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guerres qui ravagèrent leur pays; elles furent remplacées par des familles allemandes. Les missionnaires en amenèrent d'autres encore, et les premiers princes chrétiens, qui trouvaient en elles un appui, les favorisèrent de tout leur pouvoir. L'élément slave, combattu ainsi de tout côté par le glaive.du soldat et le dogme du missionnaire, s'affaiblit graduellement, l'élément germanique grandit. Au dehors, l'Allemagne cernait la terre des Wendes; au dedans. elle y jetait sans cesse de nouvelles racines; elle agissait sur cette contrée à demi barbare par sa puissance politique, par sa religion, par un premier développement d'idées morales qui apparaissaient alors comme l'aurore de la civilisation. La lutte n'était pas égale. Les Wendes furent vaincus, et la langue allemande remplaça dans le Mecklembourg l'idiôme slave (1). Mais la population étrangère qui vint s'adjoindre à la tribu des Wendes n'empêcha pas le pays d'être de nouveau envahi par les Danois. Canut VI s'en empara en 1202, et ses successeurs le gouvernèrent pendant 25 ans. Les descendans de Niclot, prince des Obotrites, le délivrèrent enfin de l'oppression; mais à peine l'avaient-ils affranchi, qu'ils l'affaiblirent en le partageant. Les quatre fils de Borovin II formèrent quatre états de l'antique principauté. L'aîné des frères, Jean, obtint la plus grande partie du duché. C'est de lui que descendent les princes actuels du Mecklembourg; les trois autres formèrent la ligue de Richenberg, Werle et Rostock. Plus tard, on vit se former la branche des seigneurs de Boizembourg, des comtes de Schwerin et des princes de Mecklembourg-Stargard. On comprend tout ce qu'un état déjà si restreint devait perdre en se divisant en plusieurs parcelles. Cependant il lutta glorieusement encore contre des voisins ambitieux, contre les villes anséatiques, contre les Danois et les Suédois; puis il eut des princes hardis et intelligens qui l'illustrèrent par leur courage ou le fortifièrent par de sages institutions. Tel était, entre autres, Jean I, le chef de la branche du Mecklembourg. Il avait étudié à l'Université de Paris, et sa science lui fit donner le surnom de théologien. Il fonda plusieurs établissemens utiles, détruisit un repaire de pirates et sut maintenir, par sa sagesse autant que par sa valeur, l'ordre et la prospérité dans son pays. Son fils, Henri Ier. surnommé le Pélerin, était un de ces hommes au cœur chevaleresque, à l'esprit aventureux, que les poètes du moyen âge se plaisaient à chanter, et dont le peuple inscrivait avec amour le nom dans ses légendes. Le désir de s'illustrer par de grandes actions l'entraîna hors des limites de son étroit domaine; il partit pour la terre sainte, laissant à sa femme le soin de régir le duché. Pendant quinze ans, la noble princesse remplit cette tâche difficile avec une rare prudence et une admirable énergie; tantôt obligée de se mettre en garde contre des projets d'invasion, tantôt de résister, comme la Pénélope antique, à des offres de mariage, elle sut tour à tour éviter chaque écueil et prévenir chaque

(1) Il existe cependant encore dans le Mecklembourg un grand nombre de paysans et plusieurs familles nobles dont l'origine est incontestablement slave. Telle est, entre autres, celle des Bassewitz, Bülow, Dervitz, Flotow, Lutzou, Lewetzow, etc.

danger. Lorsque ses fils furent en âge de régner, elle leur abandonna le pouvoir qui lui avait été confié et se retira dans la solitude. Depuis que le vaillant Henri était éloigné de l'Allemagne, on n'avait eu aucune nouvelle de lui.

Chacun le croyait mort, et sa noble femme faisait prier pour lui et portait des vêtemens de deuil. Mais voilà qu'un beau jour le bruit se répand que le pèlerin aventureux n'est pas mort, qu'il revient. La nouvelle court de village en village. La fidèle Anastasie sort de sa retraite pour embrasser celui qu'elle n'espérait plus jamais revoir, et Henri apparaît, les cheveux blancs, le visage amaigri par les souffrances. Ce n'était plus ce beau chevalier à la tête haute, au regard fier, que l'on avait vu partir avec les rêves audacieux de la jeunesse. Hélas! non, c'était l'homme trompé dans son espoir, vaincu par le temps, qui s'en revient le front penché, le cœur malade, après avoir expérimenté la vie et les choses, et debout sur les lieux témoins de sa première ardeur, leur redemande un reste des songes passés, et ne trouve plus rien. Henri n'avait pas même pu aborder sur le champ de bataille où il espérait exercer son courage. Au moment où il sortait de Marseille, des corsaires le prirent et le gardèrent vingt-cinq ans captif au Caire. Dans ce moment le récit de ses malheurs lui donnait un nouveau prestige. Les cloches des églises sonnaient sur sa route, les prêtres chantaient un chant de joie, et le peuple accourait au devant de lui. Ses deux fils lui remirent humblement le sceptre qu'ils avaient reçu de leur mère. Mais Henri ne le garda pas longtemps. Il mourut en 1301, et toute l'Allemagne le célébra longtemps dans ses ballades et ses traditions.

