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sont pour la plupart d'une figure agréable et régulière, et il y en a beaucoup de vraiment belles. Les mœurs y sont trèspures. Les filles y sont très chastes, et les

femmes très-fidèles.

Nous ne ferons pas, comme M. Macaulay, un grand mérite à ces insulaires de n'avoir et de ne désirer ni palais superbes, ni meubles élégans, ni riches habits, ni table somptueuse; on concevra aisément qu'il n'y a point d'ambitieux où il n'y a pas de places, et de magistrats corrompus où il n'y a point de lois; on conçoit aussi que chez un petit peuple qui ne sait ni lire ni écrire, il ne se voit guère de déistes et d'athées. Nous les excuserons d'être dissimulés, et même un peu menteurs : c'est un vice qu'ils doivent à leurs maîtres. L'intendant chargé d'aller chaque année faire sa tournée dans l'île, est un petit despote qui règle tout arbitrairement, et dont les décisions sont sans appel. Comme chaque habitant est imposé à une taxe, en proportion de ce qu'il paraît posséder, chacun a intérêt de cacher une partie de ce qu'il a, et de paraître plus pauvre; ce qui n'arrive pas seulement à Saint- Kilda. De là ré

sulte une pratique presque générale de petites ruses et de mensonges. La fausseté et l'hypocrisie sont le produit de la bassesse et de la crainte, c'est-à-dire, les fruits naturels du despotisme. La franchise suppose toujours de l'élévation d'ame et de la liberté.

Nos insulaires divisent le tems en années, en quarts d'années et en mois; ils distinguent les parties du jour par le mouvement que fait le soleil d'un rocher ou d'une colline à un autre ; lorsque le soleil ne paraît pas, ils connaissent l'heure par le flux et le reflux. Ils observent avec soin - tous les changemens de la lune.

L'écriture est une des choses les plus mérveilleuses pour eux. Ils ne conçoivent pas comment on peut faire connaître aux autres toutes les conceptions de son esprit, en traçant sur du papier blanc de petites marques noires.

Comme ils ne sortent jamais de leur île, ils ont les idées les plus étranges de tout ce qui se passe au-dehors. Ils regardent leur coin de terre comme une partie très-considérable du globe. Un d'eux voyagea en Ecosse, du tems de M. Martin; il fut bien

étonné de la longueur du voyage, et trouva le monde bien plus grand qu'il n'avait cru. Une des choses qu'il admirait davantage, c'était la grandeur et la beauté des arbres ; mais il remarquait avec frayeur qu'en passant à travers les branches, elles le repoussaient. A Saint-Kilda, il ne croît que des buissons.

On le mena dans une ville; la hauteur des maisons l'effrayait ; et il n'osait marcher dans les rues à moins qu'on ne le tînt par la main. On lui montra la principale église ; il trouva que c'était en effet un rocher trèsélevé, mais il prétendit qu'il y en avait dans sa patrie de plus élevés encore; il convint cependant que les cavernes qu'on y avait creusées étaient les plus commodes et les plus belles qu'il eût jamais vues : il appelait ainsi la nef et les bas-côtés de l'intérieur de l'église. Pendant qu'il y était, on sonna les grosses cloches. L'ébranlement qui se fit dans le clocher, et le bruit horrible qui vint frapper ses oreilles, le remplirent d'une telle épouvante qu'il crut que le monde entier se brisait et s'écroulait.

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En voyant passer dans les rues des sonues qui avaient un masque sur le visage,

il crut que c'étaient des gens qui avaient fait une mauvaise action, et qui ne voulaient pas être reconnus.

On lui fit boire un grand verre d'eau-devie qui l'enivra; se sentant accablé par un assoupissement invincible, il se crut à son dernier moment, mais cette idée ne l'affligea point: Je n'aurais pas cru, pas cru, disait-il, qu'on put sortir si doucement de ce monde. Cela ne fait aucun mal.

Tels sont ces hommes simples que nous appelons sauvages; nous les méprisons, mais ils l'ignorent. Ils mènent une vie uniforme, mais tranquille, et voient la mort sans trouble et sans effroi. Ce petit peuple sera un jour plus éclairé; est-il bien sûr qu'il en sera plus heureux ?

S.

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même récit, dit M. Macaulay, m'a souvent été confirmé par des personnes dignes de foi, qui avaient été à Saint-Kilda toutes les années successivement, depuis ce période. D'après leur rapport, on n'y a jamais vu un seul habitant qui ait échappé à la contagion. Malgré tous ces témoignages, il doutait beaucoup de la vérité de ce fait; les membres de la société qui l'a député à Saint-Kilda, avaient la même incrédulité, et le chargèrent spécialement de rechercher les fondemens d'un pareil préjugé. «Je peux les assurer, ainsi que le public, <<< ajoute notre auteur, qu'il n'y a pas un << homme de ceux qui ont été à Saint-Kilda, << qui n'affirme la même chose. Quoique mon << témoignage puisse servir à donner du << poids à une opinion que j'avais regardée « moi-même comme fausse, je ne saurais «<le supprimer sans manquer à la vérité. Quand je débarquai dans l'île, tous les «< habitans, excepté deux femmes en couches, étaient en parfaite santé, et con«<tinuèrent pendant deux jours à se bien «porter; j'en conclus, avec un secret plai«<sir, que mon arrivée n'avait produit au«< cun effet; mais je cachai mes soupçons,

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