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Le livre de l'Ecclésiastique (1), qui porte le nom de Jésus, fils de Sirach, nous fait retomber en plein dans les idées juives.

Ch. 7, v. 26, il est défendu à un père de montrer à ses filles un visage gai (2). Ch. 30, v. 1, 9 et 10, il lui est recommandé, s'il aime son fils, de le fouetter assiduement (3), et il lui est interdit de jouer et de rire avec lui. Nous avions entendu déjà l'auteur du livre des Proverbes préconiser ce système d'éducation.

Ch. 12, v. 4-7, il est ordonné de se montrer dur et sans pitié envers les pécheurs, parce que Dieu les hait et se vengera d'eux (4).

Ch. 36 (33 dans le grec et le latin), v. 2, 3, 8 et 9, les malédictions et les fureurs de Dieu sont appelées sur les nations étrangères.

On ne s'attend guère à ce que l'auteur d'un livre où l'on rencontre de pareilles recommandations, ait entrevu quelqu'un de ces préceptes que son compatriote et homonyme, Jésus, fils de Marie, mettra plus tard en lumière. Il en a entrevu pourtant. On voit, au ch. 28, v. 1-11, de bonnes et sages recommandations, contrastant avec celles que j'ai citées tout à l'heure, et par lesquelles il conseille le pardon des injures et condamne la vengeance.

(1) Saint Jérôme l'a traduit de l'hébreu : je citerai sa traduction à défaut de l'original qui n'est pas venu jusqu'à nous.

(2) "Non ostendas hilarem faciem tuam ad illas. "

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Quoniam et altissimus odio habet peccatores et impiis reddet vin

" dictam..

CHAPITRE XI.

PROPHÈTES (1).

§ 1er. PARURES DES FILLES DE SION. NUDITÉ D'ISAIE. FORMULE CABALISTIQUE. BONS CONSEILS DONNÉS AUX JEUNEURS.

Au ch. 3, v. 16-24, Isaïe, décrivant les allures indécentes des filles de Sion, donne une longue liste des objets qui entraient dans leur toilette en voyant tout cet attirail de joyaux, de parfums et de vêtements, on dirait qu'Isaïe a voulu peindre certaines femmes d'aujourd'hui. Un tel débordement du luxe oriental dans la nation juive au temps d'Ézéchias nous rejette loin de cette simplicité antique dont nous avions eu à noter plus d'un bel exemple dans ses livres sacrés. Ce passage d'Isaïe est un de ceux qui ont causé le plus d'embarras aux interprètes anciens et modernes. Les traductions sont toutes fort différentes.

(1) Pour ce qu'il faut penser de la prophétie considérée en elle-même et dans son principe, je renvoie le lecteur à la dissertation spéciale du chapitre 6 de la 1re partie de cet ouvrage, tome Io.

Il faut reconnaître qu'il y avait une extrême difficulté à déterminer avec précision la nature des ornements décrits par le prophète et à trouver dans d'autres langues que la sienne des expressions exactement correspondantes. Voici, comme spécimen, la version d'un traducteur français : « L'Éternel a dit << encore Parce que les filles de Sion se sont élevées et ont « marché la gorge étendue et en faisant des signes des yeux, et << qu'elles ont marché à petit pas, faisant du bruit avec les « pieds, l'Éternel enverra la gale sur la tête des filles de Sion « et il découvrira leur nudité. En ce temps là le Seigneur << ôtera l'ornement des sonnettes, les agrafes, les boucles, les << petites boîtes, les chaînettes, les papillottes, les atours, les « jarretières, les rubans, les boîtes de parfum, les pendants << d'oreilles, les anneaux, les bagues de senteur qui pendent «< sur le front, les mantelets, les écharpes, les voiles, les poin<< çons, les miroirs, les crêpes, les tiares et les couvre-chefs. << Et il arrivera qu'au lieu des odeurs aromatiques, il y aura de << la puanteur; et au lieu d'être ceintes elles seront débrail« lées; et au lieu de cheveux frisés, elles auront la tête chauve, « et, au lieu de ceintures de cordon, des cordes de sac, et, au << lieu d'un beau teint, un teint hâlé (1). » Sont-ce bien là les noms français à donner à tous les détails d'ornements et de costumes féminins, qu'Isaïe avait en vue? Je me récuse complétement en pareille matière; mais j'avoue que je ne vois pas là de quoi faire entrer Dieu en fureur ni même de quoi envoyer, en échange de leurs colifichets et de leurs parfums, la teigne, la nudité, l'infection et la calvitie à de pauvres créatures, communément moins coupables que les hommes qui les corrompent.

