Obrazy na stronie
PDF
ePub

dans chacun tout ce qu'il y a d'excellent, parce que, quelque grands qu'ils soient, ce sont toujours des hommes Magni homines, homines tamen. Vous demandez pour notre jeunesse cléricale une éducation plus vigoureuse, et pour cela vous les appelez à l'école des Pères. Dieu soit loué! c'est là le vœu le plus ardent de nos cœurs, le cri de tous les amis de la religion et des lettres, le plus sûr moyen de rendre à la prédication évangélique l'éclat et l'autorité qu'elle a perdus; seulement ne manquez pas le but en le dépassant.

Certes, notre estime pour ces grands hommes s'est prononcée assez haut pour nous mettre à l'abri du soupçon de vouloir attenter à leur gloire par aucune restriction. On dit qu'ils ont leurs taches comme le soleil lui-même a les siennes; ce n'est pas à nous à les relever. On leur reproche le défaut de brièveté; nous avons été les premiers à les en défendre par les circonstances au milieu desquelles ils prêchaient, obligés de revenir sans cesse sur leurs pas en présence d'auditoires divers, incessamment renouvelés. Ne conserver d'eux que leurs beautés, ce n'est assurément pas affaiblir ni leur gloire ni leur autorité le soleil dégagé de ses nuages n'en est que plus pur et plus radieux.

Qu'ils soient l'objet d'une prédilection spéciale, nous ne pouvons qu'y applaudir. C'est le conseil que donne aux candidats de la chaire un illustre moderne d'un grand poids dans toute cette matière. « Nous » engageons, dit M. le cardinal Maury dans son Es» sai sur l'éloquence de la chaire, nous engageons le

» prédicateur à se fixer à deux ou trois de ces grands » maîtres qui leur paraîtront plus analogues à son

génie; et s'il veut même se borner à leurs écrits » oratoires, il y trouvera des idées assez frappantes » pour en faire habituellement l'appui de sa doctrine » et l'ornement de ses discours1.

Au nombre de ces deux à trois orateurs privilégiés que cette Eminence proposait aux études spéciales des élèves du sanctuaire qui se dévouent à la prédication, nous n'hésiterons pas de placer celui dont nous publions aujourd'hui, non plus des extraits ni des traductions partielles, mais les œuvres complètes. Saint Jérôme, parlant de saint Cyprien, a dit que les mains du prêtre ne doivent pas rester un seul moment vides des œuvres de l'éloquent évêque de Carthage 2. L'extension donnée à son article dans le quatrième volume de notre Bibliothèque choisie ne nous laissait pas moins regretter les lacunes que nous avions été contraints d'y laisser, et nous hâtions par nos vœux l'occasion de les réparer. Un suffrage auguste nous l'a offerte, et nous l'avons saisie avec empressement.

Ce sont donc LES OEUVRES COMPLÈTES de saint Cyprien que nous publions aujourd'hui. Daigne le Ciel accorder à cet ouvrage la même faveur qu'à celui qui l'a précédé! C'est particulièrement aux ministres du sanctuaire que nous l'offrons, dans la confiance qu'ils accueilleront avec bonté ces écrits signalés dans tous

' Tom. 2, in-8°, pag. 221.

• Cypriani opuscula semper in manu habeat. (Epist. 57, ad Læt., p. 596.)

les lieux de l'univers par les fruits de vie que la Providence a répandus sur eux'. L'Eglise catholique, qui a rendu le plus éclatant hommage à la pureté de sa foi, à sa charité si véritablement apostolique, à son amour pour la paix et l'unité, exalte également la beauté de son génie. « Génie en effet abondant » et souple, plein de sentiment et de chaleur, a dit le >> moderne historien de l'Eglise, et ce qui est plus à » considérer dans un Africain, génie plein d'aménité, » de clarté et de netteté 3. » La prose et les vers se sont disputé l'honneur de célébrer les éminentes qualités de l'esprit et du cœur de ce grand évêque. Lactance, surnommé à bon droit le Cicéron chrétien, et qui apparemment se connaissait en éloquence, a prévenu le jugement qu'en a porté Fénelon, en affirmant que saint Cyprien a la véhémence impétueuse de Démosthènes. Saint Augustin ne tarit pas sur son éloge; il voit en lui les trois genres d'éloquence; il aime à le citer; il en rapportait des passages à ses propres auditeurs, pour leur faire partager son estime. « Pour le >> bien louer, dit-il, il faudrait être lui-même. ». Nous ne risquons pas d'affaiblir la gloire de ce grand êvêque en observant qu'il marche avec scrupule sur les pas de

'Ceillier, Hist. des écriv. ecclés., tom. 3, p. 213; Tillemont Mém. ecclés., tom. 4, pag. 45, 190.

