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tout entier. Donc, cette expression : « Le Dieu des Hébreux, » montre l'imperfection des Juifs, chacun d'eux ne possédant Dieu qu'imparfaitement; tandis que celle-ci : « Le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob,» annonce que chacun d'eux possède tout Dieu. Ce n'est point là une faible part de la gloire des patriarches que de vivre de Dieu. S. AUG. On peut très bien réfuter les manichéens par la même parole par laquelle Jésus-Christ réfute les sadducéens; car ils nient eux aussi la résurrection des morts, quoique par une voie différente. S. AUG. Dieu est appelé spécialement le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, parce que chacun d'eux représente une des manières diverses dont Dieu se donne des enfants. Il arrive souvent que Dieu engendre un enfant bon par un bon prédicateur, et un mauvais par un mauvais; et cela est signifié par Abraham, qui eut Isaac, fidèle enfant, de Sara, épouse libre, et l'infidèle Ismaël, d'Agar, la servante. Souvent, il engendre par un bon prédicateur un bon et un méchant fils, et cela est signifié par Isaac, qui eut de son épouse libre Rebecca Jacob', le bon, et Esau, le méchant. Quelquefois il engendre des fils fidèles par un bon et par un mauvais prédicateur, et cela fut signifié par Jacob, qui eut des enfants fidèles (1), et de ses épouses libres Lia et Rachel, et des servantes Zelpha et Bala. — S. CHRYS.-Et remarquez combien est faible l'attaque des Juifs contre Jésus; la première fut cette question accompagnée de terreur : « Par le pouvoir de qui faites-vous ceci? » Il fallut pour la repousser de la force d'âme. La seconde question se présenta avec ruse, et il fallut

(1) De Lia: Ruben, Siméon, Lévi, Issachar, Juda et Zabulon; de Rachel: Joseph et Benjamin; de Zelpha, servante de Lia: Gad et Aser; de Bala, servante de Rachel: Dan et Nephtali (Gen., 29, 30 et 35).

eorum non habet eum in toto; si autem dicimus quod ager ille illius est, demonstramas quia totum agrum possidet ille: ubi ergo dicitur : Deus Hebræorum, imperfectio demonstratur eorum; quia unusquisque eorum aliquid modicum de Deo habebat. Dicitur autem Deus Abraham, Deus Isaac et Deus Jacob, quia singuli eorum totum habebant Deum; non autem ad modicam laudem respicit patriarcharum, quod Deo vivebant. AUG., contra Faust. (lib. 16, cap. 24). Opportune itaque eadem voce nunc convincuntur manichæi, qua tunc convicti sunt sadducæi: nam et ipsam resurrectionem alio quidem modo, sed tamen ipsi negant. AUG., super Joan. (tract.,

11). Ideo autem specialiter Deus Abraham, Deus Isaac et Deus Jacob dicitur, quia in istis tribus omnes modi generationis filiorum Dei vocantur: generat enim Deus multoties de bono prædicatore bonum filium, et de malo malum; quod significatur per Abraham, qui de libera uxore (Sara) fidelem filium habuit (Isaac), et de ancilla (Agar) infidelem genuit (Ismaelem). Aliquando vero generat per bonum prædicatorem, bonum et malum filium; quod significantur in Isaac, qui de libera (Rebecca) unum bonum (Jacob), et alterum malum (Esau) generavit. Aliquando generat bonos per bonum et malum prædicatorem; quod significatur per Jacob, qui bonos filios

contre elle une sagesse clairvoyante; mais celle-ci fut la plus facile à détruire, car elle était accompagnée de présomption et d'ignorance. Il est facile à un homme qui sait de répondre à un présomptueux qui ne sait pas. C'est ainsi que la marche de l'ennemi est tout d'abord redoutable; mais celui qui l'attendra de pied ferme se trouvera supérieur à l'ennemi.

« Et entendant cela, les foules étaient dans l'admiration. »-RÉMIG. -Ce ne sont point les sadducéens, mais la foule qui admire. C'est ce qui arrive tous les jours dans l'Église, la foule des fidèles étant dans la joie, lorsque les adversaires de l'Église sont vaincus par l'inspiration divine.

