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lement à Isaïe cette autre prophétie, qui appartient à Malachie, ch. 3, v. 1 : « Voici que j'envoie mon ange, et il préparera la « voie devant ma face. » De plus il en altère l'expression et l'on peut même dire le sens, en la donnant en ces termes : « Voici << que j'envoie mon ange devant ta face, et il préparera ta voie « devant toi. »

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TENTATIONS DE JÉSUS DANS LE DÉSERT.

Dans l'Évangile de Matthieu, ch. 4, v. 1-11, Jésus, amené au désert pour y être tenté par le diable, jeûne pendant 40 jours et 40 nuits; après quoi il a faim (1). Le tentateur l'invite d'abord à convertir des pierres en pains; puis il l'emmène à Jérusalem, le place sur le sommet du temple et l'engage à se jeter du haut en bas; enfin il l'emmène sur une montagne très haute, de laquelle il lui montre tous les royaumes de la terre, en lui disant : « Je te donnerai tout cela, si tu veux tomber

(1) Le nombre 40 était sacramentel chez les Hébreux, comme le nombre 7, dont j'ai eu à parler dans une note du ch. 5 de la 1re partie, page 201 du tome 1. Moyse avait également jeûné pendant 40 jours et 40 nuits sur le Sinaï (Exode, ch. 34, v. 28). Le prophète Élie, après avoir mangé un pain qui lui avait été apporté par un ange, avait parcouru le désert sans manger pendant 40 jours et 40 nuits (3e livre des Rois, ch. 19, v. 8). La pluie du déluge avait duré 40 jours et 40 nuits (Genèse, ch. 7, v. 12). Les Israélites avaient erré pendant 40 ans dans le désert (Deutéronome, ch. 8, v. 2). Les espions envoyés pour explorer la Terre promise, y étaient restés pendant 40 jours Nombres, ch. 13, v. 26). Jésus monte au ciel 40 jours après sa résurrection, dans la relation des Actes des apôtres, ch. 1er, v. 3-9.

<< à mes pieds et m'adorer. » Jésus triomphe, comme on le pense bien, de toutes ces tentations. Marc, ch. 1er, v. 13, se contente de dire que Jésus demeura dans le désert pendant 40 jours et 40 nuits, et qu'il y fut tenté par Satan. Il ne spécifie point la nature des tentations; mais il ajoute cette circonstance, que Jésus était avec les bêtes. Luc, ch. 4, v. 1-15, reproduit le récit de Matthieu, en intervertissant toutefois l'ordre dans lequel ont lieu les deux dernières tentations. Jean ne dit pas un mot de cette histoire extravagante. Au point de vue chrétien, le diable, à qui l'on attribue une intelligence et une science supérieures, ne devait pas ignorer que Jésus était Dieu en même temps qu'homme, qu'il était ce Messie prédit comme devant anéantir son empire (1). Et quand on voudrait supposer qu'il l'ignorait alors, au moins est-on obligé d'accorder qu'il regardait Jésus comme un être d'une nature surhumaine. Comment donc aurait-il espéré le rendre docile à ses vœux et même s'en faire adorer, en lui offrant l'appât d'une récompense terrestre? Ce n'est pas l'esprit qu'on refuse ordinairement au diable: le rôle qu'on lui fait jouer ici est donc trop absurde. J'ai entendu un prédicateur de renom célébrer la force d'âme dont Jésus fit preuve en résistant au tentateur. Quel mérite pouvait-il y avoir pour un homme-Dieu à résister à des tentations? Bien plus, la tentation n'est-elle pas chose impossible dans une pareille condition? Que dire de

(1) Cet empire, pour le dire en passant, n'en a pas moins continué, depuis l'établissement du christianisme, d'être assez florissant, et cela de l'aveu même de nos adversaires, puisque leur doctrine du petit nombre des élus assigne au diable comme sujets définitivement acquis l'immense majorité du genre humain.

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cette haute montagne, de laquelle on peut voir tous les royaumes de la terre, et comment avec les yeux du corps embrasser à la fois toute la surface d'un sphéroïde? L'abbé Bergier écarte cette merveille en abandonnant le sens propre et naturel des relations sacrées : « L'évangéliste, dit-il, ajoute << que du sommet d'une haute montagne le démon montra à « Jésus-Christ tous les royaumes du monde et leur gloire, «< ch. 4, v. 8; mais les montrer, ce n'est point les faire voir <«< à l'œil, c'est en indiquer la situation, l'étendue, les << richesses, etc.; il n'est pas besoin pour cela de voir toute la « surface du globe (1). » A ce compte, ce serait uniquement une description verbale, une simple leçon de géographie que le diable aurait faite à Jésus. Mais alors à quoi bon le faire monter pour cela sur une montagne très haute? Que penser enfin de ce pouvoir que Jésus laisse au diable, de le mener d'un lieu dans un autre, de le placer sur le sommet du temple et par conséquent de le souiller de ses impurs attouchements? L'imagination des légendaires chrétiens n'a donc pas reculé devant cette monstruosité!

