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PENSÉES DÉTACHÉES

SUR LE MÊME SUJET'.

Les prophètes étaient vaincus par notre malice; Les prophètes étaient vaincus par notre malice; les docteurs ne profitaient pas; la loi était faible et parlait vainement; les anges mêmes et les archanges travaillaient inutilement au salut des hommes, dont la volonté ne suivait pas le bien où elle était excitée. Le Créateur est venu lui-même, non avec éclat ni avec un appareil superbe, de peur d'alarmer son serviteur fugitif et égaré de ses lois (quyáda twv vouwv). Il ne veut pas effrayer sa proie, la proie qu'il voulait prendre pour son salut. S'il était venu noblement, le monde eût attribué son changement à sa dignité, à sa puissance, à ses richesses, à son éloquence, à sa doctrine. Tout est humble, tout est pauvre, tout est obscur, méprisable; afin qu'il paraisse que la seule Divinité avait transformé le monde : une mère pauvre, une patrie encore plus pauvre; dans une crèche, pour se montrer la pâture même des animaux irraisonnables: car les Juifs étaient plus brutaux que les brutes mêmes. Étant riche, s'est fait pau

vre. Condescendance.

des formes sensibles. Le feu qui ne brûle point. Le juge parmi les criminels, qui ne condamne personne juge parmi les condamnés, qui n'envoie personne au supplice: juge qui ne juge pas, mais

qui enseigne ; qui ne condamne pas, mais qui guérit. La clémence de ce feu mystique qui pardonne au buisson, figure de la clémence de Jésus-Christ. Il éclaire, et ne consume pas; il brille, et ne brûle pas; il fait du bien, bien loin de blesser et de nuire. Dieu ne trouve rien de honteux de ce qui

peut donner le salut aux hommes.

La pensée devient intelligible par la parole, pensée (2óyos) est votre enfant en quelque sorte; palpable par l'écriture ainsi le Verbe. Votre vous l'enfantez une seconde fois, quand vous la rendez sensible: ainsi le Père. La parole que je prononce en moi se répand sur tous; propre à un

chacun comme à tous.

Dieu habite dans l'homme plus noble que tout le reste, que le soleil, etc. parce qu'il est libre, maître de soi-même.

la loi du prince, viole sa parole, qui, inviolable Comme celui qui déchire le papier où est écrite le corps dont elle s'est revêtu : ainsi le Verbe de par elle-même, est violée et comme déchirée dans

Dieu.

Il est venu à son serviteur, non avec la majesté d'un maître; car il aurait étonné son fugitif; l'atberté, en se faisant conserviteur, afin que nous tirant par son humilité à la familiarité, à la li

devinssions maîtres.

Une vertu céleste prit la forme d'une étoile, pour conduire les Chaldéens par une nature qui leur fût connue et familière. Le même qui a attiré les Mages fait la solennité présente, non couché dans la crèche, mais posé sur cette table sacrée. La crèche a enfanté cette table : il a été posé en Le Verbe s'est approprié un corps, se l'est rendu celle-là, afin qu'il pût être mangé en celle-ci. Cette propre, crèche a représenté cette table magnifique. Cette et en ce corps toutes les passions de ce Vierge a produit ce nombre innombrable de vier-point dire que Dieu habite en Christ, comme dans corps il se les est donc appropriées. Il ne faut ges. La pauvreté de Bethléem a bâti ces temples magnifiques. Ces pauvres langes ont produit la rémission des péchés. Voyez ce qu'a produit la pauvreté; combien elle a engendré de richesses. Pourquoi avez-vous honte de sa pauvreté, qui a produit tant de biens inestimables? Pourquoi lui ôtcz-vous ses plaies, qui ont fait la guérison des

nôtres ?

Nos membres (membra virginis), qu'il a pris, n'ont rien de honteux, puisque Dieu les a formés; mais c'est nous qui avons fait outrage à notre nature, en la livrant à nos convoitises. Il n'a pas méprisé notre nature, quoique nous l'ayons outragée nous-mêmes.

