8. « A moi, à moi, mon capitaine, s'écriait un soldat; à moi, je tiens un prisonnier. Eh bien! lui dit le capitaine, amène-le. Je ne demande pas mieux, dit le soldat; mais il ne veut pas me lâcher. » MONTESQUIEU. Montesquieu disputait sur un fait avec un conseiller du parlement de Bordeaux, homme de beaucoup d'amour-propre et de mince mérite. A la suite de plusieurs raisonnements débités avec fougue, notre conseiller s'écria: Monsieur le président, si cela n'est pas comme je vous dis, je vous donne ma tête. -Je l'accepte, dit Montesquieu, les petits cadeaux entretiennent l'amitié. >> Jamais proverbe n'avait été mieux appliqué. MOUCHES. Un prélat français répétait le célèbre axiome : « C'est avec du miel qu'on prend les mouches. >> Et un autre prélat d'interrompre : mais pour les tuer. >> Oui, NAIVETÉS. 1. Dernièrement, Du-' mont, le camarade à Pitou, tombe malade. On l'envoie à l'infirmerie où le médecin de semaine le retourne et l'inspecte « Où vous sentez-vous le plus mal? - Au régiment, major. » Dans sa naïveté, il rédigea ainsi l'adresse de sa lettre : A M. mon père et Mme ma mère, demeurant dans notre maison. 6. On cite comme un des plus longs mariages qu'il y ait eu pendant le dernier siècle, celui d'un habitant de Villeneuve, nommé Rivas. Il y avait soixante-douze ans qu'il était marié lorsqu'il mourut. Sa femme, qui vẻcut encore quelques mois après lui, le voyant près de mourir, lui disait d'un ton affectueux et touchant : « Eh quoi! mon pauvre Jean, tu veux déjà me quitter? » 7. Un jeune enfant d'une école chrétienne avait, sans mauvaise intention, cassé l'un des carreaux de l'étude. On ne s'en était pas encore aperçu, mais le pauvre enfant tremblait de peur chaque fois qu'on lui adressait la parole. Un dimanche, en faisant le caté2. Le nommé B... écrit à son frère chisme, le curé lui fit cette question : DICT.COM. 6 11. Dans un souper qui fut poussé bien avant dans la nuit, on demanda à un Suisse quelle heure il était? Il tire sa montre, et voit qu'il est plus de minuit. « Oh! oh! messieurs, ditil, il est déjà demain. » 12. Hier, j'ai rencontré cet idiot de Joseph. «Eh bien! où es-tu à présent, mon hon Joseph ? - Nous partons, moi et mes maîtres, demain pour la campagne; nous allons dans un tout petit trou où on ne trouve rien à manger : je serai obligé d'aller faire le marché à la ville, ce sera joliment embêtant. Il n'y a donc pas de boucher, dans ton petit trou? - Si, il y en a un; mais, comme il n'a pas beaucoup de pratiques, il ne tue qu'un demi-bœuf à la fois. 13. Deux paysannes, se trouvant sur le quai de la Mégisserie, se demandèrent l'une à l'autre ce qu'elles y venaient faire. L'une dit qu'elle venait acheter une linotte, et l'autre un corbeau. « Un corbeau ! eh fi! ma commère, vous cherchez là un bien vilain oiseau. Il est vrai, répondit l'autre, qu'il n'est pas beau; mais on dit qu'il vit sept ou huit cents ans, et j'voulons, mon mari et moi, le voir par nous-mêmes. » 14. Un bon moine chargé de faire le catalogue d'une bibliothèque, et rencontrant un livre hébreu, écrivit : Plus, un livre dont le commencement est à la fin. » 2. Un Normand alla un jour pour voir le juge de paix de son canton, et ne le trouva pas chez lui. « Il est parti pour le chef-lieu, lui dit la vieille servante. -Parti! dit le paysan, parti! j'avions cependant entendu dire qu'on ne pouvait être juge et parti. »> 3. Un Normand à son avocat : << La récolte est mauvaise; je n'ai pas d'argent, attendez encore un peu. - Eh bien! si vous ne pouvez pas me donner de l'argent, payez-moi peu à peu, en nature. Ma foi, monsieur l'avocat, estce que vous prendriez un lièvre ? Certainement. Eh bien! alors, vous êtes plus fort que notre chien, qui ne le peut plus. NOURRICE. Une nourrice accusée d'avoir battu la mère de son nourris son: « Voilà comme ça s'est passé : il n'y a pas un mot de vrai. M. le président. Cela simplifie bien votre défense, mais il faut vous justifier. La nourrice. D'abord, madame dit