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se propose surtout pour but la jouissance physique et le contentement des appétits. Mais cette différence ne fait rien dans la question présente il n'en demeure pas moins démontré que le communisme actuel se fonde sur les mêmes arguments que le communisme chrétien, et qu'il a le droit de se saisir des armes que ce dernier tient aujourd'hui cachées, et dont se servaient ses premiers docteurs contre la propriété privée.

"quædam communis possessio. Natura igitur jus commune generavit, usurpatio jus fecit privatum." (Saint Ambroise, De officiis ministrorum, lib. 1, cap. 28, tome II, Paris, 1690.)

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Admonendi sunt qui nec aliena appetunt nec sua largiuntur, ut sciant " sollicitè quòd ea de quâ sumpti sunt cunctis hominibus terra communis est, " et idcircò alimenta quoque omnibus communiter profert. Incassùm ergò se " innocentes putant qui commune Dei munus sibi privatum vindicant, qui, cùm accepta non tribuunt, in proximorum nece grassantur: quia tot penè quotidiè perimunt quot morientium pauperum apud se subsidia abscondunt. " (S' Grégoire, pape, Regula pastoralis, pars 3, cap. 21, tome II, Paris, 1705.) On voit que tous ces Pères niaient formellement le droit de propriété pri vée. Saint Augustin n'allait pas jusque là; mais il soutenait une théorie qui ne valait pas mieux : ce droit, qui est essentiellement fondé sur la loi naturelle, il le faisait dépendre uniquement de la loi humaine; c'est à dire, ainsi qu'il prenait soin de l'expliquer lui-même, du bon plaisir des empereurs et des rois. C'est encore là une opinion que nous retrouvons dans certains systèmes socialistes de nos jours: Undè quisque possidet quod possidet? Nonne jure humano? Nàm jure divino Domini est terra et plenitudo ejus : pauperes et divites Deus de uno limo fecit, et pauperes et divites una terra supportat. Jure tamen humano dicit, hæc villa mea est, hæc domus mea, hic servus meus est. Jure ergò humano, jure imperatorum. Quare? Quia ipsa jura humana per imperatores et Reges sæculi Deus distribuit generi humano. ▪ (In Johannis evangelium, cap. 1, tract. 6, art. 25, tome III, 2e partie, Paris, 1680.)

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$ 17. - PRÉTENTIONS DES FILS DE ZÉBÉDÉE.

Dans l'Évangile de Matthieu, ch. 20, v. 20-24, la mère des deux fils de Zébédée (Jacques le majeur et Jean l'évangéliste) demande pour eux à Jésus la faveur d'être assis l'un à sa droite et l'autre à sa gauche lorsqu'il règnera. Dans l'Évangile de Marc, ch. 10, v. 35-41, ce n'est pas la mère mais ce sont les fils eux-mêmes qui font à Jésus cette demande ambitieuse. Cette différence ne constitue pas précisément une contradiction entre les deux relations; car, dans celle de Matthieu, Jacques et Jean sont présents, et l'on ne voit pas qu'ils désavouent les prétentions orgueilleuses de leur mère. Dans l'un et l'autre Évangile, Jésus répond: Vous ne savez ce que vous demandez, et cette réponse est assurément ce qu'il y a de plus raisonnable. Les dix autres disciples, présents à cette scène, se montrent indignés contre les deux frères, et leur indignation paraît assez légitime, soit que l'indiscrète demande de leurs collègues eût en vue le royaume messianique temporel, tel que l'entendaient les Juifs, soit même qu'elle eût pour objet le royaume céleste, tel que l'entendent les chrétiens. Dans l'Évangile de Luc, on ne trouve rien qui ait rapport à ce fait; mais il y est dit, ch. 22, v. 22-50, que, lorsque Jésus, célébrant la Pâque avec ses disciples, leur annonce sa passion prochaine et leur apprend qu'un d'eux doit le trahir, une contestation (le moment était bien choisi pour cela!) s'élève aussitôt entre eux pour savoir lequel paraissait le plus grand. Jésus leur donne alors une leçon d'humilité qui a été souvent citée, leçon qui se lit aussi dans les deux premiers Évangiles, à une tout autre place, à la suite des passages cités au commencement de

ce paragraphe (Matthieu, v. 25-28, et Marc, v. 42-45), mais qui se termine ici par des paroles propres à en gâter l'effet; il leur promet que, lorsque son règne sera arrivé, il les fera asseoir sur des trónes pour juger les douze tribus d'Israël. Certes une pareille perspective était bien faite pour leur inspirer des pensées d'orgueil, de la nature de celles qui dictèrent la demande des fils de Zébédée. On peut s'étonner enfin que Jean l'évangéliste, l'un de ces deux fils qui firent cette demande, n'en ait point parlé. Il est vrai que ce trait, s'il lui appartient véritablement, ne lui faisait pas honneur; mais ce n'était pas pour dissimuler ses fautes qu'il rédigeait son Évangile, puisque, au point de vue chrétien, il l'écrivait sous l'inspiration de l'Esprit-Saint dont il n'était qu'un instrument passif.

