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terre survint fort à propos, le geolier fut gagné ou converti; les magistrats croyant avoir assez puni les missionnaires leur permirent de s'en aller; mais alors, comme on a dit, ils se déclarèrent citoyens Romains, et ne voulurent s'en aller qu'après que les magistrats intimidés eurent consenti à leur faire réparation d'hon

neur.

Nonobstant les merveilles que Paul faisoit durant sa mission, des bruits désavantageux l'accompagnoient par-tout, ou le suivoient de près dans toutes les villes où il passoit, ensorte que ni lui, ni ses camarades ne pouvoient long-tems séjourner dans les mêmes endroits. Ils ne firent que passer par Amphipolis et Apollonie, et se rendirent à Thessalonie, où en très-peu de tems la ville fut en allarmes. Jason leur hôte, comme on a vu, fut maltraité à leur occasion; on se plaignit que nos missionnaires bouleversoient tout, et en prêchant un autre roi que César sembloient vouloir tramer une conspiration. En conséquence, comme l'accusation étoit grave, les frères firent évader Paul et Silas pendant la nuit.

Arrivés à Bérée, nos deux aventuriers excitèrent bientôt les mêmes troubles. Paul se rendit à Athènes où les philosophes qui l'entendirent le prirent pour un discoureur dont le cerveau s'étoit troublé. Il eut quelque succès à Corinthe, où il demeura un an et demi ou deux ans. Cependant, malgré ses succès qui furent trèslents sans doute, il eut le chagrin d'être obligé de travailler de son ancien métier de faiseur de tentes, ce qui devoit paroître fort dur à ún prédicateur fait pour vivre de l'autel, c'est-à-dire dont le commerce consistoit à vendre des denrées spirituelles à ceux qui s'en-gageroient à lui donner de quoi subsister honorablement: c'est le trafic du clergé. Au reste S. Paul a soin Tome IV. V

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de se vantet aux Corinthiens de son grand désintéressement. Il leur fait sentir qu'il n'a point voulu leur être à charge; par où il semble avoir voulu leur faire des reproches indirects, capables de piquer leur amourpropre et d'exciter leur générosité envers le saint homme qui travailloit à leur salut (1). Les Corinthiens s'étoient peut-être imaginé que des hommes qui faisoient des miracles n'avoient besoin de rien: mais nos faiseurs de prodiges ne savoient se procurer leurs besoins que par des voies ordinaires ou naturelles. Ils étoient comme les adeptes qui sont toujours dans la misère quoiqu'ils offrent aux autres le secret de faire de l'or.

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Il y a lieu de croire que Paul fit de grands miracles chez les Corinthiens; au moins il leur dit lui-même : » les marques de mon apostolat ont paru parmi vous » dans toute sorte de tolérance et de patience, dans les miracles, dans les prodiges et dans les effets extraordinaires de la puissance divine (2)». Cependant nous trouvons que ces miracles n'avoient pas encore suffisamment convaincu les Corinthiens puisque Paul leur dit plus loin » Est-ce que vous voulez éprouver la » puissance de Jésus-Christ, qui parle par ma bouche, qui n'a point paru foible mais très - puissant parmi " vous (3)"? A l'égard des miracles opérés par Paul à Corinthe, nous n'en avons pour garant que lui-même, et c'est assez ; l'auteur des actes des Apôtres, quoique très-facile sur cet article, ne nous dit pas qu'il en ait fait dans cette ville; nous pouvons l'en croire, sur-tout puisque notre Apôtre y séjourna long-tems, ce qui ne

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(1) TI. Ep. aux Corinth. XI, v. 7, 8, 6, 16. Ibid. XII, vs. 15 Voyez encore 1. Ep. aux Corinth. chap.. IX, vs. 11, 13, 24. (2) II. Ep. aux Corinth, chap. XII, vs. 12. (3) II. Ep. aux Corinth. chap. XIII, vs. 3.

lui arrivoit pas d'ordinaire dans les endroits où il daignoit en faire; ces miracles, comme on l'a fait remarquer, l'obligeoient presque toujours à se sauver par l'indignation publique qu'ils ne manquoient pas d'exciter. Il fut obligé de sortir d'Ephèse où l'on assure qu'il fit un grand nombre de miracles et où ses mouchoirs et les linges qui l'avoient touché guérissoient les maladies(1) et chassoient les démons du corps des possédés: il part de Troade immédiatement après avoir ressuscité un mort, ou du moins après avoir assuré qu'un jeune homme cru mort ne l'étoit nullement. Enfin dans l'isle de Malthe il se guérissoit lui-même de la morsure d'un vipère, soit parce que cet animal ne l'avoit point réellement mordu, soit en appliquant le feu à la morsure, remède très-naturel, mais qui pouvoit être inconnu des habitans de l'Isle, comme on l'a déjà remarqué.

