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publique, et à le plonger dans cet abîme d'abaissement et d'abjection où nous le voyons et que nous ne saurions trop déplorer? Nous en remarquons trois principales : 1o La perte de son nom et de sa qualité de curé.

2° L'amovibilité où on l'a réduit,

3o La faculté donnée à l'évêque de le juger et de le punir d'après les seules règles de sa volonté.

ARTICLE PREMIER.Į

Première cause de l'avilissement du desservant. La perte de son nom et de sa qualité de curé.

Le nom de curé était si cher au peuple, il réveillait en lui des idées si douces, si paternelles, qu'en dépouillant le pasteur rural de tous ses droits, on aurait dû au moins, par politique, lui laisser son nom. La transition du respect au mépris aurait été moins brusque. On ne peut expliquer une pareille faute qu'en supposant dans les auteurs du nouveau régime un projet formel d'avilir aux yeux du peuple les ministres de la religion.

Quelle idée en effet présentent à l'esprit les noms de succursale et de desservant qu'on

a substitués aux noms si populaires de paroisse et de curé? Ces noms avaient été jusque-là à peu près inconnus même des canonistes. Le premier, ainsi que nous l'avons observé, offre l'idée d'une chapelle bâtie dans un hameau ou un quartier reculé d'une paroisse pour la commodité des habitans et où résidait un vicaire pour administrer les secours de la religion; ce qui n'était qu'une exception très rare. Quant à celui de desservant, il était à peu près inusité avant 1802. Il n'avait surtout jamais été appliqué au prêtre résidant dans la succursale; celui-ci était toujours appelé vicaire (1). Aussi, malgré le fréquent usage qu'on en fait dans la législation nouvelle et dans toutes les pièces officielles (car dans les rapports intimes on aurait honte de se servir de pareils noms), le peuple en a fait une prompte justice; il n'y attache qu'une idée de mépris. Jamais il n'appelle succursale sa paroisse; jamais il ne se sert du mot desservant pour désigner son pasteur, excepté qu'il ne veuille le mortifier. Ces noms sont devenus, parmi le peuple, des expressions injurieuses.

(1) Voyez la note de la page 87.

Mais qu'expriment-ils aujourd'hui parmi nous en réalité et dans les idées de nos nouveaux canonistes? Qu'est-ce qu'une succur sale?

Dans le Dictionnaire du droit canonique, par Durand de Maillane (1), on lit : « La << succursale est une église dans laquelle on <«<< fait le service paroissial pour la commo«dité des habitans trop éloignés de la pa<< roisse; ce qu'on appelle un écart. On a << employé le mot succursale, parce que «< cette nouvelle église est d'un grand se«cours pour la paroisse, ou plutôt pour les << habitans..... On se sert quelquefois du << mot annexe, mais particulièrement quand << c'est une nouvelle paroisse démembrée de «< l'ancienne. On établit ordinairement une << succursale lorsqu'on n'est pas précisément << au cas d'érection d'une nouvelle paroisse.

<< Pour cet établissement, l'évêque n'est << pas obligé d'observer les formalités comme << pour les cures; parce qu'en effet ce n'est

pas une nouvelle paroisse. Le vicaire qui « dessert la succursale n'est pas différent

(1) Edition de 1770.

por

« du vicaire qui travaille dans la paroisse « même. Il n'a que 150 ou 200 livres de <<tion congrue et est amovible. Les cires, les « oblations et le reste du casuel appartien« nent au curé, comme celles de la paroisse « même. Il y a cependant des fonts baptis<< maux dans la succursale; le Saint-Sacre«ment et les huiles des infirmes y sont gar« dés; parce que c'est surtout par rapport << aux enfans nouvellement nés et aux ma<< lades que cet éloignement est préjudicia«ble. Il n'est pas ordinaire qu'on y marie « et qu'on y enterre, parce que tout cela « peut se faire dans la paroisse sans incon« vénient. A l'égard des offices divins, la « grand'messe de paroisse, le prône, les in«structions, tout cela se fait à la succursale « les dimanches et les fêtes, à l'exception << des quatre grandes fêtes et celle du patron, << et la communion pascale, où le peuple « doit aller à la paroisse. »

Telle est l'idée qu'on avait autrefois d'une succursale; idée certainement reproduite par les auteurs des articles organiques: car, se servant du mot succursale, sans amendement, sans explication ni commentaire, né

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