Conc. Calcéd., act. 1, pag. 288, tom. 4. Conc. Labbe.

3 Bérault Bercastel, tom. 1, pag. 412, édit. de Besançon. * Saint Paulin, Carm. 26, pag. 293, t. 3 Bibl. Patr. Prudent. Peristaph., Hymn. 13. Ennodius, Hymn. 12.

*Lactant., Instit. div., lib. 5, cap. 1. Fénelon, Lettre à l'Académie, pag. 303, édit. Paris, 1740.

De Doctr. christ., lib. 4, pag. 76, tom. 4, edit. Bened.; serm. 1294, et serm. 313, tom. 5, pag. 1258.

1

Tertullien dont il est le disciple fidèle ' (à ses défauts près), mais supérieur à son modèle pour l'élocution.

Ses ouvrages se partagent en deux classes: les Traités et les Lettres, division suivie dans toutes les éditions. Celle que nous avons suivie est l'édition d'Oxfort, par Jean Fell, évêque de cette ville, qui l'a enrichie de la belle Dissertation de l'évêque de Chester, Pearson, sur la vie et les ouvrages du saint évêque (sous le titre : Annales Cyprianici). Il est bon d'observer qu'outre les préventions générales du parti protestant contre notre foi catholique, il se rencontre dans cette édition grand nombre de propositions hétérodoxes qui ont rendu l'évêque Fell suspect d'arianisme 2; elle se termine par les Dissertations, au nombre de douze, du sceptique Dodwel, auquel D. Thierry Ruinart a répondu.

Le succès de cette édition n'a point fait oublier celles qui avaient été données auparavant, soit à Bâle, par Erasme (1520, 1558), soit par Morel (1564), soit par l'évêque de Saint-Omer, Pamelius, et Nicolas Rigault, qui travailla évidemment sous l'inspiration du calvinisme. Plusieurs critiques s'élevèrent; et ce fut pour en combattre les erreurs que

Il avait tant d'estime pour lui, qu'il ne l'appelait que du nom de son maître. Saint Jérôme raconte avoir connu un vieillard qui dans sa première jeunesse avait eu des rapports particuliers avec saint Cyprien, et lui avoir entendu dire que le saint évêque de Carthage ne passait pas un jour sans lire Tertullien, et qu'il était dans l'usage de dire : « Que l'on me donne. » le maître Da magistrum. » C'était par ce nom qu'il le désignait. (Catal., tom. 4, part. 4, pag. 155, édit. Martian.)

:

2 Voy. entre autres la note 1 de la page 79.

Baluze, dans un âge déjà très-avancé, entreprit une édition nouvelle de saint Cyprien. La mort ne lui permit point de l'achever. Son travail passa dans les mains du religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, D. Prudent Marant, qui en profita habilement pour la publication des œuvres du saint évêque. (De l'Imprimerie royale, 1726, in-fol.)

Il existait une traduction en français des œuvres de saint Cyprien, par Jacques Tigeon Angevin, chanoine de Metz (Paris, 1574); elle était oubliée même du vivant de son auteur. Quelques années auparavant (1565 ), François de Belleforêt, encore célèbre par ses Recherches sur notre histoire de France, avait publié une traduction des Sermons du saint archevêque de Carthage, 1 vol. in-8°, également oubliée. En 1564, le duc de Luynes (sous le nom du sieur de Laval) fit imprimer quelques-uns de ces mêmes Traités ou Sermons. On a parlé davantage de la traduction de quelques Lettres de saint Cyprien, par Jacques Lenfant, l'historien des conciles de Bâle et de Constance (in-8°, Amsterd., 1688). L'intention de l'auteur était d'offrir à ses co-religionnaires des motifs de consolation et des règles de conduite pour les circonstances difficiles où ils se trouvaient. L'auteur calviniste n'y garde pas le caractère de modération qu'il montre habituellement dans ses histoires. Un ouvrage bien plus complet et bien plus judicieux est la traduction de toutes les œuvres de saint Cyprien par Pierre Lombert, avocat au parlement de Paris, mort en 1710, à qui l'on doit d'autres études du même genre. Cet écrivain, laborieux et disert comme tous ceux de Port

« PoprzedniaDalej »