que son enfant dépérissait, et, messieurs, il venait comme un champignon, à preuve que j'en ai nourri d'autres que le sien, auquel même le fils d'un juge de..... M. le président. Il ne s'agit pas de cela; avez-vous, oui ou non, frappé la plaignante? La nourrice. Oui ou non, c'est non; figurez-vous que madame vient de me retirer son enfant sans me prévenir, dont, messieurs, qu'il avait des convulsions tous les jours et qu'elle voulait le sevrer à l'article de la mort. M. le président. Comment, à l'article de la mort? et vous venez de dire qu'il se portait très-bien. La nourrice. A ça près il se portait très-bien (rires); enfin, je vous dis : il n'y a pas un mot de vrai; c'est comme ses couches qu'elle me réclame. Vous croyez que ça n'est pas à vous faire tourner le lait de voir des choses pareilles? que j'ai refusé un nourrisson de 50 francs pour le sien qui est de 35, et ça par attachement comme à mon propre sang; elle peut bien le garder son singe! qu'il crève et elle aussi, je m'en fiche pas mal. » Le Tribunal condamne la nourrice à six jours de prison. NUMÉRAIRE. La statistique du numéraire n'est pas une des moins curieuses de notre globe. On a calculé qu'il pouvait y avoir sur la terre 83 milliards de numéraire. Cependant, on n'en connaît que 53. Donc, il y en a 30 de perdus, enfouis dans la mer ou dans les entrailles de la terre. La France est le pays qui possède le plus de numéraire. Aucun statisti cien ne lui en attribue moins de 6 milliards. Or, 6 milliards divisés par 38 millions d'habitants, ou 3000 divisés par 19, donneraient 157 francs et des centimes pour capital total afférent à chaque individu, si on faisait le partage, conformément au vou de quelques utopistes. Quant au papier, je n'ai que peu de renseignements sur sa quantité; mais ceux que je possède sont assez cu rieux : La banque de Belgique, fondée au capital de 25 millions, avait récemment 175 millions de billets, ou sept fois son capital en papier. La banque de Russie a eu jusqu'à onze fois son capital en papier. Le commerce de Londres émet, par semaine, plus de 250 millions de francs en chèques, ou plus de 12 milliards de papier par an. 0 OBSERVATOIRE. Une dame était engagée à aller voir une éclipse à l'Observatoire; elle arrive une demi-heure trop tard. « Ah! monsieur, dit-elle à l'astronome, si vous étiez assez bon pour recommencer. » OPINION. 1. Ne discutez jamais, vous ne convaincrez personne. Les opinions sont comme les clous; plus on tape dessus, plus on les enfonce. 2. Si j'avais à donner mon opinion sur la différence morale qui existe entre les hommes et les femmes, je m'en tirerais ainsi : Les hommes valent plus, les femmes valent mieux. 3. En lisant dans un journal que M. Émile de Girardin allait enfin atteindre le but de ses désirs (un portefeuille), un plaisant s'est écrié : «Eh bien! ce sera du joli.... le lendemain de son avénement il se fera opposition à lui-même ! 4. X..., député, dont le grand nom aristocratique a marqué dans notre histoire de diverses façons, après avoir blâme vertement le plébiscite, se lançait dans un pathos d'élucubrations démocratico-socialistes. << Comment! vous, monsieur, lui dit Mme O..., avec un étonnement qui n'était pas feint, vous qui portez un nom historique et qui tenez au passé par tous vos souvenirs, vous avez un tel langage et de telles idées! Oh! madame, répondit naïvement le député, moi, voyez-vous, je ne suis pas de mon opinion. » 5. Mot charmant de M. Thiers à propos de M. Guizot. On vantait l'honnêteté politique de ce dernier devant l'ex-président du Conseil des ministres, et surtout son obstination à défendre la même idéo pendant toute sa vie. ORA <«< Je vous accorde que c'est un homme parfait, répondit M. Thiers; mais reconnaissez avec moi qu'il sait pas assez souvent changer d'ide fixe! >> Cela ne rappelle-t-il pas cette sin gulière pensée de Stendhal : « Défiervous de ces caprices du cœur qui petvent vous jeter dans un parti contraire à vos opinions futures.» ORATEUR. « La véritable éloquence. a dit La Rochefoucauld dans ses Marimes, consiste à dire tout ce qu'il faut et à ne dire que ce qu'il faut. » 1. On demandait à Isocrate, célèbre orateur grec, ce que c'était que l'éloquence?