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de Galles, Edouard Ier., ayant fait la conquêté de la province, fit massacrer tous les Bardes. Voici comment le sage Hume raconte le fait : « Le roi, persuadé que « rien n'était plus propre à entretenir parmi le peuple les idées de la valeur militaire et le sentiment de son ancienne gloire, que cette poésie traditionnelle qui, jointe aux charmes de la musique et « à la gaîté des fêtes publiques, faisait une impression profonde sur l'esprit des jeu«nes gens, fit rassembler dans un même lieu «tous les Bardes du pays; et par une poli

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tique, qu'on peut bien appeler barbare, << mais non absurde, ordonna qu'on les <«< mît à mort. » Quelques auteurs ont contesté ce fait; il semble cependant confirmé par des traditions authentiques et par des raisons assez plausibles. Il parait, par d'anciennes lois du pays de Galles, que ces Bardes, semblables à l'ancien Tyrtée, étaient sur-tout employés à exciter le courage des gallois contre les anglais. Nous citerons ici le texte curieux d'une de ces lois : Quandocumque musicus aulicus iverit ad prædam cum domesticis, si illis precinuerit, habebit ju

vencum de prædd optimum; et si acies sit instructa ad prælium, præcinat illis.

canticum vocatum UNBENJAETH PRIDAIN (sive monarchia Britannica.)

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Ces Bardes devaient joindre au talent de la poésie la valeur et l'audace; ils marchaient à la tête des armées, et donnaient le signal du combat. « Les anciennes chro<«<niques nous apprennent qu'au premier << rang de l'armée normande, un écuyer « nommé Taillefer, monté sur un cheval « armé, chanta la chanson de Roland, qui fut si long-tems dans la bouche des français, sans qu'il en soit resté le moindre fragment. Ce Taillefer, après avoir en<< tonné la chanson que les soldats répétaient, se jeta le premier parmi les anglais et y fut tué. » L'histoire conservé les noms de plusieurs Bardes qui ont péri ainsi dans les combats.

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Dans le pays de Galles, ils formaient un corps respectable, composé de différentes classes, et ce n'était que par des talens éprouvés qu'on parvenait au premier rang. Ils avaient des assemblées publiques et régulières, où l'on distribuait avec appareil des prix à ceux qui se distinguaient

dans les différens exercices de leur profession : c'était des espèces de jeux olympiques. Ces institutions se corrompirent dans la suite; et ces Bardes, si respectés du peuple, dégénérèrent en troupes de baladins et d'histrions errans, avilis par la bassesse et la licence de leurs mœurs et contre lesquels les princes furent obligés d'employer la rigueur des lois.

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Il nous est resté une ordonnance de la reine Elisabeth, de l'an 1567, dont l'extrait suffira pour faire connaître la dépra❤ vation où était tombée cette institution des Bardes.

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« Elisabeth, par la grace de Dieu, reine d'Angleterre, etc. Comme nous avons appris qu'une multitude de prétendus ménestrels, rimeurs et Bardes, ennuient « et molestent les habitans de Galles, et empêchent les ménestrels, les habiles «rimeurs et musiciens, d'exercer leur profession et de s'y perfectionner; voulant « réformer cet abus, et sachant que l'é« cuyer Mostin et ses ancêtres ont eu le « don de la poésie et celui de pincer de la harpe d'argent, etc. Nous vous or◄ << donnons à vous chevalier Becley, che

valier Griffith, Ellis-Prixe, et vous Guillaume Mostin, écuyer, de vous assembler « le premier lundi après la fête de la Tri« nité; de choisir les meilleurs ménestrels << de la principauté de Galles, et de ren«voyer les autres labourer la terre, ou << exercer des métiers nécessaires, etc. »

Il est bon de remarquer qu'à mesure que ces poëtes ambulans perdirent de la considération dont ils jouissaient à la cour des princes et dans les maisons des grands, leur air se dégrada comme leurs personnes, et leurs compositions devinrent à la fin aussi méprisables que leurs mœurs.

S.

DES LANGUES.

I. C'EST sans doute une recherche de pure curiosité que de remonter à l'origine du langage. Il serait cependant intéressant de connaître comment se sont formées les langues. L'intelligence humaine ne s'est montrée plus puissante dans aucune de ses inventions; mais peut-être avons-nous l'esprit trop exercé et trop raffiné pour être en état de deviner aujourd'hui comment l'esprit de l'homme sauvage a dû procéder dans ses premières découvertes.

J.-J. Rousseau dit quelque part que le langage a eu pour principe, non les besoins de l'homme, mais ses passions; il établit cette distinction sur une observation fine, mais bien subtile. Quand on a dit que le besoin avait appris à l'homme sauvage à former des sons pour faire connaître à son semblable ses sentimens et ses pensées, on a entendu sans doute les besoins moraux comme les besoins physiques.

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