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sont pour la plupart d'une figure agréable et régulière, et il y en a beaucoup de vraiment belles. Les mœurs y sont trèspures. Les filles y sont très chastes, et les femmes très-fidèles.

Nous ne ferons pas, comme M. Macaulay, un grand mérite à ces insulaires de n'avoir et de ne désirer ni palais superbes, ni meubles élégans, ni riches habits, ni table somptueuse; on concevra aisément qu'il n'y a point d'ambitieux où il n'y a pas de places, et de magistrats corrompus où il n'y a point de lois; on conçoit aussi que chez un petit peuple qui ne sait ni lire ni écrire, il ne se voit guère de déistes et d'athées. Nous les excuserons d'être dissimulés, et même un peu menteurs: c'est un vice qu'ils doivent à leurs maîtres. L'intendant chargé d'aller chaque année faire sa tournée dans l'ile, est un petit despote qui règle tout arbitrairement, et dont les décisions sont sans appel. Comme chaque habitant est imposé à une taxe, en proportion de ce qu'il paraît posséder, chacun a intérêt de cacher une partie de ce qu'il a, et de paraître plus pauvre; ce qui n'arrive pas seulement à Saint- Kilda. De là ré

sulte une pratique presque générale de petites ruses et de mensonges. La fausseté et l'hypocrisie sont le produit de la bassesse et de la crainte, c'est-à-dire, les fruits naturels du despotisme. La franchise suppose toujours de l'élévation d'ame et de la liberté.

Nos insulaires divisent le tems en années, en quarts d'années et en mois; ils distinguent les parties du jour par le mouvement que fait le soleil d'un rocher ou d'une colline à un autre ; lorsque le soleil ne paraît pas, ils connaissent l'heure par le flux et le reflux. Ils observent avec soin - tous les changemens de la lune.

L'écriture est ́une des choses les plus mérveilleuses pour eux. Ils ne conçoivent pas comment on peut faire connaître aux autres toutes les conceptions de son esprit, en traçant sur du papier blanc de petites. marques noires.

Comme ils ne sortent jamais de leur île, ils ont les idées les plus étranges de tout ce qui se passe au-dehors. Ils regardent leur coin de terre comme une partie très-considérable du globe. Un d'eux voyagea en Ecosse, du tems de M. Martin; il fut bien

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même récit, dit M. Macaulay, m'a souvent été confirmé par des personnes dignes de foi, qui avaient été à Saint-Kilda toutes les années successivement, depuis ce période. D'après leur rapport, on n'y a jamais vu un seul habitant qui ait échappé à la contagion. Malgré tous ces témoignages, il doutait beaucoup de la vérité de ce fait; les membres de la société qui l'a député à Saint-Kilda, avaient la même incrédulité, et le chargèrent spécialement de rechercher les fondemens d'un pareil préjugé. << Je peux les assurer, ainsi que le public, ajoute notre auteur, qu'il n'y a pas un << homme de ceux qui ont été à Saint-Kilda, qui n'affirme la même chose. Quoique mon témoignage puisse servir à donner du poids à une opinion que j'avais regardée «< moi-même comme fausse, je ne saurais «<le supprimer sans manquer à la vérité. Quand je débarquai dans l'île, tous les <«< habitans, excepté deux femmes en couches, étaient en parfaite santé, et con«<tinuèrent pendant deux jours à se bien «porter; j'en conclus, avec un secret plai«sir, que mon arrivée n'avait produit au<< cun effet; mais je cachai mes soupçons,

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dans la crainte de quelque supercherie'; j'imaginais que ces insulaires avaient quelques motifs pour entretenir l'idée de <<< cette toux contagieuse; celui, par exem«ple, de justifier leur aversion pour les

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étrangers qui viennent souvent les oppri<< mer; mais ce motif était bien chimérique, «< car ce petit peuple aime fort les étran«<gers. Mes premiers soupçons furent bien« tôt entièrement dissipés ; le troisième jour après mon arrivée, quelques habitans eu«rent les symptômes les plus marqués d'un «violent rhume, et le huitième jour, tous, depuis les vieillards jusqu'aux enfans, furent attaqués de la même incommodité, accompagnée, dans quelques - uns, de << fièvre et de maux de tête. Il ne m'est << pas possible, sans rejeter le témoignage « le plus évident de tous mes sens, de

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croire qu'il y eut là-dedans ni super«< cherie ni illusion. » M. .Macaulay réfute ensuite les raisons que quelques personnes avaient imaginées pour expliquer naturellement ce rhume épidémique. Parmi les différens témoignages qu'il rapporte pour établir la vérité du fait, il cite la veuve du dernier ministre de Saint-Kilda

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laquelle y a résidé plusieurs années. Pendant les trois premières années de son séjour, elle échappa à cette singulière contagion; mais depuis elle y fut constamment sujette comme tous les autres habitans, lorsqu'il arrivait des étrangers dans l'île.

Nous ne doutons pas que ce récit ne paraisse bien ridicule à la plupart de nos lecteurs ; mais avant de s'en moquer il serait bon de l'examiner. Peut-être que des lecteurs plus sérieux y trouveront matière à des réflexions utiles. D'un côté, voilà un fait étrange, inexplicable, sans analogie apparente avec aucun autre fait connu; d'un autre côté, voilà une foule de témoignages précis, unanimes, bien authentiques, recueillis sans aucune contradiction pendant un siècle. L'auteur qui les rapporte, et qui y joint le sien, est un homme sage, instruit, qui a examiné le fait merveilleux qu'il atteste avec défiance et dans la persuasion que c'était une fable; et ce même fait, tout incroyable qu'il paraît, était très - aisé à observer et à vérifier. Quel parti prendre ? Si l'on rejette tous ces témoignages, quelle croyance donnerons-nous donc aux récits de tant d'histo

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