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péenne; en tous ces lieux, l'Évangile est venu; en tous ont abordé les pacifiques envoyés de la Rome chrétienne; en tous la croix a été plantée; en tous ou presque tous a coulé le sang des martyrs, légitime motif de nos espérances. Derrière ces aventureux matelots, ces marchands cupides, ces soldats ambitieux, derrière eux, et plus encore souvent devant eux, le missionnaire, pauvre, seul, désintéressé, arrive à son tour, et les passions de la terre, qui croient conquérir pour elles seules, se trouvent n'être que l'avantgarde et les involontaires alliées de la conquête chrétienne. Magnifiques desseins de la Providence! Gloire admirable du XIXe siècle, s'il sait enfin la comprendre et la mériter! s'il sait, après avoir commencé dans la boue du paganisme, relever la tête et prêter ses mains à l'œuvre que Dieu lui demande, à la propagation plus étendue que jamais du Verbe divin!

APPENDICE

AU TOME QUATRIÈME

APPENDICE A

(Note de la p. 1.)

DE L'ÉTENDUE ET DE LA POPULATION DE ROME.

J'indique dans le texte, autant qu'il se peut, les faits qui nous dénotent l'agrandissement successif de la ville de Rome et l'accroissement de sa population; mais il est fort difficile en pareille matière d'arriver, sur un point quelconque, à une certitude mathématique. Les auteurs modernes, qui se sont occupés de cette question, ne diffèrent pas entre eux moins que de 5 ou 6,000,000 à 5 ou 600,000. L'esprit d'exagération de quelquesuns et leur enthousiasme très-dépourvu de critique; chez presque tous, ce que j'appellerai le défaut originel des érudits, c'est-à-dire la confusion des époques et l'oubli des changements que la succession des temps a dû produire, peuvent expliquer ces énormes différences.

Rome sous Auguste, n'avait, à vrai dire, plus d'enceinte; le Pomérium, comme je l'ai dit, cette enceinte qui datait de près de 500 ans, avait été dépassé de tous côtés, et avait même, comme l'affirme Denys d'Halicarnasse, cessé d'être reconnaissable entre les édifices où il se perdait.

Selon Denys d'Halicarnasse, « il y avait autour de la ville

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(du Pomérium) un grand nombre de lieux habités (xwpia), nus et sans enceinte, exposés à toutes les incursions de l'ennemi. Si, d'après leur aspect, ajoute cet écrivain, on veut mesurer l'étendue de Rome, on tombera nécessairement dans l'erreur, car on n'aura nul signe certain pour reconnaître jusqu'où la ville s'étend et où elle s'arrête; tant le pays ( xp) se lie et se confond avec la ville, et présente l'aspect d'une cité dont l'étendue est infinie. »

Maintenant, quelle population était contenue, non dans cette enceinte, mais dans ce pays, comme Denys l'appelle? Il est longtemps demeuré convenu, d'après Juste-Lipse et d'autres, que Rome avait au moins 4 ou 5,000,000 d'habitants; et cela, non pas seulement à l'époque de sa grandeur, mais aux m2 et Ive siècles, à l'époque où elle est décrite par les topographes anciens, époque où elle était en pleine décadence.

M. de La Malle établit facilement l'impossibilité qu'une population si nombreuse ait jamais été contenue dans les murs de Rome; mesurant le périmètre de cette ville sur l'enceinte d'Aurélien, et appliquant à la population des proportions tirées de la population actuelle de Paris, il conclut que Rome ne peut avoir jamais eu plus de 560,000 habitants.

Mais d'abord, une chose ici est contestable, c'est que l'enceinte d'Aurélien puisse nous représenter la plus grande étendue de Rome et de ses faubourgs 1. Cette enceinte fut construite lans un but de défense, lorsque déjà les Barbares commen

1. Mesure des diverses enceintes de Rome :

Pomérium de Servius : périmètre 11,555m (Nibby); superficie, 638 hectares 72 (de La Malle).

Pomérium (?) mesuré par Vespasien : (Pline, Hist. nat., III, 5), 13,200 pas ou 19,555m. (Ce chiffre a-t-il été altéré dans le texte de Pline, ou la différence tient-elle à l'accroissement du Pomérium par Sylla, César, Claude et peut-être Vespasien?)

Enceinte d'Aurélien, selon Vopiscus (chiffre évidemment exagéré) 50,000 pas ou 74,000m.

La même, restaurée par Honorius et mesurée d'après les vestiges actuellement existants: 12,345 pas (selon d'Anville) ou 18,300m; superficie 1396 h. 46 (de La Malle).

