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tèrent dans le cachot (1) noir et profond, dont le fond étoit de la boue. Jérémie y fut descendu avec des cordes, et on l'y laissa long-temps, afin qu'il y mourût : car il n'y avoit plus de pain dans la ville: et on le laissoit mourir de faim; et les princes dirent au roi: Nous vous prions que cet homme meure: car il abat le courage de ce qui reste dans cette ville de gens courageux, en disant qu'il faut se rendre (2). Le voilà donc accusé de crime d'état par les seigneurs et le roi acquiesça à leur sentiment; mais Dieu lui changea le cœur, et trente hommes tirèrent Jérémie du lac de boue par son ordre.

Lorsque le prophète fut jeté dans le cachot ténébreux, il fit cette lamentation: Je vois maintenant toute ma misère, et je sens la verge de la colère de Dieu dont il me frappe. Il m'a éloigné de la lumière: il m'a jeté dans les ténèbres...... Ma peau s'est desséchée: ma chair est sans suc; mes os sont rompus. Un épais bâtiment me serre. Je suis environné de fiel et de travail. Il m'a mis dans les ténèbres, comme les morts qui ne sortiront jamais de leur cercueil. Je suis resserré de tous côtés.... mes entraves sont appesanties..... Je suis enfermé dans un cachot de pierres taillées, et il n'y a point de sortie.... On ne me donne que du pain rempli de pierre. Je ne suis nourri que de cendre et de poussière.... Je suis enfoncé dans le lac, et on a mis sur moi une pierre: les eaux d'un lieu si humide sont tombées sur moi; j'ai dit: Je suis perdu (3).

15.

· (2) Ibid. xxxv111. 4, 5,

(1) Jerem. XXXVII. 4, 11, 12, 13, 14, 6, 9, 10,- (3) Lament. in. 1, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 16, 53, 54.

CII. JOUR.

Jérémie figure de Jésus-Christ par sa patience.

TELLES furent les souffrances de Jérémie, pour avoir dit la vérité : c'est ainsi qu'il porta les traits de celles du Sauveur, qui, comme lui, fut accusé d'être un séducteur, et de soulever le peuple contre l'empereur, et contre l'empire: en sorte qu'il falloit le perdre comme un séditieux, et comme ennemi du prince. Jérémie eut part à cet opprobre du Sauveur. Mais il en est encore plus la digne figure par sa douceur et sa patience, que par les cruautés qu'on exerça sur lui injustement. Lorsque les sacrificateurs et les prophètes, et le peuple le vouloient traîner à la mort, et crioient avec fureur, qu'il le falloit faire mourir, il dit aux princes et au peuple, qui l'alloient juger: Le Seigneur m'a envoyé pour prophétiser toutes les choses que j'ai prédites à ce temple et à cette ville. Maintenant donc corrigez-vous, et changez vos mauvaises inclinations, et écoutez la voix du Seigneur votre Dieu; et peut-être que le Seigneur se repentira du mal qu'il a prononcé contre vous. Pour moi je suis entre vos mains; faites de moi ce qu'il vous plaira; mais sachez et apprenez, que si vous me faites mourir, vous livrerez un sang innocent contre vous-même, et contre cette ville et ses habitans; car en vérité, le Seigneur m'a envoyé à vous, afin de faire entendre toutes ces paroles à vos oreilles (1). Dieu permit qu'il les appaisât par (1) Jerem, XXVI. 11, 12, 13, 14, 15.

des paroles si douces. On y voit une disposition admirable, puisque par lui-même prêt à mourir comme à vivre, il ne craint dans sa mort que les châtimens qu'elle attirera sur tout le peuple : et il dit à Sédécias dans ce même esprit: Que vous ai-je fait? Et qu'ai-je fait à vos serviteurs, et à tout le peuple, que vous m'avez jeté dans le cachot? Où sont vos prophètes qui vous disoient, que le roi de Babylone ne viendroit point? Le voilà à vos portes: et je n'ai fait que vous annoncer ce que Dieu avoit résolu. Ne me renvoyez donc point dans ce lac, de peur que je n'y meure (1): où il faut suppléer ce qu'il avoit dit ailleurs: et que Dieu ne vous redemande un sang innocent (2), Car pour lui la mort ne le touchoit pas, et surtout après la perte de sa patrie ; puisqu'il disoit : Ne plaignez point le mort, et ne versez point de larmes sur lui; mais pleurez celui qui sort de son pays, parce qu'il ne retournera plus, et ne verra jamais sa terre natale (3).