§ 3. INTENTIONS DE JÉSUS A L'ÉGARD DU MOSAÏSME.

Jésus se proposait-il de détruire le mosaïsme et d'y substituer une autre religion? En lui supposant cette intention, peut-on dire qu'il voulait appliquer la religion nouvelle aux gentils

(1) Théologie, dans l'Encyclopédie méthodique, article Tentation, tome III, Paris, 1790.

aussi bien qu'aux Juifs? Nous manquons des documents historiques qui nous seraient nécessaires pour nous prononcer sur ces questions. A en juger seulement par l'ensemble des traits qui composent son caractère évangélique, on serait porté à croire qu'il voulait détruire ou au moins transformer le mosaïsme, et surtout appliquer sa religion à tous les hommes. Mais alors comment expliquer les paroles que lui attribue particulièrement Matthieu en diverses circonstances, et qui seraient, s'il les a réellement prononcées, une sorte d'accommodement tout à fait indigne de lui? Jésus déclare, dans le premier évangile, ch. 5, v. 17-19 (voir aussi Luc, ch. 16, v. 17), qu'il n'est pas venu détruire la loi, mais qu'elle sera observée jusqu'à un iota tant que le monde subsistera, et que celui qui aura enfreint la moindre des prescriptions légales, sera relégué au dernier rang dans le royaume des cieux (1). Cette déclaration est du resté en harmonie avec le verset 2 du ch. 4 du Deuteronome, qui, en défendant expressément de rien ajouter

(1) Cela n'empêche pas Matthieu, dans ce même chapitre 5, v. 38-44, d'attribuer à Jésus des prescriptions sur lesquelles je reviendrai tout à l'heure, et qui sont la condamnation directe et expresse de ces dispositions de l'ancienne loi, qui établissaient la justice sauvage du talion et que j'ai mentionnées au ch. 3, § 4 de la 1re section. Dans maintes circonstances, le langage et les actes de Jésus laissent percer un véritable mépris pour les observances et les traditions judaïques. (Matthieu, ch. 9, v. 14-17, ch. 12, v. 1-12, ch. 15, v. 1-14; Marc, ch. 2, v. 23-28, ch. 3, v. 1-5, ch. 7, v. 1-15; Luc, ch. 6, v. 1-10, ch. 13, v. 10-17, ch. 14, v. 1-5; Jean, ch. 5, v. 8-16, ch. 7, v. 22 et 23, ch. 9, v. 1-16, et passim.) Cette contradiction se retrouve chez les premiers prédicateurs du christianisme, au point d'allumer la guerre entre eux, ainsi que je le ferai voir plus loin, en parlant de saint Paul.

à la loi et d'en rien retrancher, attribue à la religion mosaïque un caractère absolu de vérité, d'universalité et de perpétuité (1). Au ch. 8, v. 4, de l'Évangile de Matthieu, Jésus, après avoir guéri un lépreux, l'envoie auprès du prêtre pour qu'il ait à faire ces offrandes prescrites par la loi, et dont on peut voir le long et curieux détail dans le chapitre 14 du Lévitique. (Le même fait se lit dans Marc, ch. 1o, v. 44, et dans Luc, ch. 5, v. 14.) Au ch. 25, v. 2 et 3, Matthieu fait dire à Jésus que les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moyse, et qu'il faut dès lors observer tout ce qu'ils prescrivent. Lorsque Jésus donne mission à ses douze apôtres, non seulement il leur ordonne, à en croire Matthieu, ch. 10, v. 5 et 6, d'aller de préférence auprès des brebis perdues de la maison d'Israël, mais il leur défend d'aller chez les gentils et d'entrer dans les villes des Samaritains (2). Le même évangéliste, ch. 15, v. 24-28, non content de lui faire dire qu'il n'a été envoyé qu'aux brebis de la maison d'Israël, le fait d'abord repousser une femme chananéenne par ces paroles pleines de dureté, et

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"Vous n'ajouterez rien à la parole que je vous adresse, et vous n'en

☐ retrancherez rien. » Voir aussi, au Deuteronome, le ch. 13, v. 1er (ch. 12, v. 32, dans le grec et le latin). Les docteurs chrétiens se donnent une peine infinie pour ne point paraître s'inscrire en faux contre ce texte si formel, quand ils prétendent que l'ancienne loi n'était que transitoire et que ses prescriptions devaient faire place à celles de la loi chrétienne.

(2) On dira peut-être qu'une pareille défense ne se concilie guère avec la mission qu'il donne finalement à ses apôtres, ch. 28, v. 19 (voir aussi Marc, ch. 16, v. 15, et Luc, ch. 24, v. 47), d'aller instruire toutes les nations. Soit. Mais cette défense expresse n'en subsiste pas moins.

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