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ver.

III. Pourquoi?

Jésus permet que cette sentence de mort soit portée contre lui, que l'innocence soit condamnée par le crime: 1) parce qu'il veut nous sau- Jésus a) veut être condamné, pour que nous soyons absous; b) succomber victime de la justice humaine, pour nous dérober à la justice divine; c) garder le silence, et mourir sans se justifier, afin que nous soyons justifiés nous-mêmes. 2) Pour nous consoler, nous encourager par son exemple, lorsque nous serons l'objet des persécutions, des railleries, des calomnies du monde. 3) Pour nous apprendre le mépris des accusations fausses, des railleries, des jugements téméraires, des faux jugements, etc., du monde.

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§ CXXIV.

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LE CHEMIN DU CALVAIRE. LE CRUCI-
LA MORT. LA SEPULTURE.

(Mt. XXVII, 32-66; Mr. xv, 20-41; L. xx111, 26–49;
Jo. XIX, 17-30.)

A. LA VOIE DOULOUREUSE, OU LE CHEMIN DU CALVAIRE.

Les ennemis de Jésus triomphaient; ils avaient emporté de haute lutte, sur leur faible gouverneur, la sentence de mort si ardemment désirée, et, ce qu'ils avaient à peine osé espérer, ils avaient entraîné le peuple luimême dans leur conjuration contre Jésus, et tous les Juifs, d'une seule voix, avaient vociféré: Crucifiez-le ! crucifiez-le ! La foi des disciples de Jésus-Christ euxmêmes était ébranlée. Comment reconnaître dans cet homme sans défense, hué, maltraité, conspué, condamné à la mort des criminels, ce Roi libérateur, à la venue duquel les prophètes avaient attaché de si magnifiques espérances? Quelle délivrance peuvent-ils attendre, de celui qui ne peut pas se délivrer luimême ?

La sentence de mort prononcée, les princes des prêtres en pressent l'exécution; car le peuple est changeant et versatile, et il fallait profiter de ses dispositions présentes. « Les soldats,» maintenant que la tragédie, si je puis m'exprimer ainsi, allait succéder à leur sacri

lége comédie, « ôtèrent à Jésus le manteau d'écarlate, » dont ils l'avaient revêtu par dérision, lui laissant, selon toute apparence, la couronne d'épines, insigne de sa royauté, et lui ayant remis ses vêtements » ordinaires, « ils le conduisirent hors de la ville pour le crucifier. » Chaque malfaiteur condamné à mort devait porter luimême sa croix. Celle de Jésus était préparée d'avance; on l'apporte, on la jette sur ses épaules, et « chargé » de ce lourd fardeau, qu'il traîne plutôt qu'il ne porte, « il se mit en marche pour le lieu » de l'exécution, « connu sous le nom de Calvaire, en hebreu, Golgotha,» (crâne ou tête chauve), ainsi nommé, soit parce que c'était un monticule arrondi et dépouillé de toute végétation, offrant l'image du crâne, soit parce que la terre recélait des crânes, provenant des criminels qui y avaient été enfouis, ou bien, comme prétend Origène (in Matth., III, 44), par suite d'une tradition, attestée par la plupart des Saints Pères, d'après laquelle Adam, le premier pécheur, aurait été enseveli en cet endroit.

Le convoi descendit la colline du temple, se dirigeant vers le Calvaire. Un crieur public ouvrait la marche, sonnant, de temps à autre, de la trompette, et proclamant à haute voix le nom et les crimes des condamnés. Après lui « marchaient les deux malfaiteurs qui devaient être crucifiés avec Jésus. » Puis, venait le Sauveur, escorté des bourreaux, au nombre de quatre, des grands-prêtres et des anciens, avides de se repaître du supplice de Jésus-Christ, d'un détachement de soldats que commandait un centurion à cheval, et de la foule innombrable du peuple.

