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se refusât à rien communiquer à personne de sa science surnaturelle, et voit-on pourquoi il s'y refuserait? Comprendrait-on surtout que les historiens qui transmettraient à la postérité le souvenir de ce fait merveilleux, ne dissent pas un mot des révélations qui l'auraient infailliblement suivi? Si le ressuscité n'avait rien à dire de ce qu'il aurait appris, et si les historiens qui rapporteraient sa résurrection, n'avaient aucune réflexion à faire sur cet inconcevable silence, ne serait-ce pas là une chose plus inexplicable encore que le miracle même? Or c'est justement ce qui a lieu pour les quatre faits de résurrection, rapportés soit dans les Évangiles soit dans les Actes des apôtres.

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Luc et Jean, les seuls évangélistes qui fassent passer Jésus à Samarie, prêtent aux habitants des dispositions fort opposées. D'après Luc, ch. 9, v. 51-56, les Samaritains ne veulent pas recevoir Jésus parce qu'il se dirigeait du côté de Jérusalem, et Jacques et Jean en sont tellement indignés qu'ils demandent la permission de faire descendre le feu du ciel sur ce peuple inhospitalier (1). Jésus les reprend de cette mauvaise pensée,

(1) Des éditions portent, à la fin du verset 54, ces mots as xal Hias Erciye. On lit, au 4e livre des Rois, ch. 1er, v. 10-12, qu'en effet Élie foudroie deux officiers du roi Ochozias et cent soldats qui les accompagnent. S'il avait bien agi, son exemple était bon à imiter. Si au contraire, comme cela est évident, la demande des disciples de Jésus était insensée, l'action du prophète l'avait été également.

ajoutant qu'il n'est pas venu pour perdre mais pour sauver. D'après Jean, ch. 4, v. 9 et 39-42, le même Jean que Luc nous représente si irrité contre les Samaritains, ceux-ci, lorsque Jésus passe dans leur contrée, lui font au contraire un excellent accueil, quoiqu'ils sachent fort bien qu'il est Juif; ils le prient de demeurer pendant deux jours au milieu d'eux, et ils le proclament le sauveur du monde. Les relations de Luc et de Jean se rapportent sans doute à deux passages différents de Jésus en Samarie, puisque, d'après Luc, il allait à Jérusalem, tandis que, d'après Jean, il en venait; mais cela n'explique pas le moins du monde des dispositions aussi contradictoires de la part des Samaritains envers les étrangers. Quant à cette différence de direction de la marche de Jésus, elle est une conséquence de la contradiction signalée plus haut (1) entre Jean et Matthieu au sujet du théâtre habituel des actes de Jésus, les indications de Matthieu et de Luc à cet égard étant ordinairement les mêmes.

$11. CHAUSSURES ET BATON EN VOYAGE.

D'après Matthieu, ch. 10, v. 10, Jésus recommande aux apôtres de n'emporter en voyage ni chaussures ni bâton. D'après Marc, ch. 6, v. 8 et 9, il leur permet au contraire le bâton et les chaussures. D'après Luc, ch. 10, v. 4, il leur défend les chaussures, sans parler de bâton. Luc ajoute une recommandation qu'on ne trouve ni dans Matthieu ni dans

(1) § 5 de ce chapitre.

Marc, celle de ne saluer personne en route. Cette dernière recommandation, dont la grossièreté choquait Origène (1), est maladroitement imitée de celle que fait le prophète Élisée à son serviteur Giézi, au 4o livre des Rois, ch. 4, v. 29, mais qui s'explique par la nature de la commission dont il le charge.

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En racontant tous trois la guérison de cécité, opérée à Jéricho, Matthieu, ch. 20, v. 29-54; Marc, ch. 10, v. 46-52; et Luc, ch. 18, v. 55-45, et ch. 19, v. 1, présentent de remarquables divergences. Selon Matthieu, il y avait deux aveugles; selon Marc et Luc, il n'y en avait qu'un, dont Marc donne même le nom. De plus, d'après Matthieu et Marc, Jésus sortait de Jéricho, quand il opéra la guérison; d'après Luc au contraire, non seulement Jésus ne sortait pas de Jéricho, mais il n'y était pas même encore entré, il ne faisait que d'en approcher.