Dieu accoutumé de paraître aux hommes sous

Bossuet cite en tête de ces pensées l'homélie de Théodote d'Ancyre, sur la naissance du Sauveur, qui fut lue dans le concile d'Ephèse : il renvoie plus bas à deux autres homélies du même auteur; et par la comparaison que nous avons faite, nous nous sommes convaincus que le fond de ces pensées est tiré des trois homélies de Théodote. On les trouve au tome III des Conciles du père Labbe, col. 988 et suiv. (Édit. de Déforis.

une autre personne; ni que Christ est adoré, parce qu'il est uni au Verbe; ni qu'il est adoré avec lui, parce que c'est la même adoration. Il ne faut point séparer par la pensée ni par l'intelligence le Verbe et le Christ, en les unissant seulement de parole, comme faisait Nestorius. Mais toutes les fois que nous nommons le Verbe, nous devons entendre que l'homme est aussi compris sous ce nom: ainsi quand nous nommons Jésus, nous y comprenons le Verbe. C'est ce qui est expliqué passim, mais très-bien dans l'homélie de Theodotus.

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Parvulus natus est, datus est, Admirabilis': Un petit enfant nous est né, un fils nous est donné, il s'appelle l'Admirable : » qui détruit le où il est né, qui s'en fait un nouveau, de royaume ses ennemis et de ceux qui ne le connaissaient pas, par la croix, subjuguant par amour : Deducet et mirabiliter dextera tua2: « Votre droite vous fera << faire des progrès miraculeux et étonnants. » Con

Is. IX, 6. - Ps. XLIV, 6.

siliarius : Conseiller, qui « renverse tous les rai«sonnements humains, et tout ce qui s'élève avec hauteur contre la science de Dieu : »> Consilia destruentes; et omnem altitudinem extollentem se adversùs scientiam Dei1. Deus fortis : « Dieu Fort, qui soutient nos faiblesses par les sien

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« car ce qui paraît en Dieu faiblesse est « plus ⚫ fort que la force de tous les hommes : » Quod infirmum est Dei, fortius est hominibus'. Pater juturi sæculi« le Père du siècle futur : » tout réservé au temps à venir : rien au présent. Princeps pacis : « Le prince de la paix. » Pacem relinquo« Je vous laisse la paix : » Pax huic domui: «Que la paix soit dans cette maison: » Revertetur ad vos 4: « Votre paix reviendra à vous : » Pacem ei qui longè est, et qui propè 5 : « La paix à ceux qui sont éloignés comme à ceux qui se « trouvent proche: »> « La paix qui surpasse toutes ⚫pensées, qui garde les cœurs et les esprits en Jésus-Christ: » Pax Dei quæ exsuperat omnem sensum, custodiat corda vestra et intelligentias in Christo Jesu 6.

La chair a été ennoblie, et non la divinité dégradée. Dieu relève ce qu'il prend, et ne perd pas ee qu'il communique.

Le grand pape saint Léon7 nous enseigne que les œuvres qu'un Dieu Sauveur a accomplies pour notre salut, ne sont pas seulement des grâces, mais des secours; que tout ce qui nous rachète, nous parle; enfin, que tous les mystères sont des exemples: si bien que le chrétien doit imiter tout ce qu'il croit.

Apparuit gratia Dei : « La grâce de Dieu nous a paru. » Dans tous les mystères que Dieu accomplit pour notre salut, il y a toujours trois choses à considérer. Tous les mystères contentent nos désirs par quelque don, dirigent nos mœurs par quelque exemple, excitent notre espérance par quelque promesse (car tout ce qui s'accomplit dans le temps, a son rapport à la vie future). Si bien qu'il faut toujours y considérer la grâce qu'ils nous apportent, les instructions qu'ils nous donnent, la gloire qu'ils nous proposent. L'apôtre n'a rien omis, et conduit successivement les fidèles par tous ces degrés. Apparuit gratia Dei Salvatoris nostri omnibus hominibus : « La grâce de Dieu notre Sauveur a paru à tous les hommes : >> là il nous propose la grâce que Jésus naissant nous apporte. Erudiens nos 9 : « Elle nous a appris : » là il nous découvre les vertus que Jésus naissant

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nous enseigne. Expectantes beatam spem1; « étant toujours dans l'attente de la béatitude que << nous espérons : «< là il nous fait voir le grand et admirable spectacle que Jésus naissant nous fait attendre.

Après avoir expliqué ce pieusement.... Que sile monde nous appelle à ses spectacles, nous attendons un autre spectacle, Jésus-Christ nous fait attendre un retour. Il est venu pour semer, il vien. dra pour recueillir; [il est venu] pour confier le talent, [il viendra] pour en exiger le profit: [il est venu] pour détruire la fausse gloire, [ il viendra ] pour établir la véritable.

