Obrazy na stronie
PDF
ePub

tables, et chacun s'accommoder de gré à gré avec son frère. Il a dit que si nous sentions quelque aigreur dans le cœur de notre frère, il falloit le prévenir pour le calmer, et préférer la réconciliation au sacrifice. Maintenant il pousse plus loin l'obligation; et il déracine tout-à-fait l'esprit de vengeance.

OEil pour œil, et dent pour dent (1): c'est ce qu'on permettoit aux anciens : il paroissoit là une espèce de justice mais Jésus-Christ ne permet pas au chrétien de se la faire à lui-même, ni de la rechercher pour se satisfaire. Si la justice publique réprime les violences, le chrétien ne l'empêche pas, et il respecte les ordres publics: mais pour lui, loin de se venger de celui qui lui donne un soufflet, il tendra plutôt l'autre joue : il abandonnera plutôt son manteau à celui qui lui dispute sa tunique, que d'entreprendre un procès pour peu de chose, et entrer dans un esprit de chicane et de ressentiment (2). Il accordera plutôt de son bon gré deux mille pas à celui qui l'aura forcé à en faire mille, qu'il ne se fera justice à lui-même, ou qu'il ne songera à se vende la violence qu'on lui aura faite. La tranquillité de son cœur lui est plus chère, que la possession de tout ce qu'on lui peut ravir avec injustice : et s'il faut manquer à la charité pour recouvrer les biens dont on l'a privé, il n'en veut point à ce prix. O Evangile, que tu es pur! ô doctrine chrétienne, que tu es aimable! Mais, ô chrétiens, que vous y répondez mal, et que vous êtes peu dignes d'un si beau nom!

ger

[ocr errors]

Donnez à qui vous demande. Ne fuyez pas, comme 39, et seqq.

(1) Exod. xxi. 4. - (2) Matth. v.

on

on fait ordinairement, celui qui vous emprunte dans son besoin (1). Faites ce que vous pourrez pour le soulager soyez libéral et bienfaisant. Toutes les richesses de l'univers n'égalent pas le prix de ces deux vertus, ni la récompense qu'elles nous attirent.

Voici donc trois degrés de charité envers ses ennemis: les aimer, leur faire du bien, prier pour eux. Le premier est la source du second: si on aime, on donne. Le dernier est celui qu'on croit pouvoir faire, le plus aisément, mais c'est pourtant le plus difficile, parce que c'est celui qu'on fait par rapport à Dieu. Rien ne doit être plus sincère, ni plus cordial, ni plus véritable, que ce qu'on présente à celui qui voit tout jusqu'au fond du cœur.

XVIII. JOUR.

Etendue de la perfection chrétienne. Matth. v. 46, 47, 48.

EXAMINEZ-VOUS sur ces trois degrés : aimer, faire du bien, prier. Qu'est-ce qu'aimer ceux qui nous aiment? Les publicains le font bien. Qu'est-ce que saluer ceux qui vous saluent? Les païens le font bien. Ce n'est pas pour rien qu'on vous propose un héritage éternel, et une immuable félicité : ce n'est pas pour vous laisser demeurer à l'égal, ou même, au-dessous des païens. Dites-vous la même chose, ô chrétien! dans tout le reste de votre conduite? Quelle récompense méritez-vous, femmes (1) Matth. v. 42. BOSSUET. IX.

4

chrétiennes, si vous méprisez les vaines parures? Les païennes l'ont bien fait. Quelle sera votre gloire, si vous méprisez les richesses? Les philosophes l'ont bien fait. Dites-vous la même chose sur la chasteté; les vestales l'ont bien gardée sur la cordialité; les païens, les sages du monde en ont fait gloire. Portez donc plus haut vos pensées, et soyez parfaits (1). Mais comme qui? Comme les philosophes; comme les païens; comme les Juifs, ou comme les pharisiens, et les docteurs de la loi, qui étoient les plus parfaits d'entre les Juifs? Non: Jésus-Christ vous a dit, que vous n'aurez point de part à son royaume, si votre justice ne surpasse la leur (2). Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait (5). Et comme vous ne pouvez jamais l'égaler, croissez toujours pour vous approcher de cette perfection. L'entreprise est grande; mais le secours est égal au travail : Dieu qui vous appelle si haut, vous tend la main: son fils, qui lui est égal, descend à vous pour vous porter. Dites donc avec saint Paul: Courage, mon ame: Je puis tout avec celui qui me fortifie (4).

