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développant. J'arrive aux conséquences immédiates qui s'en déduisent.

La religion étant l'expression des rapports qui dérivent de la nature de Dieu et de celle de l'homme, il s'ensuit, premièrement, qu'il ne peut en exister qu'une seule, puisque ces rapports sont invariables; secondement, que toute religion fausse est opposée à la nature de Dieu et à celle de l'homme, qu'elle les sépare, par conséquent, au lieu de les unir, les détruit au lieu de les conserver: ainsi l'erreur dans la foi sépare l'homme de Dieu considéré comme vérité suprême; l'erreur dans les actions, ou le crime, sépare l'homme de Dieu considéré comme auteur de l'ordre.

Donc l'homme ne peut se sauver que dans la vraie religion; car le salut n'est autre chose qu'une union éternelle avec Dieu, comme la réprobation n'est qu'une éternelle séparation de Dieu.

A moins de nier Dieu et de se nier soi-même, il faut admettre ces principes; il faut les admettre, ou renoncer à toute philosophie. Si l'on en doutoit, qu'on y substitue les propositions contradictoires : je ne crains point de le dire, pressée de les avouer, la raison consentiroit plutôt à sa destruction; et c'est pour cela, c'est parce qu'elle est faite pour la vérité, ou pour Dieu même, qu'après avoir rompu cette magnifique alliance, vile adultère de l'erreur, et bientôt délaissée, elle se condamne elle-même à mort, et se précipite dans le scepticisme.

Qu'il y ait des rapports naturels entre Dieu et

rap

l'homme, c'est une suite nécessaire de leur existence simultanée, et de la dépendance absolue où nous sommes du premier Être. S'il n'y avoit point de ports entre nous et Dieu, il ne pourroit rien sur nous, il ne nous connoîtroit pas, nous ne le connoîtrions point; un voile impénétrable, éternel, le déroberoit à nous et nous à lui. L'idée même de l'homme lui seroit totalement incompréhensible; car s'il le concevoit seulement comme possible, dès lors il y auroit des rapports possibles entre Dieu et l'homme, et au moment où l'homme commenceroit d'exister, des rapports réels, ou, pour parler avec une précision rigoureuse, des rapports réalisés. Ce n'est pas sans répugnance que j'emploie le temps à développer des notions si simples, et que je ramène l'homme aux élémens de la raison humaine. Enfin il est nécessaire, et peut-être encore ne convaincrai-je pas plusieurs de ceux qui me liront: tant les ténèbres se sont épaissies autour de nous! Répondez cependant : La suprême vérité n'est-elle pas en harmonie avec votre intelligence, le bien infini avec vos désirs et votre amour? Ne sentez-vous pas en vous quelque chose qui vous avertit de votre dépendance? Ne devez-vous rien à celui par qui vous existez? N'avez-vous été créé pour aucune fin? N'y a-t-il aucune relation entre vos facultés et leur auteur, entre votre être et le principe de l'être? Que dis-je? nous ne pouvons parler de Dieu sans exprimer quelqu'un des rapports qui nous unissent à lui, et notre pensée elle-même est un de ces rapports, et le plus noble, puisqu'elle n'est

au fond que la vérité, ou Dieu même connu de nous. Puissance, sagesse, bonté, justice, tous ces attributs de l'Être divin, inhérens à sa nature, ne nous sont concevables que par leur liaison avec la nôtre, comme aussi nous ne parvenons à nous concevoir nous-mêmes qu'en remontant à la première cause de toutes les existences, qu'en découvrant nos rapports avec Dieu.

Et partout ne voyons-nous pas des relations analogues? Ainsi l'enfant a des rapports naturels avec le père, les sujets avec le souverain. Ces rapports constituent la famille et la société ; et la Religion n'est non plus que la société de Dieu et de l'homme. Si nos devoirs envers nos semblables en font partie, c'est qu'ils dérivent nécessairement de nos devoirs envers Dieu, de la volonté du pouvoir suprême, à qui nous devons obéissance par cela seul que nous existons. Nulle société donc, nul ordre sans religion. Aussi remarquez que, sitôt que l'on nie les rapports entre Dieu et l'homme, on est contraint de nier également les rapports entre le souverain et le sujet, entre le père et l'enfant; on est contraint de détruire toute société, et l'élément même de la société, qui est la famille (1).

(1) Point de famille, point de société, sans des droits et des de-voirs reconnus. Or la religion seule nous donne une idée claire du droit; et quiconque en cherche ailleurs l'origine et la notion, ne peut que s'égarer dangereusement. C'est la source de toutes les fausses théories politiques.

Le droit, considéré d'une manière absolue, est ce qui est juste, légitime, ce qui doit être ; en un mot, l'ordre.

