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05-18-37 LON

Roon. Cang margraff 5-11-37 33789

VOYAGE

DE FERNEY.

LETTRE DE L'AUTEUR,

POUR SERVIR DE PRÉFACE.

Vous voulez donc, mon ami, publier ces lettres, qui n'ont été écrites que pour vous seul, et qui n'étaient guères destinées aux honneurs de l'impression? Vous connaissez mon enthousiasme pour M. de Voltaire : vous saviez que j'avais été nourrie, pour ainsi dire, dans l'admiration pour ce grand homme; que dans un voyage qu'il avait fait en Flandres, il était allé voir mon père, qui avait un très beau cabinet de

physique. Cette visite avait laissé des tra

ces; on se la rappelait souvent dans ma

famille, où ses beaux ouvrages étaient vive

ment appréciés et scntis. Entourée, depuis mon mariage, de tous les amis et de tous les admirateurs de M. de Voltaire ; amusée, ou enchantée sans cesse par le charme de ses écrits, mon enthousiasme pour lui n'a pu que s'accroître encore. Comment ne pas admirer celui qui emploie son génie à défendre les opprimés; à parler de Dieu comme du père commun de tous les hommes; de la tolérance comme du plus sacré de leurs droits et du plus cher de leurs devoirs ? J'ai toujours été disposée à croire que les vertus sont en proportion du sentiment de bonté et d'humanité que chaque homme porte dans le cœur. Eh! en quel homme trouve-t-on ce sentiment plus profond, plus agissant que dans M. de Voltaire? Cet intérêt généreux qu'il portait aux opprimés, l'a accompagné jusqu'à son dernier souffle; et dans son agonie même, ses dernières pen

sées ont été adressées à M. de LallyTolendal, sur l'heureux succès d'une cause qui devait triompher, puisqu'elle était défendue par la piété filiale et l'éloquence la plus noble et la plus touchante.

En adorant le génie et l'ame passionnée de Voltaire pour les intérêts de ses semblables, je ne prétends pas approuver les excès où l'a souvent entraîné la violence de ses passions. Je ne le considère point comme un modèle de vertu dans sa vie, quoique remplie d'actions nobles et généreuses; je l'envisage encore moins comme un exemple de sagesse dans tous ses ouvrages. Je réserve le culte que nous de

vons à la parfaite vertu, pour les Antonins, vertu,pour

les Marc-Aurèle et les Fénélons. Mais notre reconnaissance et notre admiration s'attachent encore à ceux qui, malgré leurs erreurs et leurs fautes, ont employé tous les moyens d'un génie bienfaisant et actif

à faire disparaître des erreurs funestes et dangereuses, et ont constamment travaillé

à faire naître parmi leurs semblables de nouvelles vertus.

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