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prétendoit être le motif essentiel au moins secondaire de tout acte humain. Dans la troisième, Fénélon s'applique surtout à réfuter l'opinion de Bossuet sur la nature et les motifs propres de la charité. La première édition de ces trois lettres, qui parut vers la fin d'août 1698, fut presque aussitôt suivie d'une autre plus correcte et mieux imprimée (1).

XVIII. Réponse de M. l'archevêque de Cambrai à l'écrit de M. de Meaux, intitulé: RELATION SUR LE QUIÉTISME (2).

Aux questions doctrinales, qui avoient été jusqu'alors l'unique sujet de contestation entre les deux prélats, se joignit, vers le milieu de l'année 1698, une discussion beaucoup plus vive et plus fâcheuse sur leur conduite et leurs procédés réciproques. Déjà l'archevêque de Paris avoit attaqué sur ce point l'archevêque de Cambrai, qui, sans négliger sa justification, avoit pris tous les moyens d'assoupir une si odieuse controverse. Mais Bossuet la fit bientôt renaître, en cédant trop facilement aux instances de son neveu, qui lui persuadoit que des accusations de cette nature étoient nécessaires pour assurer, ou du moins pour accélérer la condamnation du livre des Ma

(1) Lettres de Fénélon à l'abbé de Chanteraç, du 21 août et du 6 septembre 1698.

(2) Hist. de Fénelon, liv. 1, p. 53, etc. 60, etc. tom. 11. Hist. de Bossuet, liv. x, n. 17, tom. 111. — Vie de Fénelon, par le P. de Querbeuf, p. 440.

ximes. L'évêque de Meaux publia donc au mois de juin 1698 (1) la Relation sur le Quiétisme, ouvrage plein de sel et d'agrémens, qui couvroit de ridicule la personne et les écrits de madame Guyon, et qui représentoit l'archevêque de Cambrai comme le fauteur de sa doctrine, comme le partisan de ses extravagances, en un mot comme le Montan de cette nouvelle Priscille.

Un écrit de ce genre, où la plus fine plaisanterie se trouvoit jointe aux plus nobles mouvemens de l'éloquence, ne pouvoit manquer de produire dans le monde une vive impression; aussi fut-il accueilli de toutes parts avec enthousiasme, et devint-il en peu de jours le sujet de toutes les conversations de la Cour et de la ville. Mais si le succès fut complet, il ne fut pas de longue durée: autant les amis de l'archevêque de Cambrai avoient été consternés de l'effet de la Relation, autant ils eurent lieu de se réjouir, en voyant l'heureuse révolution que la Réponse opéra bientôt après dans le public.

Ce n'est pas que Fénélon n'eût éprouvé une grande répugnance à entrer dans ce nouveau genrè de discussion, toujours scandaleux entre des évêques et dans lequel il ne pouvoit se défendre sans montrer l'injustice des accusations dont on le chargeoit. Mais les instances du vertueux abbé de Chanterac, les fâcheuses impressions que la Re

(1) Lettres de Bossuet à son nevcu, des 16 et 30 juin 1698: tom. XLI, p. 253, 281.

lation produisoit même à Rome, et que le silence de l'archevêque de Cambrai devoit naturellement augmenter, le décidèrent bientôt à publier sa défense. La rapidité avec laquelle il la composa montre bien qu'il n'étoit pas embarrassé pour trouver scs réponses. Il n'avoit eu connoissance de la Relation que le 8 juillet; dès le 11, il envoyoit à l'abbé de Chanterac un exemplaire de cet ouvrage avec des notes sur les principaux faits (1), et lui annonçoit en même temps une réponse plus complète, dans laquelle tout seroit éclairci avec la dernière évidence. Le 26 du même mois, il envoya en effet cette Réponse imprimée, telle que nous l'avons aujourd'hui, sauf un très-petit nombre de changemens qu'il fit peu après dans une seconde édition, soit pour éclaircir davantage les faits, soit pour adoucir de plus en plus ses expressions, afin de ménager autant qu'il seroit possible ses adversaires, en se justifiant lui-même. Ce fut donc en quinze jours que l'archevêque de Cambrai composa cet ouvrage si important, véritable chefd'œuvre de discussion et d'éloquence, qui dissipa tout d'un coup, par une sorte d'enchantement, les fâcheuses impressions produites de tous côtés par la Relation. On peut dire que cette époque est celle où Fénélon déploya davantage les ressources prodigieuses et la rare facilité de son génie. Car il fut alors obligé de faire face presque simultané

