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A ces témoignages qu'opposent les prêtres ? Ils hésitent, ils font répandre le bruit que les disciples sont venus enlever le corps de Jésus-Christ, ce corps porté publiquement au tombeau, gardé avec soin, et que l'on ne trouve plus. C'est ici le fait le plus important de l'histoire. Il s'agit pour l'univers de savoir qui dit vrai des Chrétiens ou des Juifs; il s'agit de savoir si le corps de Jésus-Christ a été dérobé du tombeau, ou s'il en est sorti victorieux. Rien n'intéresse plus l'humanité tout entière que la résurrection d'un de ses enfants.

Le tombeau est ouvert, la pierre qui était à l'entrée renversée, le corps de Jésus-Christ n'y est plus, ce corps qu'il suffisait de présenter pour confondre les apôtres et soulever l'indignation contre une imposture publique, qu'est-il devenu? Les Juifs disent que les disciples l'ont enlevé; mais des soldats veillaient autour du sépulcre; toute la nation juive avait le plus grand intérêt à ne pas être accusée d'avoir crucifié le Messie, et les soldats sont des Juifs. «< Folie, disait saint Augustin; si les soldats veillaient, comment l'ont-ils souffert ? S'ils dormaient, comment ont-ils su ce qu'on leur fait dire ? »

Si Jésus-Christ n'est pas ressuscité, son corps est entre les mains des princes des prêtres; si les apôtres l'ont enlevé, les princes des prêtres, maîtres de toute la force publique, vont dévoiler l'imposture. Il est impossible aux criminels de cacher le corps de leur victime; le fleuve le rend à ses rives, la trace du sang ne se perd pas; en vain on déchire les membres pour les disperser, ils se retrouvent toujours. Le corps a-t-il été brûlé, une enquête peut diviser

le témoignage des disciples et les obliger à se contredire; mais cette enquête n'a pas été faite. Juifs, répondez, où donc est le corps de Jésus de Nazareth que vous avez crucifié ? Les disciples ne se sont pas dérobés aux poursuites, car ils ont paru plus forts que jamais après l'accusation dont ils étaient l'objet. Ainsi, les apôtres n'ont pas enlevé ce corps, ils ne l'ont pas pu, ils ne l'ont pas voulu; ils auraient par là même rendu leurs mains immobiles, et glacé leur courage et leur voix.

Cinq cents témoins ont dit avoir vu Jésus-Christ monter au ciel après sa résurrection. Comment imaginer un tel accord parmi des fourbes qui auraient voulu tromper ? Et d'ailleurs, dans quel motif, dans quel intérêt auraient-ils agi? Tous savaient, d'après la parole de leur maître, qu'ils éprouveraient le même sort; sans cesse il leur avait parlé de sa croix, il leur avait déclaré qu'eux-mêmes seraient à leur tour battus de verges, poursuivis par les hommes, condamnés aux derniers supplices. Et comment tous si timides quelques jours auparavant brûlent-ils de souffrir pour Jésus-Christ qu'ils ont abandonné? Que veut dire cette ardeur nouvelle d'être pauvres, méprisés, persécutés, crucifiés pour des hommes qui se disputaient les premières places dans le royaume de leur maître ? Pierre, vous cherchez en vain la mort pour prouver votre amour à Jésus-Christ, vous ne réparerez pas au Calvaire le reniement du prétoire : les Juifs veulent vous perdre, mais non pas à Jérusalem, où un jugement et des témoins mettraient dans tout son jour la vérité du fait que vous publiez, c'est à Rome qu'ils iront demander votre mort; à Rome, où ils ne craignent pas votre

témoignage; à Rome, où votre sang se mêlera au sang de Paul pour féconder l'Eglise éternelle.

Et quoi ! sans intérêt pour cette vie ni pour l'autre, sans aucune vue humaine, les apôtres auraient voulu faire regarder comme un Dieu par toute la terre un imposteur crucifié dans la Judée, ils auraient formé une entreprise 'si téméraire, et ils auraient réussi ? Avouons-le, la résurrection seule peut expliquer les apôtres; leur foi et leur courage seraient, sans ce grand miracle, un miracle inexplicable sous l'empire des lois qui régissent le cœur humain; mais comment ne seraient-ils pas les plus intrépides des hommes s'ils ont vu ressusciter Jésus-Christ, selon sa promesse ? Comment pourraient-ils douter désormais de la conquête de l'univers, hésiter à se partager le monde ? Ils ont vu ressusciter le maître du ciel et de la terre, et c'est lui qui leur commande d'enseigner et de conquérir l'univers !

