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plès ne durent point mettre de grands obstacles à son admission dans le collège apostolique. Il ne fut question que de s'expliquer et de convenir des faits. Les chefs de la secte durent être très-flattés de voir leur parti faire la conquête d'un adversaire incommode qui venoit de lui-même leur offrir ses services. Sa conversion opérée par un miracle faisoit honneur à la mission, et montroit au vulgaire la protection du ciel qui changeoit le cœur des ennemis les plus acharnés des chrétiens. Comme Paul n'ignoroit pas que dans ce parti on faisoit très-grand cas des miracles, des visions, des révélations, il crut que il crut que c'étoit la porte la plus favorable pour y entrer et pour se rendre agréable aux apôrres; ils le reçurent à bras ouverts, bien assurés de la sincérité d'un homme qui, après avoir fait un pareil éclat, ne pouvoit plus reculer sans se rendre également odieux aux Chrétiens et aux Juifs.

Enfin Paul, parmi les autres talens qui pouvoient le rendre propre à propager la nouvelle religion, savoit suivant les apparences, l'Hebreu, le Grec et le Latin, tandis que, malgré le don des langues, on ne v oit pas que les autres apôtres aient eu les mêmes avantages. En effet, nous les voyons rester à Jérusalem, ne precher qu'à des Juifs, tandis que le nouvel apôtre étendoit ses conquêtes spirituelles dans les provinces de l'Asie et de la Grèce, où sans lui il paroît que l'évangile n'eût pas été prêché de si-tôt.

Lié une fois à la nouvelle secte, Paul eut sans doute le plus grand intérêt de la répandre, de fortifier son parti, de se faire des sectateurs, afin d'avoir des appuis et de règner sur un plus grand nombre de dévots. Ainsi de quelque façon qu'on envisage les choses, notre apôtre, soit dans sa conversion, soit dans sa prédication, ne fut rien moins que dégagé d'intérêts.

Tout missionnaire à nécessairement de l'ambition; il se propose de dominer sur les ames, et tout nous prouve que St. Paul n'étoit nullement exempt de cette passion inhérente à tous les fondateurs de sectes. Bien plus après avoir une fois établi sa puissance ecclésiastique, nous le voyons souvent ne pas négliger ses intérêts personnels, faire sentir à son troupeau qu'il 'est très-juste que le prêtre vive de l'autel, en un mot s'occuper des émolumens de la prédication. Que celui, dit-il, que l'on instruit dans les choses de la foi, assiste de ses biens en toute manière celui qui instruit (1). Il parle sur le même ton aux Thessaloniciens (chap. V. verset 12.). Il les prie de considérer beaucoup ceux qui les gouvernent selon le Seigneur : il leur recommande pareillement de leur montrer une charité abondante.

Au reste, St. Paul n'est point ingrat, comme ses successeurs, des bienfaits qu'il a reçus. Il remercie les Philippiens pour l'avoir secouru dans ses besoins par deux fois. Il paroît que de son tems les apôtres nė possédoient pas encore de droit divin ce que les hommes avoient la bonté de leur donner : mais depuis, les membres du clergé ont assuré qu'ils tenoient de Dieu seul ce qu'ils obtenoient de la générosité des princes et des peu-, ples, ce qui les dispense évidemment d'en montrer de la reconnoissance à personne.

(1) Epitre aux Galates, chap. VI, v. 6.

CHAPITRE XI I.

Du ton Imperieux de Saint Paul et de ses vues

politiques.

IL paroît par les écrits attribués à St. Pau Ì

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que l'empire qu'il exerçoit sur les membres qu'il avoit acquis à sa secte n'étoit rien moins que doux. Pour se convaincre de cette vérité il ne faut que lire la façon dont ce despote spirituel parle aux fidèles de Corinthe. «Je prends Dieu à témoin, leur dit-il, et je veux bien qu'il me punisse si je ne dis la vérité, que ç'a » été pour vous épargner que je n'ai point voulu aller

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à Corinthe" (1). Il dit ailleurs: « Je vous écris pour » yous éprouver, et afin de reconnoître si vous êtes » obéissans en toutes choses » (2). Il menace les Corinthiens et leur dit : « Je viens encore une fois parmi » vous, je ne pardonnerai, ni à ceux qui avoient péché auparavant, ni à tous les autres » (3). Enfin il justifie le ton qu'il prend en disant : « Je vous écris ceci étant absent, afin de n'avoir pas lieu, lorsque » je serai présent, d'user avec sévérité de la puissance » que le Seigneur m'a donnée pour édifier et non pour

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détruire". C'est apparemment en vertu du droit de châtier que St. Paul ici s'attribue, que les pontifes et les prêtres des chrétiens se sont depuis arrogé une puisşance spirituelle illimitée sur les pensées de leurs sujets. Peu-à-peu leur empire s'est étendu sur les

(1) Voyez 2. épitre aux Corinthiens, ahap. I, v. 23.