Nostræ cœnæ, nostræ nuptiæ nundum sunt2. « Nos jeux, nos fêtes, nos banquets ne sont pas « encore prêts. » Laissez-moi achever le temps de mon deuil. La vie chrétienne, la vie pénitente [est un] deuil spirituel : [nous sommes] consacrés à la mort par le saint baptême. [ Le pécheur] déplore la mort, non de son époux ni de son père, mais de son âme, la perte de son innocence. État de l'Église, est un état de viduité et de désolation : [elle a] perdu en son époux plus de la moitié d'elle-même.

FRAGMENT

SUR LES MYSTÈRES

DE LA SAINTE ENFANCE

DE NOTRE-SEIGNEUR :

POUR LE DIMANCHE DANS L'OCTAVe de noel.

Erant pater ejus et mater mirantes.

Son père et sa mère étaient étonnés. Luc. 11, 33.

Je remarque dans l'Évangile que le caractère particulier des mystères de la sainte enfance de Jésus-Christ Notre Sauveur, c'est d'imprimer dans les âmes, par leur profondeur, par leur simplicité, par leur sainteté, un étonnement intime et secret des voies inconnues de Dieu et de sa sagesse cachée. Un enfant naît dans une étable, pauvre, inconnu, méprisé; et toutefois, ô prodige! le ciel et la terre s'en remuent, les anges descendent, une étoile nouvelle brille, les pasteurs le font connaître dans Bethléem, les Mages dans la ville royale, Siméon et Anne dans le temple même ceux qui sont de loin, le cherchent; ceux. qui sont près le méconnaissent ou le persécutent. Dieu fait des miracles inouïs pour le découvrir,, et dans la suite il en fait de non moins surprenants

Tit. i. 13.

3 Tertull. de Spectac. n° 28.

pour le cacher. Le ciel se déclare en sa faveur, et a peine peut-il trouver un asile dans toute la terre. On lui prédit tout ensemble, et des grandeurs extraordinaires et des humiliations terribles. Que peut faire une âme religieuse dans un si grand mélange de choses si sagement rassemblées, sinon de se laisser jeter insensiblement avec Joseph et Marie dans cette sainte admiration que je lis dans mon Évangile? Erant pater ejus et mater mirantes : « Son père et sa mère étaient étornés. » Je ne puis vous dire, mes sœurs, combien de grâces étaient renfermées dans cet étonnement sacré; un recueillement très-profond, une secrète attention à ce qui se passe, une attente respectueuse de je ne sais quoi de grand et de relevé qui se prépare, une dépendance absolue des desseins cachés de Dieu, un abandon aveugle à sa grande et occulte providence. Voilà les saintes dispositions, ou plutôt voilà les grandes vertus qui sont renfermées dans cette admiration de la sainte Vierge: Erant mirantes: et j'espère que nous entrerons dans ces mêmes sentiments par son entremise, que nous lui allons demander avec les paroles de l'ange. Ave.

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Qui est celui, dit le Sage, qui a mesuré les « hauteurs du ciel et les profondeurs de l'abîme1? c'est-à-dire : Qui est celui qui a pu comprendre, et les grandeurs infinies d'un Dieu considéré en lui-même, et les profondes bassesses d'un Dieu anéanti pour l'amour de nous? L'un et l'autre secret est impénétrable à la créature; et comme elle s'y perd en les contemplant, il ne lui reste qu'à les adorer avec un étonnement religieux. Aussi voyons-nous dans les saintes lettres, que les anges, qui voient face à face la gloire et la majesté d'un Dieu régnant, sont contraints de baisser la vue et de se cacher devant lui comme étonnés de sa grandeur; et les hommes qui sont appliqués par un ordre particulier à contempler les profondeurs d'un Dieu abaissé, ne pouvant trouver le fond d'un si grand abîme, sont jetés dans un pareil étonnement, ainsi que nous le lisons dans notre Évangile. Erant pater ejus et mater mirantes : « Son père et sa mère étaient étonnés. »

a

J'ai déjà remarqué, mes sœurs, que cet étonnement religieux est le véritable sentiment de l'âme par lequel nous devons honorer les profondes et inconcevables conduites de Dieu dans l'enfance de son Fils: et pour entrer comme nous devons dans cette sainte disposition, considérons attentivement toutes les circonstances particulières de l'histoire de ce Dieu enfant. Ainsi mon

