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phosée en un nouvel astre. Cependant, toute divinisée qu'elle est, la chevelure regrette son premier état; elle préférerait à l'honneur de parer les cieux celui de parer encore la tête de Bérénice.

Tel est le sujet et la substance de ce charmant poëme, qui, environ deux siècles après, fut mis en vers latins par Catulle; la traduction est restée, mais l'original a péri; il n'en subsiste aujourd'hui que deux distiques, dont l'un nous a été transmis par le scoliaste d'Apollonius, et l'autre par celui d'Aratus.

Dans l'impossibilité d'examiner jusqu'à quel point le traducteur s'est rapproché ou écarté de l'original, je ferai quelques observations sur la forme de ses vers et sur le caractère de son style.

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La manière de Catulle (qu'on me permette cette expression: la poésie et la peinture, filles de l'imagination l'une et l'autre, se touchent de si près et par tant de côtés, qu'il doit être permis de transporter à l'un des deux arts les termes particulièrement affectés à l'autre), la manière de Catulle tient beaucoup de l'école grecque, Catulle, dit Henri-Etienne, doit être cons

sidéré moins comme un poëte ancien que comme un imitateur des anciens poëtes.

Le vers pentamètre, qui, dans tous les autres poëtes latins, est communément terminé par un dissyllabe, l'est presque toujours par un mot de trois, de quatre et souvent d'un plus grand nombre encore de syllabes dans Catulle, ainsi que dans Callimaque et tous les poëtes grecs. Tibulle, Ovide, Properce et généralement tous leurs successeurs renferment scrupuleusement un sens complet ou presque complet dans chaque distique; mais Catulle, à l'exemple, de ses modèles, ose souvent franchir cette limite pour ne se reposer qu'à la fin du premier hémistiche du troisième vers; pro, cédé qui, en donnant plus d'espace à l'har monie, y met aussi plus de variété, mais qui sans doute parut peu convenable au génie de la langue et de la versification latine; puisque dans le plus beau siècle de cette langue, aucun poëte ne crut devoir se le permettre. Pour jeter plus de rapidité dans son style, en présentant à-la-fois deux images ou deux idées, il se sert, comme les grecs ses maitres, de mots composés, c'est-à-dire, incorporés les uns aux autres,

et sa versification est pleine de libertés qu'on ne peut justifier que par celles que prenaient les poëtes grecs, et dont on ne retrouve des exemples dans aucun autre poëte latin.

Catulle fait des élisions un très-fréquent usage, ce qui donne à son style un air de négligence, d'abandon et quelquefois de désordre, qui éloigne toute idée d'affectation, de travail et de peine, et caractérise en même tems très-bien ces mouvemens du cœur, ces affections de l'ame que l'art n'imite jamais plus parfaitement que lorsqu'il se cache davantage.

Ce poëte affecta d'insérer dans ses poésies des expressions, des mots auxquels toute son autorité ne put assurer une longue vie, puisqu'on ne les retrouve dans aucun des poëtes qui lui succédèrent.

Il est important d'observer ici que la naissance de Catulle ne précéda que de seize années celle de Virgile, et qu'il y a néanmoins entre la versification de l'un et celle de l'autre une différence on ne peut pas plus remarquable, lors même qu'ayant le même genre ou plutôt le même sujet à traiter, ils emploient la

même sorte de vers; comme il est aisé de s'en convaincre par le poëme de Catulle sur les noces de Thétis et Pélée, dont je ferai précéder l'analyse par quelques obser

vations.

Je regarde encore ce poëme comme une traduction ou comme une imitation du gree; je soupçonne même Catulle d'y avoir réuni deux poëmes absolument différens, et je fonde mon opinion sur ce qu'il n'y a aucune sorte de proportion entre l'épisode et le sujet principal, et que le tableau des aventures d'Ariadne est évidemment un hors-d'œuvre peu adroitement conçu avec la description des figures représentées sur le magnifique tapis qui parait le lit nuptial de Thétis et de Pélée. Cet épisode rappelle le bouclier d'Achille et celui d'Enée; mais dans ces belles portions de leurs poëmes, Homère et Virgile n'ont rien fait entrer que la sculpture et la peinture n'eussent pu traiter et qu'elles ne puissent encore reproduire; au lieu qu'il est impossible de soumettre aux arts du dessin le long discours d'Ariadne, ni même ce que ce discours a de plus intéressant. Si Catulle voulait passionner son récit par le tableau

du désespoir d'une amante abandonnée et trahie, et varier ainsi sa narration pour en écarter l'ennui, pourquoi parmi les thessa liens qu'il fait assister aux noces de Thétis, n'en choisissait-il pas quelqu'un qui, à l'as pect des figures brodées dont le lit nuptial était enrichi, en eût pris occasion de raconter l'histoire d'Ariadne et de Thésée.

Ceux qui vouent aux ouvrages des anciens une admiration sans réserve, auraientils donc oublié que ce n'est ni sur l'antiquité, ni sur l'autorité qu'elle imprime, que se mesure la perfection des ouvrages, mais bien sur la convenance, règle éternelle et fondamentale de la poésie et de tous les arts imitateurs.

Du reste, l'épisode d'Ariadne, considéré en lui-même et indépendamment du sujet auquel il est joint, doit être regardé comme une des plus sublimes productions de la poésie ancienne; rarement la nature offrit à l'art un plus beau sujet, et plus rarement encore l'art servit aussi heureusement la nature.

Etonnée de se voir seule à son réveil Ariadne pâle, tremblante, éperdue, se précipite vers les bords de la mer, d'où

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