(2) Ibid. chap. II, v. 9.

(5) Ibid. chap. XIII, v. 2 et 10.

corps ;

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prêtres chrétiens, enchérissant sur l'apôtre à qui le Seigneur n'avoit donné que la puissance pour édifier, se sont encore servis de cette puissance pour détruire ceux qu'ils ne trouvoient pas assez dociles à leurs décisions. Si St. Paul n'a pas exercé sur ses brebis un pouvoir aussi étendu, c'est sans doute parce que, comme nos pasteurs, il n'avoit point encore à ses ordres des princes, des magistrats et des soldats propres à exécuter ses saintes volontés avec son génie impérieux il y a lieu de croire qu'il se seroit conduit de même que plusieurs pères de l'église, que les pontifes de Rome et que la sainte inquisitior.

On voit encore que l'Apôtre, peu content de juger šans appel des affaires spirituelles, vouloit de plus se rendre maître de la décision des procès. Comment, dit-il, se trouve-t-il quelqu'un par ni vous qui ayant un différend avec son frère ose l'appeller en jugement devant les méchans et les infidèles, et non pas devant les Saints? Ne savez-vous pas que les Saints doivent juger le monde (1): Ce passage prouve évidemment que l'Apôtre, dans la profondeur de sa politique, avoit dès-lors formé le projet de rendre les Saints, c'est-àdire, le clergé, arbirres de la fortune des fidèles comme de leurs consciences. En effet, il ajoute, ne savezvous pas que nous serons les juges des anges mêmes? combien plus le devons-nous être de ce qui ne regarde que la vie présente? On ne peut assez admirer la mo

(1) I. Epitre aux Corinthiens, VI, v. 1 et 2. Pour peu qu'on lise attentivement les actes des apôtres, leurs épitres et l'histoire des pre-, miers chrétiens, on sera convaincu que les premiers fondateurs du christianisme se sont proposé de faire de leurs proselytes une associaion particulière indépendante du magistrat civil, et dépendante uniquement de ses chefs spiritucks. Un apôtre, un évèque, un missionaire furent des ambitieux dont l'objet fut toujours de regner seuls sur leurs troupeaux, et de vivre honorablement à leurs dépens.

dération du clergé chrétien pour n'avoir pas toujours fait usage à la rigueur d'un texte si décisif, qui lui attribue formellement le droit de juger toutes les affaires temporelles ou qui regardent la vie présente. En effet d'après ce passage, il paroît que les chrétiens dans leurs affaires ne devroient avoir d'autres juges et même d'autres souverains, que l'église. C'est d'après ces maximes que nos prêtres sont devenus des censeurs, ou une sorte de magistrats, qui se sont mêlés de tout, qui ont prétenda juger de la légitimité des actes civils, des naissances, des mariages, dont ils se rendirent les arbitres; en un mot ils s'emparèrent des hommes dès qu'ils furent nés, et réglèrent tous leurs mouvemens jusqu'à la mort. Enfin c'est d'après ces prétentions que les papes se sont impudemment arrogé le pouvoir de disposer des couronnes, d'exciter des soulevemens et des guerres, de prononcer sur les droits des souverains et des peuples.

les

Il n'est pas surprenant que les chefs de l'église chrétienne ayent de tout rems montré S. Paul comme un homme tout divin, l'ayent appellé l'apôtre par excellence, ayent inspiré pour ses écrits une vénération profonde, ayent fait regarder comme des oracles du Saint Esprit. Cet Apôtre fut évidemment le premier architecte de l'église. On peut sur-tout le regarder comme le vra fondateur de l'hierarchie ecclésiastique. C'est à lui que sont dus les prérogatives, les priviléges, les droits divins des évêques et les prétentions du clergé. S. Paul établit des évêques, leur as igna des droits, et jetta dans ses écrits les premiers fondemens de la puissance spirituelle, qui depuis se rendit formidable à la puissance temporelle. L'inventeur de tant de choses utiles pouvoit-il manquer d'être l'organe de la divinité ?

Cependant, pour peu qu'on lise avec réflexion les. évangiles, on trouvera que Jésus n'avoit aucunement

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