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dans l'Asie-Mineure en deçà du Taurus, et ce furent ces provinces que les Romains donnèrent à Eumène, roi de Pergame, qui avait pris leur parti dans la guerre contre le roi de Syrie. Le Maistre de Sacy reconnaît que l'Inde et la Médie n'ont jamais appartenu à Eumène (1). Mais il ajoute : « Il suffit pour la << vérité de l'histoire que Judas l'eût ainsi entendu dire. » Quoi! Il suffit à la vérité de l'histoire qu'elle soit farcie de mensonges! Il suffit qu'un historien ait entendu raconter des fables pour qu'il soit autorisé à les transmettre à la postérité comme autant de réalités! Plaisante théorie! Elle ne serait pas tolérable si l'on essayait de l'appliquer à de simples mortels : comment oset-on l'appliquer à un écrivain que l'on nous donne pour inspiré de Dieu?

Aux versets 15 et 16 du même chapitre, l'auteur sacré dit que les Romains avaient un Sénat composé de trois cent vingt membres, et qu'ils confiaient tous les ans le souverain pouvoir

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(1) Il s'exprime toutefois à cet égard d'une manière inexacte: 11 ne paraît point, dit-il, que ni les Indiens ni les Mèdes aient jamais été soumis ni à "Antiochus ni à Eumène, roi de Pergame et de Bithynie. " (La sainte Bible, notes, tome II, Paris, 1717.) Il est vrai que ni les Indiens ni les Mèdes ne furent jamais soumis à Eumène. Mais il n'est point exact de dire qu'ils ne furent non plus jamais soumis à Antiochus. Les Séleucides comprenaient dans leur royaume la Médie et plusieurs contrées de l'Inde, conquises par Alexandre. Ils voyaient toujours, il est vrai, ces pays près de leur échapper; mais enfin ils y maintinrent assez longtemps leur puissance. Antiochus III en particulier, dans une de ses expéditions, avait rétabli son autorité sur ses provinces de l'Inde. Quant à la Médie, il l'avait reconquise sur le satrape Molon; mais il la perdit de nouveau et pour toujours, ayant été obligé de l'abandonner à Arsace II. Il ne la possédait plus quand il fut défait par les Romains, et ce serait au besoin, indépendamment du silence de l'histoire, une raison pour nier qu'il la leur eût cédée ainsi que le prétend l'écrivain sacré.

à un seul homme à qui ils obéissaient tous, sans connaître jamais ni l'envie ni la jalousie. Il est évident que cet auteur ignorait que les Romains, hors le cas très rare où ils créaient un Dictateur, élisaient sous le nom de consuls deux magistrats suprêmes et que cette élection causait fort souvent de très grandes discusions civiles. Il aura pris cette royauté annuelle et si paisible d'un seul homme à la même source que son nombre rond de trois cent vingt sénateurs. Voilà un écrivain qui est bien au courant, comme on voit, de l'histoire de Rome et de sa constitution politique! Il ne faut pas oublier qu'il écrit sous la dictée de l'Esprit-Saint.

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Livre 2, ch. 6, v. 18-31, et ch. 7, le vieillard Éléazar, une femme juive et ses sept fils donnent un admirable exemple de courage, en allant à la mort plutôt que de faire un acte que défend leur religion. Cet exemple serait parfaitement beau s'ils se refusaient à faire une chose qui fût immorale de sa nature au lieu d'être aussi insignifiante en soi que le fait de manger du porc; car c'était à cela qu'Antiochus, au dire de l'historien sacré, voulait forcer les Juifs, ch. 6, v. 18, et ch. 7, v. 1er. Mais, tout en regrettant de voir dépenser de la sorte autant de force et de résignation, on ne saurait, je le répète, s'abstenir d'admirer ce noble sacrifice, quand on considère abstractivement le principe dont il émane, je veux dire la volonté de conserver intacte la liberté religieuse.

$ 4. SUICIDE DE RAZIAS.

