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velle loi leur a si injustement ravis, et sans lesquels leur ministère sera toujours paralysé.

Nos prélats n'ont pas cru devoir suivre cette marche, ni s'avancer si loin. Nous ignorons pourquoi; mais qu'en est-il résulté? C'est qu'au lieu d'améliorer le sort des desservans, ils n'ont fait qu'aggraver leur position déjà si pénible. En leur confiant les pouvoirs des curés, ils les ont rendus responsables des redoutables fonctions qu'ils exercent. Les malheureux ont vu ainsi leurs devoirs s'accroître sans acquérir le moindre nouveau droit. Ils ont, pour leur part, tout ce que la charge pastorale a de pénible et d'odieux, sans avoir un seul des priviléges attachés au titre de curé. C'est un joug que rien n'allège. Si le desservant n'était en fait que vicaire, ainsi qu'il l'est en droit, ses devoirs seraient bien moindres et sa position plus tolérable; il saurait du moins à quoi s'en tenir; mais en lui imposant la charge pastorale sans compensation, sans aucun des avantages qui pouvaient relever sa dignité, soutenir son autorité et lui rendre son emploi supportable, on lui a fait une

position fausse, violente, contre nature, cent fois pire que l'état de simple vicaire.

Il faut qu'il remplisse tous les devoirs d'un curé, sous peine de se voir accusé et puni. Il faut qu'il reprenne, qu'il corrige, qu'il s'oppose, comme un mur d'airain, aux désor dres publics; mais il n'a pour cela aucun des moyens nécessaires. Il manque absolument d'autorité et d'indépendance. C'est un soldat nu et sans armes que l'on envoie contre un ennemi armé de toutes pièces. Il faut qu'il le vainque ou qu'il meure. De là tant de mécomptes, tant d'avanies, tant de dénonciations, tant de persécutions. Quand le malheureux desservant ne réussit pas ; quand il est en butte aux oppositions, aux tracasseries de ses paroissiens, on le taxe d'imprévoyance, d'imprudence, de faux zèle; on lui impute son malheur, qui cependant ne vient que de la fausse position qu'on lui a faite. Un tel état est-il tolérable? Si l'on ne veut que des vicaires, qu'on le dise, et qu'on nous laisse exercer paisiblement nos modestes fonctions; mais si les campagnes ne peuvent se passer de curés; s'il faut que nous remplissions toutes les fonctions et les de

voirs de la charge pastorale, fournissez-nousen donc les moyens en nous rendant la dignité, l'indépendance, l'autorité, avec le nom, le titre et les droits de curé. Jusqu'alors, les pouvoirs extraordinaires que vous nous confiez, au lieu de nous élever dans l'esprit du peuple, ne servent qu'à achever de nous rendre odieux et méprisables à ses yeux.

ARTICLE SECOND.

Seconde cause de l'avilissement du curé des campagnes : il est devenu révocable et amovible.

Tout prêtre à charge d'âmes doit être fixe et inamovible. Tous les titres qu'il porte, toutes les fonctions qu'il exerce supposent la constance et la fixité.

Il est le père des fidèles confiés à ses soins. Il les engendre en Jésus-Christ par le baptême et la pénitence; il les nourrit de la divine parole et de la sainte cucharistie; il bénit leur union; il les console dans leurs peines; il les visite dans leurs maladies; il les fortifie contre les terreurs de la mort; il ne les abandonne pas même au-delà du tom

beau; il n'est pas un seul instant de toute leur existence où ils puissent échapper à sa paternelle sollicitude. C'est un vrai père. Mais est-il naturel et raisonnable qu'un père se sépare de sa famille et qu'il abandonne ses enfans? La raison comme la nature ne demandent-elles pas, au contraire, qu'il leur reste inséparablement uni jusqu'à la fin de ses jours?

Il est l'époux de l'église qu'il dessert. Nous avons vu un célèbre docteur et un grand pape lui donner ce beau titre; il lui est généralement confirmé par l'Église qui, toujours et partout, a donné le nom de mariage à l'union du curé avec sa paroisse, et n'a pas cru exagérer en assimilant cette union au lien sacré et indissoluble du mariage chrétien. Idée sublime et touchante qui annonce dans le pasteur l'affection, le désintéressement, le dévoûment sans bornes dont il doit être sans cesse animé pour le bonheur de la paroisse qui lui est confiée. Mais un époux peut-il quitter son épouse pour s'attacher à une étrangère? Ne doit-il pas lui être inséparablement uni? A-t-il jamais existé une autorité qui ait pu les séparer arbitrairement

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