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LES VENDEURS CHASSÉS DU TEMPLE ET LE FIGUIER
DESSÉCHÉ.

Matthieu et Marc représentent, chacun dans le même chapitre, Jésus chassant les vendeurs du temple et desséchant un figuier sur lequel il était venu en vain chercher des fruits. Mais ils se contredisent sur l'ordre de succession de ces deux

(1) Пepp, livre 4, § 18, tome Ier, Paris, 1733

faits. D'après Matthieu, ch. 21, v. 12-20, la scène des vendeurs chassés du temple précède celle de la malédiction du figuier; d'après Marc au contraire, ch. 11, v. 12-21, elle ne vient qu'après. Autre divergence entre les deux évangélistes : selon Matthieu, v. 20, le figuier se dessèche à l'instant même de la malédiction de Jésus, et ses disciples s'en aperçoivent sur le champ et en font la remarque; selon Marc, v. 19-21, c'est le lendemain seulement que le figuier est desséché, ou que du moins ils s'en aperçoivent et que Pierre le fait observer à Jésus.

Demandons-nous s'il est rien de plus déraisonnable que de maudire et dessécher un figuier, parce qu'on n'y trouve pas de fruits pour apaiser sa faim. N'est-ce pas là une colère d'enfant qui prétend punir un être privé d'intelligence et de liberté, parce qu'il ne le trouve pas docile à ses désirs et à ses caprices? N'est-ce pas dès lors un acte indigne d'un homme aussi sensé que Jésus le paraît ordinairement? Et comme si la chose n'était pas déjà assez extravagante par elle-même, Marc, v. 13, a soin de faire remarquer que ce n'était pas la saison des figues. On n'a donc pas ici, même en se plaçant au point de vue de l'enseignement sous forme d'action symbolique, la ressource de dire que, voyant un arbre ne pas remplir sa destination, et voulant prendre de là occasion de donner une leçon morale aux hommes dont la vie demeure stérile, il le détruisit par cette raison seulement qu'il ne portait pas de fruits, ce qu'il fallait dans tous les cas laisser faire au propriétaire. Ce dont on s'étonne surtout c'est que Jésus allåt chercher des fruits là où il devait savoir, en sa qualité de Dieu, qu'il n'y en avait pas.

Notons enfin que Matthieu et Marc placent, aussi bien que

Luc (ch. 19, v. 45 et 46), la scène d'expulsion des vendeurs du temple près de la fin de la mission de Jésus, tandis que Jean, ch. 2, v. 14-16, la place près du commencement de cette même mission. Les circonstances des quatre récits sont à peu près identiques; il est donc peu probable mais il n'est pas absolument impossible que le fait ait eu lieu deux fois, Matthieu, Marc et Luc parlant de la seconde, et Jean de la première.

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Les quatre évangélistes, Matthieu, ch. 26, v. 2-13; Marc, ch. 14, v. 1-9; Luc, ch. 7, v. 36-40; et Jean, ch. 12, v. 1-8, racontent une scène d'onction de Jésus par une femme. S'agit-il d'une seule et même onction ou de plusieurs? Matthieu, Marc et Jean semblent avoir eu l'intention de décrire la même scène. Pour ce qui est de Matthieu et Marc, cela est évident. Pour ce qui est de Jean, voici les ressemblances assez nombreuses et assez frappantes. Chez lui, comme chez Matthieu et Marc, les choses se passent à Béthanie, peu de jours avant la pâque; Jésus est à table; la femme apporte un parfum précieux, du nard comme chez Marc; un assistant au moins se scandalise; Jésus fait allusion à sa sépulture, et déclare qu'il y aura toujours des pauvres parmi les hommes. Voilà certes un concours de circonstances identiques, qu'il serait déjà fort extraordinaire de rencontrer dans des scènes différentes. On est donc autorisé à supposer que les narrateurs veulent parler ici d'une même scène. Mais, dans cette supposition, comment expliquer les contradictions suivantes?

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