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CHAPITRE X.

PSAUMES, PROVERBES, ECCLÉSIASTE, CANTIQUE DES CANTIQUES, SAGESSE ET ECCLÉSIASTIQUE.

§ 1o. PSAUMES ET PROVERBES.

La collection des Psaumes ne constitue ni un livre de doctrine ni un livre historique; je n'ai donc point à m'y arrêter longuement. C'est un recueil de chants, qui n'ont aucune liaison entre eux. Les idées juives en font tous les frais et y sont ressassées sans fin. Dans les psaumes 30, v. 10; 88, v. 11-15; et 115, v. 17 (ces psaumes portent les numéros 29, 87 et 113 dans le grec et le latin), l'auteur s'exprime comme un homme qui n'a aucune idée de l'immortalité de l'âme : cela est du reste conséquent au point de vue de la doctrine morale de Moyse, mais un peu en désaccord avec le verset 10 du psaume 16 (15 dans le grec et le latin). Au verset 6 du psaume 79 (78 dans le grec et le latin), Jéhovah est prié de répandre sa colère sur les nations qui ne le connaissent pas. On lit la même prière et exprimée dans les mêmes termes au chapitre 10,

v. 25, de Jérémie. Nous la retrouverons bientôt au livre de l'Ecclésiastique. Dans les versets 6-15 du psaume 109 (108 dans le grec et le latin), l'auteur souhaite toutes sortes de calamités à ceux qui disent du mal de lui, ainsi qu'à leurs femmes et à leurs enfants. Le verset 9 du psaume 137 (136 dans le grec et le latin) proclame heureux celui qui, prenant les petits enfants de ses ennemis, les écrase contre la pierre. Isaïe, ch. 13, v. 16, reproduit cette image, en y joignant celles du viol des femmes et du pillage des maisons; s'il ne s'extasie pas sur le bonheur que procurent de pareils actes, il est aisé de voir qu'il les apprécie également. Sentez-vous, lecteur, l'indicible plaisir que l'on doit éprouver en arrachant des bras de leurs mères et en écrasant contre la pierre de pauvres petits êtres innocents? Il n'y a que les auteurs des livres réputés divins pour découvrir de pareilles jouissances et les recommander à leurs adeptes. J'ai eu souvent occasion de faire remarquer l'épaisse cataracte que les préventions religieuses faisaient naître sur les yeux de l'intelligence. En voilà une nouvelle preuve. Il est assurément une infinité de juifs et de chrétiens, incapables de pratiquer une telle morale, et qui la repousseraient avec indignation s'ils la rencontraient ailleurs que dans leurs saintes écritures. Eh bien ! parce qu'ils la lisent dans un livre qu'ils croient inspiré, non seulement ils n'en éprouvent aucun sentiment de dégoût, mais ils la reçoivent comme parole même de Dieu, s'en édifient et la chantent dans leurs cantiques!

Il ne faut guère chercher dans les psaumes d'autre mérite que celui qui s'attache à des poésies antiques, intéressantes seulement sous le rapport de l'art. On y trouve de grandes images, de belles pensées, surnageant au milieu d'un océan d'idées incohérentes. S'il est vrai que le délire de l'imagination

et le désordre de l'expression soient les caractères de la poésie lyrique, les psaumes sont excessivement lyriques. Il faut dire aussi que les défauts que je viens de signaler, j'entends les défauts de la forme, sont moins sensibles et moins choquants dans le texte original que dans les traductions grecque et latine. Le génie de ces deux langues étant très différent de celui de l'hébreu, elles se refusent souvent à rendre des pensées et des tours poétiques, qui n'étaient intelligibles que dans leur idiome naturel, et elles se contentent alors d'assembler ou plutôt d'entasser pêle-mêle des mots qui ne présentent aucun sens saisissable.

Quoique portant le nom du roi David, les 150 psaumes ne peuvent évidemment pas lui être tous attribués. Par exemple, le psaume 137 (136 dans le grec et le latin) dont les six premiers versets sont très beaux et qui se termine si vilainement par le trait du v. 9, que j'ai cité tout à l'heure, ce psaume, disje, est mis dans la bouche des Juifs captifs à Babylone. Il en est plusieurs qui, par les artifices de leur composition, s'éloignent des caractères de la simplicité antique et décèlent une rédaction postérieure à la captivité de ce nombre est particulièrement le long psaume 119 (118 dans le grec et le latin); il se compose de 176 versets, partagés en 22 sections d'après le nombre des 22 caractères de l'alphabet hebraïque, et le premier mot de chacune de ces sections commence par une des lettres hébraïques et dans l'ordre même de l'alphabet.