Ch. 14, v. 37-46, Nicanor, général du roi Démétrius, envoie dans la maison d'un des principaux citoyens de Jérusalem, nommé Razias, des soldats qui ont ordre de l'arrêter. Celui-ci, se voyant sur le point d'être pris, se frappe lui-même de son glaive. Comme il n'était pas encore mort, il se précipite du haut d'un mur sur les soldats, qui lui font place et le laissent arriver sur le sol la tête la première. Il respirait encore. Il se lève, s'arrache les entrailles, les jette de ses deux mains sur la troupe, et expire en invoquant son Dieu. Que l'on dise qu'en se précipitant sur les soldats et même en leur jetant ses entrailles dans un accès de rage plus burlesque encore que patriotique, il espérait tuer des ennemis et rendre par là service à son pays, et qu'en pareil cas le suicide est non seulement permis mais méritoire, je n'admettrais pas même cela. Mais quand il se donne lui-même un coup d'épée, ce n'est pas apparemment pour faire du mal aux ennemis et pour sauver son pays, à qui cet acte de démence est inutile et funeste. Il y a bien là un pur suicide, parfaitement caractérisé, et que l'auteur sacré non seulement n'appelle point de son vrai nom de crime et ne flétrit d'aucun blâme, mais présente comme une belle action: Il se perça lui-même de son glaive, voulant mourir noblement plutôt que d'être soumis à des impies (1). Voilà donc l'auteur sacré qui

(1) Ὑπέθηκεν ἑαυτῷ ξίφος, ευγενῶς θέλων ἀποθανεῖν ἤπερ τοῖς ἀλιτηρίοις ÚлоxεÏρios yεvéσoα, v. 41 et 42. Comparez à cette justification du suicide par la Bible cette recommandation de Cicéron : « Piis omnibus retinendus est animus in custodiâ corporis, nec injussu ejus à quo ille est vobis datus, ex homi

justifie et honore le suicide, se faisant complice d'un cruel et immoral préjugé, et prenant sous sa recommandation un des plus déplorables égarements de l'esprit humain! On sait que les Donatistes, lorsqu'ils se donnaient eux-mêmes la mort pour éviter de tomber entre les mains des catholiques, invoquaient l'exemple de Razias, et prétendaient en l'imitant s'élever à un haut degré de sainteté. Aussi saint Augustin, qui a écrit un livre contre les Donatistes, trouve-t-il répréhensible l'action de Razias (1). Mais, comme on pouvait lui objecter que ce jugement contredit le témoignage qu'il tenait pour divin, il prétend que l'écrivain sacré se borne simplement à rapporter le fait sans l'approuver (2). En présence du texte que j'ai cité tout à l'heure et qui est si manifestement un éloge, je vois, dans cette prétention de saint Augustin et dans la dissertation par laquelle il cherche à l'établir, beaucoup de rhétorique, mais je ne sais que penser de sa bonne foi.

"num vitâ migrandum est, ne munus humanum assignatum à Deo defugisse " videamini." (De Republicá, lib. 6, § 8, tome V des Euvres philosophiques, Paris, 1831.)

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(1) Humilitatem inter manus inimicorum non valens ferre, non planè sapientiæ sed insipientiæ dedit exemplum, non Christi martyribus sed Donati "circumcellionibus imitandum." (Contrà Gaudentium Donatistam, lib. 1, cap. 31, tome IX, Paris, 1688.)

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(2) Istam verò ejus mortem mirabiliorem quàm prudentiorem narravit quemadmodùm facta esset, non tanquàm facienda esset scriptura laudavit." (Ibidem.) La même explication se retrouve dans une de ses Epitres: Quam"vis homo ipse fuerit laudatus, factum tamen ejus narratum est non laudatum, et judicandum potiùs quàm imitandum. (Epistola 204, Dulcitio, art. 7, tome II.)

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SECONDE SECTION.

LIVRES DU NOUVEAU TESTAMENT.

Les principaux livres du Nouveau Testament sont les quatre Évangiles, les Actes des Apôtres et les Épîtres de saint Paul. Je ne m'arrêterai pas longtemps sur les Actes des Apôtres ni sur les Épîtres de saint Paul; mais j'examinerai en détail les quatre Évangiles, parce que ce sont les bases mêmes sur lesquelles on a prétendu asseoir la religion chrétienne. On voit que je ne veux pas user ici de l'avantage que la critique tire ordinairement de l'existence d'un très grand nombre d'évangiles qui avaient cours parmi les chrétiens des premiers siècles, et dont quatre seulement, ceux qui portent les noms de Matthieu, Marc, Luc et Jean, et qui sont en effet les moins déraisonnables sans être pour cela peut-être moins apocryphes, auraient été déclarés authentiques par un décret du pape Gélase Ier, rendu dans un concile de 70 évêques assemblés à Rome, en l'année

T. II.

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