Mais les pharisiens, ayant appris qu'il avait imposé silence aux sadducéens, s'assemblèrent; et l'un d'eux, qui était docteur de la loi, le tenta, en lui faisant cette question: Maitre, quel est le grand commandement de la loi? Jésus lui répondit : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme et de tout votre esprit. C'est là le plus grand et le premier commandement. Et voici le second qui est semblable à celui-là : Vous aimerez votre prochain comme vous-même. Toute la loi et les prophètes sont renfermés duns ces deux commandements.

S.JER.-Les pharisiens se voyant réfutés dans cette épreuve du denier, et voyant que la tentative de leurs adversaires avait aussi échoué, auraient dû en recevoir cette impression qu'ils ne devaient plus tendre des embûches; mais la malveillance et la jalousie sont un aliment de l'effronterie. « Les pharisiens ayant appris, etc. » — ORIG. — En fer

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genuit, et de liberis (Lia et Rachel), et de ancillis (Zelpha et Bala). CHRYS., super Matth. (in opere imperf., ut sup.). Et vide quomodo sit infirmior congressio Judæorum contra Christum : prima fuit cum terrore dicendo In qua potestate hæc facis? Contra quam necessaria fuit constantia cordis ; secunda fuit cum dolo; contra quam necessaria fuit acuta sapientia; hæc autem fuit cum præsumptione ignara quæ præcedentibus facilior est hominem enim putantem se aliquid scire, cum nesciat, viro scienti facile est convincere sic et operatio inimici in primis gravis est; sed si quis forti animo sustinuerit, inveniet eum infirmiorem.

Sequitur: Et audientes turbæ mirabantur, etc. REMIG. Non quidem sadducæi, sed turbæ mirantur. Hoc etiam quotidie

agitur in Ecclesia: cum enim divina inspiratione adversarii Ecclesiæ superantur, turbæ fidelium lætantur.

Pharisæi autem audientes quod silentium imposuisset sadducæis, convenerunt in unum; et interrogavit eum unus ex legis doctor, tentans eum: Magister, quod est mandatum magnum in lege? Ait illi Jesus: Diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo, et in tota anima tua, et in tota mente tua : hoc est maximum et primum mandatum; secundum autem simile est huic Diliges proximum tuum sicut teipsum; in his duobus mandatis universa lex pendet et prophetæ.

HIER. Quia supra pharisæi in ostensione denarii fuerant confutati, et adversæ partis

mant la bouche aux sadducéens, le Sauveur avait voulu montrer que l'éclat de la vérité ferme la bouche au mensonge. Ainsi que c'est le propre du juste de se taire lorsque c'est le moment de se taire, et de parler lorsqu'il faut parler, mais jamais de se laisser intimider, ainsi c'est le propre des docteurs de mensonge de se laisser intimider quant à la vérité, mais non pas de se taire d'eux-mêmes.

S. JER. Les sadducéens et les pharisiens, qui sont divisés entre eux, se sont donc concertés pour tenter Jésus.—S. CHRYS. Ou bien, les pharisiens se réunissent tous ensemble pour accabler de leur nombre celui qu'ils n'avaient pu vaincre par leurs raisons, et en s'armant de la multitude ils se montrèrent dépouillés de vérité; ils se disaient entre eux : « Qu'un seul parle pour nous tous, et nous parlerons tous par sa bouche, de telle sorte que s'il triomphe nous paraissions avoir triomphé, et que s'il est réfuté il en ait seul la confusion. » C'est ce qui est exprimé en ces termes : « Et un docteur de la loi venant à l'interroger, etc. »ORIG. Nous devons regarder comme frère du pharisien celui qui interroge un des docteurs, non dans le but d'apprendre, mais pour le tenter. Le Seigneur n'a-t-il pas dit : « Ce que vous faites au moindre de ceux-ci, vous me le faites »> (1)?