$ 18. ZACHARIE, FILS DE BARACHIE, TUÉ ENTRE LE TEMPLE

ET L'AUTEL.

Dans Matthieu, ch. 25, v. 35, Jésus reproche aux Juifs d'avoir versé le sang de Zacharie, fils de Barachie, qu'ils ont tué entre le temple et l'autel. Où trouver ce personnage dans l'histoire juive? C'est là un sujet de grande controverse. On rencontre bien, au 2e livre des Paralipomènes, ch. 24, v. 20-22, un prêtre, du nom de Zacharie (1), lapidé dans l'atrium du temple par l'ordre du roi Joas; mais il est dit fils de Joïada et non de Barachie. On a supposé que Joïada avait un second nom; mais ce n'est là qu'une supposition que rien n'autorise

(1) Il est appelé Azarias dans le grec.

à réaliser. Ailleurs on trouve deux Zacharies, fils de Barachies. Le premier est un de ces témoins que prend Isaïe quand il s'approche de la prophétesse, ch. 8, v 2. L'autre est le prophète Zacharie, l'un des douze petits prophètes, ch. 1or, v. 1 et 7. Mais on ne voit nulle part que l'un ou l'autre ait été tué entre le temple et l'autel. Le dernier prophétisait du temps de Darius; or, à cette époque, l'ancien temple de Jérusalem était détruit depuis longtemps. On a dit que Jésus avait voulu parler de Zacharie, père de Jean-Baptiste, et l'on a supposé que ce Zacharie avait été mis à mort par le roi Hérode; mais, outre que Zacharie, père du Précurseur, n'est point appelé fils de Barachie, cette supposition, relative à sa mort, ne s'appuie sur rien. Joseph rapporte, dans son histoire de la guerre des Juifs contre les Romains, livre 4, ch. 19, qu'il y avait à Jérusalem un personnage illustre et de grande autorité, nommé Zacharie, fils de Baruch, et que les zélateurs assassinèrent dans le temple même. Malgré la faible distance du nom de Baruch à celui de Barachie, distance aisément franchissable tandis que celle de Joïada à Barachie ne l'est pas du tout, des Zacharies que nous venons de passer en revue, ce serait encore à celui-là que s'appliquerait le mieux l'ensemble du texte de Matthieu. Mais l'événement rapporté par Joseph avait lieu l'an 67 de notre ère, c'est à dire assez longtemps après l'époque que les chrétiens assignent aux prédications de Jésus. A prendre le texte de l'Évangile de Matthieu, tel qu'il nous est parvenu, il y a donc ici une erreur évidente de nom. Cette erreur n'existait pas dans l'Évangile des Nazaréens, où saint Jérôme nous apprend qu'au lieu de fils de Barachie, on lisait fils de Joïada (1),

(1)

In evangelio quo utuntur Nazareni, pro filio Barachiæ, filium

en sorte que, dans l'Évangile de ces sectaires, le prophète dont parle Matthieu, était bien manifestement le Zacharie du ch. 24, v. 20-22 du 2e livre des Paralipomenes.

$ 19.

POURQUOI JÉSUS PARLAIT A LA MULTITUDE EN PARABOLES.

Chez Marc, ch. 4, v. 11 et 12, et Luc, ch. 8, v. 10, Jésus, à qui ses disciples demandent pourquoi il parle à la multitude en paraboles, répond qu'il leur a été donné, à eux, de connaître le mystère du royaume de Dieu, mais que, pour les autres, ceux du dehors, tout doit se passer en paraboles. Cette distinction est déjà peu raisonnable par elle-même; mais ce qui l'est bien moins encore, c'est ce motif que les évangélistes en font donner à Jésus : Pour qu'ils voient sans voir et qu'ils entendent sans comprendre. Marc ajoute: De peur qu'ils ne se convertissent et que leurs péchés ne leur soient pardonnés (1). Quoi! c'était pour que la multitude ne le comprît pas, c'était de peur qu'elle ne se convertît, que Jésus lui parlait en paraboles ! L'explication directement contraire, et que semble vouloir donner Matthieu, ch. 13, v. 13-15, mais en altérant le texte d'Isaïe (ch. 6, v. 9 et 10), auquel il se réfère, serait bien plus naturelle. Le motif qu'on suppose ici à Jésus est non seulement odieux mais absurde; car, pour celui qui, n'étant pas forcé de parler, aurait peur d'être compris, il y a un moyen plus simple et plus infail

Joiada reperimus scriptum." (Commentaria, lib. 4, in Matthæi cap. 23, tome IV, Paris, 1706.)

(1) Μήποτε ἐπιστρέψωσιν καὶ ἀφεθήσεται αὐτοῖς τὰ παραπτώματα.

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