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teur par accident, comme le dit Aristote, si les agens inférieurs ne font rien autre chose que de conduire de l'état caché à l'état manifeste en éloignant les empêchemens par lesquels les formes et les habitudes des vertus et des sciences étaient cachées, il s'ensuivra que tous les agens inférieurs n'agissent que par accident.

7. Opinion de saint Thomas.

» C'est pourquoi, selon ce que dit Aristote', il faut tenir une voie moyenne en toutes les choses dont nous venons de parler.

En effet, les formes naturelles préexistent, à la vérité, dans la matière, mais non en acte, comme le disent ces auteurs, mais seulement en puissance; et de cet état (de puissance, de possibilité), ils sont conduits à l'acte, à la réalité, par l'agent extérieur prochain, et non pas seulement par l'agent premier (ou Dieu), comme le soutient la deuxième opinion. »

Arrêtons-nous ici; voilà donc la pensée de saint Thomas. Quelles que soient ses expressions de premiers principes, conceptions universelles, cognitions innées, ces choses n'existent qu'à l'état de puissance, de possibilité, de disposition, d'instinct; et elles ne passent en acte, en réalité, en existence, que par l'action réelle d'un agent extérieur qui n'est pas premier, c'est-à-dire Dieu, ou séparé, c'est-à dire l'ange, mais secondaire, lequel n'éloigne pas seulement les empêchemens, n'éclaire pas, ne désigne pas la chambre où se trouvent les idées, mais est cause réelle, par un effet de la permission de Dieu, comme nous l'avons dit.

Quand donc le P. Gardereau nous oppose ce que dit un peu plus bas le saint docteur, que la connaissance des conceptions universelles nous est naturellement innée, il aurait dû ajouter, ce que dit iciexpressément le texte, qu'elles nous sont innées à l'état de puissance ou de possibles, et non à l'état d'acte ou de réalité; et c'est encore ce que dit le saint docteur dans la fin de la phrase que le P. Gardereau a négligé de citer en entier.

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Mais avant de finir, faisons une observation, c'est que saint Thomas dans toute cette discussion n'a pas nommé une seule fois la parole humaine, comme source ou cause de la science; or, c'est principalement sur elle que repose toute notre polémique. Saint Thomas dit seulement que notre connaissance vient des choses sensibles; nous, nous disons que la connaissance des choses sensibles vient de ces choses par nos organes sensibles, et que la connaissance des choses intellectuelles nous vient par la parole, que nous ne comptons pas tout-à-fait au nombre des choses sensibles. C'est sur ce dernier point que la philosophie catholique nous semble avoir fait un vrai progrès, sur celle de saint Thomas.

CONCLUSION.

Nous terminerons ici ce trop long article; nous espérons qu'il n'aura pas été lu sans profit par nos abonnés, et surtout par les honorables professeurs qui enseignent à la jeunesse actuelle ce que l'on appelle la philosophie, Ils y auront appris ce que l'on doit penser de tous ces principes rationalistes qui se sont glissés dans l'enseignement public. Il nous semble qu'ils concluront, comme nous l'avons déjà conseillé,

Qu'en ce qui concerne cette origine de nos connaissances, il faut offrir à la jeunesse actuelle :

1° L'historique de toutes les opinions et de tous les systèmes qui ont été inventés pour l'expliquer;

2o Leur montrer le vide de ces opinions;

3o Débarrasser la philosophie catholique de tout ce vieil attirail, en n'adoptant aucun de ces systèmes, mais en posant pour base de notre philosophie, le simple fait de la transmission de la science par la parole.

A. BONNETTY.

Nouvelles et Mélanges.

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FRANCE.

ALGÉRIE.

EUROPE.

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Prospérité des établissemens des

Trapistes fondés à Staouëli, Etablis en ce pays il n'y a que deux ans avec une concession de terres incultes et une subvention de 62,000 fr., c'est-àdire une somme ne représentant guère plus de 3,000 francs de rentes, les Trapistes ont créé un revenu qui peut être évalué maintenant à 25,000 francs. Et cependant ils ont une vaste hôtellerie gratuite pour les voyageurs, reçoivent dix visiteurs par jour. Tous les colons sans ouvrage, les convalescens des hôpitaux, les indigens sont sûrs de trouver là du travail, un abri et du pain; personne n'a jamais été refusé. Les Trapistes ont donné à leur fonds une augmentation de valeur de 400,000 fr. Ils vendent un excédant de bétail qui est vivement recherché, et la viande de Staouëli est partout reconnue pour la meilleure.

Ils ont planté 3,000 mûriers, 1,000 arbres fruitiers et un essai de vigne d'un hectare. Ils ont en outre cultivé et ensemencé 300 hectares dont 180 défrichés et convertis en prairies, 45 en céréales, 11 de broussailles aménagées en bois taillis, et enfin 10 de guérets, jachères et terres préparés. Ils élèvent 1,097 animaux, dont 50 bœufs, taureaux et vaches d'Afrique ou d'Europe, 600 béliers, brebis et agneaux, 9 chevaux, 78 porcs et 150 volailles. Ils nourrissent journellement 100 individus, dont 60 religieux, 30 ouvriers civils et 10 visiteurs.

Ils ont élevé un monastère construit sur quatre faces, une grande et trèsbelle chapelle, une ferme, des moulins, divers ateliers de forge, serrurerie, charronnage, menuiserie, tourneur, boulangerie, magasins, buanderie, formant ensemble une construction de 48 mètres de long, fours à chaux, enfin sur la grande route une vaste hôtellerie pour les voyageurs; la valeur de toutes ces constructions s'élève à plus de 500,000 fr.