« C'est, répondit-il, Tart de lever les petites choses et d'abaisser les grandes. 2. On demandait à Démosthènes par quels moyens il avait fait tant de progrès dans l'éloquence? « En dépensant plus d'huile que de vin, répondit-il. 3. En présence d'Agésilas, roi de Lacédémone, on louait un jour un orateur, de ce que, dans ses discours. il faisait paraître merveilleusement grandes les choses même les plus pe« Je ne regarde pas comme fort habile, dit ce prince, un cordonnier qui fait de grands souliers pour un petit pied. tites. >> 4. Socrate voyant qu'Alcibiade.son disciple, n'osait se produire en public. et que sa timidité l'empêchait de parler devant le peuple, l'encouragea par cette induction: « Vous ne trouvez pas qu'un cordonnier soit un homme bien propre à imposer du respect? Non. Un crieur public, un charpentier, ne sont pas des gens bien redoutables? Non. Un boucher, un maçon, enfin tous ces artisans sans lettres qui se trouvent dans les assemblées, ne sont guère capables de vous déconcerter ? Non. Ei bien! voilà les gens qui composent le peuple d'Athènes. Vous les méprise chacun en particulier; pourquoi don les craignez-vous quand ils sont rassemblés? >> 5. On discutait, devant plusieurs 6. « Le voilà! le voilà!» s'écrièrent tout à coup des jardiniers en me montrant un imposant convoi qui s'avançait suivi des bannières d'une foule de corporations. De loin, cela avait un petit air de régates. « Enfin il y vient donc pour son propre compte!!! » grinça un vieux fossoyeur. C'était l'enterrement d'un vieux et célèbre philanthrope, le plus grand faiseur connu d'oraisons funèbres. Tous les morts un peu connus lui avaient passé sur la langue. Il en avait tant enterré qu'il ne restait plus personne pour prononcer un discours sur sa tombe. Alors, le vieux fossoyeur, avec une joie qu'il ne pouvait réprimer, s'écria: >> « Ah! laissez-moi me venger! Et il expliqua comment, depuis trente-sept ans, après avoir descendu la bière, il s'était toujours trouvé pris dans le cercle des assistants rangés autour de la tombe ouverte pour entendre les paroles du grand faiseur de discours. « Il m'a fait avaler 1784 oraisons funèbres criait le rancunier fossoyeur. Je connais toutes ses tournures de phrases, ses intonations et ses attendrissements; laissez-moi prendre une revanche en lui offrant à mon tour son petit discours d'adieu. - Oui, parlez. Mais le pauvre homme était si troublé par la joie que, sa mémoire lui faisant défaut, il ne put trouver que cette énergique phrase: « Enfin il va donc se taire! >> En nous retirant silencieux, je marchais à côté d'un très-haut fonctionnaire municipal. « Il faudra faire à ce sénateur une ORIENTAUX (Proverbes). 1. Pour réussir dans le monde, il faut avoir l'air fou et être sage. tié. 2. Visites rares augmentent l'ami 3. Ne te lie qu'avec des gens de ta fortune et de ta condition; on ne mêle pas l'huile avec l'eau, ni le vinaigre avec le lait. 4. Si tu es heureux, ne te venge pas de ceux qui te portent envie; ils seront assez punis d'être témoins de ta félicité. 5. Ne confie pas tes affaires à celui qui n'a pas su faire les siennes. 6. Le sage est humble dans les grandeurs et fier dans l'adversité. 7. Celui à qui l'on demande est libre jusqu'à ce qu'il ait promis. 8. Ne juge pas les hommes par la parure la mouche à miel brille moins que le papillon. 9. La femme qui aime son mari et chérit ses enfants fait l'ornement de la maison, si laide qu'elle soit. 10. Réfléchis avant de faire une entreprise; il n'est plus temps après. 11. Celui qui a du courage et de l'esprit est capable de tout. 12. La science est un arbre qui a pour racine le contentement et pour fruit le repos. 13. La nature, avec ses dons, jette de temps à autre des génies sur la |