Bientôt son fils donna un nouvel éclat au Mecklembourg par sa hardiesse et ses exploits. Son règne ne fut qu'une longue guerre souvent difficile et souvent glorieuse. Il dompta l'orgueil des villes anséatiques, fit peur au Danemarck, et combattit noblement pour le roi de Suède. Ses ambitieux voisins, qui d'abord avaient osé attenter à ses droits, lui demandèrent la paix, et le peuple le nomma avec orgueil Henri-le-Lion.

Au xv siècle, trois des maisons princières formées par le partage des fils de Borovin, étaient éteintes, et celle de Mecklembourg reprit leur héritage. Les fils d'Albert-le-Beau la divisèrent encore en deux branches, et diminuèrent ainsi son pouvoir. Puis arriva la réformation, ce temps des grandes idées et des grandes luttes, puis la guerre de trente ans, qui ravagea toute l'Allemagne. Le Mecklembourg fut envahi par les troupes catholiques, ses deux souverains légitimes furent détrônés, et Wallenstein posa sur sa tête la couronne de leurs duchés. Quand la guerre cessa, le trésor était vide, le pays dévasté. Partout la main cruelle du soldat avait porté le fer et le feu; partout des maisons en ruines, des villages déserts, des champs incultes. Le règne de Charles-Léopold ne fit qu'aggraver cette misère. Le malheureux pays, dévasté, dépeuplé, endetté, ne reprit un peu de force et d'espoir que sous l'autorité bienfaisante de Chrétien-Louis II. A ce prince vertueux et éclairé succéda Frédéric-le-Bon qui, par ses sages institutions, par ses intelligentes économies, rétablit l'ordre dans les finances et adoucit les malheurs du peuple. Son successeur, Frédéric-François, acheva cette œuvre salutaire. Son long règne, son

règne de cinquante ans fut menacé de plus d'un désastre et troublé par plus d'un orage: il vit éclater la révolution française qui ébranla le monde entier; il vit le vieil empire germanique se dissoudre; il vit l'étoile des grandes puissances pâlir, l'Autriche courbant la tête sous le glaive étranger, et la Prusse morcelée par la main de celui qui faisait et défaisait les rois. Malgré le système de neutralité qu'il essaya de garder au milieu de ce choc des armées et de cette lutte des royaumes, il ne put échapper à la tempête qui agitait toute l'Europe. Des troupes françaises envahirent ses états. Un général français s'installa dans son château comme gouverneur. Le noble prince fut obligé de quitter le domaine de ses pères, avec la douleur de voir ses sujets subjugués par de nouveaux maîtres et condamnés à de rudes impôts. Mais plus leurs souffrances avaient été grandes pendant une partie des guerres de l'empire, plus il s'efforça de les adoucir quand les jours de calme revinrent. Le Mecklembourg lui doit une foule de réformes habilement conçues, de réglemens utiles sur le commerce, sur la justice, sur l'administration, sur l'instruction publique; car en même temps qu'il travaillait à assurer le bien-être matériel de son peuple, il essayait de donner une nouvelle extension à son développement moral. En 1835, il reçut un éclatant témoignage du succès obtenu par ses efforts de l'affection de ses sujets. Il y avait cinquante ans qu'il régnait. Tous les habitans du duché, jeunes et vieux, riches et pauvres, se réunirent spontanément pour fêter l'anniversaire de son avènement au trône, et dans cette fète, inspirée par la reconnaissance, animée par l'amour, il n'y avait rien de faux et rien de fardé. Le paysan la célébrait avec la même joie que le grand seigneur. Les lambris de la ferme et ceux du château entendaient répéter les mêmes vœux, et tout haut on disait Le chef de la maison de Mecklembourg a le premier donné l'exemple du savoir; Henri le pèlerin, celui de la noblesse chevaleresque; Henri-le-Lion, celui de l'ardeur et de la persévérance; Frédéric-leBon, celui de la justice et de l'humanité; Frédéric-François nous donne l'exemple de la sagesse, de l'intelligence, des douces vertus et des nobles pensées. Le noble prince ne survécut pas long-temps à ce touchant hommage. Il est mort en 1837, laissant comme une bénédiction le souvenir de son règne dans le cœur de ses sujets, et le souvenir de ses vertus dans le cœur de ses enfans.