O chrétien, qui es si loin de la perfection de ton état, quand commenceras-tu à surmonter ta nonchalance?

Que chacun se dise à soi-même dans le fond du cœur Cà je veux apprendre à être chrétien. Arrêtez-vous partout à ces mots On a dit aux anciens : et moi je vous dis. Qui est celui qui nous a donné cette loi nouvelle? Jésus-Christ, le Fils de

(1) Matth. v. 48. (2) Ibid. 20. (3) Ibid. 48.

IV. 13.

(4) Philip.

[ocr errors]

Dieu en personne, la lumière et la vérité éternelle, le maître qui nous est envoyé du ciel pour nous enseigner; mais en même temps le Sauveur qui nous aide, et qui, comme on vient de voir, mesure ses grâces au travail qu'il nous impose. Disons donc avec saint Paul (1) : Si la loi qui a été donnée aux anciens Juifs par le ministère des anges, est demeurée ferme; et que toute transgression et désobéissance contre cette loi ait reçu un juste châtiment; comment l'éviterons - nous si nous négligeons une doctrine aussi salutaire que celle qui nous est enseignée par Jésus-Christ, qui, ayant pris son commencement par l'explication qu'il en a faite lui-même, nous a été confirmée par ceux qui l'ont ouïe de sa propre bouche Dieu y rendant témoignage par tant de signes, par tant de miracles, par tant de prodiges et enfin par l'effusion manifeste de son Saint-Esprit? Et encore avec le même saint Paul (2): Si, lorsqu'on avoit violé la loi de Moïse, qui n'étoit le serviteur, on périssoit, sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins; quel supplice mériteront ceux qui ont foulé aux pieds le Fils de Dieu; qui ont tenu pour profane le sang de l'alliance par lequel ils ont été sanctifiés, et qui auront fait outrage à l'esprit de la grâce? Car nous savons combien puissant est celui qui dit : A moi appartient la vengeance, et je la saurai bien faire. Et encore: Le Seigneur jugera son peuple. Il est horrible de tomber entre les mains du Dieu vivant.

que

(1) Heb. 11. 2, 3, 4. — (2) Ibid. x. 28, 29, 30, 31.

་་་

XIX. JOUR.

Rechutes. Luc. XI. 21, 26. S. Paul. Hebr. vi. 4, 9. II. Petr. 11. 20, 21, 22.

Pour nous affermir contre les rechutes, appuyons sur ce qui est dit dans saint Luc du fort armé (1).

Le fort armé, c'est le démon. Considérez ces paroles: Ce qu'il possède est en paix. Songez à la malheureuse paix dont jouissent les pécheurs. La conscience assoupie, on se voit périr de sang froid, et sans s'émouvoir les sens nous enchantent, et le démon règne tranquillement. Jésus-Christ a chassé çe fort armé, quand il a ébranlé ce cœur endurci, et qu'on a fait pénitence. Mais ce n'est pas tout, et il ne quitte pas prise : il revient avec sept démons plus méchans que lui. Pesez tout: ces esprits immondes souillent de nouveau la maison que la pénitence a nettoyée, et ils y établissent leur demeure: Et le dernier état de cet homme est pire què le premier (2). Si toujours à chaque rechute, l'état devient pire, si le joug du démon s'aggrave, si l'on s'enfonce de plus en plus dans le mal, si les forces diminuent sans cesse, où en sera-t-on à la fin, et comment sortir de cet abîme? Dieu peut nous en tirer; je le sais mais s'il n'y a rien à désespérer, tout est à craindre.

Il est impossible à l'homme, dit saint Paul (3), selon le cours ordinaire des choses humaines, et il

(1) Luc. XI. 21, et seqq. — (2) Luc. XI. 26. - (3) Heb. v1. 4, et suiv.

[ocr errors]
« PoprzedniaDalej »