Le livre des Proverbes, dont le roi Salomon passe pour être l'auteur, est un recueil confus de comparaisons et de maximes dont les unes sont irréprochables de tous points, et d'autres, en trop grand nombre, sont mêlées de bien et de mal, d'idées

avouées par la raison et d'idées tout à fait juives. Je citerai d'abord quelques-unes des premières.

Le ch. 16, v. 32, met l'homme qui sait se vaincre lui-même bien au-dessus de celui qui prend des villes.

Le ch. 17, v. 1er, préfère un morceau de pain sec, mangé en paix, aux festins d'une maison pleine de querelles.

Le ch. 20, v. 10, déclare abominable le fait d'avoir deux poids et deux mesures.

Le même chapitre, v. 22, et le ch. 24, v. 29, défendent de rendre le mal pour le mal. On verra plus loin (1) Jésus renouveler cette défense en l'exagérant.

Le ch. 26, v. 14, compare le paresseux qui se tourne dans son lit à une porte qui roule sur ses gonds.

Le ch. 27, v. 6, préfère les blessures de la part de celui qui nous aime aux baisers de celui qui nous hait..

Au ch. 30, v. 8 et 9, Agur, fils de Jaké (2), prie Dieu de ne lui donner ni la richesse ni l'indigence; il craint que l'opu

(1) 2e section, ch. 2, § 4.

(2) Dans ces mots du ler verset

17, Paroles d'Agur,

fils de Jaké, et P, bien que formés des verbes, Il a assemblé, et

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P, Il a vomi, sont évidemment employés comme noms propres, et l'on ne voit pas pourquoi saint Jérôme a préféré les considérer comme participes, et donner cette étrange traduction : » Verba congregantis, filii vomentis Paroles de celui qui assemble, fils de celui qui vomit. Le Maistre de Sacy a pris sur lui de rendre vomentis par de celui qui répand les vérités. (La sainte Bible, tome II, Paris, 1717.) Dans le grec, le ler verset commence par ces paroles, qui n'ont absolument aucun rapport avec celles de l'hébreu : Tous Èμoùs λόγους, υἱε, φοβήθητι, καὶ δεξάμενος αὐτοὺς μετανόει, Mon fils, vedoute mes paroles, et après les avoir reçues, repens-toi.

lence, venant à le corrompre, ne le fasse renier Dieu, et que la misère ne le pousse à voler et à blasphémer.

Tout cela mérite d'être loué sans réserve. Il n'en est pas de même de ce qui suit.

Le ch. 3, v. 7 et 8, le ch. 9, v. 10 et 11, et le ch. 10, v. 27, recommandent la crainte de Dieu, et promettent la santé et de longs jours à ceux qui éprouveront ce sentiment. Assurément il est salutaire de redouter les châtiments que la justice divine réserve aux mauvaises actions. Mais d'abord ce ne doit pas être en vue d'obtenir des avantages temporels. En second lieu, comme la justice divine récompense le bien aussi nécessairement qu'elle punit le mal, elle doit être pour nous un sujet d'espérance en même temps qu'un sujet de crainte. Il ne faudrait donc pas se borner à recommander de craindre Dieu; car la crainte seule ne peut lui donner pour adorateurs que des esclaves il faudrait encore et surtout inspirer l'amour de Dieu et recommander la confiance en son infinie bonté. Or c'est ce dont ne se met pas en peine l'auteur des Proverbes; car il veut une crainte qui ne saurait rien avoir de méritoire, une crainte semblable à celle qu'inspirent à leurs plus vils serviteurs les puissances de ce monde. Qu'on en juge par cette recommandation du chapitre 24, v. 21 : « Mon fils, crains Jéhovah et le « Roi. » Dieu se trouve ainsi placé sur la même ligne que le roi (1). Au chapitre 28, v. 14, on lit ces mots : « Heureux

ירא את יהוה

(1) 7201 212 717-78 87 Dans le gree, le rapprochement est

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encore plus étroit et l'assimilation plus intime. Dieu et le roi y agissent de concert, et peu s'en faut qu'on ne les identifie : Poco Toy Gedv, VIè, nxi βασιλέα, καὶ μηδὲ ἑτέρῳ αὐτῶν ἀπειθήσῃς· ἐξαίφνης γὰρ τίσονται τοὺς ἀσεβεῖς, τῆς δὲ τιμωρίας ἀμφοτέρων τις γνώσεται ; (v. 21 et 22.)

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