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S. AUG.-Ne vous étonnez pas de ce que Matthieu présente ce docteur de la loi comme s'approchant du Seigneur pour le tenter, alors que Marc, qui ne fait pas cette réflexion, ajoute à la fin ces paroles du Sauveur :

(1) Ceci est pris dans un sens analogique, car les paroles du Sauveur doivent s'entendre des pauvres.

viderant factionem subrutam, debuerant ex | vincerent, quem rationibus superare non hoc moveri ne ultra molirentur insidias, poterant; a veritate se nudos professi sunt, sed malevolentia et livor nutrit impuden- qui multitudine se armaverunt : dicebant tiam unde dicitur: Pharisæi autem au- enim apud se : Unus loquatur pro omnibus, dientes quod silentium, etc. ORIG. (tract. 23, et omnes loquamur per unum; ut si quidem in Matth.). Silentium autem sadducæis im- vicerit; omnes videamur vicisse; si autem posuit Jesus, volens ostendere quoniam convictus fuerit, vel solus videatur confusus: mendacii vocem obmutescere facit claritas et ideo sequitur: Et interrogavit eum veritatis sicut enim proprium justi est unus, etc. ORIG. (ut sup.). Omnem ergo tacere cum sit tempus tacendi, et loqui cum qui, non discendi sed tentandi causa intersit tempus loquendi, non tamen obmutes-rogat aliquem doctorum, æstimare debemus cere sic proprium est omnium qui men- illius pharisæi fratrem, secundum illud dacii sunt doctores, obmutescere quidem | (Matth., 25) : Quod uni ex minimis meis quantum ad rem, autem non tacere.

HIER. Pharisæi ergo et sadducæi qui inter se contrarii sunt, ad tentandum Je sum pari mente consentiunt. CHRYS., sup. Matth. (in opere imperf., ut sup.). Vel convenerunt in unum pharisæi, ut multitudine

fecistis, mihi fecistis.

AUG., De cons. Evang. (lib. 2, cap. 73). Non moveat autem quod Matthæus hic dicit tentantem fuisse a quo Dominus Jesus interrogatus est: Marcus autem hoc tacet, et in fine ita concludit (cap. 12) quod ei

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« Vous n'êtes pas loin du royaume de Dieu. » Il est possible qu'après s'être présenté avec l'intention de le tenter, il ait été corrigé par la réponse du Sauveur. Ou bien, il faudrait prendre le mot tentation (1), non pas dans son sens mauvais, dans le sens de quelqu'un qui veut tromper un ennemi, mais dans le sens d'un homme qui veut en éprouver un autre qu'il ne connaît pas encore; car ce n'est pas sans raison qu'il est écrit : « Il est léger de cœur celui qui croit facilement. » Mais voici la question : « Maître, quel est le grand commandement de la loi?»-ORIG. C'est pour le tenter qu'il l'appelait maître, et non pas comme étant son disciple. Donc celui qui ne veut pas être l'élève du Verbe, et qui ne se donne pas à lui de tout son cœur, et qui cependant l'appelle maître, celui-là est frère du pharisien qui tentait Jésus. Or, il est probable qu'avant l'avènement du Sauveur, et lorsqu'on lisait la loi, on posait cette question: Quel en est le grand commandement? Le pharisien n'aurait pas fait cette question à Jésus, si elle n'avait pas été parmi eux l'objet de longues discussions, et si avant lui on en avait trouvé la solution. S. CHRYS. Il questionnait sur le grand commandement, lui qui n'observait même pas le plus petit, tandis qu'il ne devrait y avoir à questionner sur une justice supérieure que celui qui a accompli déjà celle qui est au-dessous. -S. JER.Ou bien, sa question ne porte pas sur la distinction des commandements, mais sur ce seul point: Quel est le premier et le grand commandement? parce que tout ce que Dieu a ordonné étant

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(1) Dans les éditions de Paris et d'Anvers, le nom de l'apôtre saint Jacques était mêlé à cette citation, mais on ne voit pas trop comment, car voici les paroles de cet apôtre : Dieu ne tente pas les méchants; il ne tente personne lui-même » (1 Jacques, 1, v. 13).

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Dominus sapienter respondenti dixerit : risæi est Christum tentantis: cum ergo Non longe es a regno Dei: fieri enim potest ante Salvatoris adventum legeretur lex, at quamvis tentans accesserit, Domini forsitan quærebatur quod est mandatum tamen responsione correctus sit. Aut certe magnum in ea: neque enim interrogasset ipsam tentationem non accipiamus malam, hoc pharisæus, nisi diu apud illos de hoc tanquam decipere volentis inimicum; sed quæsitum fuisset, et non inventum, donec cansam potius, tanquam experiri am- veniens Jesus hoc doceret. CHRYS., sup. plius volentis ignotum neque frustra Matth. (in opere imperf., ut sup.). De magno scriptum est Eccles., 19] Qui facile tamen mandato interrogabat, qui nec micredit, levis est corde. Quid autem inter-nimum observabat: ille debet interrogare roget, subditur: Magister, quod est man- de majore justitia, qui jam minorem comdatum magnum in lege? ORIG. (ut sup.). Tentans dicebat, Magister, quoniam non in quantum discipulus Christi proferebat hanc vocem. Si quis ergo non discit aliquid a Verbo, nec tradit se ei ex toto animo suo, dicit autem ei, Magister, frater pha

