Obrazy na stronie
PDF
ePub

Oliviers. Dans Luc au contraire, ch. 22, v. 54 et 59, et Jean, ch. 15, v. 58, et ch. 18, v. 1, il le prédit avant de sortir.

D'après Matthieu, v. 34, Luc, v. 34, et Jean, v. 38, Jésus prédit que Pierre le reniera trois fois, la nuit suivante, avant que le coq chante; d'après Marc, v. 50, avant que le coq ait chanté deux fois.

D'après Matthieu, v. 69-71, les deux premiers reniements sont provoqués successivement par deux servantes; d'après Luc, v. 56-58, le premier est provoqué par une servante et le second par un homme.

Enfin, chez Luc, v. 61, aussitôt après le troisième reniement et le chant du coq, Jésus se retourne et regarde Pierre, qui se rappelle alors la prédiction de son maître. Cela suppose évidemment qu'ils sont dans le même lieu et qu'ils peuvent se voir. Mais, d'après les quatre Évangiles, Pierre, pendant ses reniements, était successivement dans la cour ou l'avant-cour, près du feu allumé au milieu de cette cour (Luc, v. 55), se chauffant avec les serviteurs du pontife (Marc, v. 54; Luc, v. 55; et Jean, v. 18). Or, pendant ce temps, d'après Matthieu, v. 69, et Marc, v. 66, Jésus qui venait d'être jugé par le sanhédrin, n'était pas dans le même lieu que Pierre, puisque c'est par opposition au lieu où il se trouvait que ces évangélistes disent que Pierre était en dehors et en bas.

[merged small][ocr errors]

Tandis que Jean, ch. 14, 15, 16, 17 et 18, fait tenir à Jésus, peu d'instants avant son arrestation, des discours pleins de calme, et le fait aller au-devant de ses ennemis, ch. 18,

v. 4-8, avec une courageuse assurance, Matthieu, ch. 26, v. 36-59, Marc, ch. 14, v. 52-56, et Luc, ch. 22, v. 41-44, le représentent en prières, et dans quelle attitude! Chez Matthieu et Marc, il se prosterne le visage contre terre; chez Luc, il se contente de se mettre à genoux. Ils le font demander à son père d'éloigner la mort qui le menace. Il est vrai qu'ils paraissent sentir ce que cette prière peut avoir d'étonnant dans une telle bouche; car ils la font suivre immédiatement d'un acte de résignation à la volonté suprême. Marc va jusqu'à faire tomber Jésus dans un état de stupeur et de consternation (1). Luc fait descendre du ciel un ange pour le fortifier; non content de le représenter en agonie, il le fait suer comme des grumeaux de sang (2). On remarquera que ce même Jean, qui ne dit rien de ces sentiments de frayeur et d'abattement, que les trois autres évangélistes attribuent à Jésus, a dû, d'après Matthieu, v. 37 et 58, et Marc, v. 55 et 54, en être un des trois témoins oculaires privilégiés et entendre Jésus se plaindre si amèrement. Un instant Jean avait présenté Jésus comme éprouvant quelque trouble à la pensée de la mort qui l'attendait; mais c'était pour le faire se relever aussitôt avec dignité en prononçant ces paroles : « Pourquoi dirais-je à mon père : épargne<< moi cette heure? Mais c'est pour cela que je suis venu. »> Ch. 12, v. 27.

(1) Ἤρξατο εκθαμβεῖσθαι καὶ ἀδημονεϊν, ν. 33. Saint Jérôme a atténué l'énergie de ces expressions en les traduisant par cæpit pavere et tædere. Pourtant la peur et l'ennui ne sont pas déjà des sentiments très dignes d'un Dieu.

(2) Εγένετο ὁ ἱδρὼς αὐτοῦ ὡσεὶ θρόμβοι αίματος, ν. 44.

§ 19. ARRESTATION ET JUGEMENT DE JÉSUS ET DISPOSITIONS DE PILATE A SON ÉGARD.

Dans Matthieu, ch. 26, v. 51 et 52, au moment de l'arrestation de Jésus, un de ses disciples tire son épée et coupe l'oreille de l'esclave du grand-prêtre. Jésus réprimande son disciple, non seulement en l'invitant à remettre son épée dans le fourreau, mais en ajoutant que tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée. Marc, ch. 14, v. 47, se borne à dire qu'un des assistants tire son glaive et coupe l'oreille de l'esclave du grand-prêtre. Dans la narration plus précise de Jean, ch. 18, v. 10 et 11, le disciple qui frappe l'esclave du grand-prêtre, est Simon Pierre. L'esclave s'appelle Malchus, et c'est son oreille droite qui est coupée. Jésus dit à Pierre de remettre son épée dans le fourreau, mais sans ajouter que ceux qui prendront l'épée périront par l'épée. Ces récits tout en étant différents, n'ont rien de contradictoire entre eux, et l'invitation que, dans le 1er et le 4o Évangile, Jésus adresse à son disciple sous forme évidente de réprimande, est d'ailleurs en harmonie avec les préceptes habituels de patience et d'humilité dont j'aurai plus loin (1) à signaler l'exagération et les mauvaises applications. Mais voici maintenant le récit de Luc, ch. 22, v. 36, 38 et 49-51. Jésus dit à ses disciples : « Que <«< celui qui a une bourse la prenne, et qu'il prenne également sa « besace; et que celui qui n'en a point, vende son vêtement et << achète une épée. » Les disciples répondent : « Nous avons «< ici deux épées. » Et il ajoute : « Cela est suffisant. » Ils