Ainsi, il y a un droit divin, qui est le principe et le fondement de tous les autres droits, parce que l'ordre n'est autre chose que les pensées de Dieu réalisées par sa volonté; un droit politique, civil,

En généralisant ces observations, il est aisé de comprendre que tous les êtres, intelligens ou maté

domestique, parce qu'il existe une société ou un ordre politique, civil, domestique, voulu de Dieu et tous ces droits sont naturels ou conformes à la nature des ètres qui ne se conservent et ne se perfectionnent qu'en obéissant à l'ordre. Il n'y a point de droit particulier qu'on puisse spécialement appeler naturel : tous les droits sont naturels, comme nous venons de le dire, ou plutôt ils sont la nature même des êtres; et ce qui seroit contraire à la nature ne sauroit jamais ètre un droit.

Le droit ou l'ordre manifesté et rendu moralement obligatoire, s'appelle pouvoir, si on le considère dans la personne qui commande ; il s'appelle loi, si on considère la chose commandée. Le pouvoir est donc une volonté obligatoire ou légitime. La loi est l'expression de cette volonté. L'un et l'autre émanent de l'ordre immuable, des pensées et de la volonté de Dieu, laquelle n'est elle-même obligatoire ou véritablement pouvoir, que parce qu'elle est toujours nécessairement conforme à l'ordre éternel et universel que représentent les pensées divines.

Les Romains, faute de remonter à cet ordre immuable ou au droit essentiel, confondirent le droit avec le pouvoir; ils n'y virent que le commandement, jus; ce qui dut altérer pour eux la notion de la loi, qui n'est pas simplement l'expression d'une volonté, mais, je le répète, l'expression d'une volonté obligatoire ou conforme à l'ordre.

Ces principes établis, tous les droits deviennent clairs, ainsi que le moyen de les connoître.

Les droits de Dieu, c'est l'ordre complet. Le moyen de les reconnoître, c'est la révélation; car comment connoitrions-nous autrement ses pensées et ses volontés? Il commande, voilà le pouvoir : ce qu'il commande, voilà la loi. Et tout pouvoir dérivant du sien, sans quoi il n'auroit aucun fondement, nul n'a le droit de commander ce qu'il défend, de défendre ce qu'il commande en d'autres termes, nul n'est véritablement pouvoir quand il s'oppose à Dieu; nulle volonté, nulle loi, n'est légitime ou véritablement loi, quand elle est contraire à la loi divine. Où commence le désordre, le droit cesse. Et comment, en effet, une volonté désordonnée ou injuste, ou illégitime (car tous ces mots sont synonymes), seroitelle obligatoire ?

Du reste, de ce qu'une volonté n'est pas obligatoire sur un point, il ne s'ensuit pas qu'elle ne soit plus obligatoire sur aucun point.

riels, ont entre eux des rapports déterminés par leur nature. Les lois physiques, morales, politiques et re

Le pouvoir peut errer sans cesser d'être pouvoir; et s'il y avoit des cas où il cessat de l'être, les peuples n'en seroient pas juges, car le droit de juger, inhérent au pouvoir, ne sauroit jamais leur appar

tenir.

De même que la raison de Dieu est le seul droit universel, sa volonté le seul pouvoir universel, l'expression de sa volonté la seule loi universelle ; ainsi, dans l'ordre domestique et politique, la raison et la volonté du père et du Roi, conformes à la raison, à la volonté et à la loi divine, sont le seul droit, le seul pouvoir, la seule loi.

La paternité est la royauté dans une famille; la royauté est la paternité dans plusieurs familles. De là cette expression antique, les pères des peuples, en parlant des rois; expression plus juste que celle d'Homère qui les appelle pasteurs des peuples, пoμéves læãv; et quand les peuples cessent d'ètre les enfans, et que le pouvoir cesse d'être le père de la grande famille (je prends ces mots selon toute l'étendue de leur acception et des conséquences qui en découlent), la société est déjà profondément malade, ou dégradéc.

L'essence de la royauté et de la paternité consiste en ce que la volonté du Roi et du père est obligatoire pour les sujets et pour les enfans.

La mesure de l'obéissance due au Roi et au père, est la mesure de leur droit.

Hors de la loi divine, il n'y a de loi dans l'État que la volonté du Roi. Hors de la loi divine, politique et civile, il n'y a de loi dans la famille que la volonté du père.

La loi politique regarde les personnes; la loi civile regarde les choses.

Le droit de propriété est la faculté de disposer des choses, ou de certaines choses selon sa volonté. Les propriétés en elles-mêmes sont des choses soumises à notre volonté.

L'homme soumis comme personne à la volonté légitime d'un autre homme, voilà le sujet. L'homme soumis comme chose à la volonté même légitime d'un autre homme, voilà l'esclavage.

Dans cet état il n'est homme encore que par la loi divine. Par la loi politique il est exclus de tout pouvoir, même paternel, de toute propriété, de tout droit, parce qu'en le considérant comme chose, on le suppose privé de raison et de volonté.

Sans droit, sans pouvoir, sans loi, nulle société ne seroit possible,

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