1 Eccl. 1, 2.

|

dessein n'est pas aujourd'hui de vous parler simplement de la naissance de notre Sauveur, mais de vous représenter comme en raccourci tous les mystères de sa sainte enfance, auxquels ce temps est consacré, avec leurs secrets rapports à l'œuvre de la rédemption de notre nature; afin que contemplant d'une même vue, autant que le SaintEsprit nous l'a révélé, tout l'ordre et l'enchaînement des desseins de Dieu sur cet enfant, nous nous perdions dans l'admiration de ses conseils et de sa sagesse : Erant mirantes. Voilà, mes très-chères sœurs, le dessein que je me propose: mais de peur que nos esprits ne s'égarent, je réduirai à trois points cette pieuse méditation de l'enfance du Sauveur des âmes. Cet enfant a été découvert au monde; il a été caché au monde; il a été persécuté par le monde. Il a été découvert; et les pasteurs, et les Mages, et le vénérable vieillard Siméon, et Anne, cette sainte veuve, en sont des témoins fidèles. Ensuite il a été caché; et sa fuite précipitée en Égypte, et la retraite obscure de Nazareth en sont une preuve suffisante. Il a été persécuté; et la cruelle jalousie d'Hérode, et le meurtre des saints Innocents le font bien connaître. Tels sont les trois sujets d'admiration que j'ai à vous proposer en Jésus enfant. Les voies nouvelles et imprévues par lesquelles Dieu le manifeste, les ténèbres profondes et impénétrables dans lesquelles Dieu le retire et le cache; les persécutions inopinées par lesquelles Dieu l'exerce; et par lui sa sainte famille : ce sont les trois vérités que je veux considérer avec vous, mes sœurs, afin que nous apprenions tous ensemble, et à recevoir ses lumières quand il se découvre, et à révérer ses ténèbres quand il se cache, et à nous unir à ses souffrances. Il se cache, aimons son obscurité; il se montre, suivons ses lumières; il souffre, unissons-nous à ses peines.

Jésus ne doit pas dégénérer de sa haute et admirable bassesse. S'il [y a] de la honte [de ce] qu'il se cache, [il y en a] bien plus de ce qu'il se découvre; [c'est pour se manifester à] de pauvres bergers : c'est à eux auxquels il envoie ses anges. Mon Sauveur, cachez-vous plutôt. Orgueil humain; on veut se faire connaître des grands, et on aime mieux la retraite et l'obscurité tout entière [que de n'être connu que des petits]. Mais mon Sauveur veut porter toute cette honte, et celle d'être caché, et celle d'être découvert seulement aux pauvres et aux méprisables du monde. Il ne faut pas s'étonner si celui qui est innocent s'attache premièrement où il trouve le moins de corruption, et où la nature est moins gâtée [et tel est l'état des pauvres ]. Leur condition met plus à couvert des égarements de la présomption, des folies et des extravagances de la

vanité : il n'y trouve pas ce faste affecté, cet air | choquée. N'est-ce pas au médecin à nous mêler superbe et dédaigneux; mais s'il reste quelque la médecine, à mesurer la dose?

trace de la justice et de l'innocence, c'est là ce qu'il cherche, [c'est parmi eux qu'elle se conserve]. N'importe qu'ils soient occupés à garder les bêtes il y a plus d'innocence dans ces emplois bas, que dans ceux que le monde admire; plus de dépravation dans les affaires humaines, plus de malignité à conduire et à gouverner les hommes. Les animaux marchent d'une voie droite, les hommes se sont dévoyés. [On entrevoit] je ne sais quoi de plus innocent dans les créatures qui sont demeurées dans la pureté de leur être, sansavoir en rien altéré l'ouvrage du Créateur. Ce sont des esprits grossiers, mais ils ne se dissipent pas dans de vaines subtilités ; mais ils ne s'égarent pas dans des présomptions extravagantes. Mais Dieu ne cherche pas dans l'esprit des hommes, la vivacité, la pénétration, la subtilité; mais la seule docilité et humilité pour se laisser enseigner de lui. Qu'il ne soit pas capable d'entendre, c'est assez qu'il le soit de croire. Rien n'est plus insup portable au cœur de Dieu, que des hommes qui s'imaginent, ou pénétrer ses mystères par leur subtilité, ou mesurer ses grandeurs par leurs pensées, ou attirer ses bienfaits par leurs seuls mérites, ou avancer ses ouvrages par leur industrie, ou lui être nécessaires par leur puissance. C'est pourquoi « Dieu a choisi peu de sages selon la chair, peu de puissants et peu de nobles: >> Non multi sapientes secundùm carnem, non multi potentes, non multi nobiles'. Il en vient néanmoins de ces sages, les Mages; mais après l'étoile, mais toujours prêts à retourner par une autre voie de ces riches et de ces puissants; l'opinion publique les a couronnés. Trois conditions offrir son or à Jésus, ses richesses à ses membres son encens, lui rendre hommage de sa grandeur : sa myrrhe, lui présenter au milieu des pompes du monde le souvenir de sa mort, la mémoire de sa sépulture : grand et agréable sacrifice de la main des grands!