(1) La sainte Bible, Londres, 1842.

Le plus élégant des prophètes, celui qui passe pour avoir été de race royale, Isaïe se montre nu en public, afin de figurer la dévastation de l'Égypté et de l'Éthiopie, ch. 20, v. 2-4 : il en avait, disait-il, reçu l'ordre de Jéhovah. Parmi les allégories qui ne sont pas le fruit direct d'une inspiration divine, on peut en imaginer de plus décentes et de meilleur choix. On ne dit pas si cette grossière pantomime fut trouvée de bon goût. Ce qu'il y a de certain, c'est que, chez tous les peuples civilisés, de pareils actes sont taxés d'immoralité ou au moins de folie. On a cherché à écarter la circonstance qui blesse le plus la pudeur, en disant que le texte sacré ne parlait point d'une nudité absolue. Qu'on lise donc les versets 3 et 4, où il est dit que les Égyptiens et les Éthiopiens seront menés en captivité dans l'état honteux où avait marché Isaïe (1). Qu'on lise aussi un passage d'une lettre où l'auteur de la Vulgate, saint Jérôme, dit qu'Isaïe ne rougit pas de se montrer nu (2). Ces expressions disent assez nettement qu'il s'agit ici de l'espèce de nudité que ne permet point la pudeur.

Ch. 28, après nous avoir appris que les prêtres et les prophètes juifs étaient ignorants et ivrognes et qu'ils couvraient leurs tables de leurs vomissements, v. 7 et 8, Isaïe ajoute à ce tableau

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* v. 4. Le traducteur latin a rendu ces mots exactement par discoopertis natibus. Le traducteur grec s'est contenté de les rendre par avxxexaλʊμμévoυç; il a passé par dessus le mot qui devait être rendu par tas uyas. Mais voici une infidélité plus grave. Le traducteur français de la Bible protestante (Londres, 1842) a rendu les mots

ayant des habits courts.

par

(2) " Isaias in exemplum captivitatis futuræ nudus non erubescit incedere. « (Epistola 26, ad Marcellam, de Onaso, tome IV, Paris, 1706.)

de mœurs, v. 10, une sorte de formule cabalistique, qu'il répète au v. 13, et à laquelle il serait difficile d'attacher une signification quelconque. En voici la traduction littérale : « Parce que

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précepte sur précepte, précepte sur précepte, règle sur règle, « règle sur règle, un peu ici et un peu là (1). » Le traducteur grec, ne comprenant sans doute rien à cela, a pris le parti d'y substituer d'autres paroles, qui s'en éloignent très notablement, et dont voici la traduction : « Attends oppression sur oppres«sion, espérance sur espérance; encore un peu, encore un « peu (2). » Sans être d'une parfaite lucidité, qu'on ne s'attend pas à rencontrer chez les prophètes, cela se laisse au moins pénétrer; mais ce n'est plus une traduction.

Le chapitre 58 contient le cantique d'actions de grâces d'Ézéchias, dont la vie vient d'être prolongée miraculeusement. Aux versets 18 et 19, le pieux roi tient un langage matérialiste et d'ailleurs conforme à la morale mosaïque, mais en contradiction avec le verset 19 du chapitre 26.

Au chapitre 58, v. 5-7, Isaïe donne aux jeûneurs de son temps le fort bon conseil de nourrir ceux qui ont faim et de couvrir ceux qui sont nus, plutôt que de faire des contorsions de tête et d'étaler le sac et la cendre (5).

כִּי צו לצו צו לצו קו לָקַו קַו לָקָו זְעִיר שָׁם וְעִיר שָׁם (1)

TT

(2) Θλίψιν ἐπὶ θλίψιν προσδέχου, ἐλπίδα ἐπ ̓ ἐλπίδι· ἔτι μικρὸν, ἔτι μικρὸν. Saint Jérôme s'est moins éloigné du texte original, et c'est un avantage qu'il a habituellement sur le traducteur grec. Cependant il n'a pas été exact en traduisant par expecta; mais cela n'a pas rendu sa version plus intelligible que l'hébreu: « Quia manda remanda, manda remanda, expecta reexpecta, expecta reexpecta, modicum ibi, modicum ibi. «

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(3) Le mérite de ce conseil appartient-il réellement à Isaïe? On a contesté

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