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SE dit, dans l'écriture, de l'enfer et des lieux les plus profonds de la mer, et du chaos qui étoit couvert de ténèbres au commencement du monde, et sur lequel l'esprit de Dieu étoit porté. Les anciens Hébreux, de même que la plupart des Orientaux', encore à présent, croient que l'abyme, la mer les cieux environnoient toute la terre; que la terre étoit comme plongée et flottante sur l'abyme; à-peu-près, disent-ils comme un melon d'eau nage sur l'eau et dans l'eau, qui le couvre dans toute sa moitié. Ils croient de plus que la terre étoit fondée sur les eaux, ou du moins qu'elle avoit son fondement dans l'abyme. C'est sous ces eaux et au fond de cet abyme, que l'écriture nous représente les géans qui gémissent et qui souffrent la peine de leurs crimes : c'est-là où sont relégués les Rephaïms, ces anciens géans, qui de leur vivant faisoient trembler les peuples; enfin, c'est dans ces sombres cachots que les Prophètes nous font voir les rois de Tyr, de Babylone et d'Egypte, qui y sont couchés et ensevelis, mais toutefois vivant et expiant leur orgueil et leur cruauté.

Ces abymes sont la demeure des démons et des impies. Je vis, dit saint Jean dans l'Apocalypse, une étoile qui tomba du Ciel, et à qui l'on donna la clef du puits de l'abyme : elle ouvrit le puits de l'abyme, et il en sortit une fumée comme d'une grande fournaise, qui obscurcit le soleil et l'air, et de cette fumée sortirent des sauterelles, qui se répandirent sur toute la terre elles avoient pour roi à leur tête l'Ange de l'abyme, qui est nommé exterminateur. Et ailleurs, on nous représente la bête qui sort de l'abyme, et qui fait la guerre aux deux témoins de la Divinité. Enfin, l'Ange du Seigneur descend du Ciel, ayant en sa main la clef de l'abyme, et tenant une grande chaîne. Il saisit le dragon, l'ancien serpent, qui est le Diable et Satan, le lie, le jette dans l'abyme pour y demeurer pendant mille ans, ferme sur lui le puits de l'abyme et le scelle, afin qu'il n'en puisse sortir de mille ans.

Les fontaines et les rivières, au sentiment des Hébreux, ont toutes leur source dans l'abyme ou dans la mer elles en sortent par des canaux invisibles, et s'y rendent par les lits qu'elles se sont formés sur la terre. Au temps du déluge, les abymes

d'en bas, où les eaux de la mer rompirent leur digue, les fontaines forcèrent leurs sources, et se répandirent sur la terre dans le même temps que les cataractes du Ciel s'ouvrirent, et inondèrent tout le monde.

L'abyme qui couvroit la terre au commencement du monde, et qui étoit agité par l'esprit de Dieu, ou par un vent impétueux; cet abyme est ainsi nommé par anticipation, parcequ'il composa dans la suite la mer, et que les eaux de l'abyme en sortirent et se formerent de son écoulement : où, si l'on veut, la terre sortit du milieu de cet abyme, comme une isle qui sort du milieu de la mer, et qui paroît tout d'un coup à nos yeux, après avoir été long-temps cachée sous les eaux.

M. Woodward nous a donné des conjectures sur la forme du grand abyme, dans son histoire naturelle de la terre; il soutient qu'il y a un grand amas d'eaux renfermées dans les entrailles de la terre, qui forment un vaste globe dans ses par ties intérieures ou centrales, et que la surface de cette eau est couverte de couches terrestres : c'est, selon lui, ce que Moyse appelle le grand gouffre, et ce que la plupart des auteurs entendent par le grand abyme.

L'existence de cet amas d'eau dans l'intérieur de la terre, est confirmée, selon lui, par un grand nombre d'observations.

Le même auteur prétend que l'eau de ce vaste abyme communique avec celle de l'Océan, par le moyen de quelques ouvertures qui sont au fond de l'Océan : il dit que cet abyme et l'Océan ont un centre commun, autour duquel les eaux des deux réservoirs sont placées; de manière cependant que la surface de l'abyme n'est point de niveau avec celle de l'Océan, ni à une aussi grande distance du centre, étant en partie resserrée et comprimée par les couches solides de la terre qui sont dessus. Mais par-tout où ces couches sont crevassées ou si poreuses, que l'eau peut les pénétrer, l'eau de l'abyme y monte, elle remplit toutes les fentes et les crevasses où elle peut s'introduire; et elle imbibe tous les interstices et tous les pores de la terre, des pierres et des autres matières qui sont autour du globe, jusqu'à ce que cette eau soit montée au niveau de l'Océan. Sur quoi tout cela est-il fondé?