Deux condamnés ne pouvaient jamais être exécutés le même jour, chez les Juifs; bien moins encore trois, excepté lorsque le crime pour lequel ils mouraient leur était commun. L'exécution ne devait pas avoir lieu non plus avant le coucher du soleil (Sepp). C'était,

J. XIX. 16. Susceperunt autem Jesum, Mr. XV. 20. et exuerunt illum purpurâ, et induerunt eum vestimentis suis; et educunt illum ut crucifigerent eum. 17. Et bajulans sibi crucem, exivit in eum qui dicitur Calvariæ locum, hebraicè autem Golgotha; L. XXIII. 32. Ducebantur autem et alii duo nequam cum eo, ut interficerentur.

d'ailleurs, chez tous les peuples civilisés, une coutume de laisser au moins un jour entre le prononcé de la sentence et son exécution; et même, l'empereur Tibère avait prolongé ce temps jusqu'à dix jours, lorsque le sénat avait jugé la cause. Mais, à la mort de l'Homme Dieu, aucune loi, aucune coutume ne devait être observée.

Jésus parcourait péniblement, ployant sous le fardeau qui l'accablait, cette voie douloureuse, qui mène du palais de Pilate au Calvaire, longue d'une bonne heure de chemin (d'environ 1320 pas, suivant Mgr Mislin), et que, depuis ce temps, la piété des pélerins ne se lasse pas de parcourir après lui. Il passe sous l'arcade où il avait été montré au peuple. La rue, longue d'environ deux cents pas, est en pente, et descend jusqu'à la rencontre de celle qui vient de Damas, autrefois d'Ephraïm. Au bout de la rue, à l'angle, en tournant à gauche, on trouve une grosse colonne de marbre rouge, de huit à neuf pieds de long, couchée au pied du mur d'une petite chapelle érigée par le zéle pieux de la mère de Constantin. Elle indique la place où, suivant la tradition, succombant sous le poids de la croix et des souffrances, Jésus tomba pour la première fois (3o Station). Sur la gauche, en descendant, se trouve le lieu où la sainte Vierge. qui s'était tenue dans les environs du prétoire durant cette cruelle matinée, et qui voulait encore voir son fils pour la dernière fois, se plaça sur son passage, et tomba comme demi-morte (4 Station). Il n'est pas fait mention dans l'Evangile de cette rencontre; mais tous les Pères en ont parlé, et il est, du reste, infiniment probable que la sainte Vierge, que nous retrouvons sur le Calvaire, a suivi partout son divin Fils. La foi ne s'oppose point à ces touchantes et pieuses traditions, qui montrent à quel point la merveilleuse et sublime histoire de la Passion s'est gravée dans la mémoire des hommes. Dix-huit siècles écoulés, des persécutions cruelles, des révolutions continuelles, des ruines toujours croissantes, n'ont pu effacer la trace d'une mère qui vient pleurer sur son fils.

Quarante pas plus loin, une rue droite en pente tombe sur celle que suivait Jésus. C'est le pied même de la

colline qui conduit au Golgotha. «Jésus étant arrivé en cet endroit, se trouva tellement épuisé, que les Juifs craignaient de le voir expirer sous le fardeau, et échapper ainsi à l'infâme supplice qui l'attendait. « Or il vint» justement « à passer, en ce moment un homme » nommé Simon (probalement un Juif, d'après son nom) natif « de Cyrène, » en Lybie, où se trouvait une nom breuse colonie de Juifs, mais habitant alors Jérusalem, et « qui venait de sa maison des champs. C'était le père d'Alexandre et de Rufus,» connus de saint Marc, et comptés au nombre des disciples de Jésus-Christ.

« Les soldats se saisirent de cet homme,» par une sorte de réquisition militaire, « lui mirent la croix sur les épaules, et le forcèrent à la porter derrière Jésus » (5 Station), soit qu'il ait marché derrière Jésus, chargé de la croix toute entière, soit qu'il l'ait aidé seulement à la porter (a). Cette avanie des soldats romains envers un homme du peuple n'était pas, du reste, de leur part, une chose extraordinaire, et rappelle ce mot d'Arrien: « Si un soldat t'impose une corvée, ne résiste ni ne murmure, sinon tu seras roué de coups » (Arr. Iv, 1).