ALLEMAGNE. TUBINGUE,

Supériorité des études des écoles catholiques sur celles des écoles protestantes. Les journaux ont déjà fait connaître la supériorité remarquable des études théologiques catholiques dans l'Université mixte de Bonn, sur celles de la faculté protestante. Le fait était incontestable, puisque d'ailleurs presque tous le prix sur des questions posées par cette dernière faculté avaient été remportés par des

élèves catholiques. Alors on en appela à la prochaine distribution de prix d'une autre université mixte, celle de Tubingue. Or voici le résultat de cette seconde épreuve :

Le sujet proposé aux candidats protestans, par leur faculté théologique, était celui-ci : Développement de l'idée neo-lestammentaire du royaume de Dieu. Pas un seul élève n'avait même osé l'aborder; et on ne trouva à décerner pour quelques-uns d'entre eux que des prix de compositions homélitiques et catéchétiques, auxquels aucun théologien catholique ne pouvait concourir En revanche, ceux-ci remportèrent huit prix, parmi lesquels on distingue ceux de philosophie, de droit canon et de philologie, et quatre mentions honorables sur des sujets proposés non pas seulement par la faculté théologique, mais aussi par la faculté philosophique. Tous les lauréats, sans exception, étaient des élèves du séminaire de Rottenbourg ou du convictorium catholique de Tubingue. C'étaient là deux réponses péremptoires et pratiques à l'affirmation banale de la supériorité des lumières et de la science protestante sur le savoir routinier, produit de l'enseignement catholique.

TUNIS. Établissement d'écoles publiques pour les garçons et les jeunes filles dirigées par des écclésiastiques et des religieuses. Tunis possède plusieurs écoles primaires et secondaires dues au zèle de M. l'abbé Bourgade, aumônier de la chapelle Saint-Louis, à Carthage. Celles des garçons sont dirigées par des ecclesiastiques, et celles des filles par des Sœurs de Saint-Joseph. Aidé de ces pieuses filles et du concours des Européens résidant à Tunis, M. l'abbé Bourgade est parvenu, de plus en plus, à fonder un college que lui-même dirige, et où les enseignemens sont à peu près les mêmes que ceux des colléges royaux de France. L'hôpital est spécialement destiné à recevoir les Européens malades ou infirmes, soit résidens à Tunis, soit ceux qui, comme les marins, ne s'y trouvent que momentanément. Mais ces bienfaisantes fondations n'ont pu être créées sans recourir à la générosité publique; et bien que ses nobles efforts aient été couronnés de succès inattendus, M. l'abbé Bourgade avait cru devoir s'adresser à la famille royale et au gouvernement pour obtenir des subsides. Le roi et la reine lui ont donné 1,000 fr. à titre de secours aux établissemens de Saint-Louis à Tunis; M. le ministre des affaires étrangères a bien voulu accorder une subvention au collège Saint-Louis, et, enfin, M. le ministre de l'instruction pu blique gratifie ce collège d'une bibliothèque.

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S. A. le bey de Tunis protége, encourage, dans l'intérêt de la civilisation française, dont il apprécie toute l'importance pour son pays, les diverses institutions d'instruction publique fondées par M. l'abbé Bourgade et par les Sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition, instituées par madame Vialard.

DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.

Numéro 83.

Novembre 1846,

Une prière adressée à nos Amis.

Dieu, dans sa miséricorde, nous avait donné un père et une mère, tels qu'il en accorde quand il veut enrichir une famille de ses dons, et bénir des enfans dans les auteurs de leurs jours. Jamais, en effet, bénédictions plus grandes ne sont descendues sur les premières années d'aucuns enfans. Amour dévoué, surveillance quotidienne, sollicitude de jour et de nuit, oubli de soi, peines, sacrifices, vie d'honneur et de probité, exemple de vertus chrétiennes, tout a été prodigué pour élever dans la crainte de Dieu trois frères et deux sœurs, et leur donner une éducation au-dessus d'une modeste fortune.

Dieu nous retira notre père il y a 14 ans, au moment même où nous aurions pu lui rendre quelques-uns des soins qu'il avait pris de nous. Il nous restait notre mère, femme forte, dévouée, ne connaissant pas le moi humain, chrétienne sincère, sur laquelle se reposait notre amour sur cette terre. Séparé d'elle par presque toute la longueur de la France, nous nous consolions à la lecture de ses lettres et par une visite annuelle que nous dérobions à nos travaux. Or Dieu vient encore de nous en priver: il l'a appelée à lui le 26 de ce mois, et elle est entrée dans l'éternité munie du viatique des Chrétiens, et collant sur ses lèvres le crucifix indulgencié que S. S. Grégoire XVI avait bien voulu bénir pour elle et pour cette heure dernière.

Et maintenant que nous les avons tous deux perdus, il nous reste le regret de n'avoir pu, à cause de nos travaux, ne nous acquitter qu'imparfaitement des devoirs que nous imposaient notre amour et notre reconnaissance. Car, nous le disons avec vérité, si, dans ce siècle incrédule ou indifférent, nous avons eu le bonheur de rester fidèle aux croyances chrétiennes, c'est, après Dieu, à notre père et à notre mère III SERIE. TOME XIV.- N° 83; 1846.

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