Si ce qu'on rapporte dans les Mémoires de l'Académie de 1741; de la fontaine sans fond de sablé en Anjou, est entiérenient vrai, on peut mettre cette fontaine au rang des abymes;

parce qu'en effet ceux qui l'ont sondée n'y ont point trouvé de fond, et que selon la tradition du pays, plusieurs bestiaux qui y sont tombés, n'ont jamais été retrouvés. C'est une espèce de gouffre de 20 à 25 pieds d'ouverture, situé au milieu et dans la partie la plus basse d'une lande de 8 à 9 lieues de circuit, dont les bords élevés en entonnoir, descendent par une pente insensible jusqu'à ce gouffre, qui en est comme la citerne. La terre tremble ordinairement tout autour, sous les pieds des hommes et des animaux qui marchent dans ce bassin. Il y a de temps en temps des débordemens, qui n'arrivent pas toujours après les grandes pluies, et pendant lesquels il sort de la fontaine une quantité prodigieuse de poisson, et sur-tout beaucoup de brochets truités, d'une espèce fort singulière, et qu'on ne connoît point dans le reste du pays. Il n'est pas facile cependant d'y pêcher, parce que cette terre tremblante et qui s'affaisse au bord du gouffre, et quelquefois assez loin aux environs, en rend l'approche fort dangereuse; il faut attendre pour cela des années sèches, et où les pluies n'aient pas ramolli d'avance le terrein inondé. En général il y a lieu de croire que tout ce terrein est comme la voûte d'un lac, qui est au-dessous. L'académie qui porte par préférence son attention sur les curiosités naturelles du royaume, mais qui veut en même-temps que ce soit de vraies curiosités, a jugé que celle-ci méritoit une plus ample instruction. Elle avoit chargé M. de Bremond de s'informer plus particulièrement de certains faits, et de quelques circonstances qui pouvoient plus sûrement faire juger de la singularité de cette fontaine: mais une longue maladie, et la mort de M..de Bremond arrivée dans l'intervalle de cette recherche, ayant arrêté les vastes et utiles projets de cet académicien, l'académie n'a pas voulu priver le public de ce qu'elle savoit déjà sur la fontaine de sablé.

(M. D'ALEMBERT.)

ILs sont l'un et l'autre membres d'une société qui porte le nom d'Académie, et qui a pour objet des matières qui demandent de l'étude et de l'application. Mais les siences et le bel esprit font le partage de l'académicien, et les exercices du corps occupent l'acadèmiste. L'un travaille et compose des ouvrages pour l'avancement et la perfection de la littérature, l'autre acquiert des talens purement personnels.

SECTE de philosophes qui suivoient la doctrine de Socrate

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et de Platon, quant à l'incertitude de nos connoissances et à l'incompréhensibilité du vrai Académicien, pris dans ce sens, revient à-peu-près à ce que l'on appelle Platonicien n'y ayant d'autre différence entr'eux que le temps où ils ont commencé. Ceux des anciens qui embrassoient le systême de Platon étoient appellés Academici, ACADEMICIENS; au lieu que ceux qui ont suivi les mêmes opinions, depuis le rétablissement des lettres, ont pris le nom de Platoniciens.

On peut dire que Socrate et Platon, qui ont jeté les premiers fondemens de l'académie, n'ont pas été à beaucoup près si loin que ceux qui leur ont succédé, je veux dire Arcésilas, Carnéade, Clitomaque et Philon. Socrate, il est vrai, fit profession de ne rien savoir; mais son doute ne tomboit que sur la physique, qu'il avoit d'abord cultivée, et qu'il crut enfin fort au-dessus de la portée de l'esprit humain. Si quelquefois il parloit le langage des Sceptiques c'étoit par ironie ou par modestie, pour rabattre la vanité des Sophistes, qui se vantoient sottement de ne rien ignorer, et d'être toujours prêts à discourir sur toutes sortes de matières.

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Platon, père et instituteur de l'académie, instruit par Socrate dans l'art de douter, et s'avouant son sectateur, s'en tint à sa manière de traiter les matières, et entreprit de combattre tous les philosophes qui l'avoient précédé. Mais, en recommandant à ses disciples de se défier et de douter de tout, il avoit moins en vue de les laisser flottans et suspendus entre la vérité et l'erreur, que de les mettre en garde contre ces décisions téméraires et précipitées pour lesquelles on a tant de penchant dans la jeunesse, et de les faire parvenir à une disposition d'esprit qui leur fit prendre des mesures contre les surprises de l'erreur, en examinant tout, libres de tout préjugé.

Arcésilas entreprit de réformer l'ancienne académie, et de former la nouvelle. On dit qu'il imita Pyrrhon, et qu'il conversa avec Timon; de sorte qu'ayant enrichi l'époque, c'est-à-dire, l'art de douter de Pyrrhon, de l'élégante éru

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