Enceinte actuelle de Rome, après l'addition de la partie Transtibérine,

çaient à menacer l'Italie. L'empire était en décadence; c'est au déclin des peuples qu'on fortifie les capitales 1. Par suite de cette décadence de Rome et de l'empire, par suite aussi de cet intérêt de défense qui devait porter à rétrécir l'enceinte et à négliger les faubourgs trop difficiles à garder, Aurélien a dû restreindre plutôt qu'accroître la Rome d'Auguste, bien déchue, depuis le temps de cet empereur, de sa richesse et de sa puissance. Il me paraît difficile que Rome, sous Auguste et Néron, ne se soit pas beaucoup plus étendue, surtout dans sa longueur et sur la rive gauche du Tibre, au nord vers le pont Milvius que César (V. t. I, p. 181; t. IV, p. 7, 8) voulait comprendre dans le Pomérium, au midi sur la route si fréquentée d'Ostie, vers les eaux Salviennes, où saint Paul fut mis à mort (les supplices s'exécutaient en dehors de la ville, mais pas sans doute à une grande distance) 2.

De plus, il n'y a aucune corrélation à établir, eu égard à la densité de la population, entre Paris et l'ancienne Rome. L'esclavage permettait d'entasser les hommes bien plus qu'ils ne peuvent l'être dans les sociétés modernes. Les palais des riches, les établissements publics, les temples même contenaient de véritables casernes où les esclaves couchaient par centaines. Le préfet de Rome, Pedanius Secundus, en avait quatre cents dans sa maison. Le nombre des étages était parfois si multiplié qu'Auguste fut obligé de le limiter à sept pour prévenir les écroulements (Strabon, VII, 3). Les pauvres et les prolétaires abondaient à Rome : l'espérance des frumentations les y attiajoutée par les Papes: 15 milles 3/4 (mesure prise sous Benoît XIV) ou 23,333m; superficie...

1. « Les Romains jugeaient qu'il fallait conquérir la force et la sécurité, non par des remparts, mais par leurs armes et leur valeur. Ils croyaient que les hommes doivent défendre les murs au lieu d'être défendus par eux. >> Strabon.

2. Pline, (H. n., III, 5) estime à 30,765 pas (45 kilom. 45 m.) la longueur additionnée des voies qui conduisaient du Forum à chacune des portes, et à un peu plus de 70,000 pas (103 k. 700 m.), cette même longueur du Forum aux dernières maisons des faubourgs. Ce dernier chiffre donne, pour chacune de ces voles, une longueur moyenne de 1,892 pas (2,800 mètres), ce qui est beaucoup plus que ne comporte l'enceinte d'Aurélien.

rait (Appien, II, 120. Sallust., in Catil., 38; Lettres polit., II, 41, 43. Dion, XLIX, 241. Denys d'Hal., VI, 24), tandis que l'octroi fait renchérir le séjour de Paris.

Au reste, le chiffre de la population a dû beaucoup varier. Elle avait diminué pendant les guerres civiles, elle augmenta rapidement sous Auguste. L'ouverture de deux nouveaux Forum, l'établissement de bains, d'aqueducs, de fontaines, par Agrippa et par Auguste en sont la preuve 1. Nous voyons dans Josèphe (De Bello, II, 16) que l'Afrique et l'Égypte nourrissaient pendant toute l'année la population de Rome (to zara τὴν Ρώμην πλήρος et plus bas τῇ Ρώμη). L'Afrique suffisait pendant huit mois à cette consommation, l'Égypte pendant les quatre autres. Le langage des autres écrivains nous confirme dans cette pensée, et nous montre que les importations d'Afrique et d'Égypte étaient réservées à la population de Rome, tandis que le reste de l'Italie consommait son propre blé (Tacite, Ann. XI, 43; XV, 18. Suet., in Claud., 18). Or, le chiffre de ces importations nous est connu; il était sous Auguste de 60,000,000 de modii (V. t. I, p. 264), ce qui représente (V. t. II, p. 145) la consommation de 1,000,000 d'hommes environ. Je suis donc porté à admettre ce chiffre comme celui de la population de Rome sous Auguste.

Il ne serait pas impossible de décomposer les éléments de cette population et d'arriver par une autre voie à l'approximation de son chiffre. Ainsi on trouve : 1° les décuries de juges, c'est-à-dire l'aristocratie financière et judiciaire de la ville. Elles étaient au nombre de quatre, chacune composée de 1,000 citoyens. La première comprenait les sénateurs ou fils de sénateurs, la seconde les chevaliers; la troisième, les tribuns du

2. Quatre forum nouveaux furent successivement construits par César, Auguste, Domitien ou Nerva, et Trajan. Avant Auguste, Rome possédait quatre aqueducs représentant une longueur de 116 milles environ. Auguste en ajouta trois formant une longueur de 52 milles; Claude, deux, formant une longueur de 40 milles. Avant Claude, Rome recevait 2,319,000 mètres cubes d'eau par jour. Sous lui, elle en reçut 1,401,000 de plus. De nouveaux aqueducs furent construits par Trajan, Alexandre Sévère, etc.

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