Jésus continuait à monter la rue, chancelant, pâle, le visage couvert de sueur, de sang et de crachats. Une femme, nommée Bérénice, dont le nom fut ensuite changé en celui de Véronique, (vera iconica, véritable image), regardait tristement, devant sa demeure, passer

J. Et cùm ducerent eum, Mt. invenerunt Mr. prætereuntem quempiam, Mt. hominem Cyrenæum, nomine Simonem, Mr. venientem de villâ, patrem Alexandri et Rufi. Mt. hunc angariaverunt L. et imposuerunt illi crucem portare post Jesum.

(a) La plupart des commentateurs supposent que Simon portait la croix toute entière, et que le Seigneur marchait seul devant lui. Cette interprétation ne s'accorderait pas avec la pieuse tradition qui, à partir de là, fait succomber Jésus, deux fois encore sous le poids de la croix. Van Oosterzée observe que la croix était attachée avec des cordes sur les épaules dn patient, et qu'il n'est pas vraisemblable que les bourreaux aient perdu leur temps à la détacher, pour la mettre sur les épaules de Simon. On objecte que, en faisant porter à Simon le bout de la croix, loin de soulager Jésus, on n'aurait rendu son fardeau que plus pesant. Mais, nous ne disons pas que Simon n'ait porté que le bout de la croix; il était sans doute plus rapproché du Sauveur, et marchait immédiatement derrière lui et puis, cela prouverait seulement que la prétendue pitié des bourreaux n'était qu'une nouvelle barbarie

l'indigne cortége. A la vue de Jésus ainsi défiguré, elle est émue de compassion; se faisant jour à travers les soldats et la foule, elle s'avance rapidement vers Jésus, elle lui essuie avec son mouchoir son visage ruisselant de sueur, de sorte que l'empreinte de sa face adorable y resta imprimée en traits sanglants (b). Une porte basse, du côté gauche de la rue, indique l'emplacement de la maison qu'habitait Véronique (6° Station, éloignée de cent quatorze pas de la précédente).

A l'extrémité de la rue, Jésus arrive sous la porte judiciaire, par où passaient les criminels qui devaient être exécutés sur le Calvaire. Il existe des restes de cette porte, maintenant murée à moitié de sa hauteur. Derrière, on aperçoit la colonne de pierre, où la condamnation des criminels était affichée. La sentence rendue par Pilate y était placardée, lorsque Jésus passait la voici telle qu'une tradition la conserve à Jérusalem: «Jésus de Nazareth, convaincu par le témoigage des anciens de sa nation, d'avoir soulevé le peuple, méprisé César, et de s'être dit faussement le Messie, est condamné à être conduit au lieu ordinaire des supplices, et, au mépris de sa prétendue royauté, à y être crucifié entre deux larrons. Va, licteur, prépare la croix. » Voici le texte latin : « Jesum Nazarenum, subversorem gentis, contemptorem Cæsaris, et falsum Messiam, ut majorum sue gentis testimonio probatum est, ducite ad communis supplicii locum, et cum ludibrio regiæ majestatis, in medio duorum latronum cruci affigite: i, lictor, expedi cruces. » (Adriconius, Theat. terræ sanctæ, p. 163., transcrit d'après d'anciennes Annales).

De la porte judiciaire au sommet du Calvaire, le chemin commence à devenir plus raide. Le Sauveur y montait péniblement, toujours plus maltraité par ses bourreaux, toujours suivi d'une foule nombreuse

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L. 27. Sequebatur autem illum multa turba populi,

(b) La face de Notre-Seigneur, empreinte sur un linge, est gardée à SaintPierre de Rome sous le nom de « Velo santo. » Les uns pensent que ce linge est le suaire qui fut mis sur le visage du Sauveur au tombeau, et d'autres, que c'est le mouchoir avec lequel sainte Véronique essuya la face du Seigneur, lorsqu'il allait au Calvaire.

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