plevit. HIER. Vel non de mandatis interrogat, sed quod sit primum mandatum magnumque; ut cum omnia quæ Deus mandaverit magna sint, quicquid ille respondeat, occasionem habeat calumniandi.

CHRYS., sup, Matth. (in opere imperf., ut

grand, il aura, quoi que réponde le Seigneur, occasion de le calomnier.

S. CHRYS. Le Seigneur lui répondit de manière à ébranler par ses premières paroles sa feinte conviction en la question qu'il venait de faire : « Jésus lui dit : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu. Vous aimerez, dit-il, et non pas vous craindrez, » car aimer est plus que craindre aimer est le sentiment des enfants, craindre celui des esclaves; la crainte est sous la coaction, l'amour dans la liberté; celui qui sert Dieu dans la crainte évite la peine, il est vrai, mais il ne reçoit pas la récompense de la justice, car il fait le bien malgré lui et par crainte. Dieu ne veut pas être craint servilement par les hommes ainsi qu'un maître, mais aimé par eux comme un père, lui qui leur a donné l'esprit d'adoption. Or, aimer Dieu de tout votre cœur, c'est avoir un cœur qui ne soit pas plus incliné vers un autre objet que vers Dieu; l'aimer de toute son âme, c'est avoir un esprit tout-à-fait ferme dans la vérité, et stable dans la foi; car autre chose est l'amour du cœur, autre chose l'amour de l'âme. L'amour du cœur est en quelque sorte charnel, de telle manière que Dieu lui-même nous l'aimons d'une manière charnelle, ce que nous ne pouvons faire qu'en retirant notre cœur à l'amour des choses mondaines. C'est ainsi que l'amour du cœur est senti dans le cœur, tandis que l'amour de l'âme ne se sent pas, mais se comprend, gisant dans le jugement de l'âme. Celui qui croit qu'en Dieu se trouve tout bien, et qu'en dehors de lui il n'est aucun bien, celui-là aime Dieu dans toute son âme. Aimer Dieu de tout son esprit, c'est mettre tous ses sens au service de Dieu. Tel est l'amour de celui dont l'intelligence sert Dieu, dont la sagesse ne

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sup.). Dominus autem sic ei respondit ut | magis quam Dei; diligere autem Deum in interrogationis ejus fictam conscientiam tota anima, est certissimum animum habere statim primo responso percuteret. Unde in veritate, et firmum esse in fide; alius sequitur: Ait illi Jesus: Diliges Dominum Deum tuum, etc. Diliges, inquit, non. timebis, quia diligere majus est quam timere: timere enim servorum est, diligere filiorum; timor sub necessitate est, dilectio in libertate; qui in timore servit Deo, pœnam quidem evadit, mercedem vero justitiæ non habet, quia invitus facit bonum propter timorem. Non vult ergo Deus ut timeatur serviliter ab hominibus quasi dominus, sed at diligatur quasi pater, qui adoptionis spiritum donavit hominibus; diligere autem Deum ex toto corde, est, ut cor tuum non sit inclinatum ad alicujus rei dilectionem

est enim amor cordis, et alius est amor animæ amor cordis quodammodo carnalis est, ut etiam carnaliter diligamus Deum, quod facere non possumus, nisi recedamus ab amore mundialium rerum : cordis ergo amor sentitur in corde; amor vero animæ non sentitur; sed intelligitur; quia in judicio animæ consistit; qui enim credit apud Deum esse omne bonum, et nihil boni esse extra ipsum, hic diligit eum in tota anima: tota vero mente diligere Deum, est, ut omnes sensus Deo vacent, cujus enim intellectus Deo ministrat, cujus sapientia circa Deum est, cujus cogitatio ea quæ Dei

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