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Le mois de nisan était, pour les Juifs, le 1er mois de l'année ecclésiastique.

Dès le 10 nisan, chaque père de famille mettait à part un jeune bélier ou un bouc, âgé d'un an et sans tache, qui devait servir d'agneau pascal et être immolé lé 14 nisan, entre les deux vêpres, c'est-à-dire, entre trois heures de l'après-midi et six heures du soir, devant l'autel du temple, où le prêtre devait en répandre le sang au pied de l'autel. On le transperçait longitudinalement et horizontalement avec deux broches de bois, de manière à figurer une croix, et on le faisait rôtir. Les Israélites devaient se réunir en nombre convenable pour pouvoir manger l'agneau tout entier en une seule fois, car, on ne devait laisser aucun reste, et on devait brûler les os, ainsi que ce qui pouvait rester.

On ajoutait à l'agneau pascal un plat d'herbes amères, laitue, cresson, etc., en souvenir de la dure servitude de l'Egypte, ainsi qu'une espèce de bouillie ou crême, appelée chiroset, composée avec des dattes, des figues, des amandes, des noix, et autres fruits, écrasés et cuits avec du vinaigre et assaisonnés de canelle et autres épices, et dont la couleur brune rappelait les briques d'Egypte.

Le repas commençait à la nuit tombante. Le père de famille, ou celui qui en tenait lieu, commençait par bénir une coupe pleine de viu rouge, souvenir du sang égyptien, versé au jour de la délivrance, en disant? « Ceci est le signe de notre liberté, et le mémorial de la sortie d'Egypte. Béni soit le Seigneur notre Dieu. Soyez béni, Roi de l'univers, vous qui avez créé le fruit de la vigne; » puis chacun y participait à la ronde. Après avoir bu, on se lavait les mains, et chacun se mettait à table. Les convives ne mangeaient pas debout, ni assis sur des chaises, mais, suivant l'usage d'alors, couchés sur des lits (a), le coude gauche appuyé sur la table, afin de pouvoir manger avec la main doite.

(a) « Etiam pauperrimus Israelita, est-il écrit dans le Thalmud, ne comedat, antequàm accumbat. Mos servorum est, ut edant stantes; ac nunc, comedunt accumbentes, ut dignoscatur exisse eos à servitute in libertatem. » (Voy. Lightfoot, Hor. heb.)

On apportait alors sur la table l'agneau rôti et les autres plats. On mangeait d'abord des herbes amères, puis, l'un des fils de la famille demandait ce que cela signifiait, et le père l'expliquait, en racontant l'histoire de la sortie d'Egypte. On récitait les psaumes 183 et 114, qui ont rapport à ce sujet, puis, on vidait, à la ronde, une seconde coupe de vin. Le père de famille se lavait de nouveau les mains, prenait des pains azymes, plats et ronds, les brisait en deux morceaux, et les plaçait l'un sur l'autre, en disant : » Soyez béni, Seigneur, Roi de l'univers, qui avez fait sortir le blé du sein de la terre. » Alors, il partageait le pain entre les convives, de sorte que chacun en recevait un morceau égal à la moitié d'un œuf, et chacun le mangeait ou sec, ou trempé dans le chiroset. Alors, on mangeait l'agneau, en récitant des prières particulières. Le père de famille se lavait de nouveau les mains, et buvait avec les convives une troisième coupe, qu'on appelait la coupe de l'action de grâces, à cause des prières que l'on y joignait. On chantait ensemble les psaumes 117 et 118, puis on buvait la quatrième coupe, puis on chantait les cantiques de louange, ou les psaumes, 120-137, et une cinquième coupe terminait le repas. C'est de cette manière que dut avoir lieu la Pâque que Jésus fit avec ses disciples, et où il dut remplir les fonctions du père de familê. Etendu sur un triclinium ou divan, le bras gauche sur un coussin, il avait à sa droite saint Jean, le disciple bien-aimé, à sa gauche, saint Pierre. La première place, chez les Hébreux, était à gauche, c'est-à-dire à la tête de l'hôte qui occupait le milieu de la table; mais Jean était mieux placé pour parler au divin Maître. Les douze Apôtres étaient en demi-cercle autour de lui. L'autre côté de la table, dit l'hémicycle, restait libre pour ceux qui servaient.

