Obrazy na stronie
PDF
ePub

Exégèse Biblique.

DES ADVERSAIRES ET DES DÉFENSEURS

DU

PENTATEUQUE EN ALLEMAGNE.

ono

--

1

Avant-propos.-I. Trois opinions sur l'origine du Pentateuque. - Première opinion: elle nie l'origine mosaïque. - Ses représentans. Deuxième opinion: elle admet partiellement l'origine mosaïque. — Ses représentans. — Troisième opinion: elle prouve l'origine mosaïque. — Ses représentans. II. Opinions innombrables des rationalistes sur le caractère historique du Pentateuque.-Emploi arbitraire du mythe: Eichhorn, Bauer, Berthold, etc. - Emploi conséquent et rigoureux de Vette, Baur, Watke, etc. - Prétention des partisans du sens mythique rigoureux à remplacer l'histoire mosaïque par une poésie sacrée. — Divergence entre les partisans du sens mythique rigoureux. — Pèle-mêle d'opinions sur les livres du Pentateuque. Conclusion.

A force d'entendre dire à certains rationalistes français ou de lire dans leurs livres, que les catholiques ont bien mauvaise grâce à attaquer leurs adversaires, tandis qu'ils sont enfermés dans le cercle de fer. de la science, de cette science allemande qui a été signalée comme ayant arraché, une à une, toutes les pages des Écritures, on serait presque tenté de se demander si l'Église n'a plus qu'à mettre bas les armes, et, blessée au cœur, à s'envelopper stoïquement dans sa robe comme le dictateur romain. Ces philosophes ont, en effet, répété si souvent : « Il est naïf maintenant de conserver l'ancienne foi; il faut au plus tôt » la déraciner de son âme; le dogme chrétien n'aura plus désormais » de rayon assez vif pour percer les nuages amoncelés autour de lui et >> dans lesquels ses lueurs, depuis longtems mourantes, vont enfin » s'éteindre.» Mais ce qu'ils font croire inévitablement, c'est que les exégètes rationalistes composent, en Allemagne, un aréopage vénérable par sa droiture et son savoir; un jury incorruptible, d'une conscience 111 SÉRIE. TOME XIV. — N° 81; 1846.

12

éclairée par des études opiniâtres et prolongées; en un mot, un jury scientifique, dont les votes, de l'unanimité la plus imposante, sont fondés sur d'irrécusables argumens, en grand nombre et les mêmes, et sur une infinité de considérations, aussi les mêmes pour tous. Néanmoins, c'est une erreur : l'homme a plus la volonté du mal qu'il n'en a la puissance. Ce recueil a déjà publié des travaux qui ont fait voir que le cercle de fer est tout simplement un énorme tissu de toiles d'araignées couleur de ce métal; en d'autres termes, que la science incrédule en Allemagne, est, touchant le Pentateuque, encore plus effrontée et non moins superficielle qu'ailleurs. Ce sera continuer cette tâche, que de montrer, les textes à la main, que, dans le même pays, les opinions sur ce livre s'accordent d'une manière frappante, à mesure qu'elles se rapprochent de la foi catholique, et qu'elles varient d'une manière scandaleuse, à mesure qu'elles s'en éloignent. Au lieu de nous opposer les rationalistes, on ferait mieux de les avertir charitablement de s'entendre et de n'avoir pas au moins une opinion par tête d'exégètes. Il paraît que l'on consent très-volontiers, chez nos voisins d'au-delà du Rhin, à perdre sa personnalité après la mort, mais que l'on y tient suffisamment pendant la vie. Les savans allemands qui ont attaqué les écrits de Moïse ne s'accordent donc que sur un seul point, à les attaquer. C'est, comme on voit, le protestantisme dans la science.