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Que nous sacrifions volontiers à Dieu des plaisirs médiocres! que nous mettons volontiers au pied de la croix des contradictions légères et des injures de néant! que nous sommes patients et humbles, lorsqu'il ne faut que donner à Dicu des choses qui ne coûtent rien à la nature ! Choisissezmoi toute autre croix : je veux bien souffrir; mais non pas cela: mais toujours celle qui arrive, c'est celle que nous refusons. Nous voulons bien des croix, pourvu qu'elles ne soient pas croix, des peines qui ne soient pas peines, et des contradictions, pourvu que notre humeur n'en soit pas

11 Cur., 1, 2.

PREMIER SERMON

POUR LA FÊTE

DE LA CIRCONCISION

DE NOTRE-SEIGNEUR,

PRÊCHÉ A METZ.

Royauté de Jésus-Christ : en quoi elle consiste : comment il l'a acquise: de quelle manière il l'exerce : infidélité et ingratitude de ses sujets. Excellence de son sacerdoce.

Vocabis nomen ejus Jesum, ipse enim salvum faciet populum.

Vous appellerez son nom Jésus ; car c'est lui qui sauvera le peuple. Matth. 1, 21.

Aujourd'hui le Dieu d'Israël, qui est venu vifait sa première entrée en son temple: aujourd'hui siter son peuple, revêtu d'une chair humaine, le grand prêtre du Nouveau Testament, le sou

verain sacrificateur selon l'ordre de Melchisé-
dech, se met entre les mains des pontifes suc-
cesseurs d'Aaron, qui portait la figure de son
sacerdoce : aujourd'hui le Dieu de Moïse se sou-
met volontairement à toute la loi de Moïse :
aujourd'hui l'Ineffable, dont le nom est incom-
préhensible, daigne recevoir un nom humain, qui
lui est donné par la bouche des hommes, mais par
l'instigation de l'esprit de Dieu. Que dirai-je ? où
me tournerai-je, environné de tant de mystères?
parlerai-je de la circoncision du Sauveur, ou bien
de l'imposition du nom de Jésus; de cet aimable

nom,
les délices du ciel et de la terre, notre uni-
que consolation durant le pèlerinage de cette vie?
Et la solennité de cette église, et je ne sais quel
mouvement de mon cœur m'incite à parler du
nom de Jésus, et à vous en faire voir l'excellence,
autant qu'il plaira à Dieu de me l'inspirer par
sa grâce.

"

Jésus, c'est-à-dire, Sauveur, & nom de douceur et de charité! « Mon âme, bénissez le Seigneur, << et que tout ce qui est en moi-même rende les louanges à son saint nom : » Benedic, anima mea, Domino'. Parlons du nom de Jésus, découvrons-en le mystère, faisons voir l'excellence de la qualité de Sauveur, et combien il est glorieux à notre grand Dieu et Rédempteur Jésus-Christ, d'avoir exercé sur nous une si grande miséricorde, et de nous avoir sauvés par son sang. Que tout ce temple retentisse du nom et des louanges du Sauveur Jésus. Ah! si nous avions les yeux assez

Ps. cu, I.

purs, nous verrions toute cette église remplie d'anges de toutes parts pour y honorer la présence du Fils de Dieu; nous les verrions s'abaisser profondément au nom de Jésus, toutes les fois que nous le prononcerons dans la suite de ce discours. Abaissons-nous aussi en esprit ; et adorant en nos cœurs notre aimable Sauveur Jésus, prions aussi la sainte Vierge, sa mère, de nous le rendre propice par ses pieuses intercessions. Ave, etc.

pas l'origine, nous apprend à réclamer Dieu dans toutes les nécessités de la vie ? Dans toutes nos afflictions, dans tous nos besoins, un secret instinct élève nos yeux au ciel, comme si nous sentions en nous-mêmes que c'est là que réside l'arbitre des choses humaines. Et ce sentiment se remarque dans tous les peuples du monde, dans lesquels il est resté quelques traces d'humanité, à cause qu'il n'est pas tant étudié qu'il est naturel, et qu'il naît en nos âmes, non tant par doctrine que par instinct. C'est une adoration que les païens mêmes rendent, sans y penser, au vrai Dieu ; c'est

«

Tertullien, « le témoignage de l'âme naturellement chrétienne: » testimonium animæ naturaliter christianæ 1. Voilà déjà le premier mouvement que notre nature a de commun avec la nature angélique.

