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peuple de l'île, et y ajoutent les tours de force les plus effrayans, seulement pour amuser l'assemblée et faire parade de leur adresse. M. Macaulay assista à un spectacle de ce genre. Deux des plus habiles chasseurs de l'île en étaient les acteurs tandis que l'un se tenait ferme sur la pointe d'un rocher, ayant à sa ceinture le bout d'une très longue corde, son compagnon descendit de soixante brasses, et de là, il s'élança au-devant du rocher, soutenu seulement par sa corde, au-dessus d'un précipice affreux, et il se mit à voltiger et à faire en riant et en chantant plusieurs tours qui amusèrent infiniment toute l'assemblée, mais qui faisaient frissonner d'effroi notre voyageur.

M. Macaulay, ainsi que tous ceux qui sont allés à Saint-Kilda, racontent une chose très-étrange, que nous allons ex poser avant que de faire aucune réflexion. On trouve dans la relation publiée il y a soixante-dix ans par M. Martin, le passage suivant : « Les habitans, dit-il, m'ont as« suré qu'ils étaient constamment attaqués << d'une toux lorsque l'intendant arrivait << dans l'île; qu'ils en étaient sur-tout fort

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incommodés la nuit, et qu'alors ils éva<< cuaient beaucoup de phlegme. Cette indisposition dure ordinairement dix à «douze jours..... Je leur dis naturellement «< que cette idée de contagion me paraissait << une chimère. Ils furent offensés de mon incrédulité, et me dirent qu'avant leur minis<< tre et moi, jamais personne n'avait douté << de la vérité de ce fait; et pour me prouver qu'il ne pouvait y avoir en cela ni imagina«<tion ni imposture, ils me citèrent l'exem« ple des enfans à la mamelle, qui étaient également sujets à la même toux. J'inter rogeai en particulier, sur ce sujet, pres<< que tous les habitans, et tous m'assurè→ «rent la même chose; on m'ajouta que, << lorsqu'on apportait dans l'île des mar«<chandises étrangères, la toux était de plus longue durée. Ils ont remarqué en«core, que si quelques personnes de la « suite de l'intendant ont eu la fièvre, « même avant leur arrivée dans l'île, quel<< ques-uns des habitans en sont bientôt «< infectés aussi..... Lorsque le période de «< cette toux est passé, on n'entend plus « tousser personne, etc. »

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Voilà ce qu'écrivait Martin en 1697. Le

même récit, dit M. Macaulay, m'a souvent été confirmé par des personnes dignes de foi, qui avaient été à Saint-Kilda toutes les années successivement, depuis ce période. D'après leur rapport, on n'y a jamais vu un seul habitant qui ait échappé à la contagion. Malgré tous ces témoignages, il doutait beaucoup de la vérité de ce fait; les membres de la société qui l'a député à Saint-Kilda, avaient la même incrédulité, et le chargèrent spécialement de rechercher les fondemens d'un pareil préjugé. « Je peux les assurer, ainsi que le public, ajoute notre auteur, qu'il n'y a pas un << homme de ceux qui ont été à Saint-Kilda, qui n'affirme la même chose. Quoique mon témoignage puisse servir à donner du poids à une opinion que j'avais regardée << moi-même comme fausse, je ne saurais «<le supprimer sans manquer à la vérité. Quand je débarquai dans l'île, tous les «< habitans, excepté deux femmes en cou

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ches, étaient en parfaite santé, et con«<tinuèrent pendant deux jours à se bien «porter; j'en conclus, avec un secret plai«sir, que mon arrivée n'avait produit au<< cun effet; mais je cachai mes soupçons,

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dans la crainte de quelque supercherie'; j'imaginais que ces insulaires avaient quelques motifs pour entretenir l'idée de <<< cette toux contagieuse; celui, par exemple, de justifier leur aversion pour les étrangers qui viennent souvent les oppri« mer; mais ce motif était bien chimérique, «< car ce petit peuple aime fort les étran«<gers. Mes premiers soupçons furent bien« tôt entièrement dissipés; le troisième jour après mon arrivée, quelques habitans eu<< rent les symptômes les plus marqués d'un « violent rhume, et le huitième jour, tous, depuis les vieillards jusqu'aux enfans, furent attaqués de la même incommodité, accompagnée, dans quelques uns, de << fièvre et de maux de tête. Il ne m'est << pas possible, sans rejeter le témoignage << le plus évident de tous mes sens, de

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croire qu'il y eut là-dedans ni super«< cherie ni illusion.» M. .Macaulay réfute ensuite les raisons que quelques personnes avaient imaginées pour expliquer naturellement ce rhume épidémique. Parmi les différens témoignages qu'il rapporte pour établir la vérité du fait, il cite la yeuve du dernier ministre de Saint-Kilda

laquelle y a résidé plusieurs années. Pendant les trois premières années de son séjour, elle échappa à cette singulière contagion; mais depuis elle y fut constamment sujette comme tous les autres habitans, lorsqu'il arrivait des étrangers dans l'île.

Nous ne doutons pas que ce récit ne paraisse bien ridicule à la plupart de nos lecteurs ; mais avant de s'en moquer il serait bon de l'examiner. Peut-être que des lecteurs plus sérieux y trouveront matière à des réflexions utiles. D'un côté, voilà un fait étrange, inexplicable, sans analogie apparente avec aucun autre fait connu; d'un autre côté, voilà une foule de témoignages précis, unanimes, bien authentiques, recueillis sans aucune contradiction pendant un siècle. L'auteur qui les rapporte, et qui y joint le sien, est un homme sage, instruit, qui a examiné le fait merveilleux qu'il atteste avec défiance et dans la persuasion que c'était une fable; et ce même fait, tout incroyable qu'il paraît, était très - aisé à observer et à vérifier. Quel parti prendre? Si l'on rejette tous ces témoignages, quelle croyance donnerons-nous donc aux récits de tant d'histo

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