Un prophète nommé Hananias prêchoit tout le contraire de ce que prêchoit Jérémie, et ne donnoit que deux ans au peuple; après lesquels on rapporteroit à Jérusalem tous les vaisseaux qui avoient été enlevés du temple: et Jérémie entendant ces belles promesses, sans contredire davantage le faux prophète, lui dit devant tous les prêtres et devant le · peuple: Ainsi soit-il Hananias! Que le Seigneur fasse comme vous dites: puissent vos paroles étre accomplies plutôt que les miennes et que nous voyions revenir les vaisseaux sacrés et tous nos frères

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qui ont été transportés à Babylone. Mais écoutez ces paroles que je vous annonce, et à tout le peuple : Les prophètes qui ont été avant vous et avant moi, n'ont été reconnus pour tels, que quand leur prédiction a été accomplie : et alors on a vu qui étoit celui que le Seigneur avoit envoyé en vérité. Et en même temps Hananias óta du col de Jérémie la chaine de bois que ce prophète y avoit mise par ordre de Dieu, en figure de la captivité future de plusieurs peuples: et Hananias la mit en pièces, et il dit: Ainsi Dieu brisera dans deux ans le joug que Nabuchodonosor, roi de Babylone, a imposé à tous les peuples : et Jérémie, sans rien répliquer, se retiroit tranquillement : mais la parole du Seigneur lui fut adressée, et il lui fut dit: Vas, et tu diras à Hananias.... Ecoute, Hananias: le Seigneur ne t'a pas envoyé : et tu as donné à ce peuple une confiance trompeuse. Pour cela, voici ce que dit le Seigneur : Je t'ôterai de dessus la terre: tu mourras dans l'an, parce que tu as parlé contre le Seigneur, Et le prophète Hananias mourut dans l'an au septième mois (1). Ainsi Jérémie toujours patient, et par lui-même prêt à céder à tous ceux qui parloient au nom du Seigneur, ne disoit des choses fortes, que lorsque le Seigneur le faisoit parler, et se montroit tout ensemble, le plus doux et le plus ferme de tous les hommes de son temps, en figure de Jésus-Christ qui disoit, lorsqu'on lui donnoit un soufflet: Si j'ai mal dit, convainquez-moi : si j'ai bien dit, pourquoi me frappez-vous (2)? Et ailleurs: Je ne suis point un possédé, mais je glorifie mon

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Père (1); et encore: Vous cherchez à me tuer, moi qui vous ai dit la vérité : Abraham dont vous vous vantez d'être les enfans, n'a pas fait ainsi (2). C'est ainsi que, sans armer sa justice, il leur reprochoit leurs sanguinaires desseins: et encore qu'il eût en main la vengeance de leur incrédulité, personne n'a été frappé de mort, comme le fut Hananias pour avoir contredit Jérémie. Il n'a eu que de la douceur pour ses ennemis; et pour épargner les hommes, il n'a montré la puissance qui lui étoit donnée pour punir, que sur cet arbre qui fut desséché à sa voix; car il falloit que sa bonté éclatât au-dessus de celle de Jérémie; et nul homme ne devoit périr à ses yeux, ni à sa parole.

Il est vrai qu'il apprend aux Juifs avec indignation le châtiment inévitable de leur infidélité. Et vous, disoit-il (3), accomplissez la mesure de vos pères: Serpens, engeance de vipères, comment éviterez-vous la damnation de la gêne, c'est-à-dire l'enfer? Mais tout cela qu'étoit-ce autre chose, que leur prédire leurs malheurs, afin qu'ils les évitassent? Je vous envoie, disoit-il, des prophètes, et des sages, et des docteurs: vous en tuerez et crucifierez quelques-uns; vous en flagellerez d'autres, et vous les poursuivrez de ville en ville, afin que tout le sang innocent tombe sur vous, depuis le sang d'Abel le juste, jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez fait mourir entre le temple et l'autel (4). N'étoit-ce pas leur faire voir leur perte future; et cependant autant qu'il pouvoit,

(1) Joan. vIII. 49. — (2) Ibid. 40. (A) Ibid. 34, 35.

(3) Matth. xxul. 32, 33.

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