CHAPITRE X I X.

Analyse abrégée des écrits attribués à Saint Paul.

APRÈS

PRÈS avoir examiné le caractère de S. Paul dans sa conduite, il est à propos de faire quelques réflexions sur ses écrits; elles serviront à jetter un plus grand jour sur cet homme célèbre à qui le christianisme a tant d'obligations. Si nous nous en rapportons aux ouvrages qu'on lui attribue, cet Apôtre des Gentils devoit être un composé fort extraordinaire de qualités disparates qui en faisoient un tout assez inexplicable. Il nous apprend lui-même qu'il y avoit deux hommes en

(2) Actes des apôtres, XIX. 12.

lui, le vieil homme et l'homme nouveau; l'homme juste et l'homme pécheur. Il avoit deux corps, l'un naturel et l'autre spirituel; le corps de péché et de mort, et le corps de justice et de vie. Il avoit au dedans de lui-même deux loix qui régloient ses actions, la loi de péché et la loi de justice; la loi de la chair et la loi de l'esprit. Jamais pauvre mortel ne fut plus tourmenté et tiraillé que notre Apôtre, de son propre aveu, l'étoit par ces deux personnages distincts, et par ces deux loix opposées qu'il avoit au dedans de lui-même. L'homme charnel lui fait dire : « je sçai qu'il n'y a rien de bon » en moi, c'est-à-dire, dans ma chair, parce que je » trouve en moi la volonté de faire le bien, mais je ❞ ne trouve point le moyen de l'accomplir: car je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux pas. Que si je fais ce que je ne veux pas, » ce n'est plus moi qui le fais, mais c'est le péché qui » habite en moi. Lors donc que je veux faire le bien, je trouve en moi une loi qui s'y oppose, parce que » le mal réside en moi &c. malheureux homme que je suis qui me délivrera de ce corps de mort! Ce » sera la grace de Jésus-Christ notre Seigneur. Et » ainsi je suis moi-même soumis et à la loi de Dieu selon l'esprit, et à la loi de péché selon la chair (1) ». Dans d'autres endroits l'homme spirituel lui fait tenir tout un autre langage: il assure aux Galates qu'il est identifié avec Jésus-Christ et crucifié avec lui : « Je

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vis, dit-il, ou plutôt ce n'est plus moi qui vis, » mais c'est Jésus-Christ qui vit en moi (2). D'ailleurs il dit aux Romains : « la loi de l'esprit de vie qui est en Jésus-Christ m'a délivré de la loi de péché et de

(1) Ep. aux Romains, VII, 18, 19, 20.

(2) Galat. II, 19 et 20.

» mort (1)». Il est certain que cette duplicité de nanature et de loi dans Saint Paul et avonée par luimême, est propre à nous jetter dans les plus grands embarras. En effet comment savoir distinguer dans sa conduite ou ses discours ce qui vient du vieil homme, de la chair, du péché, de la mort, de ce qui doit être attribué à l'homme nouveau, à l'esprit, à la justice, à la vie, à la grace de Jésus-Christ? Est-il bien possible dans le tems où nous sommes de nous assurer de ce qui dominoit en S. Paul dans les momens où il parloit, agissoit, écrivoit? Peut-être que les maximes et les dogmes que les chrétiens admirent le plus en lui n'ont été que des suggestions de la chair et des fruits de vieil homme, et que ce vieil homme influoit souvent sur sa conduite, qui, comme on a vu, ne fut pas toujours irréprochable. En un mot les aveux de ce grand Apôtre sont de nature à jetter les chrétiens, même les plus affermis, dans des incertitudes dont, sans des graces surnaturelles, ils auront beaucoup de peine à se tirer.

Au reste ces aveux peuvent servir à nous rendre compte des inconséquences, des contradictions, des absurdités, des mauvais raisonnemens, des sophismes, des idées décousues que nous rencontrons à chaque page des écrits attribués à S. Paul. Il est à présumer que c'est l'Esprit - Saint ou Jésus-Christ qui parle lorsqu'il se montre raisonnable : ce seroit un blasphême de dire ou de penser qu'ils pussent déraisonner; dans ce cas nous dirons que c'est S. Paul, ou sa chair, qui parle lorsque nous trouvons chez lui de mauvais argumens, des extravagances, un galimathias inintelligible. On ne peut pas supposer que l'Esprit de Dieu

(1) Romains VIII, 2.

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