(1) Au chapitre 2, § 4 de cette seconde section.

se rendent alors au mont des Oliviers. Lorsque les gens armés, conduits par Judas, se présentent, les disciples de Jésus lui disent << Maître, frapperons-nous de l'épée? » Il ne répond rien. Un des disciples, interprétant sans doute ce silence comme un signe d'assentiment, frappe l'esclave du grandprêtre et lui coupe l'oreille droite. Jésus ne blâme point cet acte, mais se contente de dire : « Tenez-vous en là. » Il guérit alors par un simple attouchement l'esclave mutilé, ce qui permet de supposer que l'oreille n'avait pas été entièrement amputée. Malgré cette guérison miraculeuse dont aucun des autres évangélistes n'avait parlé, il est manifeste que le récit de Luc ne se concilie point avec ceux de Matthieu et de Jean. Loin d'y blâmer l'emploi de la force matérielle pour repousser une injuste agression, Jésus recommande de vendre ses vêtements pour se procurer des armes. Quand ses disciples lui disent qu'ils ont avec eux deux épées, il ne leur en interdit pas l'usage, mais il dit seulement qu'elles suffisent à la défense commune. Lorsqu'on vient l'arrêter et que ses disciples lui demandent s'il faut frapper de l'épée, il ne dit pas non, et c'est seulement après que l'esclave du grand-prêtre a été blessé, qu'il donne l'ordre de ne pas pousser plus loin une résistance devenue sans doute inutile ou jugée telle. Cette dernière version fait jouer à Jésus un rôle qui n'est pas conséquent avec ses habitudes et ses doctrines ordinaires, telles qu'elles apparaissent dans l'Évangile même de Luc. Faire porter et tirer l'épée à ses disciples, en particulier à Pierre, son futur vicaire et le chef des apôtres, n'est-ce pas quelque chose d'aussi contrastant avec la plupart des enseignements qu'on lui attribue que si on lui mettait à lui-même l'épée à la main?

Selon Matthieu, v. 57, Marc, v. 55, et Luc, v. 54, Jésus,

après son arrestation, est conduit immédiatement devant le grand-prêtre, que Matthieu appelle Caïphe. Selon Jean au contraire, v. 15 et 24, il est amené d'abord devant Anne, beau-père de Caïphe. Jean, en nommant aussi Caïphe, fait observer qu'il était le grand-prêtre de cette année là (1), expression qui, répétée jusqu'à 5 fois (ch. 11, v. 49 et 51, et ch. 18, v. 15), semble dire que le rédacteur du 4o Évangile croyait annuelle cette fonction, qui au contraire devait être à vie. Il est vrai que les Romains, devenus maîtres de la Judée, dépossédèrent souvent ceux qui en étaient revêtus; mais l'historien Joseph nous apprend que Caïphe exerça le souverain pontificat pendant les dix années du gouvernement de Ponce Pilate, et qu'il n'en fut dépossédé par Vitellius qu'à une époque postérieure à celle que la tradition chrétienne assigne à la mort de Jésus (2).

D'après Matthieu, v. 57-66, et Marc, v. 55-64, Jésus, amené chez Caïphe, est immédiatement traduit devant le conseil des prêtres et jugé la nuit même, puisque, au début du chapitre suivant, le jour point et le conseil renvoie Jésus devant Pilate. D'après Luc au contraire, v. 66, le sanhédrin ne s'assembla pour juger que lorsque le jour fut venu. Cette contradiction étonne de la part de Luc. On ne peut pas dire qu'il ait craint de déranger de leur sommeil les princes des prêtres, les magistrats du temple et les anciens du peuple; car il est le seul évangéliste qui les fasse assister, v. 52, même à l'arrestation nocturne de Jésus sur le mont des Oliviers, ce qui est d'une invraisemblance exorbitante.

(1) ̓Αρχιερεὺς τοῦ ἐνιαυτοῦ ἐκείνου.

(2) Icudaixý àpxzoλoyíz, livre 18, ch. 2 et 4, tome Ier, Amsterdam,

« PoprzedniaDalej »