B. LE LAVEMENT DES PIEDS.
(Jo. XIII, 4-17.)

La dernière Pâque que Jésus-Christ devait célébrer avec ses Apôtres avant de les quitter, le repas solennel qui devait mettre fin à l'ancienne alliance, était terminé;

une Pâque nouvelle devait succéder à la Pâque ancienne et inaugurer une nouvelle alliance; la réalité devait succéder à la figure, et le véritable Agneau pascal devait être la nourriture de nos âmes. Mais Jésus voulut préparer ses Apôtres à l'institution de l'Eucharistie par une cérémonie imposante, symbole de la purification intérieure, qui devait les rendre dignes de participer au festin de l'Agneau.

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Jésus venait de dire à ses disciples qu'« il ne mangerait plus la Pâque avec eux jusqu'à ce qu'elle fût accomplie dans le royaume des cieux; » il leur annonçait, par là, l'établissement prochain du royaume messianique, c'est-à-dire, de son Eglise. Ces paroles de JésusChrist, mal comprises, réveillèrent dans l'esprit des Apôtres leurs anciennes idées d'un royaume temporel, et, à cette occasion, à ce que nous apprend saint Luc, se laissant aller, de nouveau, à des pensées ambitieuses, « il s'éleva parmi eux une contestation, qui n'était pas nouvelle pour eux, « pour savoir lequel d'entre eux devait être estimé le plus grand, » qui, d'entre eux, devait avoir les premières places, les places d'honneur, dans le nouveau royaume, dont leur maître leur annonçait le prochain avénement. Jésus voulut étouffer, une dernière fois, ces germes funestes d'ambition et de jalousie, et, par l'admirable exemple qu'il allait leur donner, imprimer dans leur esprit, d'une manière ineffaçable, la vertu fondamentale qu'il exigeait de ses disciples, l'humilité.

« Jésus » donc, « sachant que l'heure était venue de passer de ce monde à son Père,» de terminer sa carrière terrestre, en se sacrifiant pour les hommes sur la croix, « comme il avait aimé les siens qui étaient en ce monde, il les aima jusqu'à la fin, » et voulut leur donner une dernière et suprême marque de son amour. « Et, le souper fini,» la manducation de l'Agneau pascal étant terminée, « lorsque, déjà, le diable avait mis dans le

L. XXII. 24. Facta est autem et contentio inter eos, quis eorum videretur esse major. Jo. XIII. 4. Ante diem festum Paschæ, sciens Jesus quia venit hora ejus ut transeat ex hoc mundo ad Patrem, cùm dilexisset suos qui erant in mundo, in finem dilexit eos. factâ, cùm diabolus jam misisset

DEHAUT. L'Evang.-T. IV.

2. Et cœnâ

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cœur de Judas Iscariote» la résolution arrêtée « de le trahir, sachant que le Père avait tout remis entre ses mains,» avait remis entre ses mains le sort entier de l'humanité, « et que, sorti de Dieu » pour venir sur la terre, « il allait,» sa mission accomplie, « retourner à Dieu, » vers son Père céleste, il ne dédaigna pas de donner à ses disciples un exemple éclatant de la plus profonde humilité en s'abaissant jusqu'à remplir auprès d'eux l'humble fonction d'un esclave (a).

