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raire. Il n'est que la vérité qui soit éternellement belle. On peut surprendre l'admiration des sots et même des gens d'esprit, on se grise bien avec de méchant vin; mais alors il en est de l'ivresse du triomphe comme de celle du festin, le lendemain est un mauvais jour.

Quoiqu'il en soit, après une longue absence, Clotilde a reparu avec succès au théâtre de la Renaissance. Est-ce à dire que ce drame renferme plusieurs des qualités qui font les œuvres impérissables? Nous n'oserions l'affirmer. Mais on se rappelait quel grand et légitime triomphe obtint jadis au ThéâtreFrançais Me Mars dans le rôle de Clotilde. Cette fois, moins par prétention rivale que par fantaisie d'artiste, Mme Dorval devait tenter le même rôle, et le public est accouru, toujours épris, quoi qu'on dise, de ces belles luttes de l'art. Tout parallèle est un jeu d'esprit devenu si vulgaire, qu'on nous dispensera d'en établir aucun entre ces deux actrices, qui tiennent à des titres si divers le haut de la scène française.

La critique n'a-t-elle pas épuisé ce sujet fécond en fines antithèses? Tout ce que nous pouvons dire, c'est que ce rôle de Clotilde a été créé deux fois; c'est qu'à cette heure il existe deux Clotilde, differant absolument l'une de l'autre, au point que les auteurs eux-mêmes ne sauraient imaginer que c'est le même personnage. L'une, noble et charmante, au chaste maintien, à la voix mélodieuse, au geste contenu, semble égarée et mal à l'aise au milieu de cette passion turbulente où l'a jetée la fatalité. On sent qu'elle était née pour des sentimens plus calmes et plus voilés. Ce front serein n'appelait point l'orage; ces lèvres ne devaient que sourire; l'ivresse de la douleur ne sied pas à tant de grace et de perfection. Elle le sait bien elle-même, elle sait bien que ces grands désespoirs ne lui vont pas, et qu'elle y perd quelque chose du charme de la nature. Aussi, dans sa passion, que d'art et que d'adresse! quelle jalousie élégante! quelle fureur bien élevée! et comme on voit bien que cette femme a honte de ses emportemens, et que sa place n'est point là, mais bien dans quelque salon doré, vêtue de fleurs et de satin que la colère n'effeuille ni ne froisse, au milieu de femmes qui l'envient et d'hommes aux belles manières qui recueillent avec respect les trésors de son langage et de son sourire ! L'autre Clotilde représente, au contraire, la passion dans sa force et dans sa liberté. C'est la Clotilde du poète, celle qui a du sang italien dans les veines, nature indomptée qui ne saurait s'assouplir aux exigences du monde, cœur avide de tourmens et de pleurs. Celle-là ne connaît point de règle et n'admet pas de frein. Sa voix, âpre et vibrante, éclate dans les tempêtes de l'ame. On sent que celle-là prend la passion au sérieux et qu'elle n'y va pas de main morte, aussi terrible dans sa douleur que la première est réservée dans son désespoir. Ce sont bien, cette fois, de vrais sanglots et de véritables larmes. Celle-là ne craint pas d'arracher les fleurs de ses cheveux, de déchirer le satin de sa robe, de se meurtrir le sein et d'ensanglanter son visage. Elle se soucie bien qu'on l'observe d'un regard railleur! Elle aime, elle est trahie, elle veut mourir, elle mourra, mais non pas sans vengeance. Elle meurt en effet; si bien qu'après avoir applaudi, dans la première, le charme de la fiction, vous admirez, dans la seconde, la poésie de la réalité. L'une supplée la nature par l'art, l'autre l'art par la nature. La première se nomme Mile Mars, la seconde Mme Dorval.

F. BONNAIRE.

TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LE TREIZIÈME VOLUME

(IIIe SÉRIE)

Les Fanatiques des Cevennes.-L'Archiprêtre, roman historique, der-
nier article, par M. EUGÈNE SUE.

André Vésale. Première partie, par M. DELÉCLUZE.
Faustine Moro, par M. FRÉDÉric Mercey.

Critique littéraire.

-

Études sur l'Allemagne, de M. A. Michiels, par
M. D. M. - Le Chevalier de Saint-George, de M. Roger de Beau-
voir, par M. J. S.

BULLETIN.

.

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Le Bonhomme de Pain d'Épices, par M. PAUL DE MUSSET

149

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Les Fanatiques des Cevennes. La Belle Isabeau, premier article, par
M. EUGÈNE Sue.

Le Piano. Septième partie, par M. CASTIL-BLAZE.

De la Coquetterie moderne, par M. L.

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Critique littéraire. · Une fin de Siècle. - Le Bracelet. — Confession
générale, par M. A. B.

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270

REVUE

DE PARIS.

XIV.

IMPRIMERIE DE H. FOURNIER ET CIE, Rue de seine, 44 BIS.

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