Le Mecklembourg est divisé en deux duchés, celui de Schwerin, qui est le plus important et le plus étendu, et celui de Strelitz. La surface du pays est de 280 milles (560 lieues) carrés, dont 288 appartiennent au duché de Schwerin, et 52 à celui de Strelitz. La population du premier s'élève à 2071 habitans par 22 milles carrés, celle du second à 1710. Il y a dans le duché de Schwerin 40 villes, 9 bourgs, 308 grands villages, 2200 petits villages et métairies; dans celui de Strelitz, 9 villes, 2 bourgs, et 522 villages et métairies.

Dans ces deux duchés, les impôts sont très également répartis, et très minimes comparés à ceux de plusieurs autres contrées de l'Allemagne. Ils ne s'élèvent dans le pays de Schwerin qu'à 1 florin 29 schellings (environ 4 francs) par

tête (1). Dans le pays de Strelitz, ils sont encore plus minimes. A part les droits d'entrée, il n'y a point d'impôt indirect. Le propriétaire paie une taxe régulière pour son domaine, le fermier pour sa ferme, et le fisc ne leur demande plus rien.

Les deux duchés, gouvernés séparément par deux princes indépendans l'un de l'autre, sont réunis par la même constitution. Leurs députés s'assemblent au même lieu et délibèrent sur les mêmes propositions. Le principe constitutionnel qui forme une des bases du gouvernement mecklembourgeois remonte très haut. Dès le XIVe siècle, on voit que les nobles et les grands propriétaires du pays prenaient une part directe aux affaires. Plus tard les villes et ensuite les prélats eurent le même droit. Au xvre siècle, la première charte du pays fut rédigée; au XVII, les assemblées nationales furent convoquées chaque année. La constitution actuelle a été faite d'après celles de 1523, 1572, 1621 et 1755.

Chaque année, les grands ducs convoquent les états et les réunissent tour à tour dans la principauté de Schwerin et dans celle de Strelitz. Les deux princes sont représentés auprès de l'assemblée par trois commissaires qu'ils nomment eux-mêmes. Trois maréchaux héréditaires (deux pour le duché de Schwerin, un pour celui de Strelitz) sont chargés de recevoir les propositions des commissaires et d'y répondre au nom de l'assemblée. C'est à cette assemblée qu'il appartient de voter de nouveaux impôts et de faire de nouvelles lois. Elle ne possède pas elle-même le droit d'initiative en matière de législation, mais elle a tout le pouvoir du veto. Les sessions de la diète durent ordinairement six semaines. Les commissaires qui l'ont ouverte au nom des princes la ferment avec les mêmes formalités.

Les députés appelés à faire partie de la diète sont divisés en deux classes. La première se compose des propriétaires de biens nobles et de biens de chevalerie (Rittergüter); la seconde, des représentans de la bourgeoisie élus par les villes. Les biens nobles donnent à la diète 572 envoyés; la bourgeoisie n'en donne que 40. Au premier abord, on s'arrête étonné de cette disproportion. Mais une grande partie des propriétés de chevalerie a déjà passé entre les mains de la bourgeoisie, et, comme le droit de représentation est attaché au sol, il s'ensuit que le nombre des députés de la bourgeoisie augmente toujours, tandis que celui des députés de la noblesse diminue. Des 572 biens auxquels est attaché le droit de représentation, 256 appartiennent à des bourgeois. Si on ajoute à ce nombre les 40 députés des villes, on voit que les représentans de la bourgeoisie sont en majorité, et si les nobles continuent à se dessaisir de leurs propriétés, la constitution aristocratique du Mecklembourg deviendra bientôt passablement démocratique.

X. MARMIER.

(1) Dans le duché de Bade, les impôts s'élèvent à 5 florins et demi par tête; dans la Saxe, à 5 florins 50 kreuzer; dans la Prusse et la Hesse, à 6 florins.

LA

BELLE ISA BEAU.

VII.'

LE RÉCIT.

M. de Villars reçut Toinon avec une bienveillance affectueuse; car les comédiennes de ce temps-là qui avaient assez de tact pour ne s'entourer que de gens de bonne compagnie, étaient généralement traitées avec beaucoup d'égards par les hommes de leur entourage.

L'affable urbanité du maréchal, qui contrastait si fort avec la familiarité du page (les anciennes traditions du respect dû aux femmes de toute condition commençaient à se perdre), rendit à la Psyché tout son courage, toute sa présence d'esprit.

M. de Villars ne reconnut pas d'abord Taboureau; il fallut que Claude, riant de son gros rire, lui eût dit: Tête bleue, monsieur! il parait que mon déguisement est parfait, et que votre serviteur indigne, votre ancien hôte de la rue Sainte-Avoye, est tout-à-fait méconnaissable?

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Comment! c'est vous? vous, mon cher monsieur Taboureau? s'écria le maréchal en tendant cordialement la main à Claude, mille pardons de ma maladresse; mais aussi, qui irait chercher sous ces haillons le Lucullus de la rue Sainte-Avoye?

(1) Voyez les livraisons des 26 janvier et 2 février.

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