Comme nous avons quelques inclinations qui nous sont communes avec les animaux, et qui ressentent tout à fait la bassesse de cette demeure-le christianisme de la nature, ou, comme l'appelle terrestre dans laquelle nous sommes captifs; aussi certes en avons-nous d'autres d'une nature plus relevée, par lesquelles nous touchons de bien près aux intelligences célestes qui sont devant le trône de Dieu, chantant nuit et jour ses louanges. Les bienheureux esprits ont deux merveilleux mouvements: car ils n'ont pas plutôt jeté les premiers regards sur eux-mêmes, que, reconnaissant aussitôt que leurs lumières sont découlées d'une autre lumière infinie, ils retournent à leur principe d'une promptitude incroyable, et cherchent leur perfection où ils trouvent leur origine. C'est le premier de leurs mouvements. Puis chaque ange considérant que Dieu lui donne des compagnons, qui dans une même vie et dans une même immortalité conspirent au même dessein de louer leur commun Seigneur, il se sent pressé d'un certain désir d'entrer en société avec eux. Tous sont touchés les uns pour les autres d'une puissante inclination; et c'est cette inclination qui met l'ordre dans leurs hiérarchies, et établit entre leurs légions une sainte et éternelle alliance.

Or, encore qu'il soit vrai que notre âme, éloignée de son air natal, contrainte et presque accablée par la pesanteur de ce corps mortel, ne fasse paraître qu'à demi cette noble et immortelle vigueur dont elle devrait être toujours agitée : si | est-ce néanmoins que nous sommes d'une race divine, ainsi que l'apôtre saint Paul l'a prêché avec une merveilleuse énergie en plein conseil de l'Aréopage: Ipsius enim et genus sumus'. Il a plu à notre grand Dieu, qui nous a formés à sa ressemblance, de laisser tomber sur nos âmes une étincelle de ce feu céleste qui brille dans les esprits angéliques; et si peu que nous puissions faire de réflexion sur nous-mêmes, nous y remarquerons aisément ces deux belles inclinations que nous admirions tout à l'heure dans la nature des anges.

En effet, ne voyons-nous pas que sitôt que nous sommes parvenus à l'usage de la raison, je ne sais quelle inspiration, dont nous ne connaissons

Act. xvII, 28.

D'ailleurs il paraît manifestement que le plaisir de l'homme, c'est l'homme. De là cette douceur sensible que nous trouvons dans une honnête conversation. De là cette familière communication des esprits par le commerce de la parole. De là la correspondance des lettres; de là, pour passer plus avant, les États et les républiques. Telles sont les deux premières inclinations de tout ce qui est capable d'entendre et de raisonner. L'une nous élève à Dieu, l'autre nous lie d'amitié avec nos semblables. De l'une est née la religion, et de l'autre la société. Mais d'autant que les choses humaines vont naturellement au désordre, si elles ne sont retenues par la discipline, il a été nécessaire d'établir une forme de gouvernement dans les choses saintes et dans les profanes ; sans quoi la religion tomberait bientôt en ruine, et la société dégénérerait en confusion. Et c'est ce qui a introduit dans le monde les deux seules autorités légitimes, celle des princes et des magistrats, celle des prêtres et des pontifes. De là la puissance royale, de là l'ordre sacerdotal.

Ce n'est pas ici le lieu de vous expliquer, ni laquelle de ces deux puissances a l'avantage sur l'autre, ni comme elles se prêtent entre elles une mutuelle assistance. Seulement je vous prie de considérer qu'étant dérivées l'une et l'autre des deux inclinations qui ont pris dans le cœur de l'homme de plus profondes racines, elles ont acquis justement une grande vénération parmi tous les peuples, elle sont toutes deux sacrées et inviolables. C'est pourquoi les empereurs romains, les maîtres de la terre et des mers, ont cru qu'ils apporteraient un grand accroissement à leur dignité, s'ils ajoutaient la qualité de souverain pontife à ces noms magnifiques d'Auguste, de César, de triomphateur; ne doutant pas que les peuples 1 Apolog. n° 17.

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