« Il se leva de table, ôta ses vêtements,» son manteau de dessus, ne se réservant que sa tunique, « et ceignant ses reins d'un linge, il mit de l'eau dans un bassin, et commença de laver les pieds de ses disciples, en les essuyant avec l'extrémité du linge dont il s'était ceint. » Il commença par Pierre qui se trouvait, comme nous l'avons dit précédemment, à la première place, à sa gauche. Celui-ci ne put supporter la pensée de voir son Maître à ses pieds, se disposant à remplir, à son égard, un si vil ministère; « Quoi, Seigneur, lui dit-il, vous me lavez les pieds? Jésus lui répondit: » Ce n'est pas sans motifs sérieux que j'agis ainsi; vous avez besoin de l'exemple d'humilité que je vous donne; « ce que je fais, vous ne le comprenez pas maintenant, mais vous le comprendrez plus tard. Pierre,» toujours entraîné par l'impétuosité de son caractère, « lui répondit: Non,» Seigneur, je ne le permettrai pas; « jamais vous ne me laverez les pieds;» ce serait à moi, au contraire, à laver les vôtres. « Jésus lui répondit: Si je ne les lave, vous n'aurez point de part avec moi; » Si vous ne vous

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in cor ut traderet eum Judas Simonis Iscariotæ : 3. Sciens quia omnia dedit ei Pater in manus, et quia à Deo exivit, et ad Deum vadit; 4. Surgit à cœnâ, et ponit vestimenta sua; et cùm accepisset linteum præcinxit se: 5. Deinde mittit aquam in pelvim, et cœpit lavare pedes discipulorum, et extergere linteo quo erat præcinctus. 6. Venit ergo ad Simonem Petrum. Et dicit et Petrus : Domine, tu mihi lavas pedes? 7. Respondit Jesus et dixit ei : Quod ego facio, tu nescis modo, scies autem posteà. 8. Dicit ei Petrus Non lavabis mihi pedes in æternum. Respondit ei Jesus Si non lavero te, non habebis partem mecum.

(a) « Quisquis emit servum, id facit, ut ipsum lavent, ungant, vestiant, lucem præferent, » etc. (Kidd. fol. 22, 2.)

préparez à la nouvelle Pâque que je vais instituer, par une grande pureté de conscience, dont ce lavement des pieds est l'expression symbolique, si la grande leçon d'humilité que je vous donne, ne fait pas pénétrer cette vertu dans votre cœur, vous n'êtes pas dignes d'être du nombre de mes disciples, ni de participer à la manducation de mon corps.

« Simon Pierre,» toujours plein de feu, et voulant faire maintenant plus qu'on ne lui demandait, s'écria: « Seigneur,» s'il en est ainsi, « lavez-moi, non-seulement les pieds, mais encore, les mains et la tête. » Jésus lui répondit : « Celui qui est déjà lavé, » celui, qui, (comme c'était alors la coutume), avant de prendre part à un repas, s'est purifié par un bain, ou du moins s'est lavé les mains et la face, « n'a plus besoin que de se laver les pieds pour être entièrement pur, » c'est-à-dire, dans le sens spirituel, celui qui, comme vous, est déjà en état de grâce, n'a plus besoin que de se purifier des taches légères qui défigurent son âme, et c'est ce que je me propose de faire à votre égard, par cette action symbolique du lavement des pieds, à laquelle est attachée votre purification spirituelle. Oui, «vous êtes purs, mais vous ne l'êtes pas tous. » Je découvre, au milieu de vous une triste et funeste exception : « il savait, en effet, qui devait le trahir, » il connaissait le traître qui se cachait parmi eux; « c'est pourquoi il disait, » d'un ton plein de tristesse: « vous êtes purs, mais vous ne l'êtes pas tous. »

« Après qu'il eut lavé les pieds » de ses Apôtres, « il reprit son vêtement de dessus, se remit à table, » et leur expliqua le sens de l'action symbolique qu'il venait d'accomplir, de l'exemple d'humilité qu'il venait de leur donner. « Savez-vous, leur dit-il, ce que je viens de faire, » et dans quel but? quelle leçon j'ai voulu vous

non omnes.

9. Dicit ei Simon Petrus Domine, non tantùm pedes meos, sed et manus et caput. 10. Dicit ei Jesus: Qui lotus est, non indiget nisi ut pedes lavet, sed est mundus totus. Et vos mundi estis, sed 11. Sciebat enim quisnam esset qui traderet eum: proptereà dixit : Non estis mundi omnes. 12. Postquam ergo lavit pedes eorum, et accepit vestimenta sua, cùm recufuisset iterùm, dixit eis Scitis quid fecerim vobis?

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