(1) Lettres à l'abbé de Chanterac, des 11, 18 et 26 juillet, et 2 août 1698.

ment à trois adversaires, savoir: à l'archevêque de Paris, qui venoit de publier sa Réponse aux quatre Lettres de l'archevêque de Cambrai ; à l'évêque de Chartres, qui s'éleva contre le livre des Maximes, dans sa Lettre pastorale du 10 juin 1698; enfin à l'évêque de Meaux, qui publia, pour ainsi dire coup sur coup, sa Réponse aux quatre Lettres de l'archevêque de Cambrai, la Relation sur le Quiétisme, et les traités latins dont nous aurons bientôt occasion de parler.

Dans la Réponse à la Relation, l'archevêque de Cambrai, après avoir témoigné à Bossuet son étonnement de ce qu'il a tout-à-coup transformé une discussion purement doctrinale en une question de faits et de personnalités, entre dans l'examen des principaux chefs d'accusation. Il expose et justifie sa conduite relativement à la personne et aux écrits de madame Guyon, à la signature des Articles d'Issy, au refus d'approuver l'Instruction sur les Etats d'oraison, enfin relativement à la publication du livre des Maximes, et aux événemens qui ont eu lieu depuis. Sur l'article principal, qui concernoit son estime pour madame Guyon, Fénélon s'étonne que Bossuet lui en ait fait un crime, après avoir lui-même donné à cette dame les témoignages les plus authentiques de la persuasion où il étoit de la régularité de sa conduite et de la pureté de ses intentions. Il ne s'étonne pas moins d'être traduit comme défenseur des écrits de ma-. dame Guyon, tandis qu'il les a formellement con

damnés dans sa Lettre au Pape (1), et que, dans

une lettre plus ancienne qu'on lui oppose (2), il se borne à excuser les intentions de cette dame, et suppose même ses écrits condamnables, en observant qu'elle a voulu mieux dire que ses livres ne l'ont expliqué.

Mais, parmi les divers sujets de contestation qui excitèrent à cette époque l'attention publique, il en est un qui par sa nature et sa grièveté affligea plus particulièrement les gens de bien, et sur lequel nous sommes portés à croire que plusieurs écrivains, d'ailleurs très-bien intentionnés, n'ont pas rendu justice à l'archevêque de Cambrai. On voit assez que nous voulons parler du reproche que celui-ci fit à Bossuet d'avoir révélé sa confession générale (3), reproche que Bossuet repoussa aussitôt avec indignation, en déclarant qu'il n'avoit jamais entendu Fénélon en confession (4). Rien de plus odieux, il faut l'avouer, qu'une pareille accusation, dans le sens qu'elle peut présenter à ceux qui n'ont pas observé toute la suite de cette controverse. Mais Bossuet pouvoit-il se méprendre sur le véritable sens de ce reproche? Et le public même, dans les circonstances où l'on se trouvoit, ne devoit-il pas restreindre la confession dont il avril 1697.

du 27

(1) Lettre à N. S. P. le pape Innocent XII, (2) Lettre à madame de Maintenon, insérée dans la Relation sur le Quiétisme; OEuv. de Boss. tom. xxix, p. 568 et suiv.

(3) Réponse à la Relation, n. 30: tom. vi.

(4) Remarques sur la Réponse à la Relation, art. 1, §. m, n. 11, etc. tom. xxx, p. 16 et suiv.

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