Ainsi Jésus-Christ a fait mieux que de descendre de la croix, comme le demandaient les Juifs, il est sorti du tombeau; il a fait mieux que de se montrer, après sa résurrection, aux princes des prêtres et aux pharisiens avec toute sa puissance, comme le demandent les incrédules; cette puissance il la communique à ses apôtres : on plaçait sur le chemin que les apôtres devaient parcourir des paralytiques et des lépreux, et leur ombre seule les guérissait. Jésus-Christ parlait par ses disciples, il paraissait, il agissait en eux; tous leurs miracles étaient ses miracles et prouvaient le miracle de sa résurrection. Le fait de la résurrection explique seul l'intrépidité des apôtres, seul il explique aussi la timidité des princes des prêtres et des pharisiens.

Comment comprendre, en effet, sans la résurrection de Jésus-Christ, les tergiversations, la faiblesse des juges d'Israël ? Pourquoi ne poursuivent-ils pas les apôtres ? Pourquoi ne condamnent-ils pas les soldats? Ils ont fait garder le sépulcre; les soldats qui se sont endormis ont manqué à leur premier devoir et méritent la mort. Pourquoi leur distribuer une somme considérable, pecuniam copiosam? Pourquoi leur commander le silence, ainsi qu'aux apôtres ? Pourquoi, si les soldats ne sont pas les premiers témoins de la résurrection, et les apôtres les seconds? Les chefs d'Israël ont fait mourir Jésus-Christ parce qu'il s'est dit Dieu, ils l'ont poursuivi comme blasphémateur; le grand-prêtre a déchiré ses vêtements, tous les anciens, tous les docteurs de la loi ont condamné le juste; le peuple a demandé par ses clameurs qu'il fût crucifié; et les princes de la nation se contentent d'abord de renvoyer, en leur recommandant le silence, des hommes qui disent que Jésus-Christ est ressuscité par sa propre vertu, qui accusent toute la nation d'avoir crucifié le Messie, le fils éternel de Dieu; des hommes qui, suivant les princes des prêtres, auraient rompu les sceaux publics, violé la sainteté du sépulcre; des hommes qui accréditent, qui enseignent une opinion que les chefs d'Israël ont déclaré plus funeste que la première ; des hommes qui font peser sur toute leur nation le crime du déicide. Mais enfin le grand-prêtre s'inquiète des progrès de l'Evangile, les apôtres sont amenés devant lui au milieu des anciens du peuple. Ecoutez leurs premières paroles : Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous avez fait mourir en l'attachant à une croix. Le pontife, transporté de colère, demande leur mort. Mais Ga

maliel se lève : Si cette entreprise vient des hommes, dit-il, elle tombera d'elle-même; mais si elle vient de Dieu, vous ne sauriez l'empêcher. Les anciens du peuple décident comme lui, et les apôtres sont mis en liberté. Les princes de Jérusalem comprennent donc que celui qui a ressuscité Lazare a bien pu se ressusciter lui-même. L'effroi des gardes, l'intrépidité des apôtres parlent assez haut. Mais, dira-t-on, si la résurrection leur est prouvée, pourquoi ne proclament-ils pas que Jésus-Christ est le Messie ? parce que l'orgueil et l'intérêt leur ferment la bouche, parce que la jalousie, l'ambition, le soin de leur réputation et de leur puissance les rendent aveugles. S'ils reconnaissent la mission de Jésus-Christ, il faut avouer qu'ils ont mis à mort le fils de Dieu, celui qu'attendent les Juifs. Le peuple criait hosanna! gloire au fils de David, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, quand Jésus-Christ est entré dans Jérusalem. Le peuple proclamait le Sauveur. Mais les prêtres et les pharisiens ont poursuivi Jésus-Christ, en l'accusant d'imposture et de blasphême. Si la mission de Jésus est reconnue, les chefs d'Israël ont altéré l'Ecriture, obscurci la lumière des prophètes, porté la main sur le Christ; juges et bourreaux du Messie, ils ont à redouter le supplice qu'ils ont fait subir au juste ; ils ont tout à craindre du peuple qu'ils ont trompé.

Tous les intérêts humains s'opposent donc à l'aveu des pharisiens comme à la confession des apôtres. Les apôtres avaient à vaincre tous leurs préjugés. Si Jésus-Christ n'est pas ressuscité, tout est contre eux, la terre, le ciel, la synagogue, les gentils, mais ils ont triomphé de tous ces obstacles, donc ils ont vu Jésus-Christ ressuscité. Tout empêche l'aveu des

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