient sur des monticules pour chercher des tentes, mais ils n'apercevaient que la plaine morne et silencieuse. Quand la nuit eut enveloppé le désert de ses ombres, nous dressâmes notre tente au pied d'un mont de sable, et nous primes notre repas avec les provisions que nous avions apportées de Homs. Le 21, à la pointe du jour, notre tente était pliée et nous nous acheminions vers l'orient. J'avais admiré le beau spectacle du lever du soleil en pleine mer, mais le spectacle du lever du soleil en plein désert m'a semblé plus majestueux, plus sublime. Je n'espère pas vous retracer la magnificence de ce spectacle; on crie d'admiration à cet aspect, et c'est refroidir son impression que de chercher à décrire un tel tableau. Vous montrerai-je, au point de l'horizon où le soleil va se lever, ces innombrables petits nuages traversés par des rayons lumineux semblables à de longues flèches? Peu à peu les rayons deviennent plus ardents, les bords du ciel resplendissent, des gerbes de feu montent dans l'espace, et l'extrémité orientale du désert s'illumine; tout à coup, le large disque du soleil semble sortir du sein des sables et apparaît à l'horizon comme le cratère d'un volcan; le désert paraît tout de feu on dirait qu'un immense incendie enveloppe la terre et le ciel. Puis toutes ces splendeurs lentement s'effacent, et le soleil recommence sa course.

Nous avancions toujours du côté de l'est. En cheminant dans ce désert, où j'apercevais de temps à autre des traces de camps de Bédouins, mes yeux cherchaient des sépultures du peuple nomade; mais rien qui pût ressembler à un tombeau ne se montrait à nous. « Où

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