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DE FRANÇOIS DE SALIGNAC

DE LA MOTHE FÉNÉLON.

PREMIÈRE CLASSE.

SECTION II.

OUVRAGES SUR LE QUIÉTISME.

AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR. **

Les écrits qui doivent remplir cette seconde section, et qui furent accueillis avec tant d'empressement à l'époque de leur première publication, sont, de nos jours, il faut l'avouer, la partie la moins intéressante des OEuvres de Fénélon. Peu de lecteurs trouvent aujourd'hui du plaisir à s'enfoncer dans le labyrinthe des questions épineuses qui divisèrent, à la fin du dix-septième siècle, les deux plus illustres prélats de l'Eglise Gallicane. Peut-être même quelques personnes seront-elles tentées de croire que tous les monumens de cette affligeante controverse auroient dû FÉNÉLON. IV.

a

être entièrement exclus de notre collection. Mais sans vouloir attacher à ces écrits une importance qu'ils n'ont plus, nous croyons que sous bien des rapports ils doivent encore intéresser les lecteurs instruits. Sans parler de la curiosité bien légitime qui peut porter des théologiens de profession à suivre les détails d'une discussion si célèbre dans l'histoire ecclésiastique du dix-septième siècle, on peut dire que les écrits de Fénélon sur le Quiétisme fournissent des monumens très-précieux pour son histoire particulière. Sans doute ils ne peuvent justifier le langage inexact d'un ouvrage irrévocablement condamné par le jugement du saint siége et de l'Eglise universelle; mais ils prouvent du moins que les intentions et les sentimens de l'auteur ont toujours été purs; qu'il n'a jamais pris à la rigueur les propositions répréhensibles du livre des Maximes; et que bien loin d'en adopter intérieurement les erreurs, il les a toujours sincèrement détestées (1). Il en résulte également que sur les imputations odieuses dont ses adversaires l'avoient chargé, l'archevêque de Cambrai se défendit de manière à leur fermer la bouche, et à leur faire abandonner la question des faits, pour revenir à l'examen de la doctrine, dont on n'auroit jamais dù s'écarter. Aussi est-il remarquable que les écrits apologétiques de Fénélon n'ont été condam

(1) Ce témoignage a été rendu à Fénélon par tous ses historiens, et en particulier par Mgr le cardinal de Bausset, Histoire de Fénelon, liv. in, n. 43, 45, 91, 99. Pièces justificatives du même livre, n. 2. 3, 10, 14: tom, 11,

nés

par aucun jugement de l'Eglise ni du saint siége (1); que la doctrine en fut généralement approuvée à Rome, soit avant, soit après la publication du bref d'Innocent XII (2); que l'intention du souverain Pontife étoit même pendant quelque temps de les déclarer formellement à l'abri de la condamnation portée contre le livre des Maximes (3); et que plusieurs des assemblées métropolitaines, convoquées pour l'acceptation de ce jugement, crurent devoir imiter la modération du saint siége, en s'abstenant de prononcer sur les différens écrits publiés par Fénélon, pour expliquer et défendre sa doctrine (4). Il est d'ailleurs certain que plusieurs de ces écrits ne tendent nullement à la justification du texte condamné, mais seulement à l'éclaircissement de plusieurs questions auxquelles il avoit donné lieu, et sur lesquelles il est très-permis de penser que les opinions de l'archevêque de Cambrai ne méritent aucune censure.

Ces raisons suffisent, à ce qu'il nous semble, pour convaincre tout lecteur judicieux, que nous ne pouvions entièrement omettre les écrits sur le Quiétisme, sans rendre notre collection tout-àfait défectueuse et incomplète, et sans encourir le reproche d'avoir laissé dans l'obscurité la par

(1) Hist. de Fénelon, liv. m, n. 86, 90, 91. Pièces justificatives,

n. 10: tom. 11.

(2) Lettres de l'abbé de Chanterac des 8 novembre 1698, 17 janvier, 14 février et 2 maí 1699. Hist. de Fénélon; liv. 111, n. 86.

(3) Hist. de Fénelon, liv. 11, n. 71.

(4) Ibid. n. 90.

tie des OEuvres de Fénélon qui fournit peut-être la preuve la plus frappante des ressources prodigieuses, et de l'inépuisable fécondité de son génie. Ajoutons que sans la connoissance de ces écrits, on ne comprendra jamais tout le mérite de la soumission de Fénélon au jugement porté contre le livre des Maximes: soumission qu'il est si important de mettre dans tout son jour, pour servir à jamais d'exemple et de leçon à tous les

novateurs.

Mais, s'il eût été déraisonnable d'exclure entièrement ces écrits de notre collection, il l'eût été bien davantage d'y faire entrer le livre même condamné par le saint siége, ou plutôt par l'Eglise universelle, 'qui s'est empressée de souscrire au jugement d'Innocent XII. On sait avec quelle édifiante soumission Fénélon lui-même accepta ce décret, et avec quelle inviolable fidélité il conserva, jusqu'à la fin de sa vie, les sentimens de cette humble résignation que la piété lui inspira dès la première nouvelle d'une décision si contraire à son attente. Que pouvions-nous faire de mieux que d'imiter son obéissance parfaite aux décisions de l'Eglise? et n'eussions - nous pas ouvertement blessé le respect que lui doivent tous ses enfans, en reproduisant un livre dont elle leur interdit absolument la lecture? Il est vrai que la suppression de cet ouvrage forme une lacune dans notre collection. Mais, outre que la soumission aux lois de l'Eglise devoit l'emporter dans notre esprit.

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