Que les rationalistes français en soient bien convaincus, s'ils ne le sont déjà : la révélation chrétienne n'est pas aussi dangereusement atteinte qu'ils le croient ou qu'ils le disent. Il y a dans la science, telle que nos pères et les véritables exégètes l'ont faite, de quoi confondre la fausse science qu'on préconise; de quoi montrer que l'es.. pace et le tems sont encore à nous. La cause de nos livres sacrés est tellement bonne et facile à défendre, qu'on la fera toujours triompher au jugement d'un esprit impartial. Sans doute, l'attaque est vive, mais elle est déjà repoussée, et nous avons le droit et le loisir d'étudier les livres et de signaler les assertions dangereuses des soi-disant philosophes.

On va voir tout-à-l'heure pourquoi nous ne nous croyons pas obligés de nous interdire l'exercice de la pensée et de la parole parce qu'on aura cité contre nous quelques rationalistes allemands. Il y a

dix-huit cents ans qu'on ne tremble plus, à Rome, au seul nom des Germains: l'Eglise, dont nous sommes membres, est autrement impérissable que la société que défendaient les légions de Varus!

Voici donc les opinions des principaux exégètes d'Allemagne relativement au Pentateuque: Nous empruntons fidèlement cet exposé au docteur Hengstenberg, homme d'une science incontestable et universellement incontestée : c'est un témoin instruit, et il ne sera suspect à personne. Il va nous apprendre d'abord ce que les écrivains dont il est question pensent de l'origine mosaïque du Pentateuque ; ensuite, ce qu'ils pensent du caractère historique de ses récits. L'abbé C.-M. REDNA.

I.

Il y a maintenant, en Allemagne, touchant l'origine mosaïque du Pentateuque, trois opinions principales :

2

1o Il en est qui prétendent que ce livre, dans toutes ses parties ou à peu près, n'est véritablement pas de Moïse. Cette idée a le docteur de Wette pour premier représentant et pour premier défenseur. Il y a fait quelques modifications très-légères dans les éditions les plus récentes de son Introduction'. Ainsi, d'après ces concessions peu compromettantes, les seuls cantiques du livre des Nombres seraient certainement de Moïse, et il n'est pas possible de fier que, parmi les lois mosaïques, il ne s'en trouve probablement d'anciennes et d'authentiques; mais ce serait une vaine présomption de vouloir les distinguer, le Décalogue lui-même, dans sa forme actuelle, ne peut pas être de Moïse, car il y en a, dans le Pentateuque, une double paraphrase. Hartmann, Bohlen et Vatke se groupent autour du docteur de Wette, et soutiennent la même cause. Vatke rejette jusqu'à l'authenticité des cantiques du livre des Nombres que de Wette a été forcé de reconnaître. On ne sait si Gésénius est de cette opinion, et même s'il est d'aucune. Quand il dit : « C'est encore une question » controversée, en critique, de savoir si le Pentateuque vient en en» tier, ou seulement en partie, de Moïse, » il paraît regretter d'avoir

. § 149.

2 Chapitre XXI.

3

3 Dans la 10° édition de sa Petite grammaire, etc., 1831; Avant-propos.

adopté précédemment et d'une manière absolue les conclusions de de Wette et de Vater. Si seulement les malencontreux miracles, les fatales prophéties et l'irascible Dieu des Juifs n'existaient pas ! On pourrait s'abandonner sans prévention aux impressions que l'on éprouve comme historien et comme linguiste! Ces impressions ont dû énergiquement réclamer, chez cet auteur, en faveur de l'authenticité du Pentateuque, puisque, malgré les présuppositions rationalistes dont sa manière de voir lui avait fait une obligation, il n'a pu complétement s'en défendre. C'est un aveu qui fait honneur à sa franchise.

2o Il en est d'autres qui soutiennent que plusieurs parties trèsimportantes et très-étendues du Pentateuque sont d'origine mosaïque. A leur tête se présente Eichhorn. Dans les premières éditions de son Introduction, cet écrivain déclara que l'ouvrage était authentique, à l'exception de certains passages, très-courts et de peu d'importance, qui auraient été intercalés. Mais dans la dernière édition de ce livre, il a expliqué et modifié son opinion, de telle sorte que les parties essentielles du Pentateuque auraient été formées de Mémoires, écrits tantôt par Moïse lui-même, tantôt par quelques-uns de ses contemporains. Ces Mémoires, auxquels seraient joints plusieurs Appendices, auraient été réunis en un corps d'ouvrage complet par un compilateur venu plus tard, probablement entre Josué et Samuel 2. La cause de ces variations d'Eichhorn a été la crainte de ne pouvoir résoudre, par l'interprétation pure et simple, les difficultés que des idées préconçues lui faisaient voir dans le Pentateuque 3. Il désespère ouvertement d'arriver à cette solution, quand il dit, à propos de la relation des plaies de l'Égypte : « Si celui qui agissait, si Moïse » eût lui-même écrit ces évènemens, la manière dont ils sont exposés » dans l'Écriture serait une énigme . » En général, on ne nie l'origine mosaïque du Pentateuque que dans les choses où il ne s'accorde pas avec les présuppositions rationalistes qu'on a d'abord posées.

'Dans son Histoire de la langue et de l'écriture hébraïques.

⚫ Eichhorn, Introduction, p. 334.

3 Voyez, p. xxxvII.

4

• P. 255.

2

Après Eichhorn vient Staudlin, qui, sans se prononcer sur la partie historique, pour laquelle il lui aurait fallu concevoir d'après ses idées préconçues, certaines antipathies, a défendu vigoureusement l'origine mosaïque des lois 1. Cet homme loyal a fort bien vu que l'aversion de plusieurs pour le Pentateuque prenait sa source ailleurs que dans le domaine de la critique et de l'histoire. Il fait remarquer quelque part que « sa critique s'est incontestablement ressentie de » la haine qu'ont pour la Bible un grand nombre de nos contempo» rains.» En exploitant, en faveur de l'authenticité du Pentateuque, les connaissances acquises de nos jours sur l'Égypte dans les tems les plus reculés, il a donné un bon exemple, il a commencé une excellente œuvre. Nous disons qu'il a commencé; car il n'a point remonté aux sources il s'est borné à travailler sur les idées de Heeren. Il faut avouer, toutefois, que dans les travaux de Staudlin, il y a des observations qu feraient conclure que son intelligence manquait de profondeur; celle-ci, par exemple : « Une chose frappante, dit-il, c'est que la » circoncision ne fut point pratiquée pendant le voyage de quarante >> ans à travers le désert on crut peut-être que, pendant cette » marche, cette opération aurait été dangereuse 3. » S'il avait compris la signification de cette cérémonie, le rapport qu'elle avait avec l'alliance de Dieu et de son peuple, il aurait abandonné cette base d'interprétation, qui est la base tout externe de Le Clerc et des exégètes de sa trempe.

Nous rangerons dans la même classe Herbst, que, par une grande erreur, quelques personnes mettent au nombre des défenseurs de l'authenticité de tout le Pentateuque 4. Nonobstant les graves repro

'D'abord dans les deux Commentationes de legum mosaïcarum momento et ingenio, collectione et effectibus; Gott., 1796-97; ensuite, dans l'listoire de la doctrine morale de Jésus, t. 1, p. 118 et suiv.; enfin, dans la Défense de l'authenticité des lois mosaïques, journal d'Ammon et de Berthold; part. 3o, p. 225 et suiv.; p. 337 et suiv., part. 4o, p. 1 et suiv.; p. 113 et suiv. C'est là qu'il déclare que les paroles du Deuteronome sont authentiques.

2 Défense, etc., part. 3, p. 281.

3 Défense, etc., part. 4, p. 15.

4 A cause de ses Observationes quædam de Pentateuchi quatuor librorum posteriorum auctore et editore, Erlangen, 1817, réimprimé dans le tome des Comment, theol. de Rosenmuller, Fuldner et Maurer.

« PoprzedniaDalej »